Minuit mardi soir. Qui ne s’endort pas est stéphanois ! 
Au comble de l’excitation, à l’issue de cette mémorable qualif à la place du calife parisien, une seule chose à déclarer : les Verts, on vous aime !

Vertige de l’amour

Bouclant par une séquence de pénals parfaite de maîtrise leur douzième match consécutif sans défaite, les Verts continuent de nous enchanter. D’abord parce qu’ils nous font gravir depuis deux mois des sommets inexplorés ces trente dernières années, ensuite parce qu’ils y mettent délicieusement les formes.

Les formes sont diverses : nos conquêtes sont marquées tantôt du sceau du talent qu’on étale face aux plus faibles (Nancy, Brest…), tantôt de l’envie et l'esprit de la gagne qu’on affiche face à nos concurrents directs (Rennes, Valenciennes...), tantôt de la fierté de défier les plus gros (Paris & Paris). Dans tous ces registres, le groupe a répondu présent. Zéro faute de goût. Et s’il ressort avant tout de tout cela l’idée d’un collectif épatant, comment ne pas saluer l’intelligence de Perrin, la régularité de Clément, la solidité de Sall, la hargne de Lemoine, la gaieté de Gradel, l’expérience de Clerc, la fraîcheur de Guilavogui, les fulgurances d’Hamouma, l’œil de Cohade, l’envergure de Ruffier, la vitesse d’Aubame ?

A ce stade, proche de sommets sportifs si rarement gravis, et compte tenu de notre art consommé (sans modération) des douches écossaies, une seule crainte : que l’ivresse décime. Que le syndrôme de Nancy (souvenez vous le voyage à Picot quelques jours après le 5-1 contre Marseille) repointe sa gueule enfarinée. Chaque jour, tout ce que la France footballistico-médiatique compte d'experts se rejoint pour nous couvrir de superlatifs et nous prédire le décrochage du graal en mai prochain, ce qui, sur nos esprits torturés de sups trop souvent dépités, n’a pour effet que d'exacerber la méfiance...

Pas de doute on va chuter. C’est programmé. Trop de compliments tue l’enchantement.


Désir fou que rien ne chasse

Qu’on tombe bientôt, c’est une évidence statistique, une fatalité. Il faudra simplement savoir se relever. 
Et si ce groupe là y parvenait mieux que ses devanciers, les Alex et Aloisio de 2000, les Matuidi et Payet de 2010 ? Et si, même après une sortie de route -au hasard- à Ajaccio, cette fois-ci, Sainté ne rentrait pas dans le rang ?
Et si, enfin, on confirmait ? 

Et si tous les petits indices étaient de vraies preuves ?
Et si marquer tous ses pénals à Lorient comme contre Paris était l’étoffe des grands et le signe d’une maîtrise nouvelle ? Et si taper deux fois Paris, s’imposer face à Rennes ou Valenciennes était le signe que cette année l’équipe ne nourrit plus de complexes face aux gros ? Et si l'atmosphère apaisée et joyeuse dans laquelle baigne ce groupe depuis de nombreux mois n’était pas la meilleure des garanties ? Et si l’ambition -de moins en moins masquée dans les discours- d’aller chercher quelque chose ressemblait plus à de l’assurance qu’à de la forfanterie ?

Le désir de ce groupe, de cet entraîneur, est un savant mélange d’envie et de conviction qui ne disparaîtra pas à la moindre sortie de route.
Un groupe, qui ne recèle certes pas forcément plus de talent que certains de ses devanciers, mais, dont se dégage, si on excepte peut-être celui qui guida les hommes de Nouz vers la remontée en 1999, le plus bel état d'esprit de ces trente dernières années.

Alors, on peut se vautrer, mais cette qualité d’état d’esprit qui porte la signature de Galette, et qui s'est encore renforcée cette saison est une garantie, et la meilleure de nos armes. On peut se vautrer car c’est du sport, et cette alchimie est aussi exceptionnelle que fragile.
Mais ces Verts sont de taille. Et ils ont déjà conquis un premier trophée : celui du cœur. On aime Galette et ses joueurs, car ils ont su se rendre aimables. Et ça ne ressemble pas à une passade.
Ca tombe bien, pour les noces, on a déjà le lieu et la date : Saint-Denis, le 20 avril.


Parasar