Une sixième défaite consécutive, mais une énorme différence par rapport aux précédentes : les Verts n'ont pas démérité et ils auraient pu ramener au moins un point de la banlieue...


Claude Puel avait insisté avant le Derby, la manière sera plus importante que le résultat : "faire de bonnes choses et être cohérent sur la durée d'un match. Pour moi, le résultat, en ce moment, il est secondaire. Moi ce que je veux, c'est voir mes joueurs s'exprimer. Qu'ils ne soient pas dans la retenue, c'est la seule chose qui m'importe sur ce match". Et il a été servi, ses protégés ont fait une première période très cohérente et de bon niveau, menant logiquement à la pause 1-0. Malheureusement, ils n'ont pas pu tenir le même rythme en deuxième, et rentrent encore une fois sans le moindre point au compteur. 
 
De ce match, on peut retenir les coups du sort, les erreurs ou les occasions ratées. On peut garder en travers de la gorge le penalty raté en tout fin de match, comme on peut se focaliser sur la série de 6 défaites consécutives. Mais on peut aussi se concentrer sur les premières 45 minutes, quand on a vu une vraie équipe en place, avec des joueurs qui n'étaient plus perdus sur le terrain, qui savaient exactement ce qu'ils avaient à faire et comment.
 
Voici quelques exemples de cette très bonne première période.
 

Compacts et rapides

 
Pour ce match, le staff stéphanois est revenu au système qui a bien fonctionné en début de saison, un 4-2-3-1 / 4-4-2, avec quand-même quelques éléments innovateurs :
 
 
Deux milieux axiaux ont été alignés à droite, Camara dans la défense et Youssouf devant lui, laissant donc une place dans l'entre-jeu pour le jeune Gourna-Douath, qui a ainsi connu sa première titularisation. Aouchiche a de nouveau pris le couloir gauche, pas le poste de soutient de l'avant-centre Abi, poste occupé par Bouanga.  
 
Comme on peut le voir sur cette image, les Vilains ont théoriquement aligné un 4-3-3, mais avec un milieu axial qui a souvent joué ailier gauche (d'où probablement la titularisation de Youssouf pour le couvrir) et un ailier qui a souvent joué en "10". Leur animation ressemblait donc souvent à un 4-3-1-2 (4-4-2 losange).
 
Les Verts ont été très disciplinés tactiquement, cherchant toujours à former un bloc équipe compact et assez haut sur le terrain. Par exemple, à la 12e minute, après un coup franc d'Aouchiche, les Lyonnais essayent de partir en contre, Moukoudi s'interpose, ce qui ralentit la transition adverse. Néanmoins, le bloc stéphanois n'est pas en place :
 
 
Le ballon est envoyé à gauche de l'attaque - les défenseurs sont en place, mais les milieux pas encore et les attaquants sont loin devant. Pourtant, quelques secondes plus tard...
 
 
... le bloc est formé, assez bas mais sans beaucoup d'espace entre les lignes. Le ballon revient donc vers la défense et le jeu est envoyé de l'autre côté. Non seulement les Verts coulissent bien...
 
 
... mais en plus la défense remonte et le bloc devient vraiment compact. Trauco n'est pas bien aligné, le latéral droit adverse fait un appel dans cet espace, mais Aouchiche est bien placé et il intercepte. Le ballon arrive à Neyou, qui voit l'appel en profondeur de Bouanga, mais un défenseur intercepte la passe.
 
Les Vilains commencent donc à construire une nouvelle attaque, le ballon arrive à un milieu central, qui est cherché immédiatement par Neyou...
 
 
... qui est éliminé en premier temps, mais qui lit bien le jeu et qui intercepte une combinaison au milieu du terrain :
 
 
Il s'appuie sur Bouanga, qui remet en arrière à Aouchiche, qui lui redonne le ballon dans la course - les Verts jouent parfaitement ce ballon récupéré dans la surface adverse :
 
 
Enfin, jusqu'à la conclusion, où Bouanga ne passe pas à Abi, pourtant complètement libre, mais il va tout seul et voit son tir repoussé par le goal adverse. 
 
Après une minute de jeu - pendant laquelle l'ailier gauche adverse est bien muselé par Camara et Abi est superbement lancé en profondeur par Trauco, mais ne résiste pas au retour d'un défenseur - les Lyonnais construisent une nouvelle attaque :
 
 
D'abord vers la gauche, où un milieu axial s'est excentré, pendant que les autres sont pris par Neyou et la paire Abi-Bouanga. Le bloc est en place et haut sur le terrain. Le jeu passe à droite...
 
 
... et ensuite revient à gauche : de l'essuie-glace sans pouvoir trouver une passe vers l'avant. Après une combinaison dans ce couloir, le jeu revient vers l'autre côté avec les défenseurs :
 
 
La défense reste haut, le milieu en place et les Vilains responsables de la construction ne peuvent pas s'exprimer. La densité des Verts les empêche clairement de développer leur jeu :
 
 
De plus, les Stéphanois font preuve de solidarité. Par rapport aux matchs précédents, l'avant-centre fait des efforts défensifs et reste au marquage de la sentinelle adverse. Camara se trouve avec deux adversaires, alors Youssouf descend l'aider. Neyou sort pour arrêter la monté du défenseur lyonnais, tout en empêchant une passe dans son dos, Aouchiche ferme l'angle de passe vers le latéral droit (comme au début de l'action) et Kolo lit parfaitement le jeu. Bref, un modèle de défense...
 
 
... et de transition, parce que dès son interception, Kolo monte avec le ballon et trouve Abi, qui lance en profondeur Aouchiche. Bouanga est bien placé dans la surface, mais le centre n'est pas assez précis...
 
 

Une minute folle

 
Si le plan tactique des Verts - bloc équipe en place, projections rapides - a été évident dans les exemples précédents, l'ouverture du score est intervenue suite à un autre type d'action. Qui commence avec une 3e touche consécutive pour l'ASSE dans un coin du terrain :
 
 
Trauco pour Aouchiche, qui, malgré la présence de deux adversaires, adresse un très bon centre à destination d'Abi, qui marque de la tête. L'arbitre siffle faute contre l'avant-centre stéphanois et les Vilains dégagent vite, espérant de surprendre les Verts :
 
 
Kolo s'impose de la tête, le ballon arrive à Gourna, qui joue avec Moukoudi. Pressé par deux adversaire, le défenseur perd le ballon et le milieu adverse se présente seul devant Moulin. Qui gagne son duel...
 
 
... et qui relance vite avec Camara à droite. Le milieu converti latéral monte balle au pied et combine dans le couloir avec le milieu converti ailier :
 
 
C'est en fait un jeu en triangle Camara-Youssouf-Gourna et le premier reçoit le ballon en profondeur, profitant de l'appel d'Abi qui a attiré un défenseur. Le centre est parfait...
 
 
... et Bouanga place une belle tête, repoussée par le goal adverse. Il n'abandonne pas, récupère le ballon, temporise et joue en arrière avec Trauco :
 
 
Deux adversaires se jettent vers Aouchiche, ce qui libère Bouanga dans la surface, où il reçoit le ballon, résiste aux retours et trompe le vilain gardien pour ouvrir le score. Dans une seule minute on est passé d'un but refusé à un face-à-face raté par chaque équipe et finalement un but valide...
 
 
En 2MT les changements des Verts ont été du poste pour poste, pour garder le même système et approche tactique. La fatigue de certains et les ajustements tactiques adverses à la 55e (passage dans un 4-3-3 classique, donc du surnombre au milieu et un vrai ailier gauche) ont malheureusement eu raison du bloc stéphanois pendant un temps faible d'un quart d'heure. Et le manque de réussite en fin de match n'a pas permis de ramener un point plus que mérité de ce déplacement.
 
 

Conclusions

 
Même en absence de résultat, toujours dans cette inquiétante série de défaites, il y a du bon dans cette prestation des Verts. Comme l'a dit Claude Puel après le match, "le positif, c’est d’avoir montré ce visage-là dans la situation compliquée que l’on traverse. On s’est lâchés, on était bien organisés, on a produit du jeu et on a malmené l’OL". Personne ne se satisfait d'une défaite - mais après les dernières prestations de ses protégés, ce qu'on a pu apercevoir lors de la première période représente une énorme bouffée d'air frais. En confiance et avec l'état d'esprit affiché, ce groupe est capable de proposer des belles choses. Le plus important maintenant est d'enchaîner, de construire à partir de cette période référence et de recommencer à prendre des points. Ou, dans les mots du manager général de l'ASSE, "les qualités, on les a, mais il faut prendre des points"...