Auteur du mythique doublé contre l'Hadjuk Split, Yves Triantafilos alias "Tintin" nous a livré ses impressions avant le match qui opposera ses deux anciens clubs ce vendredi dans le Chaudron en match d'ouverture de la 15e journée de L1.


"J'ai connu deux périodes à l'ASSE. Ma première expérience, c'est quand j'étais junior. J'étais stagiaire professionnel la saison 1966-1967. J'ai fait mes débuts avec les pros, on avait gagné 1-0 à Rouen. Cette saison-là, le club a remporté son troisième titre de champions de France. Je jouais surtout avec la réserve. J'ai ensuite fait l'armée, je jouais pour le Bataillon de Joinville qui évoluait alors en deuxième division. Après j'ai joué à Boulogne, où j'ai fini meilleur joueur de D2. Puis j'ai vécu trois belles années en Grèce à l'Olympiakos, où j'ai remporté plusieurs titres. C'est Pierre Garonnaire qui m'a alors fait revenir à l'ASSE en 1974. Il est venu en Grèce. Au début l'Olympiakos n'était pas très chaud pour me laisser partir car j'étais un peu la vedette là-bas, je marquais but sur but. Mais je voulais un peu me rapprocher de la famille donc je suis retourné à Sainté.

J'ai vécu une belle saison 1974-1975, ponctuée d'un nouveau titre de champion de France. J'ai mis pas mal de buts dont un doublé contre Split en huitième de finale retour de Coupe d'Europe des Clubs champions. On avait perdu 4-1 à l'aller en Yougoslavie et on menait 3-1 au retour quand Robert Herbin m'a fait entrer en jeu à dix minutes de la fin du temps règlementaire. J'ai mis le but qui nous a permis d'arracher la prolongation avant de marquer le but de la qualification. On est remonté par miracle, je sais que ce match a beaucoup marqué les supporters et les journalistes. On dit que ça a été le déclic, le début de l'épopée des Verts. C'est une fierté d'avoir vécu ça pas loin de chez moi, moi qui suis né à Montbrison et qui ai vécu à Sail-sous-Couzan. J'ai eu la chance de côtoyer de grands joueurs à Saint-Etienne. D'abord les Tylinski,  Domingo, Mekloufi et Jacquet; ensuite les Bereta, Piazza, etc.

Le problème c'est que je n'étais pas titulaire dans cette équipe. Je n'étais pas dans les petits papiers de Robert Herbin. Cela ne me disait pas trop de rester sur le banc ; moi ce qui m'intéressait, c'est de jouer au foot. Robert Budzynski m'a sollicité et j'ai accepter de signer à Nantes, j'allais là-bas pour jouer. Comme à l'ASSE, j'ai joué chez les Canaris dans une équipe de haut niveau. J'y ai retrouvé des amis comme le regretté Henri Michel - j'avais fait l'armée avec lui - mais aussi Maxime Bossis. Je n'allais pas là-bas en terre inconnue. Sainté et Nantes étaient au top à cette époque, les deux équipes jouaient les tout premiers rôles. J'ai d'ailleurs été champion de France avec Nantes. Je garde de bons souvenirs des confrontations entre les deux clubs. C'était moins rugueux que les derbys contre l'OL, c'était une rivalité saine, sans arrière-pensées dans le jeu.

Aujourd'hui je suis de très loin le parcours de Saint-Etienne et de Nantes. Le football a beaucoup changé par rapport à mon époque, je me retrouve moins dans le foot d'ajourd'hui. C'est surtout l'argent qui compte maintenant. Porter le maillot, ça ne veut plus rien dire. J'habite en Haute-Loire, au Chambon-sur-Lignon, finalement je suis resté assez près du Chaudron. Mais ça ne me dit plus trop d'aller au stade. Pourtant je pourrais venir quand je veux avec Roland Romeyer. Je suis resté proche de certains anciens Verts : mon meilleur ami c'est Georges Bereta et je suis resté en contacts avec les frères Revelli et Christian Synaeghel. Je suis bien sûr les résultats des Verts, je lis les journaux, mais je ne vois quasiment aucun match.

Je n'ai pas de chaîne payante, je refuse d'en avoir, on subit déjà assez de publicité comme ça... De nos jours il faut payer pour voir du foot à la télé, je le déplore. J'avais oublié que les Verts jouaient mardi contre Nîmes sur la chaîne 14. J'ai raté ce match de Coupe de la Ligue, j'ai juste vu le dernier tir au but nîmois, c'est quand même ballot ! J'ai l'impression que les Verts ont depuis près d'un an un entraîneur qui a remis les choses en place et arrive à faire fonctionner le groupe. C'est bien que les Canaris aient aussi repris des couleurs depuis quelques semaines. Le match de vendredi s'annonce intéressant et ouvert même si cette affiche n'a pas le lustre qu'elle avait à l'époque où les deux clubs dominaient le football français."

Merci à Tintin pour sa disponibilité