Dominique Casagrande a accepté de replonger dans ses souvenirs jaunes et verts avant d'évoquer le match en retard qui opposera ses deux anciens clubs ce mercredi soir à la Beaujoire.
C’est contre les Verts que tu as joué en septembre 1994 ton premier match en pro. Quels souvenirs gardes-tu de ce match remporté 3-0 par les Canaris à la Beaujoire ? Tu avais fait une clean sheet face aux Laurent Blanc, Lubomir Moravcik et autres Titi Camara.
Un premier match en pro, c'est forcément un grand moment, surtout quand ça se passe aussi bien ! C'était énorme pour moi, qui venait de l'AS Muret, en National, de pouvoir jouer dans cette super équipe. A la base j'étais numéro 2, voire numéro 2 bis avec Eric Loussouarn derrière David Marraud. Coco Suaudeau m'a lancé dans le grand bain à l'occasion de ce match contre les Verts. C'était extraordinaire. Mes parents ont écouté ça à la radio. Ils m'ont dit qu'ils ont eu très peur car deux fois lors des cinq premières minutes ils ont entendu "but à la Beaujoire !". Ils se sont dit "merde, le pitchoune, c'est pour lui !" En fait non, c'est Patrice Loko et Nicolas Ouédec qui avaient marqué coup sur coup ! (rires) Claude Makelele avait enfoncé le clou un quart d'heure plus tard. Je me souviens que plein de copains étaient montés pour ce match. 3-0, c'était le tarif maison cette incroyable saison. Une dizaine d'équipes en ont fait les frais, dont Saint-Etienne. Moi je regardais un peu les autres, je n'avais pas 36 000 arrêts à faire. La Beaujoire m'a adopté, ça a lancé ma carrière professionnelle !
Alors que les Verts ont fini alors antépénultièmes, les Canaris ont survolé le championnat cette saison-là. Tu as connu l’apogée de ta carrière dès ta première saison en fait !
Tout à fait ! Cela m'est tombé dessus comme ça, tout était beau, tout était rose. J'ai même eu du mal à réaliser. En fin de saison j'en suis arrivé à me demander "t'es vraiment là", "c'est vraiment toi ?" (rires). J'arrivais du monde étudiant et je me retrouvais à jouer dans la meilleure équipe de l'élite. J'ai été appelé en A', j'ai eu des convocations. Cette année-là on ne perd qu'un match, notre record tient encore même s'il menacé cette année par les Parisiens. C'était exceptionnel. Tout a commencé très, très fort pour moi. J'ai peut être fait "à l'envers à l'endroit", Dieu seul le sait aujourd'hui. J'ai peut-être vécu toute ma carrière sur une belle année mais j'en suis conscient et ça ne me gêne pas. C'était un vrai régal de faire partie de cette équipe nantaise. Parfois je me pinçais et je me disais "attention, arrête d'être spectateur ! Reste concentré, t'es gardien, t'es pas là juste pour regarder le match." Ah, ça jouait tellement bien ! Et Coco Suaudeau avait des méthodes d'entraînement extraordinaires. Il m'a presque appris à courir, à anticiper ! Il me gardait à la fin des séances, avec Eric Decroix, Christophe Pignol. Il nous prenait car il voulait qu'on rentre dans ce moule.
Christophe Pignol avait été formé à Sainté. Quels souvenirs gardes-tu de lui ?
De supers souvenirs, on est d'ailleurs restés très proches. Christophe, c'est quelqu'un d'humain, très famille, avec des vraies valeurs. C'est peut-être celui que j'ai encore le plus au téléphone et que je vois. Je me souviens d'un K.O. qu'il avait pris lors d'un match. En se relevant, il ne savait plus dans quel sens il fallait jouer ! C'était contre Nice, il a réattaqué dans le mauvais sens ! (rires) On a vécu une belle épopée avec tout un groupe dont Christophe faisait partie intégrante.
Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience au PSG. Le second but victorieux de Gueugnon que t’a marqué l’ancien Vert Sylvain Flauto en finale de Coupe de la Ligue ?
Je n'ai pas oublié ce but, il fait partie des moments que j'ai vécus à Paris. J'ai peu joué là-bas mais avec un certain recul, je me dis que j'étais quand même chanceux, j'ai vécu des moments extraordinaires. Ce n'était pas la route prévue pour moi. J'ai eu des moments durs au PSG, des moments de colère. J'ai refusé d'aller sur le podium après cette finale perdue, c'était un non-match. Mais bon, je ne faisais pas des routes, je ne faisais pas du goudron, il fallait quand même relativiser. Je faisais quand même l'un des plus beaux métiers du monde sans l'avoir demandé. J'ai connu des moments difficiles mais ça m'a forgé et il faut surtout savoir les relativiser. Je restai malgré tout un privilégié, je n'avais pas à me plaindre de mon sort.
Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Sainté l’été 2001 ?
Tout allait bien pour moi à Paris, j'avais un rôle de doublure, j'avais signé une reconversion. Mais suite à un clash avec Luis Fernandez, je suis parti. Je lui ai dit ce que je pensais à u moment donné, il m'a dit "tu t'en vas". L'opportunité de Saint-Etienne s'est présentée. L'ASSE venait de descendre mais quand les Verts t'appellent, tu réponds. C'est un club prestigieux. J'ai eu d'autres propositions, j'aurais pu rester en Ligue 1 mais les Verts, c'est les Verts ! J'ai choisi Saint-Etienne pour une histoire et franchement j'ai été ravi et fier de jouer pour les Verts. Mon transfert s'est fait très vite, Christian Larièpe est monté à Paris et en une journée c'était bouclé ! Le projet m'a plu, il faut savoir se relancer. J'ai dit banco et ça m'a enthousiasmé de débarquer dans le Forez.
Signer à Sainté, ça représentait quoi pour toi ?
Quelque chose de très fort vu le passé glorieux de ce club. C'est Dominique Bathenay qui m'a fait aimer le foot. Bizarrement à l'époque je ne m'intéressait pas plus que ça aux gardiens. Je n'étais même pas un fan absolu du football. Mais quand j'avais six ans j'ai été particulièrement marqué par le fabuleux but qu'il a marqué à Liverpool.
Des années après je lui ai dit tout l'amour que je portais pour lui, pour ce type de joueur. Il y a peut-être des joueurs meilleurs techniquement qui font rêver d'autres personnes, mais pour moi Dominique Bathenay c'était la classe absolue. Je l'admirais. Ce mec savait tout faire sur le terrain. Et quand il ne savait pas le faire, il se battait pour le faire. Beaucoup de mecs de ma génération et un petit peu plus vieux ont des images des Verts, des flashs. Il y avait aussi Christian Lopez, que j'ai connu plus tard dans la région toulousaine. J'ai vraiment été marqué par toute cette génération stéphanoise.
Avec le recul, estimes-tu avoir été l’une des meilleures recrues stéphanoises cette saison-là ? Baudry, Deom, Agasson, Kuzba, Bia, Yao, Esposito, Pouget, Oliveira… On ne peut pas dire que ça a été le meilleur mercato de l’histoire du club !
Il y a eu aussi Patrice Carteron et David Hellebuyck, qui ont connu plus tard les joies de la montée avec Sainté. Mais c'est vrai que ma première saison à Sainté, la mayonnaise n'a pas pris. Je pense malgré tout qu'il y avait quelques bons joueurs. Olivier Baudry par exemple, mais il n'était peut-être pas fait pour ce public. On a mal débuté en perdant le premier match à la maison contre Istres. Des joueurs ont peut-être du mal à supporter la pression qu'il y a eu rapidement. Il n'y a pas eu la petite étincelle, il n'y pas eu de groupe qui s'est formé. on s'est tous cherchés plus ou moins. On ne peut pas ressortir un joueur plus ou moins qu'un autre. Il n'y a pas eu d'osmose, ça s'est mal goupillé, et au final on a terminé à une médiocre treizième place.
Sainté était même 17e après 11 journées quand Alain Michel s'est fait virer. C'était une erreur de casting, non ?
Je ne sais pas mais on a sans doute payé la préparation. Je n'avais jamais connu ça. Alain Michel nous a fait faire une préparation très dure, basée sur le physique, alors qu'on n'avait peut-être pas des joueurs prêts à ça. C'était peut-être la Ligue 2 qui demandait ça, lui avait peut-être cette expérience mais les joueurs avaient plutôt le profil de Ligue 1. Du coup ça a été très dur, je me souviens que certains joueurs ont explosé en plein vol. On a fait un stage très éprouvant en Roumanie. On a fait des matches de partout, tout le monde était cuit ! Je me rappelle qu'on s'entraînait même le matin du match, pensant qu'on allait gagner. Je pense que les joueurs qu'il avait n'étaient pas fait pour son profil à lui.
Il a heureusement été remplacé par Frédéric Antonetti. Quels souvenirs gardes-tu de votre collaboration ?
J'ai bien aimé Frédéric Antonetti car c'est quelqu'un de franc, même si pour les gardiens c'est toujours délicat. Ce n'est pas quelqu'un qui fait participer les gardiens à ses séances d'entraînement. On était un peu à part les gardiens, heureusement qu'on avait une bonne ambiance tous ensemble. Mon seul regret c'est ça, on était un peu à l'écart. Fred Antonetti a une vision du football qui m'intéresse, qui me plaît, mais c'est vrai qu'on le regardait de loin. J'avais connu l'école nantaise où les gardiens étaient totalement intégrés dans tous les jeux, que ce soit avec les pieds ou avec les mains. Je regrette un peu de ne pas avoir retrouvé la même chose à Sainté. Mais je garde de l'estime pour Frédéric Antonetti. J'adore l'homme. C'est un meneur d'hommes, quelqu'un de respectueux, qui donne tout pour le club dans lequel il est. C'est l'entraîneur qui a fait remonter Sainté dans l'élite, et le club y est resté depuis. Respect !
Avec le recul, que retiens-tu de tes deux saisons passées à l'ASSE ?
J'ai passé de bons moments à Sainté, même si je n'y ai pas obtenu de résultats exceptionnels. Je retiens surtout de mon passage à Sainté l'incroyable ferveur du peuple vert. C'est beau à vivre. C'est extraordinaire de jouer dans le Chaudron. Je n'ai pas eu souvent la chair de poule. Cela m'était arrivé en Ligue des Champions. Et cela me l'a fait aussi à Sainté. Quand la chanson des Verts résonne à l'entrée de match, j'en frissonne et j'en ai encore des souvenirs. C'est fort. Le Chaudron, ce n'est pas comme le Beaujoire ou le Parc car les supporters sont plus proches. J'ai connu ça aussi quand j'ai joué à Séville. Lorsque je jouais pour Nantes, c'était une période faste, tout nous souriait, les gens étaient amoureux du foot. J'ai connu une période plus compliquée à Saint-Etienne, où les gens restent amoureux du club. J'ai été marqué par le décès d'Olive, l'un des fondateurs des Magic Fans. C'était un moment fort, un moment dur. On lui avait rendu hommage. Il y avait des supporters partout, même en Roumanie ! J'ai connu d'autres clubs dans ma carrière mais il n'y a pas d'équivalent. J'ai connu la ferveur à Nantes mais elle est locale. La ferveur parisienne était en train de naître. Elle sera peut-être forte dans quatre ou cinq ans. Mais la ferveur stéphanoise, c'est vraiment quelque chose ! Je la vois encore ici, moi qui vis à Lyon. Elle existe encore et je trouve ça génial ! Le seul truc que je regrette, c'est qu'on n'autorise plus les supporters stéphanois à Lyon et les supporters lyonnais à Saint-Etienne. Pour moi ça fait partie du folklore d'un derby.
Ne regrettes-tu pas d'être passé au mauvais moment à Sainté sportivement parlant ? T'as joué après la flamboyante période Nouzaret et avant la saison de la remontée ?
Il y a une autre façon de voir les choses. Est-ce que je ne fais pas partie de cette mauvaise période ? Est-ce que je n'ai pas ma part de responsabilité ? Il faut savoir se poser les bonnes questions. Bien sûr, je regrette que tout n'ait pas été réuni pour qu'on fasse quelque chose d'extraordinaire quand j'étais à Sainté. Mais si on n'y est pas arrivé, c'est tout le monde qui est en cause, moi y compris.
Quel a été ton meilleur match et ton plus mauvais match à Sainté ?
J'ai oublié mes mauvais matches ! (rires) Le meilleur, je pense que c'était contre Nîmes à la maison. J'avais multiplié les parades décisives. Je me souviens que le président Alain Bompard avait déclaré : "Je n'ai jamais vu un gardien stéphanois faire autant d'arrêts à la maison." Je n'ai pas le souvenir d'avoir fait de très grands matches et de très mauvais matches à l'ASSE. J'étais normal.
Quel est le meilleur joueur que tu aies connu à Sainté ?
On ne va pas se mentir, je n'ai pas fait partie de l'équipe la plus douée de l'histoire du club. A la période où j'étais à Saint-Etienne, on n'a pas dû ravir les amoureux du football pur. Mais j'ai beaucoup apprécié la générosité d'un Lilian Compan par exemple lors de ma seconde saison au club. A Sainté on a besoin de joueurs généreux comme ça. Je me souviens que je me fritais souvent avec Pat Guillou, mais dans le fond on s'entendait bien. J'aime bien les joueurs de caractère qui aiment leur club. Il a manqué du football lors de mes vertes années mais il y avait des joueurs. On n'a pas toujours été bon mais on a rigolé !
Avec quels joueurs avais-tu le plus d’affinités ?
Avec Jérémie Janot, Florent Perraud et Jeannot Dées, on était vraiment quatre potes. On se parle encore très souvent avec Jérémie. Quand je me suis blessé à la main, je savais que Jérémie allait prendre la place et que c'était le moment pour lui. J'entretiens de vrais rapports d'amitié avec lui. Avec Flo et Jeannot on se parle de temps en temps. Je suis également resté en contact avec Patrick Guillou, Patrice Carteron et Lilian Compan, que j'ai d'ailleurs revu récemment.
Ta seconde saison à Sainté, tu as perdu ta place au profit de Jérémie Janot. Comment as-tu vécu la situation ?
Je l'ai bien vécue, je me suis dit qu'il fallait savoir passer le relais. Avec Jérémie, on avait et on a encore un respect mutuel. J'ai passé des moments plus compliqués dans d'autres clubs, notamment au PSG quand Bernard Lama jouait. Parfois je me disais "putain, j'aimerais bien qu'il la rate celle-là." Rien de tel avec Jérémie. Je me suis fait expulser à Niort, je me suis blessé à la main, je crois que c'était contre Sedan. On m'a posé une broche. Voilà, ça s'est fini la-dessus en ce qui me concerne. Mais ça sentait déjà la sapinette ! Jérémie a su saisir sa chance. Je suis très heureux qu'il ait réussi à s'imposer dans la durée à Sainté.
C’est parce que tu avais perdu tout espoir de redevenir gardien numéro un que tu as quitté l’ASSE ?
Non. A vrai dire, je voulais arrêter ma carrière de joueur à l'issue de ma seconde saison stéphanoise. J'avais signé une reconversion avec le PSG, il fallait que je remonte à Paris. Je m'occupais du futur centre d'entraînement, j'avais visité les autres centres européens. En arrivant à Paris, Patrick Blondeau qui était directeur sportif à Créteil me dit "Viens me rejoindre, j'ai perdu Stéphane Porato." Comme Patrick est un ami très proche, j'ai accepté de relever ce dernier challenge de joueur en Ligue 2. On s'entraînait un peu comme on voulait car je bossais déjà pour le PSG. J'ai passé des bons moments à Créteil, j'ai presque retrouvé ce que j'avais connu en National quand je jouais étudiant à Muret.
Cette expérience cristollienne t'a permis de replonger une dernière fois dans le Chaudron. Es-tu fier d’être le premier gardien à avoir encaissé un but de Bafé Gomis ?
Oui, sachant que Bafé a trompé un paquet de gardiens depuis ! (rires) Je me souviens très bien de ce match. C'était fin janvier, on avait une équipe de fous furieux. On était quatrième à l'époque et Sainté était déjà très bien placé. On avait ouvert le score en début de match, les Verts avaient égalisé puis pris l'avantage grâce à David Hellebuyck. On était revenu mais Bafé avait donné la victoire aux Verts. Il était tout jeune, il avait 18 ans. Il a fait un joli bout de chemin depuis. Quinze ans plus tard, je constate que Bafé a claqué un paquet de pions pour Sainté, Lyon, Marseille, Galatasaray et il continue de planter en Arabie Saoudite.
Peux-tu nous rappeler de ta reconversion ?
J"ai débuté ma reconversion au Paris-Saint-Germain. J'avais en charge le futur camp d'entraînement. Je devais m'occuper du cahier des charges, j'ai visité tous les centres européens. J'ai rendu des rapports, j'ai connu différents présidents. J'ai découvert le foot en salle en Angleterre, pas loin du camp d'entraînement de Manchester United. J'ai lancé le deuxième centre de foot en salle de France. Il y en a un qui se montait à Paris, l'autre à Rennes. Je suis venu à Lyon. J'ai racheté un club de tennis et je suis part là-dedans. J'y fait mes armes. J'ai créé ma petite entreprise, on est monté jusqu'à 300. Après j'ai vendu cette partie-là à un groupe. En même temps je suis parti faire un Master 2 droit du sport à Limoges. J'avais déjà un petit bagage avant d'arriver dans le foot, une maitrise de sport et management. J'ai effectué un stage à l'OL pour la programmation du futur camp d'entraînement. J'ai fait derrière une formation sûreté et sécurité. J'ai ensuite ouvert un gros établissement à Lyon, qui s'appelle le 1838, que j'ai vendu il y a trois mois. J'avais aussi investi dans Footengo, un réseau d'une petite cinquantaine de sites internet sur le foot amateur. Il fallait grossir, céder des parts. Mon associé de l'époque qui était aussi le créateur n'a pas voulu franchir cette étape. Quand tu ne franchis pas l'étape, ensuite du meurs à petit feu. Donc ça a été racheté par les gens d'Actufoot. C'était un beau projet, moi je m'éclatais.
Aujourd'hui, quelles sont tes activités ?
J'ai vendu le 1838 mais j'ai deux autres boites : une boite de sûreté dans laquelle je suis actionnaire. C'est ce qui m'occupe de plus en plus depuis trois ans. On fait des audits de stades, de lieux sportifs. On fait de l'audit en sûreté avec des anciens d'Interpol, des ex-gendarmes. C'est un domaine qui me plaît bien, je suis dirigeant de cette boite. J'ai une autre structure où je suis juste actionnaire, c'est une boite de production de cinéma, également basée à Lyon. On est en train de produire le film sur Michel Neyret. Je m'éclate là-dedans, j'ouvre un peu mon réseau. Michel Neyret est un ami. J'ai la fibre d'entrepreneur. Dès que je sens que que les affaires ronronnent, que j'ai amené le maxi que je pouvais amener, je me lance dans de nouveaux projets. Un peu comme dans le foot, j'estime qu'il y a des gens qui sont capables de faire passer des étapes au-dessus. Je sens quand c'est le moment de se retirer et de passer à autre chose.
Tu n'en demeures pas moins un observateur averti du football. Ce mercredi ton coeur sera-t-il plutôt vert ou canari ?
J'aime les deux clubs, dans l'absolu je serais assez neutre. Mais vu le contexte, j'aimerais bien qu'il y ait un résultat à Nantes pour donner un peu de baume au coeur à tous les gens attristés par la disparition d'Emiliano Sala. Mon coeur sera davantage nantais mercredi, pas pour des raisons liées au football ou au classement. Mais ce serait bien que les Canaris aient un petit coup de pouce, qu'il y ait un peu de soleil à la Beaujoire.
Ce drame va transcender ou inhiber les joueurs nantais ?
Je pense qu'ils savent qu'il n'y a aucun risque avec le public, au contraire ! Le public va être derrière eux, tous les publics vont être derrière eux. Il n'y a pas de pression pour les Nantais sur ce match, au contraire. Même s'ils perdent, on ne peut pas le leur reprocher. Je pense qu'ils joueront libérés ce match-là.
En tant qu'ancien gardien, quel regard portes-tu sur Stéphane Ruffier ? Tu le situes comment dans la hiérarchie des gardiens français et de L1 ?
Il confirme année après année qu'il fait partie des meilleurs gardiens. Au moment où il était le plus fort de sa carrière, il était bouché par un numéro un indétrônable en équipe de France et qui est encore là. Cela permet à des jeunes d'arriver derrière et de monter. Mais Stéphane Ruffier, c'est costaud. moi je suis assez fan. Je regrette pour lui qu'il ne s'ouvre pas un peu plus avec les gens à l'extérieur. C'est son caractère, on ne peut pas le changer. Je pense que ça lui aurait fait passer des étapes en plus. Stéphane avait tout. Il a tout encore, hein ! Mais quand il était au top de sa forme, imbattable, que c'était un roc, ça lui aurait fait du bien de s'ouvrir. Stéphane reste un excellent gardien. Parfois on critique son jeu au pied et ses sorties aériennes. On disait parfois la même chose de Jérémie, mais parfois il ne vaut mieux pas sortir quand on sait qu'on peut faire l'arrêt sur la ligne. Stéphane Ruffier est tellement sûr de lui, tellement fort sur sa ligne... Il n'a peur de rien, il est très costaud. Il a encore fait un sacré match contre Lyon. Dans la hiérarchie des gardiens, à part Hugo Lloris qui est là dans les très grands évènements, il n'y a pas grand monde qui lui est supérieur. Steve Mandanda est moins bien mais c'est son club qui fait qu'il est moins bien. Alphone Areola est aussi un bon gardien.
Que t'inspire l'équipe stéphanoise cette saison ?
Je la trouve intéressante. J'adore Jean-Louis Gasset. C'est quelqu'un que j'ai côtoyé non pas en tant que joueur mais en tant qu'homme car j'étais proche de Bruno Carotti. J'aime beaucoup sa vision du foot. Jean-Louis Gasset est un passionné, il donne 200% pour le foot. Il a souvent été dans l'ombre, au meilleur moment de sa carrière il était peut-être dans l'ombre. Aujourd'hui il récolte ce qu'il a semé pour le le plus grand bonheur de Sainté. Pour moi c'est l'un des grands entraîneurs français, il sait faire jouer son équipe. Il a su amener des joueurs qui étaient un peu dans le doute et qui avaient besoin de se relancer. Il les a remis en lumière et ça joue. J'espère que la contre-performance face à Lyon ne va pas leur faire du mal. Je trouve que cette équipe stéphanoise est plutôt agréable à voir jouer.
Tu vois les Verts finir à quelle place cette saison ?
Les Verts finiront entre la troisième et la sixième place. La deuxième place, je n'y crois pas trop. A vrai dire, je les vois terminer à la cinquième place. J'espère qu'ils finiront au-dessus mais ce ne sera pas évident. Paris est hors concours, Lille sera compliqué à aller chercher. Lyon a une belle équipe, Marseille est un peu décroché mais pas hors course, la saison est encore longue et cette équipe est capable de tout. Les Verts doivent aussi faire attention à Montpellier, à Strasbourg. Nice n'a pas dit son dernier mot. Le quatrième place qu'occupe actuellement Sainté ne sera pas facile à conserver.
Ta belle a travaillé sur le chaîne des vilains. Tu n'a jamais incité Cécile à rejoindre notre maison verte pour qu'elle découvre enfin un club passionné où il y a de la ferveur ?
(Rires) Je t'avoue que je me suis fait chambrer pas mal de fois. Mais elle c'est dans ses racines, c'est une Lyonnaise ! Elle est très ancrée à Lyon. On s'est installé là-bas car c'est une ville extraordinaire. Mais Cécile a toujours respecté les clubs où j'étais, y compris l'ASSE. Elle ne s'est jamais mêlée de ça. Bien sûr ça chambre un peu quand il y a des matches mais gentiment. Elle a sa petite entreprise dans la décoration. Elle s'éclate dedans, elle a beaucoup de boulot.
On peut lui demander de venir refaire la déco du siège de l'ASSE ?
Elle en est capable ! (rires)
Merci à Dominique pour sa disponibilité