Membre fidèle de notre forum, le potonaute Nanard nous parle de sa passion pour les Verts. On sera toujours là.

Comment ai-je pu m’accrocher à cette équipe, moi qui ne suis pas Stéphanois, qui ai connu cette équipe bien avant l’épopée. D’autant que je me souviens c’était ma première radio. J’avais une dizaine d’année et ce dimanche après-midi, dans un chalet dans mes montagnes de Haute-Savoie, je tournais la petite molette pour capter une station audible et là, sans encore le savoir, j’en ai pris pour le restant de mes jours. L’oreille collée au poste, un reporter commentait la finale de la coupe de France, enthousiasmé par le jeu déployé par une équipe en devenir, il m’a donné l’envie de l’écouter. Ce jour-là, à Colombes St Etienne battait Nantes 5-0, l’ASSE inscrivait une nouvelle ligne à son palmarès en 1970.

Dès lors, je pris le parti de cette équipe, sans rien savoir de son passé, de son histoire, je ne savais même pas situer cette ville sur une carte. J’ai suivi tous les matchs sur ma radio en ondes courtes, je tenais à jour le classement, je connaissais Carnus, Bosquier, Polny, Mitoraj, Feufeu, Keita, Herbin… Bosquier mon idole, prénommé Bernard comme moi, né à Thonon ma ville d’adoption.
Ma fidélité fut, bien sûr récompensée, les titres et l’Europe, rien que de l’écrire j’en ai encore des frissons. Les retournements de situation les plus incroyables, les fauteuils du salon qui tel Split ou Kiev n’ayant pu résister aux Verts n’ont pas plus résisté à mes sauts de joie. Les jours de matchs, tendu où il ne fallait rien me demander, cette pression si agréable qui te prend aux tripes, l’admiration pour ce club et pour son stade à l’ambiance extraordinaire, je vénérais, j’admirais tout ce qui touchait à ce club, à mon club, à cette ville ouvrière. Je me suis, aussi, mis à suivre les résultats du SEB, mais l’apothéose est le jour où pour la première fois je découvris le temple, l’ancien avant la rénovation de l’euro 84.

Et puis la chute de l’empire, la traversée du désert, rentré dans la vie active tout était réuni pour se détacher du foot, de Sainté... Mais plus fort que moi je me surprenais à écouter encore les matchs à la radio, une autre, à soutenir mon club, comme si mon soutien moral était indispensable, mais comment après autant de joie pouvais-je lâcher, à cause d’un passage difficile, certainement de courte durée. Alors périodiquement j’y ai cru, Le Sphinx était revenu, un peu plus tard J.M. Larqué, j’étais persuadé qu’on avait mangé notre pain noir… Et puis encore et toujours des déceptions. J’entretenais ma passion tout seul, je lisais L’Equipe, France-Football à la recherche du moindre article. Bientôt le miracle : le Minitel, on pouvait dialoguer avec d’autres supporters, alors je n’étais pas tout seul, il y en avait d’autres qui avaient tenu le coup, et puis internet et le club qui, après avoir reçu l’extrême-onction, renaissait de ses cendres, suivi d’une nouvelle affaire. Mais rien n’y fait, il y avait quelque chose qui avait la peau aussi dure que ma passion, le multiplex à la radio, toujours là même en deuxième division, j’écoutais la radio, le samedi soir, l’oreille collée au poste.

Alors, bien sur ce n’est qu’un bref résumé de cette folle passion, mais on comprend que lorsqu’on frôle ne serait-ce qu’un semblant de compétition européenne, que des luttes de pouvoirs détruisent cet espoir, je suis fou de rage, je parle de gâchis, j’en veux à tous ceux qui se servent de l’ASSE. Je peste contre ces joueurs parfois indignes de leurs prédécesseurs, qui à mon goût devraient se sentir investis d’une mission, je ne supporte pas qu’ils ne se battent plus comme d’antan. Mais surtout ne me dites jamais d’aller supporter l’OL si je veux voir des matchs de foot dignes de ce nom, on m’a invité à quelques reprises à Gerland, je n’y ai jamais mis les pieds et j’ai refusé, sans faux-semblant, sans autre prétexte que le fait que je n’aime pas cette équipe.

Malgré tout j’en ai marre des occasions gâchées, cette fois je laisse tomber, à mon âge. Mais je me connais en Août quand je serai en vacances en Croatie, avec ma petite famille, je trouverai un moyen d’avoir les résultats de la première journée de L1 et je vais y croire comme un malade, à mon âge, petit chef de mon entreprise avec d’autres soucis, est-ce raisonnable? Alors je ne sais pas si on reconnaîtra des joies aussi intenses, mais je sais que je ne lâcherai pas les verts même loin de Saint-Etienne, que je sais situer sur une carte, et là-bas sur la côte Adriatique, je trouverai bien une radio, l’oreille collée au poste.

Auteur : Nanard