Seul joueur à avoir évolué à Sainté et à l'Olympiakos, Yves Triantafilos alias "Tintin" s'est prêté au jeu des questions avant le 16ème de finale retour de la Coupe UEFA.


Pourquoi es-tu surnommé Tintin ? Avec ta barbe et ton gros nez, tu ressembles davantage au croisement du capitaine Haddock et de Rastapopoulos !

C'est sûr que je ne ressemble pas au Tintin des bandes dessinées ! (rires) En fait, "Tintin" est le diminutif de "Constantin", le prénom de mon père. Avec mes frères et soeurs, on a gardé ce surnom, on est la famille Tintin ! C'est comme ça qu'on nous appelle depuis qu'on est tout gamin. Rien à voir avec Hergé !

Tu n’es pas allé au pays des Soviets mais tu as connu Split, le premier exploit européen de l’ASSE. Au match retour, on a marché sur la lune, non ? Après ton doublé, tu étais en état d’apesanteur ?

Je n'ai pas connu les matches contre Kiev mais effectivement j'ai connu Split. On avait pris une valise là-bas au match aller. Qui aurait dit qu'on allait se qualifier au match retour alors qu'on avait perdu le premier match 4-1 ? Comme souvent, j'étais remplaçant et je rongeais mon frein sur le banc, mais je suis entré en jeu à dix minutes de la fin du temps réglementaire. On menait 3-1. J'ai mis le but qui a permis d'arracher la prolongation, et j'ai marqué le but de la qualification pendant la prolongation. C'était vraiment extarordinaire, ça reste évidemment l'un des meilleurs souvenirs de ma carrière. Mais j'ai également vécu de grands moments au Pirée les trois saisons précédentes sous le maillot de l'Olympiakos.

Comme l'a dit un jour Yannick Noah à José Touré, "c’est là qu’il est le soleil, c’est à Geoffroy Guichard !" Tintin, tu es de ceux qui ont illuminé le Chaudron. Quels sont tes souvenirs les plus forts dans le temple du soleil ?

Je retiens d'abord et surtout le public extraordinaire. Tous ces gens qui nous portaient... Lors du match retour contre Split, par exemple, ils ont été récompensés. A Sainté, ce sont des "vrais". Comme les fans de l'Olympiakos, les supporters stéphanois m'ont beaucoup marqué. Les deux publics se ressemblent d'ailleurs : il sont chauds, il ne font pas de cadeaux mais ils sont fidèles.

Dans quel stade a-t-on le plus de chance d’avoir l’oreille cassée et d’être aussi sourd que le professeur Tournesol ? A Geoffroy-Guichard ou au stade Georgios Karaiskakis ?

Il y a beaucoup de passion dans les deux stades. Peut-être que le public grec est un petit peu plus bruyant. A mon époque, il était également plus coloré mais désormais, Saint-Etienne n'a rien à envier à l'Olympiakos, au contraire : les tifos des supporters des Verts sont absolument magnifiques !

Quel regard portes-tu sur la gestion du club depuis que tu l’as quitté ? L’ASSE est-elle un panier de crabes aux pinces d’or ?

(Rires) Je suis retiré du monde du football depuis un bon moment. Je n'ai pas vraiment d'avis sur la gestion présidentielle, les luttes d'influence et tout ça. Le côté financier du foot c'est pas mon truc. Mais en même temps je sais que c'est devenu capital aujourd'hui. C'est devenu difficile de gérer un club de nos jours, il faut un budget de folie, y'a des surenchères et dans ces conditions c'est difficile de retenir ses meilleurs joueurs. On l'a vu avec le départ de Feindouno.

Que penses-tu des joueurs comme Feindouno et Aloisio qui sont partis au pays de l'or noir ?

Ben on en revient toujours à l'argent. Il sont partis parce que les cheikhs leurs versent de gros chèques. A partir d'un certain âge, les footballeurs veulent assurer leur avenir. Quelque part je les comprends, j'aurais très vraisemblablement fait le même choix. Je ne vais pas tenir un discours de vieux pro aigri. Un gars comme Feindouno n'est pas vieux mais il n'est plus tout jeune non plus. 27 ou 28 ans, c'est déjà un âge relativement avancé pour un joueur offensif. On ne peut pas le blâmer d'être parti pour assurer ses arrières et se mettre à l'abri financièrement une fois qu'il aura arrêté le foot.

Dans ta pharmacie, as-tu de la coke en stock ? Et le dopage dans le foot, t'en penses-quoi ?

Désolé, pour l'instant je n'ai pas coke dans ma pharmacie. Ce n'est pas encore en vente libre ! (rires)
Personnellement, je ne me suis jamais dopé. Les piqûres ça me fait peur. Je sais bien qu'on peut prendre des cachets mais bon. Je n'ai jamais pris de subtances, c'est peut-être pour ça que j'étais souvent remplaçant et que je n'ai pas fait une grosse carrière. C'est peut-être aussi pour ça qu'à 60 ans, je joue régulièrement au tennis et je me fais plaisir... Dans le foot d'aujourd'hui, certaines performances physqiues m'étonnent. Peut-être qu'ils s'entraînement plus et mieux que nous mais quand même... On ne peut pas exlure complètement la possibilité que certains joueurs "se chargent", comme on dit. Ceci étant, je ne suis plus dans le milieu du foot, je n'en sais pas plus.

Pourquoi avoir repris une pharmacie et pas la boucherie Sanzot ?

La boucherie Sanzot ? Houlà, si j'avais su, j'aurais révisé mes bandes desssinées, moi ! (rires) Ma femme est pharmacienne depuis longtemps, je travaille à ses côtés. Pendant dix ans on a tenu une pharmacie au Cannet, près de Cannes. Depuis quelques mois on a repris une pharmacie au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.

Souviens-toi des premières paroles de Milou dans "Tintin au Congo" : "J’en avais assez de mener une petite vie monotone, alors j'ai décidé d'aller chasser le lion". La chasse au Lyon est ouverte mais on n'arrive pas à l'attraper. Pourquoi ?

Moi j'ai voulu faire le contraire de Milou : j'en avais assez de mener une vie agitée quand j'étais footballeur, alors j'ai décidé de mener une petite vie tranquille ! (rires) En ce qui concerne Lyon, je pense que c'est une question de budget. Quand on compare la puissance financière des deux clubs, y'a pas photo ! Lyon peut aligner quasiment deux équipe de même valeur. Alors qu'à Saint-Etienne, dès qu'il y a un ou deux joueurs blessés - et Dieu sait qu'il y en a cette année des blessés ! - ça devient difficile. Un jour Lyon sera rattrapé, il y a des cycles dans le football. Mais je ne saurais pas dire si Lyon va chuter demain ou dans quelques années.

Quand tu apostrophes un Lyonnais, tu lui dis quoi : bougre d'ectoplasme de moule à gaufres, coloquinte à la graisse de hérisson, faux jeton à la sauce tartare, flibustier de carnaval ou crétin des Alpes ?

(Rires) Je lui dis que j'espère qu'on gagnera le prochain derby !

Dans le vol 714 pour Sydney Govou, sert-on du whisky-coca ?

Heu, j'imagine que oui, faut bien s'occuper pendant le vol ! Mais personnellement je n'ai jamais pris l'avion pour Sydney ! (rires)

Après avoir tué les oiseaux, Piquionne a affiché la couleur : objectif lune. Il peut l’atteindre ?

Je ne sais plus quoi répondre là, j'ai perdu le fil (rires). La lune, c'est pas facile à atteindre quand même !

Sans le trésor de Beckham le Rouge, Milan a-t-il une chance contre Sainté ?

Oui bien sûr, une équipe ne repose pas sur une individualité, aussi brillante soit-elle. Y'a plein de bons joueurs à Milan en plus !

Philippe Tibeuf et Patrice Garande s’étaient déguisés en Dupond et Dupont. Ils formaient une belle doublette d’attaquants. Je dirais même plus, ils formaient un beau duo en attaque. Que penses-tu du potentiel offensif stéphanois aujourd’hui ?

Gomis, quand il est inspiré et en forme, c'est un des tout meilleurs attaquants en France ! Ilan est doué mais il joue différemment, il marque peu de buts. Y'a plus de vrais buteurs à l'ancienne évoluant dans mon registre. Faut dire qu'un grand buteur, un renard des surfaces, ça se trouve pas sous le sabot d'une mule ! Y'en a pas vraiment à Saint-Etienne. Du coup c'est parfois des milieux défensifs qui marquent, comme Matuidi contre Bordeaux.

Toi qui as sept boules de cristal, vois-tu le spectre d’autocars stéphanois cheminant à Amiens la saison prochaine en L2 pour percer le secret de la Licorne ?

Notre bon parcours en Coupe d'Europe complique la donne en championnat. La coupe UEFA n'arrange pas nos affaires, d'une certaine façon. C'est un beau challenge mais ça peut nous déconcentrer en championnat. Je suis optimiste de nature, je ne nous vois pas aller à Amiens l'an prochain mais il va falloir s'arracher pour assurer le maintien. J'ai beau être optimiste de nature, on a encore perdu deux points lors de notre dernier match à la maison. Ça commence à faire beaucoup...

Vois-tu les toiles mystérieuses du gardien grec dans le Chaudron ?

Je ne le trouve pas terrible le gardien de l'Olympiakos. Il se troue souvent. Je le vois bien faire une ou deux toiles à Geoffroy-Guichard.

Dans ton istambul de cristal, tu vois les Verts en finale de l’UEFA ? Tu viendras avec Milou, en mai, pour taquiner la toison d’or ?

Les Verts en finale ? Ça va être compliqué quand même mais pourquoi pas ? J'ai du mal à voir dans mon constantinople de cristal ! (rires) Si les Stéphanois vont jusqu'en finale, je ferai le déplacement. Ce serait un beau clin d'oeil : mon père Constantin est né à Constantinople, l'ancien nom d'Istambul !