L'élimination en Coupe de la Ligue contre Strasbourg laisse un goût amer, mais cette amertume vient plus du jeu produit que du résultat, surtout quand on pense aux prestations des Verts pendant l'été. 


Le changement de staff technique, le renouvellement d'un tiers de l'effectif et les belles prestations du mois d'août avaient donné de l'espoir au peuple vert. Mais l'été est fini et avec lui le beau jeu - le match à Strasbourg n'est que le dernier d'une série pendant laquelle on n’aperçoit que rarement les éléments qui nous avaient rendus optimistes en début de saison. L'impression générale laissée par les Verts lors de ce match est celle de la saison dernière - des joueurs qui ne jouent pas en équipe, qui semblent ne pas savoir quoi faire du ballon et qui ne proposent aucun mouvement, aucun jeu collectif digne de ce nom. 
 
Souvenez-vous du pressing haut contre Nice ou celui qui a amené le but de Cabella contre Angers. De la projection très rapide vers l'avant dès qu'on récupérait le ballon, comme à Caenà Paris ou contre Amiens. Des passes verticales qui cassent les lignes comme pour le but de Bamba contre Nice. Et ainsi suite. Est-ce que tous ces éléments sont oubliés, ils se sont perdus à la fin de l'été, est-ce qu'ils sont possibles seulement avec une équipe type et pas avec des remplaçants ? Ou ont-ils été aperçus aussi lors du dernier match ?
 
 

Pressing haut - oui

 
Les Verts ont montré leurs intentions dès l'entame du match. Une touche pour Strasbourg est jouée dans leur propre moitié...


... et le latéral passe en retrait vers le défenseur central. Sauf que les Verts avaient déjà commencé leur placement pour le pressing haut : Hernani vers un milieu, Bamba vers l'autre défenseur et Söderlund, KMP et Pajot sur les 3 adversaires de ce côté du terrain. Ainsi, le défenseur qui reçoit le ballon n'a aucune solution de passe simple :


Sous la pression de KMP, il dégage en touche. La remise en jeu est faite par MBengué pour KMP, qui lui redonne le ballon :


MBengue le donne à Selnaes, qui cherche tout de suite Söderlund, démarqué entre les lignes. Sa remise pour KMP est interceptée par le latéral adverse...


... mais la perte du ballon ne signifie autre chose qu'un nouveau pressing. Et sous la pression de Pajot et Söderlund, le milieu adverse qui reçoit le ballon, le perd tout de suite. Söderlund passe en retrait pour KMP...


... et le ballon arrive de nouveau en retrait à Selnaes dans son rôle de distributeur du jeu. Vu le surnombre de ce côté (Söderlund, Pajot, KMP et MBengue pour seulement deux adversaires), Selnaes  essaye de lancer KMP dans le couloir. Malheureusement le ballon est intercepté et dégagé en touche. MBengue la joue avec Bamba, venu du côté opposé...


... et le reçoit de nouveau dans le couloir. Son centre pour Söderlund est intercepté et dégagé... dans les pieds de Pajot. Il cherche son avant-centre dans la surface...


... qui remet dans la course de KMP dans la surface. L'ailier, attaqué par deux défenseurs, arrive quand-même à faire une centre en retrait...


... pile dans la course de Bamba, démarqué dans la surface. Malheureusement, à la place d'un tir, il choisit de dribbler et tombe sans obtenir de faute. Néanmoins, du pressing haut, constant, qui met sous pression les adversaires, du jeu de passe dans des petits périmètres - voilà les Verts qu'on aimerait voir plus souvent.

 

Jeu vertical - oui

 
En tout fin de match, après l'égalisation, les Stéphanois sont à la recherche d'un 2e but et ils sont tellement pressés que c'est Hamouma qui joue une touche sans attendre son latéral, Gabriel Silva :


Le ballon est donné à Selnaes, qui passe à Hamouma dans son couloir droit, qui remet en retrait à Gabriel Silva. Sous la pression de l'adversaire, le latéral joue avec KTC...


... qui retrouve Selnaes, libre de tout marquage, Strasbourg ne pratiquant pas le pressing haut. Le Norvégien a donc du champ libre devant lui et il avance avec le ballon :


Sur cette image on voit bien le bloc en 4-1-4-1 de Strasbourg et le positionnement de nos milieux relayeurs, Pajot et Hernani, entre les lignes, ce qui embête la sentinelle adverse. Si Selnaes arrive à trouver Pajot par une passe qui traverse la ligne des milieux, ça peut dévenir dangereux. Par contre, il y a un stéphanois qu'on ne voit pas sur cette image, c'est Hamouma...


... et Selnaes l'a bien vu. Sa passe traverse les deux lignes et arrive pile dans la course de Hamouma, qui se retrouve seul avec le gardien, mais qui choisit la passe pour Söderlund qui n'arrive pas à marquer et tuer le match. Néanmoins, des appels dans l'espace, des passes verticales qui cassent les lignes, voilà les Verts qu'on aimerait voir plus souvent.

Contres, jeu vertical et pressing haut - non

 
A la 35ème, Strasbourg a la possession, ce qui nous permet de voir le positionnement défensif des Verts en 4-1-4-1 :


Sous la pression de Söderlund, le défenseur central adverse rate sa passe, interceptée par MBengue, qui relance tout de suite KMP, qui le donne à Hernani. Le bloc adverse était très haut (chose assez rare dans ce match) et les Stéphanois peuvent commencer un contre en situation de 5-contre-5. Sauf que personne n'ose faire la passe vers l'avant qu'il faut :


Hernani joue en retrait pour MBengue, qui passe à KMP, qui lui redonne le ballon et finalement Selnaes le reçoit, mais le contre n'est plus possible :


Le ballon arrive à KTC, qui monte avec, sans être attaqué - tout le bloc adverse est déjà bien bas.


KTC essaye une passe verticale qui casse les lignes - elle arrive dans les pieds de Söderlund, mais pas dans un espace libre : l'avant-centre et Bamba qui est à son soutien sont entourés de 6 adversaires ! C'est déjà un miracle que la passe est arrivé jusqu'au norvégien, c'est normal que le ballon soit perdu. Mais si les Verts perdent le ballon haut, ils peuvent essayer de le récupérer :


Malgré le fait que Strasbourg joue avec le gardien, le pressing stéphanois se met en place : KMP, Hernani, Selnaes, Söderlund et Bamba se placent pour empêcher les solutions de passe. Sauf qu'il sont 5 contre 7 joueurs de champs et le gardien. Il est donc difficile de récupérer le ballon...


... surtout que les adversaires se sont bien disposés sur la largeur, évitant de se laisser enfermer dans un petit périmètre. Sur cette image on voit que le surnombre défensif est sur le côté opposé, où Söderlund et Bamba doivent marquer 3 adversaires. Le ballon est donc ressorti vers cette zone :


L'infériorité numérique dans le pressing se traduit dans le fait que Bamba se trouve tout seul entre le défenseur central et le latéral, il ne peut rien faire. Un autre milieu central de Strasbourg était venu offrir une solution, suivi par Pajot - on voulait vraiment empêcher la sortie du ballon.


Sauf que maintenant que le ballon a été ressorti par la défense, le bloc défensif des Verts n'est plus en place : les trois milieux et trois attaquants stéphanois sont dans les 30m adverses. Le latéral prend de vitesse tout le monde, Bamba, Pajot et Hernani, et la défense des Verts se retrouve embêtée. Même s'il y a du surnombre défensif (4 défenseurs pour 2 avant-centres), elle est sur le reculoir. Janko tarde à monter sur ce latéral qui monte avec le ballon, KTC et Lacroix se font aspirer tous les deux par l'appel d'un avant-centre... et ils n'arrivent pas à intercepter la passe qui lui est adressée - ouverture du score.

Possibilité de contre gâchée par des passes en retrait et manque de prise d'initiative, passes verticales mais dans des zones fermées, pressing haut mal executé, manque de détermination en défense - voilà des Verts qui ont encore des choses à améliorer...
 
 
 

Conclusions

 
Il est clair, les Verts n'ont pas produit une de leurs meilleures prestations à Strasbourg, peu importe le résultat à la fin - elle a été loin de celle qu'on attendait de l'équipe d'Oscar Garcia après les matchs du mois d'août. On peut comprendre que les joueurs sur le terrain n'ont pas le niveau technique attendu - l'ASSE n'a pas les moyens d'avoir des remplaçants du même niveau que les titulaires. Mais ces joueurs ont participé à tous les entraînements et ont dû comprendre les concepts tactiques que le staff attend d'eux. Et comme le montrent les exemples ci-dessus, ils ont essayé de les mettre en place... parfois. Trop rarement et avec très peu de réussite, malheureusement. Est-ce que c'est dû à un manque de confiance, de technique, d'envie ou bien d'autre chose ou même tout à la fois ? C'est difficile à dire, et les matchs suivants nous en diront plus sur la capacité du staff stéphanois à mettre en place le jeu envisagé avec l'effectif à sa disposition. Parce que cet effectif ne changera pas avant janvier - le mieux qu'on peut espérer c'est le retour des blessés - et ce temps semblera une éternité si l'équipe continue à jouer comme à Strasbourg.
 
 
 
 

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