Il a gagné la Ligue des Champions avec l'OM avant de partir à Rennes puis Saint-Etienne où il arrêtera sa carrière. Dans ces deux derniers clubs, il aura connu 3 hommes qui font l'ASSE d'aujourd'hui : Laurent Huard, Julien Sablé et Jean-François Soucasse.
Que deviens-tu Jean-Christophe depuis la fin de ta carrière ?
Beaucoup de choses ! J'ai arrêté après Saint-Etienne en 1998. Après je suis passé de l'autre côté de la barrière en tant que dirigeant à Dijon. Ensuite je suis retourné à mes études, j'ai repris un cursus universitaire, j'ai passé mes diplômes d'entraîneur. J'ai connu le club de Besançon en tant que directeur sportif et puis en 2006 j'ai décidé de me retirer du monde du foot et de me consacrer à d'autres choses. Depuis j'ai repris l'exploitation familiale, j'ai construit des gîtes et je suis dans l'œnotourisme dans la région bourguignonne.
C'était ton choix de ne pas rester dans le foot ou c'était par manque d'opportunités ?
Un peu des deux. Au bout d'un moment, on tourne un peu en rond et on cherche des solutions. J'ai dû prendre une décision et me lancer des mes affaires. J'y suis resté, ça s'est fait comme ça.
A ton époque, la post-carrière c'est quelque chose qu'on évoquait ?
Oui ça a toujours existé car on sait que le football a un caractère éphémère et il faut bien prévoir la suite. Maintenant, c'est vrai que les carrières sont beaucoup plus valorisées du point de vue financier donc ça facilite peut-être un peu plus les choses pour la reconversion.
Revenons sur ta carrière. Tu es formé à Sochaux et tu découvres les Espoirs avec en point d'orgue le tournoi de Toulon remporté en 1985, quel souvenir tu en gardes ?
Le Tournoi de Toulon c'était vraiment l'antichambre de l'Equipe de France à l'époque. On prenait cela très au sérieux et c'était une plateforme très valorisante. Je m'en souviens très bien, on commençait à percevoir un peu les objectifs de carrière ... C'est toujours très agréable et c'était un événement important.
Dans cette équipe, on compte 4 autres joueurs qui ont porté le maillot vert : Robin Huc, Gérald Passi, Fabrice Mège et Jean-Luc Ribar
Oui en effet ! Ce sont des gars que je côtoyais depuis quelques années dans les équipes de France de jeunes. Notamment Jean-Luc Ribar avec qui on a été champions d'Europe junior en 1982 en Angleterre. Jean-Luc je le voyais depuis 4-5 ans dans les sélections.
Après une décennie à Sochaux, direction Marseille. C'est l'apogée de ta carrière ?
Oui évidemment. Parvenir à disputer et remporter une finale de Ligue des champions avec un club français, c'est assez rare pour être noté ! Ca correspond en plus au summum de ma carrière.
Pourtant ce n'est pas l'OM qui a bercé ton enfance ?
Non, en effet, quand j'étais petit, c'est l'épopée des Verts qui a marqué ma jeunesse. On avait une fibre verte qui naissait très rapidement. Mais j'avais quelques souvenirs avec Marseille car ils étaient venus disputer un match d'exhibition chez mes parents en Bourgogne. J'avais vu Skoblar, Magnusson ... ils étaient très accessibles puisque c'était dans un petit club, j'en garde un bon souvenir.
Comment tu vis les montagnes russes marseillaises à l'époque, puisque l'OM est vite rattrapé par les affaires ?
Ca fait partie de l'essence même de Marseille. C'est un club de passion, avec des supporters passionnés, un club à l'intérieur de la ville ... Quand il y a beaucoup de ferveur, il n'y a pas beaucoup de sérénité, de calme dans les décisions. Il faut que tout aille vite. Les émotions sont très exacerbées et ça peut expliquer ce qu'il s'est passé. Il n'empêche que Marseille est toujours là et l'OM reste l'OM.
Tu as retrouvé un club similaire avec Sainté ?
Oui peut-être mais à la période où j'étais à Saint-Etienne, le stade était en travaux pour la Coupe du Monde 1998. Plusieurs tribunes étaient fermées, le club était en D2 donc c'était en reconstruction à tous les niveaux. Néanmoins, on peut faire le parallèle au niveau de la ferveur, sans soucis même si elle se voyait moins. Jouer dans un Geoffroy-Guichard en chantier, ce n'était pas l'idéal.
Avant Sainté, tu fais un passage de 2 ans à Rennes
Oui, j'étais en fin de contrat à Marseille et Rennes s'est présenté avec un projet intéressant.
Ensuite, c'est Sainté qui vient te chercher, pourquoi tu acceptes ce challenge en D2 ?
C'était un club avec une telle notoriété. Ca restait toujours Saint-Etienne, même en D2 ! Ce statut de club de deuxième division ne pouvait être qu'éphémère donc participer au retour de ce club en D1, c'était un super challenge ! Quand Sainté s'est présenté, j'ai même pas eu à me laisser conseiller ou quoi que ce soit, je connaissais déjà pas mal de choses !
Lors de ta première saison, 1996-1997, tu côtoies pas mal de bons jeunes : Coupet, Sagnol, Potillon, Sarr, Camara ...
Oui, il y avait l'émergence d'une belle promotion du centre de formation. Beaucoup ont confirmé par la suite. Dans cette saison, il y a eu des ratages qui font qu'on aurait pu faire une meilleure saison mais la mayonnaise n'a pas pris. Les résultats n'ont pas suivi et il y avait aussi une incertitude sur le banc, ce qui a créé beaucoup de difficultés.
Saison difficile au plan personnel aussi puisque tu joues très peu
Oui, j'avais une blessure au tendon d'Achille. Je suis allé au bout du truc puisque je me suis fait une rupture du tendon.
Et la saison suivante n'est pas meilleure, 1997-1998.
Oui une vraie saison galère pour moi ... Ma blessure me faisait souffrir, une douleur lancinante jusqu'à la rupture. C'est le regret que j'ai sur mon passage à Sainté, je n'ai pas pu donné tout ce que j'aurais pu donner.
C'est pour ces raisons que tu mets fin à ta carrière ?
J'arrivais à 33 ans ... je venais de me faire une rupture du tendon d'Achille ... tu te poses des questions. Je me suis mis face à la réalité. C'était une déception parce que j'aurais aimé apporter plus au club à cette époque.
Les dirigeants ne t'ont pas proposé de rester une saison de plus malgré tout ?
On s'est posés la question. Mais il y avait beaucoup de changements au niveau des dirigeants. Le président Bompard venait d'arriver en tant que président. Il y avait beaucoup d'incertitudes. On a évoqué une potentielle suite à un moment donné, mais il n'y a pas eu de suite. C'était compliqué, tant sur le terrain qu'en dehors.
Tu continues de suivre la L1 en ce moment, que penses-tu des résultats de Sainté ?
Je regarde cela de loin. C'est vraiment une mauvaise dynamique, avec la défaite en Coupe à Sochaux, là. Je ne peux pas l'expliquer parce que je ne suis pas dans les arcanes du club. Mais la dynamique semble cassée vu de l'extérieur. J'ai l'impression que les esprits sont pas mal marqués.
Avec ce discours, tu ne vas pas remonter le moral à tes anciens coéquipiers qui sont aux manettes : Laurent Huard, Julien Sablé et Jean-François Soucasse
Oui c'est vrai que j'ai connu les trois ! Jean-François Soucasse on était à Sainté ensemble, un gaucher également donc on avait des conversations de gauchers (rires) ! C'était un garçon sympathique, je suis content qu'il ait ce poste à responsabilité. Je pense que c'est bien pour lui et pour le club.
Laurent, je l'ai connu quand il sortait du centre de formation à Rennes. Un gars sérieux et professionnel donc le centre de formation de Sainté est dans de bonnes mains.
Pour Julien Sablé, je ne l'ai pas trop connu, il était au centre de formation quand j'étais à Saint-Etienne.
Tu vois Sainté embêter ton ancien club de Rennes dimanche, après avoir perdu contre ton autre ancien club, Sochaux ?
Je ne sais pas, ça sera difficile. L'objectif pour Sainté, c'est de sauver les meubles. Il faut trouver de la confiance assez rapidement. La chance des Verts c'est que Rennes marque un peu le pas, ils sont aussi en recherche de confiance. Je pense que Saint-Etienne peut accrocher un bon résultat, mais ça se passe dans la tête ! Il faut que l'état d'esprit soit bon, qu'il aient les ressources pour s'en sortir. Ils enchaînent pas mal de déconvenues avec ou sans fond de jeu cohérent. Peu importe la prestation, si tu reviens avec un mauvais résultat, ça pèse sur le moral. Et l'élimination en Coupe de France n'amène pas de positif à tout ça.
Un petit favori pour dimanche ?
Non, je ne sais pas. Le match nul serait idéal d'un point de vue affectif. Et puis chacun pourra repartir de l'avant. Mais c'est difficile de dire l'un plutôt que l'autre. Je pense surtout aux joueurs en ce moment, et ça ne doit pas toujours être simple pour eux.
Merci à Jean-Christophe pour sa disponibilité