Malgré une première heure de jeu réussie, les Verts ont tremblé pour s'imposer face à des sochaliens qui font le courageux pari de la survie par le jeu.
Lorsqu'il est valide, la question d'avant-match est toujours la même : Galette fera-t-il confiance à Corgnet et au 4-2-3-1 ? Cette interrogation est cruciale : elle donne une indication très importante sur le déroulement du match à venir. En effet, la stratégie habituelle en 4-2-3-1 est de mettre une pression rapide et forte sur l'adversaire dès le coup d'envoi, mais se paye souvent en fin de période - lorsque les ailiers et le milieu, usés physiquement, perdent les duels et le ballon facilement. C'est encore plus ou moins ce qui s'est passé dimanche.
Sochaux est une équipe joueuse : la bande à Renard se positionne très haut, et pratique un pressing tout terrain. Voilà qui nous change des blocs-équipes très bas et soporifiques. Ce choix de l'audace est d'autant plus intéressant que la justesse technique de l'arrière-garde stéphanoise permet en général de se bien sortir de la pression adverse, et de profiter des espaces laissés par l'adversaire.
Le duel de 4-2-3-1 penche donc très vite à l'avantage des stéphanois. L'activité de Lemoine et Cohade suffit à compenser l'absence de la sentinelle du milieu, si précieuse à la relance. Le pressing sochalien, certes gênant, n'a pas d'autre résultat que la répétition de fautes, et l'avertissement lourd de conséquences de Bakambu (16'). En première période, les lionceaux ne se montreront qu'à la 27' minute, sur une touche - Corchia est contré par Trémoulinas alors qu'il s'était retourné dans la surface.
Erding-dong met les pendules comtoises à l'heure
A l'inverse, les Verts ont les choses bien en main. Les coups de pieds arrêtés ne sont pas mal tirés ; les Verts n'hésitent pas à exploiter les positions lointaines de frappe. Un joueur symbolise bien la première demi-heure stéphanoise : Benjamin Corgnet. Très mobile, vainqueur dans les duels, mais imprécis dans la zone de vérité, comme par exemple sur un centre en retrait mal assuré alors que tout était réuni pour ouvrir le score (20').
Après un léger coup de pompe de cinq-dix minutes, les ligériens finissent fort la première mi-temps : entre la 37' et la 40', Tabanou, Mollo et Brandao ont de bonnes opportunités, mais ne concluent pas. La blessure de Corgnet empêche de pousser l'avantage à fond, et Sochaux peut s'estimer heureux de revenir des vestiaires avec sa cage inviolée.
Erding, qui a remplacé l'ancien dijonnais, fait la décision dès l'engagement de la seconde période, au terme d'une action d'école où Brandao (jeu en pivot), Mollo (qualité du centre) et Erding (appel de balle) se distinguent. Même si Corchia lance un coup de canon soudain qui fait passer des frissons au Chaudron (48'), l'ASSE confirme son entame fulgurante avec un second but (Tabanou opportuniste sur une volée de Cohade mal négociée par Pelé, 51').
La conclusion facile serait de dire : voilà enfin un vrai 4-4-2, et les buts s'enfilent comme des perles. Mais c'est faux : les outils statistiques montrent clairement qu'Erding a joué moins haut que Corgnet. Si les caractéristiques individuelles ont changé (Erding n'a pas les mêmes atouts que Corgnet), l'équilibre global de l'équipe est peu ou prou le même et permet de gérer tranquillement l'avance jusqu'aux deux premiers remplacements d'Hervé Renard (56').
Le traquenard improvisé du rusé Renard
Le coach sochalien fait alors le choix d'un pur 4-4-2, mais surtout réorganise et renforce son côté gauche : Roudet descend d'un cran, Boukari apporte son explosivité, et Marange profite de la baisse de régime des ailiers stéphanois pour apporter le danger de l'arrière. C'est un moment-clé du match : les premiers avertissements sont donnés à la 60' et à la 63'. Sainté est certes proche du but définitif sur contre (61', Brandao moins vif que Sunzu alors que Pelé est battu), mais c'est Sochaux qui va, avec de la hargne, chercher la réduction du score (Butin, 66'). La réaction immédiate est stéphanoise, sous la conduite de Cohade ; ce n'est cependant qu'un éphémère chant du cygne : après les ailiers, c'est le milieu Vert qui perd pied, les duels, et le ballon.
De la 70' à la 80', les ligériens se font peur. Scénario habituel du 4-2-3-1 : dès que le physique commence à pêcher, c'est le feu. Boukari (75') et Bakambu (79', l'intervention salvatrice de François Clerc est superbe) sont tout près d'égaliser, mais ce dernier se fait expulser stupidement à la 81'. Gros soulagement : malgré une volonté offensive évidente, Sochaux n'est plus vraiment dangereux. Galtier assure (tardivement...) ses arrières à la 85', avec l'entrée de Clément et le passage à un 4-3-3 stabilisateur. Erding tue le suspens en contre à la 89' après un gros travail de Cohade et Brandao, et nous permet d'aborder le derby avec trois points d'avance sur les vilains. A peine les lionceaux derrière nous, que l'ombre du Lyon se profile...