AR80 ASSE 0-1 PSG
Le fol espoir d'un onzième a pris un sacré coup sur la tête. Mais il serait trop facile de se cacher derrière l'arbitre pour expliquer la défaite.
Au moment de juger de ce match, il ne faut pas oublier deux facteurs décisifs : ce sont pas moins de huit joueurs professionnels qui manquent à l'appel pour raisons diverses, tandis que les Tourangeaux accrocheurs nous ont ajouté trente minutes dans les pattes. Pas l'idéal pour affronter l'archi-favori du championnat qui se présente (presque) au complet.
Face à la pénurie, Galette titularise ses deux avant-centres. Il ne s'agit pas réellement d'un changement de système : en phase défensive, l'équipe se positionne de la même façon. Seulement, l'animation en est affectée par les caractéristiques des deux joueurs - il serait d'ailleurs intéressant de tenter une comparaison du jeu stéphanois selon que Cohade, Hamouma, ASM, Corgnet ou Erding/RvW assument ce poste de deuxième attaquant axial.
Attaque-défense pour commencer...
Le problème dimanche, c'est que la complémentarité entre Ricky et Erding n'a pas sauté aux yeux. On les a même senti un peu perdus, et surtout évoluant dans le même registre. En première période, cette similitude a notamment empêché l'organisation d'un pressing correct. L’anchor man parisien Thiago Motta a ainsi bénéficié d'une trop grande latitude, malgré des consignes pourtant transparentes au visionnage – en témoigne le taquet de Ricky (19’) qui lui vaut avertissement.
Le mouvement des joueurs parisiens, et la qualité individuelle des joueurs qataris, expliquent également beaucoup les difficultés stéphanoises. Lucas et Marquinhos posent d’énormes problèmes sur l’aile gauche, par exemple. Le plus impressionnant reste cependant Ibrahimovic, auteur d'un véritable festival. Meneur de jeu très mobile et précis, il sait rendre ses coéquipiers meilleurs. Il aurait rendu une copie parfaite sans son agression contre Hamouma dans les arrêts de jeu.
Heureusement, le 442 est réputé comme le système le plus rationnel pour occuper l’espace et défendre. C’est sans doute vrai, car malgré les espaces créés par le suédois, malgré sa domination sans partage, Paris ne s'offre pas d'occasion franche. Enfin, pour finir le portrait de cette triste première période pour l’ASSE, on ne peut que constater la relance extrêmement déficiente, ainsi que l'incapacité chronique à exploiter efficacement les occasions de contre - le pauvre mastre est bien content de rester vierge du score à la mi-temps.
Contres assassins pour terminer
La pause change tout. Les Verts ont enfin décidé d'envoyer du boudin : des vestiaires ils reviennent conquérants, pressent haut, déséquilibrent enfin cette équipe de Paris. Sans parler de domination, l'ASSE revient au niveau et semble capable de chercher la gagne. Le déficit technique est compensé par un surplus d’engagement et de vivacité, notamment de la part des joueurs offensifs qu'on voit à leur avantage face à la défense la plus coûteuse de France.
Enfin, à leur avantage...à peu près. La maladresse et l'absence de lucidité dans la zone de vérité sont criantes. Exemple parmi d'autres, à la 63', à la suite d'une très belle attaque rapide, Mollo gâche, avec un centre au troisième poteau qui arrive quand même dans les pieds de KTC ; ce dernier centre à son tour, et David Luiz rate son dégagement qui arrive droit sur Mollo...qui dévisse totalement sa reprise. A l'image du début de saison, le nombre des situations est significatif, mais celui des occasions réelles est proche du néant.
Le football est d'abord une question d'équilibre. Cela relève de la tautologie : attaquer fort ouvre des espaces en contre pour l'adversaire. Paris en profite bien, en tout cas avec beaucoup plus de maîtrise que les Verts. On ne listera pas les contres des joueurs de la capitale. Si Cavani touche la barre à la 76’, le plus marquant est sans conteste celui de la 58'. Ibrahimovic perd son duel devant Ruffier ; le corner subséquent est mal dégagé et l’arbitre (plutôt bon par ailleurs) siffle un pénalty contestable. Ironie : c’est Clément l'auteur de la soi-disant main, alors qu'il est l’un des meilleurs stéphanois du match.
S’il fait pencher la balance du résultat, ce but ne change guère la physionomie de la rencontre. On notera les entrées en jeu de Saint-Maximin (67’) et de Bamba (82’). Bien qu'elle n'ait pas été décisive, la jeune garde a apporté de la vivacité et du mouvement - deux qualités qui font régulièrement défaut. A revoir !