Seizième épisode des confessions d'Helder Postiga à son docteur, par Rising42. A savourer sans modération !


Mes bien Chères Sœurs, mes bien Chers Frères !

Vous ne me reconnaissez pas sous cet habit, n’est-ce pas ? Je suis votre nouveau berger. Bêêêêêêhhh !!… Vos gueules les chèvres !… Le Révérend Père Helder Postiga…. Oui, Helder Postiga l’avant-centre latéral de gauche à droite des Verts...

En ce Dimanche de Pâques, nous sommes réunis tous ensembles sous les mêmes couleurs en cette cathédrale Saint Geoffroy pour commémorer la résurrection de Notre Président bien-aimé.

Mais, me direz-vous, pourquoi suis-je donc l’officiant de cette cérémonie ? Oui mes Frères, c’est sans doute très surprenant, mais j’ai décidé d’entrer dans les ordres. En effet, depuis que je suis arrivé à Saint Etienne, j’ai tout connu… Un véritable calvaire… Les dures réalités de l’hiver arctique… Les affres et turpitudes de mes coéquipiers… L’aliénation virale qui hante les couloirs et les bureaux de notre stade, jusqu’aux conduits d’aération et de climatisation… Les expéditions-commandos en terre ennemie...Les entraînements en tenue de camouflage dans le maquis norvégien… Les dures contraintes du commerce et de l’épicerie… Et comme je sentais venir le jour où je ne serai plus en odeur de sainteté auprès de Son Eminence Coach, Elie-Le-Bienheureux, et que je risquais ainsi d’être inscrit dans un stage de réinsertion manuelle en Suède chez Ikea, j’ai pris les devants et me suis donc destiné au seul rôle pour lequel j’étais le mieux disposé, à savoir la prêtrise. La prêtrise étant aux Portugais ce que la traîtrise est aux Lyonnais, c’est-à-dire une institution. Ainsi donc par conséquent, mes compétences portugaises naturelles pour les dévotions, les prières diverses, les absoutes, les chemins de croix, la pêche à la grenouille de bénitier, les miracles, les lectures en boucle du bréviaire et de la Sainte Bible, ainsi que le droit canon m’ont conduit tout naturellement vers cette vocation nationale et ancestrale que je n‘aurais su soupçonner jusqu‘alors. Je serais donc à l’avenir le seul footballeur-aumonier-confesseur-exorciste évoluant dans le Championnat de la Très Sainte France Catholique et Apostolique. Amen…

Aujourd’hui, mes Frères,nous sommes tout à notre joie… Alléluia !!!… Et quand on y est, Allez les Verts !!!… C’est la Fête. Alléluia !!!… Notre Petit Excité à l’Echarpe Verte est ressuscité. Comme tous les ans à la même date il renaît de ses cendres, comme Félix, le chat de Bruno Basto, qui perd ses poils au printemps. Il a vaincu le mal. Il a retrouvé ses lunettes égarées. Prions pour que le processus continue et se perpétue chaque année, et que notre excité vénéré recouvre sa lucidité et puisse reconnaître parmi les siens ceux qui pèchent à longueur de tribunes : les Saints Apôtres déglingués : Saint Roland, protecteurs des bonimenteurs et des simples d’esprit, qui est, par le fait, heureux du matin au soir, et même la nuit dans son sommeil ; Saint Omar, le cousin de Saint Thomas, celui qui ne signe jamais un contrat sans l’avoir touché du doigt, et qui ferait mieux de le lire ; Saint Oswaldo, l’évangélisateur des aviateurs disparus dans la Cordillère des Andes et enfin Saint Jacky Chan, le patron des comptables et des caisses pleines de promesses. Prions, mes Frères, pour que ce cycle infernal, qui va de la lucidité à l’obscurantisme, cesse enfin, et que, de ce jour béni, jaillisse une stabilité durable, voire définitive. Prions, mes Frères, pour que notre petit excité à l’écharpe verte me donne la force de convertir à notre foi et de ramener à la raison nos Frères africains.

Prions encore, mes Frères, pour qu’enfin nous trouvions les fonds nécessaires dans l’élaboration d’une nouvelle Sainte Croisade contre nos Frères voisins et néanmoins damnés, afin de reprendre leur stade tombé aux mains des affairistes, de le consacrer enfin à sa véritable destination, le football, et de le libérer de l’emprise du Vilain, du Diabolique, du Satan Gone, le méchant tout petit homme. Aujourd’hui, il triomphe, hélas !... Sachons boucher nos oreilles à ses moqueries démoniaques. Pour amplifier l’intensité de notre foi, je vous invite à vous lever, à tendre les bras vers la voûte céleste, et à bouger ensemble et en rythme vos mains comme des marionnettes tout en chantant ce cantique en un seul chœur vibrant et uni :

Il était un tout petit homme, pirouette, cacahuète
Il était un tout petit homme
Qui avait une drôle de club
Qui avait un drôle de club...

Ses tribunes sont en carton, pirouette, cacahuète
Son public est très très con
Ses escaliers sont en papier
Ses escaliers sont en papier...

Le premier qui y montera, pirouette, cacahuète,
Le premier qui y montera
Le bout du nez se cassera
Le bout du nez se cassera...

De passé, il n'en a pas, pirouette, cacahuète,
De passé, il n'en a pas
Que des trophées en chocolat,
Que des trophées en chocolat...

Quand en bourse il montera, pirouette, cacahuète,
Quand en bourse il montera,
Tout le monde achètera,
Tout le monde achètera...

Quand la crise arrivera, pirouette, cacahuète,
Quand la crise arrivera,
Tout le monde désertera,
Tout le monde désertera...

Alors en bourse il chutera, pirouette, cacahuète,
Alors en bourse il chutera;
Et tout le monde il ruinera,
Et tout le monde il ruinera...

Sous le pont Pasteur il s'exilera, pirouette, cacahuète,
Sous le pont Pasteur il couchera,
Et en hiver il aura froid,
Et en hiver il aura froid...

Et les clameurs il entendra, pirouette, cacahuète,
Et les clameurs il entendra,
Du peuple Vert qui triomphera,
Du peuple Vert qui triomphera...

Et très bientôt on oubliera, pirouette, cacahuète,
Et très bientôt on oubliera,
Le petit homme qui déclina
Le petit homme qui déclina.

A ses obsèques, il n'y aura, pirouette cacahuète,
A ses obsèques, il n'y aura
Que des cafards et pas un chat
Que des cafards et pas un chat...

Mon histoire est terminée, pirouette, cacahuète,
Mon histoire est terminée
Et le football débarassé
MESSIEURS MESDAMES APPLAUDISSEZ,
MESSIEURS, MESDAMES APPLAUDISSEZ !!!

Allez les Verts, allez les Verts, pirouette, cacahuète,
Allez les Verts, allez les Verts,
Allez les Verts, allez les Verts,
ALLEZ LES VERTS, ALLEZ LES VERTS !!!


Méditez, mes bien Chères Sœurs, mes bien Chers Frères, la morale de cette histoire, qui conduit à la déchéance celui qui transpire tous les vices du monde, et qui atteint un but non par passion, mais par manigances douteuses, amitiés particulières et méthodes financières abruptes. Car la Passion, mes Frères, n’oubliez jamais, en ce jour de Pâques, que la Passion est notre spécialité.

Amen…

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, Docteur!!!… C’est affreux,non ? Ce cauchemar est terrible, vous ne croyez pas ?… Je vous l’ai raconté dans les moindres détails… Il m’a hanté durant toute la nuit…Je n’en comprends pas le sens… Alloooooo ! Docteur ???… Vous êtes là, Docteur ?…
Moi je crois que ce rêve est arrivé dans mon esprit car hier soir contre Lens le coach ne m’a pas fait jouer d’entrée de match. C’est un peu normal, car Gomis, depuis le match de Monaco méritait amplement qu’on lui donne sa chance. Feindouno n’a pas joué ce soir. Beauseigne !!!… Il avait mal à une cheville… Rebeauseigne !!!… Mais, Docteur, moi je sais que Feindouno en fait est malade de la tête, comme moi… Lui, il entend des voix… Enfin, pas des voix… Mais il a les oreilles qui sifflent… D’ailleurs, durant toute la semaine, dans les vestiaires, plus on approchait du match de ce soir chez nous et plus il fredonnait cette chanson qui disait :

J’ai pensé qu’il valait mieux
Nous quitter sans un adieu,
Je n’aurais pas eu le cœur de te revoir.
Mais j’entends siffler le Kop,
Mais j’entends siffler le Kop,
Que c’est triste un Kop qui siffle dans le soir...

Je sens que tout est fini,
Et j’entends siffler le Kop,
J’entendrais siffler le Kop toute ma vie…


Il faut dire, Docteur, que Feindouno n’a pas le moral. Il se réjouissait de la descente probable en Ligue 2 de Strasbourg et de Metz, ces deux villes polaires, et il croyait que le Football Club Cochonou Montpellier, Istres et Sète allaient monter en Ligue 1 ; ainsi, il aurait envisagé de rester jouer chez nous grâce au soleil en plus, et aurait sacrifié son départ vers Valence où personne n’est au courant de sa venue. Mais quand il a su que c’était Valenciennes, Sedan, deux villes figées dans les glaces éternelles, qui allaient sans doute monter d’un étage, ainsi que Lorient et sa base de sous-marins avec de l’eau à moins 40°, il a paniqué. Il déprime, Docteur. Il a froid par avance… Il anticipe… Je me demande si ça ne lui a pas gelé le cerveau, ce qui prouverait qu’il en a un. L’hypothèse est certes osée. C’est dommage, car notre capitaine m’a expliqué que si en août 2005 les Verts ont joué la Coupe Interbargeots, c’est grâce à lui.
J’ai eu ainsi une expérience inédite. J’ai pu regarder le match depuis le banc de touche et depuis la ligne de sortie de but devant le Kop Sud. J’ai pu ainsi mesurer la ferveur de ce public phénoménal. Comme d’habitude, il y avait de la lecture. Mais je n’ai pas tout compris comme d’habitude. Qui est ce SDF qui s’appelle Johnny, et pourquoi veut-on lui envoyer Jean-Michel Hélas. Je trouve ce public prévoyant et bien civil de prévenir Hélas de ses futures difficultés matérielles et de lui proposer un stage chez un SDF… Moi je ne l’aurais pas fait. Pourtant je suis gentil, Docteur.
À part cela, on m’a expliqué que les Lensois étaient nos amis, comme les Bordelais, à cause des mines… Moi, Docteur, j’ai au moins appris une chose, c’est que les vignes en France poussaient dans les galeries de mines… Pas comme chez moi à Porto, où elles grandissent sur les versants verts face à l’océan Atlantique. Ce qui explique sans doute que le vin de Bordeaux soit si noir. Bon, bref. Donc, il y avait hier soir beaucoup de Lensois. Un Lensois, ça ne semble pas compliqué, C’est sympa, ça chante sans arrêt et ça boit beaucoup… Et pas de l’eau… Du jus de pomme avec des bulles, je crois… Du moins, ça y ressemble...En tout cas, ça les rend gais… Et plus ils boivent, plus ils chantent… Les deux publics ont échangé les civilités d’usage entre gens bien élevés, c’est-à-dire, ils ont envoyé ensemble les Lyonnais se faire voir chez les Grecs… Ne me demandez pas pourquoi chez les Grecs, Docteur… Je n’en sais pas plus que vous… En tout cas, les Lyonnais ont fait l’unanimité pour accorder tous les supporters… Fait suffisamment rare pour être souligner.
Un truc incroyable, Docteur… Vous savez qui était notre gardien???… Vous ne me croirez pas… Allez… Cherchez un peu !!!… Diego Maradona… Ouiiii, Docteur… Un Diego Maradona tout maigre… Enfin assez maigre… Méconnaissable… Il était allé chez le coiffeur… Et il a tout arrêté. Superbe match. Il est bien meilleur que Janot… C’est certain… Je comprends pourquoi Janot veut aller jouer à Valenciennes… Il a compris qu’il ne pourrait pas tenir son poste avec une telle concurrence… Moi, Docteur, j’ai rien contre Janot… Quoique… Il m’a tellement boussillé de guitares que je le verrais bien à Valenciennes… Comme ça avec Maradona, Basto et Piatti, on pourrait chanter tranquillement…
Sinon, les copains ont fait un beau match hier soir. Enfin, un bon match. Solide. Solidaire. Pour être sûr de se coucher tôt, le petit excité avec l’écharpe verte avait offert un chronomètre tout neuf, avec sirène incorporée, à l’arbitre. Le public chantait… Omar remuait la queue… Le coach avait une casquette bleue ciel du plus bel effet. Et le coach adverse avait une veste de la même couleur assortie à la casquette du coach… Seule fausse note, de mauvais goût, sur sa veste bleue ciel était écrit en gros orange â€¦ Ridicule… Bon, d’accord, vous me direz que si la veste avait été orange on aurait pas lu orange. Vous ne suivez pas, Docteur ?… Aaaah, vous êtes lourdingue… C’est dingue ça !…
Bon, j’en reviens au match. Eh bien, figurez-vous, Docteur, que j’ai vu un super Piquionne… Oui, oui, je ne rigole pas. Dès le début du match, il est parti en trombe sur la droite, a servi Gomis qui a centré, et Sablé a repris le ballon détourné par la grande asperge d’en face qui sert de gardien de but. Et durant toute la première mi-temps, Piquionne a fait un travail de percussion incessant… Récompensé par un but… Juste avant la pause… But mérité… Car il faut bien le dire… Même s’il est parfois maladroit, il manquait souvent de chance. Peut être la fortune aura-elle tourné !…Le jeu fut équilibré. En seconde période, nous avons été dominés par des adversaires maladroits ; et sous une pluie intense, avec les exploits de Maradona et de Papus Camara, qui semble avoir retrouvé un top niveau, nous parvenions à conserver notre avantage. Moi je suis rentré en jeu pendant le dernier quart d’heure, juste le temps de mettre involontairement un coude dans la gueule d’un Lensois, avec un carton jaune pour moi à la clef, et de récolter un peu plus tard un coup de pied dans la mienne, avec la considération bienveillante de l’arbitre pour le Lensois, et moi qui vais devoir manger avec une paille durant toute la semaine qui vient.
Nous sommes bien contents… Surtout le petit frisé au maillot vert… Si un miracle se produit chez les damnés de Rhône-Alpes, et si la logique est respectée pour les deux autres matches, nous pourrions terminer avec un total de 53 points, donc avec un point de plus que l’an dernier, mais être classés à la dixième place, donc quatre places en dessous. Je n’ai jamais rien compris aux chiffres, moi, Docteur. Mais comme tout le monde est content… Alors…

Docteur, c’est quoi ce bruit d’hippopotame qu’on entend?… Aaah, c’est vous qui baillez ???… Bon, Docteur, je vous laisse vous reposer. Je vous rappelle un de ces prochains jours.

D’ici-là, portez-vous bien, Docteur !!!...

Auteur : rising42