En charge des U17 du FC Metz, l'ancien défenseur stéphanois Sylvain Marchal revient sur son passage à Sainté, sa relation avec Loïc Perrin et l'actualité du centre de formation des Verts.


Quels souvenirs gardes-tu de Loïc lors de ton passage à Sainté (2010-2012) ?
J'ai le souvenir d'un bon mec ! Loïc est quelqu'un d'intelligent, de correct et surtout un très bon footballeur. Il ne faut pas oublier qu'il a connu énormément de blessures. Il a presque fait une carrière à 50% de ce qu'il aurait pu faire. Avec toutes ses blessures, avoir le niveau de performance qu'il a eu, c'est assez remarquable. Il a joué milieu défensif, latéral puis défenseur central où il a presque connu une deuxième carrière. C'était quelqu'un d'exemplaire sur le terrain qui ne parlait pas beaucoup mais toujours calme quand ça n'allait pas, pondéré quand ça marchait bien. Pour un entraîneur c'était une valeur sûre. Après ce n'est pas quelqu'un qui va forcément prendre la parole ou aboyer mais par son comportement, il montrait l'exemple.

Etre né à Sainté, tu penses que ça a pu faciliter son capitanat ?
Pas forcément, car quand tu es au club depuis longtemps, tu fais presque partie des meubles donc il faut être capable d'être performant. Sinon on peut te dire qu'on ne veut plus de toi. Ce n'est pas simple de se remettre en question et d'être performant sur la durée avec différents groupes, différents coachs. Loïc est très apprécié par les gens et par le public, dans ce sens cela peut aider et donner de la confiance mais il faut arriver à supporter cette pression d'être l'enfant du club.

Vous avez cinq ans d'écart, est-ce que vous évoquiez la retraite ensemble dans le vestiaire ?
Pas tant que ça. A l'époque il était en pleine force de l'âge et moi j'avais la trentaine donc il me restait quelques bonnes années ! On profitait de l'instant présent, on se projetait pas trop. On le charriait en lui disant que c'était l'enfant du club et qu'il ne le quitterait jamais. On voyait qu'il avait la possibilité de faire toute sa carrière au club et même après.

Qu'as-tu pensé de son dernier match au Stade de France ?
J'étais au restaurant avec ma femme et mes enfants. On est tombé pile au moment où il prend le carton rouge. J'étais très déçu pour lui, comme toute ma famille. Ma femme le connaît un peu, mes enfants savent que j'ai joué avec lui, on était tristes. D'autant plus que je savais que c'était son dernier match, il m'avait dit par texto quelques semaines avant qu'il avait de grandes chances de s'arrêter là. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne retiendra pas ce dernier match mais c'est une sortie décevante. En plus, le contexte était particulier. T'es au Stade de France, tu sais qu'il peut y avoir 80 000 personnes quand tu soulèves la coupe et là ça se joue presque à huis-clos, tu reçois un rouge et tu perds, c'est dur !

Est-ce que ça peut s'expliquer par la pression du dernier match ?
Je n'en suis pas persuadé. C'est l'action d'un défenseur en retard, qui n'a plus ses jambes de 20 ans face à l'un des meilleurs attaquants du monde. A la place de l'arbitre, j'aurais mis un jaune. Il est un peu en retard ... Ce qui change la donne, c'est la blessure de Mbappé mais le tacle n'est pas méchant.

Comment juges-tu le recrutement des Verts sur cette intersaison ?
Ça a l'air d'aller ! Ils se façonnent une équipe plus jeune, qui correspond aux attentes de Puel. On va voir la patte de l'entraîneur avec des joueurs qu'il désire, d'autres qui seront moins présents. Il fabrique le groupe qu'il souhaite. Je ne vois pas les Verts finir à nouveau 17eme. Je pense qu'ils vont faire une saison de transition pour aller plus haut la saison prochaine. C'était un groupe en fin de cycle et ce n'est pas évident à gérer. Il y a des joueurs qui ont fait de très bonnes choses, est-ce qu'on les garde, est-ce qu'on s'en sépare ? C'était la question pour Loïc. Ce n'est jamais évident d'arrêter.

Tu as pris ta retraite en février 2016, comment se passe l'après-carrière ?
Je suis sur ma troisième saison avec les U17 de Metz. Je poursuis mon cursus d'entraîneur en attendant d'aller plus haut. J'aimerais retrouver le haut-niveau. Ce n'est pas simple de se projeter dans ce milieu mais j'aimerais y parvenir dans les prochaines années.

En tant qu'éducateur, est-ce que vous avez parlé de ce bizutage qui a eu lieu à l'Etrat ?
Oui, on l'a évoqué. C'est difficile car généralement ce sont des choses qui ne sont pas visibles. On sait que ça peut se produire, on est attentif et cet événement nous a permis de mettre une piqûre de rappel aux gamins pour que ça n'arrive pas. D'après les retours qu'on a, ça ne se passe pas chez nous mais on n'est jamais à l'abri. Ce sont des choses qui arrivent depuis de nombreuses années, ça a plus ou moins toujours existé et malheureusement ça dérape parfois. C'est totalement anormal. Il faut discuter avec les jeunes pour leur dire que ce n'est pas acceptable. Quand j'étais plus jeune, je n'ai pas vu de tel dérapage. Il y a toujours de petits bizutages comme chanter une chanson ou porter le matériel, mais de toute façon je ne suis pas favorable à ça. Même faire monter un type sur la table et le mettre mal à l'aise pour chanter, ce n'est pas mon délire. On va dire que ça peut faire partie d'un rite de passage mais je n'apprécie pas ça et à Metz on reste vigilant avec cela.

Merci à Sylvain pour sa disponibilité