Ancien gardien des Verts (des U15 aux U19) et actuel portier du GFA Rumilly Vallières (promu en N2), Louis Beccu (26 ans) nous a livré ses impressions avant de venir défier son club formateur à L'Etrat ce samedi à 14h00 au centre Robert-Herbin.
Que retiens-tu de ton expérience stéphanoise (2008-2012) ?
J’ai rejoint l’ASSE pour jouer avec les U14 nationaux, ensuite j’ai signé un contrat d’aspirant sur trois ans. Ce serait à refaire, je le referais mille fois. Je garde de supers souvenirs de mon expérience au centre de formation, j’ai gardé des contacts de cette période-là. Avec le recul, si c’était à refaire, je corrigerai certaines choses. Quand on est jeune, on ne se rend pas compte de tout ce qu’on fait et de la chance, de l’opportunité qu’on a. J’ai toujours été travailleur, je n’ai rien à me reprocher sur ce plan-là. Mais j’ai peut-être un peu manqué de malice, j’ai sans doute été un peu trop gentil. Il aurait peut-être fallu que je m’impose davantage, que je montre plus de caractère. J’étais un peu en retrait. Depuis j’ai muri et je me suis affirmé, ce qui me permet de faire une honnête carrière dans le milieu amateur de ma région. Je venais de Chambéry quand je suis arrivé à Sainté et je suis retourné à Chambé après mon passage à l’ASSE.
Quels formateurs et quels joueurs t’ont le plus marqué lors de tes vertes années ?
Romain Revelli est le formateur qui m’a le plus marqué. J’adhérais vraiment à tout ce qu’il proposait. Je l’ai eu deux saisons. La première, je m’entraînais avec lui toutes les séances. La seconde, je m’entraînais avec les U19 mais je redescendais les week-end dans l’équipe de Romain. Je citerai également Gilbert Ceccarelli, qui entraînait à l’époque les gardiens du centre de formation de l’ASSE, ainsi que Mickaël Dumas, qui s’occupait alors des gardiens à la pré-formation. En ce qui concerne les joueurs, j’ai côtoyé de bons joueurs dans ma génération des 94. Il y avait bien évidemment Jérémy Vachoux, mon concurrent direct. Il y avait bien sûr Kurt Zouma, le phénomène de notre génération. Bilel Aouacheria, Maxence Chapuis…. J’ai également évolué avec Kévin Mayi et David Douline quand j’étais surclassé avec les 93. Je suis resté en contacts avec Kévin, David et Maxence. A Chambéry j’ai joué avec Brahim Touati, Thomas Luminet. J’ai eu aussi Florian Thalamy qui était en contact avec mon club pour nous rejoindre cet été.
Ça te fait quoi de revenir à L’Etrat ce samedi ?
Franchement, c’est incroyable ! Ce match sort un peu de nulle part. On devait reprendre le 1er juillet mais on a repris le 25 juin. Quand le club a eu l’opportunité de ce match, il a avancé la reprise de l’entraînement. Bien sûr ça ne nous a pas posé de problèmes, au contraire ! C’est magnifique de jouer en amical contre une grosse équipe de Ligue 1 comme Saint-Etienne. Perso, j’étais déjà revenu deux fois en championnat à L’Etrat avec Chambéry. La seconde fois c’était il y a deux ans, on avait fait 2-2. J’avais pris beaucoup de plaisir à jouer ce match face à une très belle équipe réserve entraînée alors par Laurent Batlles. Il y avait notamment Wesley Fofana et Mahdi Camara, que je retrouverai sans doute ce week-end. Cette saison-là ils avaient fini premiers du groupe en National 3. C’était magnifique pour moi de jouer sur le terrain Aimé-Jacquet. J’ai vu que le centre a été baptisé Robert Herbin. C’est un honneur pour nous d’être la première équipe à jouer là-bas. On a réattaqué très fort, en cette fin de semaine on se calme un petit peu pour arriver en forme pour ce match de gala. Le seul petit regret, c’est que ce match se jouera à huis clos.
Je suppose que cette rencontre émoustille toute ton équipe ! Peux-tu nous présenter ton club ?
On a un groupe de 25 joueurs, tous rêvent évidemment de jouer ce match de prestige. Je pense que le coach va faire jouer le maximum de joueurs pour qu’on soit le plus nombreux possible à profiter de ce moment-là. J’attaqua ma deuxième saison au GFA Rumilly Vallières. On vient d’être promu en National 2. C’est un club familial, une alliance entre deux communes de Haute-Savoie, la ville de Vallières et celle de Rumilly. Vallières arrivait à un niveau sportivement intéressant mais après n’avait pas les infrastructures suffisantes. Du coup un partenariat a été fait avec Rumilly, ça marche plutôt bien. Déjà la saison 2018-2019 le club avait failli monter en finissant à deux points de Chamalières. Les deux années précédentes, le club est monté. Il progresse d’année en année, en essayant de prendre les meilleurs joueurs de la région. C’est un club vraiment ancré dans son territoire.
Maintenant qu’il est en N2, il recrute également un peu plus loin. Un ancien joueur professionnel nous a d’ailleurs rejoints : Alexis Peuget. C’est un milieu de terrain qui a joué en L1 à Reims, en Ligue 2 à Châteauroux. Il a également évolué en N1 à Grenoble et ces deux dernières saisons il a joué en N2, à Jura-Sud et Saint-Malo. On a également Vincent Di Stefano, qui a fait quelques bancs en Ligue 1 avec Montpellier. Il a joué à Sedan et à Sète. Et pour l’anecdote, je n’étais pas encore au club mais Lounis Lanseur a joué à Vallières. Je l’ai côtoyé au centre de formation de l’ASSE, où il avait terminé capitaine de l’équipe réserve.
Comment qualifierais-tu ton groupe ?
Je pense que notre force va être la solidarité. On a eu des moments compliqués cette saison, mais on est toujours resté unis et soudés. On va essayer de rester sur notre belle dynamique. Il faut tout de suite prendre des points pour pouvoir ensuite se projeter un peu plus sereinement. Mais on a conscience que l’écart est vachement élevé entre le National 2 et le National 3. Beaucoup de joueurs de notre effectif n’ont jamais évolué à ce niveau, ça va être une découverte. On va essayer de gagner le maximum de points à la maison. Il y a vraiment une ambiance incroyable dans le club.
On a une équipe qui cherche à remonter le ballon, à faire des attaques placées. On a des joueurs qui ont de très bonnes qualités techniques, des bons manieurs de ballon. On a aussi de la vitesse devant, on peut jouer sur des attaques rapides. Je pense qu’on a cette capacité à s’adapter à l’adversité. On a vécu des matches compliqués en N3, notamment en Auvergne sur des terrains compliqués. On a su s’adapter et réagir.
Ce samedi forcément l’adversité sera hors norme. Dans notre équipe, seuls deux ou trois joueurs ont déjà joué contre un club de L1. C’est exceptionnel d’affronter Sainté, c’est une chance pour nous de disputer une telle rencontre, on l’attend avec impatience. Se mesurer aux Verts, ce n’est que du bonheur. En plus on a trois ou quatre joueurs qui sont fans de Sainté, comme partout en France. Je pense notamment à Joris Cottin, qui jouait déjà avec moi à Chambéry. C’est un grand fan des Verts, Il va aux matches. Notre coach, Fatsah Amghar, suit aussi les Verts bien sûr. Il a joué à Saint-chamond, le club de sa ville natale et je crois qu'il a également évolué dans d’autres clubs de la banlieue stéphanoise [pas à l’OL mais au Chambon-Feugerolles et à L’Etrat, ndp2].
De mon côté je suis aussi resté supporter des Verts. Quand on a vécu une expérience de quatre ans dans un club aussi prestigieux, ça ne s’oublie pas ! Je ne garde aucune rancœur du fait de ne pas avoir été conservé, je ne suis pas du genre à regarder derrière et à ressasser, j’essaie de vite avancer. J’ai vite digéré cet échec. Peut-être que je n’étais pas fait pour le monde pro. Je sais que pour certains joueurs c’est plus compliqué mais en ce qui me concerne je n’ai pas ruminé la fin de cette aventure stéphanoise, je me suis tout de suite mis au boulot en revenant à Chambé. J’ai fait un apprentissage dans le bâtiment, je n’ai pas gambergé.
Quel est ton métier aujourd’hui ?
Je suis technicien chez Enedis donc EDF. Je suis parti de Sainté avec un bac pro en comptabilité et j’ai complètement changé de voie, je suis reparti à zéro en faisant un CAP. J’ai enchaîné avec un BTS en électrotechnique. J’ai été embauché par EDF en 2015. Je bosse à Chambéry, je m’occupe des compteurs des entreprises, des gros tarifs sur toutes les grosses stations de la Savoie. J’ai la chance de bosser dans ma région d’origine, dans ma ville natale, et à côté de ça de pouvoir joueur dans un très bon club amateur de la région.
Tu suis toujours les Verts, à la télé comme au stade ?
J’ai eu une période où je regardais beaucoup de matches des Verts. Mais avec le boulot et les déplacements le week-end c’est un peu plus compliqué. Quand j’ai l’opportunité, je le fais mais de façon plus ponctuelle qu’avant. J’étais retourné voir quelques matches dans le Chaudron. Une fois à l’occasion d’un déplacement avec Chambéry. J’étais venu aussi pour un match à Cote Chaude, j’avais retrouvé d’anciens collègues de Sainté, on était allé au match et on avait fait une bringue derrière. Il y avait Valentin Peillon, Axel Mathevet, Florian Thalamy…
Quel regard portes-tu sur cette dernière saison stéphanoise ?
De l’extérieur, j’ai trouvé cette saison un peu bizarre. En championnat ça a été très compliqué, il y a eu ce changement d’entraîneur, l’arrivée de Claude Puel. Il y a eu ce changement dans la hiérarchie des gardiens en faveur de Jessy Moulin, qui était déjà au club bien avant que j’y sois. On ne sait pas trop ce qui s’est passé avec Ruffier mais forcément ça a été un des faits marquants de cette saison. Cette 17e place en L1 est décevante vu les ambitions et les moyens du club mais il y a ce beau parcours en Coupe de France. Ce que j’ai également observé avec attention, c’est le nombre de jeunes formés au club qui ont eu du temps de jeu cette saison en L1. Il y en a beaucoup plus qu’à mon époque. C’est une bonne chose.
J’aurai l’occasion de les voir de très près ce week-end, sachant que je serai le premier supporter des Verts en finale de Coupe de France dans trois semaines. Pour rigoler, notre coach nous a dit « il faut qu’on soit prêt car Sainté nous a choisis pour préparer sa finale contre le PSG ! » On s’est préparé à fond, on veut offrir une belle opposition aux Verts.
Allez-y mollo dans les duels samedi, on a besoin de toutes nos forces vives le 24 juillet pour manger le QSG ! En tant que supporter stéphanois, tu vas demander à ton équipe de contrôler son engagement face aux Verts ?
C’est si on commence à calculer qu’on peut se faire mal. C’est un match amical de préparation, on va l’aborder avec fair-play dans une bonne ambiance mais avec les duels qui s’imposent dans tout match de foot. On va là-bas dans l’esprit de faire un bon match. On ne va pas là-bas pour bétonner et pour faire mal. Je pense par ailleurs que l’ASSE souhaite avoir une opposition qui tient la route. C’est leur premier match de préparation, on va essayer de mettre un rythme intéressant. Il y a bien sûr un gros écart de niveaux entre les deux clubs mais on y va pour faire bonne figure.
Après avoir été titulaire toute la saison dernière en N3, tu vas être mis à contribution ce samedi pour ton retour à L’Etrat...
J’espère avoir du temps de jeu car c’est plaisant pour un gardien de se mesurer à des attaquants de haut niveau. Si je me retrouve en face à face devant Wahbi Khazri, c’est sûr que ça me ferait kiffer de faire la parade. Pareil avec Denis Bouanga et Romain Hamouma. Et ça fait plaisir de jouer contre des anciens internationaux comme Mathieu Debuchy et Yann M’Vila. J’espère aussi que Loïc Perrin jouera ce match, c’est évidemment le joueur emblématique de l’ASSE. Et bien sûr j’ai envie de voir jouer Stéphane Ruffier et Jessy Moulin.
La carrure de Ruffier m’impressionne. Quand un attaquant se présente face à un monstre comme ça, qui prend autant de place dans la cage, ça doit cogiter ! Sa situation est devenue un peu délicate mais il a énormément apporté à Sainté. Jessy Moulin a longtemps été dans l’ombre, il a l’occasion de prendre sa chance et d’enchaîner. Il a toujours eu une grosse concurrence devant lui, du coup il a assez peu joué dans sa carrière. Là il se retrouve promu numéro un. Je suis content pour lui car c’est une très bonne personne. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Je n’ai toujours entendu que du bien sur ce mec-là, il est nature et très simple, très sain, très Sainté ! J’espère que ça marchera pour lui. Personnellement, mon modèle à ce poste était Jérémie Janot. Toutes proportions gardées, je me retrouvais un peu dans son style de gardien un peu petit, un peu fou. Il m’a régalé quand je le regardais jouer à Sainté. Il a eu une carrière fabuleuse. C’était vraiment un très bon gardien. Dans son style de jeu et par sa taille, je me rapproche un peu plus de lui que de Ruffier ! (rires)
Merci à Louis pour sa disponibilité