Le chasseur est devenu chassé, revenus du diable VauVert, il n'est plus question de rater le coche de l'Europe. Mais pour cela, il s'agit de ne pas tergiverser et de continuer à gagner. Cela commence ce week end à domicile contre les (v)ignobles bordelais.
1- Le parcours
Bordeaux aura été digne de son maire cette saison. En effet, c'est un vrai parcours à la Juppé que les Girondins ont connu.
Des débuts en fanfare les menant proches des sommets (3ème après 7 journées). Puis ils ont connu leur plan Juppé avec une défaite contre le QSG qui les mènera à se dissoudre, jusqu'à la 15ème place. Après avoir remonté la pente (mais pas l'UMP) entre la 21ème et la 25ème journée, ils ont connu un nouveau coup d'arrêt qui les a contraints à s'élancer dans le sprint final depuis la 12ème place (et non depuis le Canada) et avec 8 points de retard. Mais depuis, ils ont le vent dans le dos et se remettent à croire en leur chance d'atteindre le Graal.
Si l'on doit espérer qu'ils continuent à subir le même sort que leur édile en ratant le coche près du but, il est à espérer n'être qu'à moitié leur François Fillon...
2- L’effectif
Gourvennec ou Poyet, le 4-3-3 aura quasiment été immuable cette saison, malgré une tentative récente en 4-4-2 losange. Pour autant, on ne peut pas dire que la gestion de l'effectif ait joué la carte de la stabilité, malgré un début de saison qui en faisait l'équipe la plus inchangée de L1.
Dans les buts, étonnamment, l'international français Benoit Costil a été bousculé au point de laisser sa place 2 journées à Prior. Tout est néanmoins rentré dans l'ordre depuis. En défense centrale, le chantier fut encore plus grand puisque la charnière indéboulonnable de la première partie de saison n'est plus là, l'un étant peu ou prou à la retraite quand l'autre végète à l'infirmerie d'Eibar. Depuis lors, ce sont un jeune, Koundé, et un banni revenu de prêt, Pablo, qui trustent la majorité du temps de jeu. Le tout en poussant Baysse, pourtant revenu comme un leader chez lui, sur le banc. Le banc (ou les tribunes) c'est ce qu'aura principalement connu Lewczuk derrière toute cette petite bande, lui qui avait pourtant participé à la dernière qualification européenne des Girondins en tant que titulaire. Verdon n'a, lui, fait qu'un passage éclair. Sur les côtés, la situation n'est pas bien meilleure. Si Sabaly n'a laissé que des miettes à Gajic voire Carrique, la faiblesse des arrières-gauche de l'effectif bordelais a incité à tenter toutes les possibilités. D'un Poundjé pourtant blacklisté en début de saison et désormais quasiment indiscutable à un Pellenard, titulaire incontesté du début de saison et désormais disparu des radars en passant par un Contento sorti récemment du placard et par les latéraux droit.
Au milieu, la donne semble, sur le papier, plus simple. Un trio Lerager, Otavio, Sankharé semble se dégager. C'est pour autant trompeur. L'arrivée de Méïté a clairement rebattu les cartes puisqu'il a été titularisé 12 fois sur 15 matchs depuis son arrivée en janvier. Le renouveau de Plasil est également à souligner. Cela a eu pour conséquence de faire reculer Vada dans la hiérarchie, en plus d'Otavio.
Devant aussi, la saison n'a pas été une longue Garonne tranquille. Si Malcom est à peu près intouchable sur son côté droit lorsqu'il n'est pas blessé, et suppléé par Cafu ou Youssouf, malgré une inconstance agaçante pour les supporters du Matmut Atlantique, il n'en va pas de même pour les autres postes. A gauche, par exemple, après un gros passage à vide, Kamano a vu son statut fragilisé et De Préville être de plus en plus utilisé à son poste, avant de se réimposer ces dernières semaines comme une homme fort de son équipe. On notera aussi la disparition inquiétante de 5 mois de Cafu, le brésilien venu du Ludogorets qui n'était plus apparu dans le groupe bordelais depuis décembre avant de faire son retour sur le banc contre Dijon, se voyant même préférer Braithwaite. En pointe, justement, ce dernier a mis du temps à s'imposer à un poste où la hiérarchie n'est vraiment pas établie. On peut tout de même détacher légèrement De Préville comme plus proche d'un statut de titulaire, si l'on considère qu'il a également eu à naviguer à droite. Toutefois, la valse des attaquants est aussi due aux blessures, qui ont d'abord immobilisé Laborde avant que ce ne soit au tour de Mendy. Taha (Ervin, pas Rachid) a commencé à frapper à la porte des pros sans s'y imposer.
L'équipe possible ? En l'absence de blessures ou presque, Poyet va avoir l'embarras du choix pour composer son équipe et devrait se baser sur les fondations de ses bonnes dernières semaines : Costil – Sabaly, Koundé, Pablo, Poundjé – Plasil, Lerager, Sankharé – Malcom, Braithwaite, Kamano.
3– Souviens-toi la dernière fois
Le match aller avait été le summum de notre déliquescence défensive. Quoi qu'ayant eu plus d'occasions franches, en touchant notamment les montants et en obligeant Costil à faire le show, nous avions mangé un sévère (dans tous les sens du terme) 3-0 et étions rentré à Sainté le cul rouge (de) bordeaux.
Plus généralement, ces dernières saisons, loin de leur Matmut Atlantique, les Bordelais assurent le service minimum et reviennent de chez nous avec un match nul. Ce fut le cas, avec des matchs plus ou moins plaisants, lors des trois dernières rencontres à GG. Bordeaux n'a ainsi toutefois plus gagné chez nous depuis 2012, de sinistre mémoire.
4– Le joueur à suivre
Dans des matchs pareils, ce n'est pas forcément une question de talent mais d'envie. Et dans ce cadre, le principal danger côté bordelais, c'est peut-être le Danois Lerager. Pas forcément très à l'aise techniquement, souvent plus cantonné aux tâches défensives (mais comptant déjà 2 buts et 1 passe décisive cette saison), il n'en est pas moins un récupérateur performant et un véritable bulldog capable de cadenasser le milieu de terrain et de projeter le jeu vers l'avant, tant qu'on ne lui demande pas de la finesse. Ses qualités au combat risquent de tourner à l'opposition de style avec notre très élégant milieu de terrain et il va falloir se méfier pour ne pas tomber dans le piège.