Troisième match en six jours et troisième victoire consécutive - une belle semaine pour les Verts qui montrent de plus en plus de progrès dans la maîtrise tactique et technique.
Le match a été assez ouvert avec des occasions des deux côtés, le score aurait pu être différent. Leur manque de réalisme offensif et les parades de Ruffier n'ont jamais permis aux Monégasques de revenir dans la partie, mais avant tout, ils ont largement perdu le combat tactique contre l'ASSE de Jean-Louis Gasset. Le plan de jeu de Monaco était de bien défendre, empêcher les offensives stéphanoises et profiter à fond des contres et récupérations hautes. Mais trois éléments ont contrarié ce plan : les Verts ont déjoué le piège du système tactique adverse, ils ont empêché leurs adversaires du développer du jeu avec une grosse intensité dans les duels et du pressing et ils ont affiché une grosse maîtrise technique et tactique dans leur animation offensive. Voici quelques exemples de ces trois éléments.
Système adverse
Contre l'ASSE, le coach de Monaco a choisi un système tactique inhabituel pour eux, un 3-5-2 - comme les trois milieux axiaux sont disposés dans un triangle pointe basse, on peut donc parler d'un 3-1-4-2 :
Bien évidemment, en phase défensive, ce système dévient un 5-3-2, mais avec le même triangle au milieu :
Les raisons de ce choix tactique sont visibles sur cette image. Si l'ASSE joue avec trois attaquants (Diony - Khazri - Salibur) et si un latéral stéphanois monte haut, les 5 défenseurs peuvent défendre facilement tout en restant en supériorité numérique (Khazri est pris par deux adversaires). Quant aux milieux axiaux, ils sont théoriquement en 3-contre-3, leur triangle pointe basse étant le miroir du triangle pointe haute des Verts (M'Vila - Selnaes - Cabella). Autrement dit, l'axe est fermé et les couloirs pris par des latéraux sans laisser des trous dans l'axe. Et comme il y a deux avant-centres, les Stéphanois ne se permettent pas d'attaquer avec les deux latéraux en même temps, pour ne pas laisser la charnière centrale en déséquilibre.
Un choix tactique qui semble judicieux, même si c'est une approche très défensive, Monaco ressemblant ainsi à une petite équipe qui essaye de bétonner et jouer les contres quand elle se déplace à Geoffroy-Guichard. Mais ce système a été facilement déjoué par l'ASSE, comme par exemple à la 30e minute :
Une sortie de balle propre pour l'ASSE, avec Ruffier - Perrin - M'Vila, Subotic et Kolodziejczak. Le triangle pointe basse monégasque est en place, mais il ne sert à rien :
Cabella et Selnaes, les deux milieux axiaux, se sont excentrés. Ils se placent ainsi dans la zone des deux pistons adverses, abandonnant l'axe, mais créant aussi un 3-contre-3 dans la défense adverse :
Diony fait un appel dans le dos du latéral monté suivre Cabella dans le couloir, il est trouvé par la passe de Kolo et la défense de Monaco se retrouve en difficulté. Le centre de l'attaquant stéphanois ne cherche ni Khazri, ni Salibur, mais Selnaes...
... qui était venu proposer une solution, passant devant le latéral et le milieu adverse. Malheureusement sa frappe n'est pas cadrée.
Bref, ça peut être une bonne idée de bloquer l'axe, mais si l'adversaire s'adapte en excentrant ses milieux, le déséquilibre peut être créé facilement. Surtout que Cabella était suivi par un latéral à chaque fois qu'il s'excentrait, comme on pourra le voir dans d'autres exemples. Mais avant cela, une autre facette du jeu stéphanois.
Pressing haut
A la 22e minute, la sentinelle de Monaco joue un coup franc dans sa propre moitié :
Les trois défenseurs centraux sont en place et Khazri et Diony entament un pressing. Selnaes, Cabella et Salibur les accompagnent...
... empêchant le jeu vers l'avant. Ainsi, quand le défenseur central reçoit le ballon, il est pressé par Khazri et absolument tous ses coéquipiers dans la moitié de terrain monégasque sont marqués individuellement :
Il n'a pas d'autre solution que le jeu long. Le ballon est réceptionné par Gabriel Silva, mais son contrôle est approximatif est un adversaire en profite...
... mais pas pour longtemps. Perrin gagne son duel contre un avant-centre, Selnaes le sien contre un milieu, et M'Vila hérite du ballon. Il peut avancer balle au pied, et même s'il a deux adversaires devant lui, ses quatre coéquipiers offensifs sont tous sur la même ligne de trois défenseurs et lui offrent des solutions :
Il choisit Khazri, qui ne combine pas avec Salibur dans le couloir, pourtant désert, mais qui profite de l'appel de Cabella dans l'axe, qui serre la défense et qui libère Diony de l'autre côté :
Malheureusement, le choix de ce dernier est une passe en retrait pour M'Vila, qui n'a pas le temps d'armer sa frappe avant d'être dépossédé.
Déjà que les Monégasques étaient venus défendre, le pressing haut a servi à les contenir encore plus dans leur moitié, à les empêcher à construire. C'était donc à l'ASSE de faire le jeu et de construire des belles attaques placées. En voici deux exemples.
Les trois défenseurs centraux sont en place et Khazri et Diony entament un pressing. Selnaes, Cabella et Salibur les accompagnent...
... empêchant le jeu vers l'avant. Ainsi, quand le défenseur central reçoit le ballon, il est pressé par Khazri et absolument tous ses coéquipiers dans la moitié de terrain monégasque sont marqués individuellement :
Il n'a pas d'autre solution que le jeu long. Le ballon est réceptionné par Gabriel Silva, mais son contrôle est approximatif est un adversaire en profite...
... mais pas pour longtemps. Perrin gagne son duel contre un avant-centre, Selnaes le sien contre un milieu, et M'Vila hérite du ballon. Il peut avancer balle au pied, et même s'il a deux adversaires devant lui, ses quatre coéquipiers offensifs sont tous sur la même ligne de trois défenseurs et lui offrent des solutions :
Il choisit Khazri, qui ne combine pas avec Salibur dans le couloir, pourtant désert, mais qui profite de l'appel de Cabella dans l'axe, qui serre la défense et qui libère Diony de l'autre côté :
Malheureusement, le choix de ce dernier est une passe en retrait pour M'Vila, qui n'a pas le temps d'armer sa frappe avant d'être dépossédé.
Déjà que les Monégasques étaient venus défendre, le pressing haut a servi à les contenir encore plus dans leur moitié, à les empêcher à construire. C'était donc à l'ASSE de faire le jeu et de construire des belles attaques placées. En voici deux exemples.
Attaques placées
Très peu après la pause, Monaco attaque sur une aile, mais Diony presse le latéral adverse et récupère le ballon :
Il arrive à Kolo et la sortie de balle est rapide et précise : M'Vila, Diony, Cabella (excentré). Ce dernier calme le jeu et revient en arrière, laissant le temps aux deux équipes de se mettre en place :
Le 5-3-2 monégasque est un peu cassé par le latéral droit qui suit Cabella comme son ombre. Kolo et M'Vila échangent des passes et le premier joue en arrière avec Subotic, ce qui aspire le bloc de l'ASM :
5 adversaires essayent d'enfermer les Stéphanois dans ce coin du terrain, mais la sortie à une touche de balle est exceptionnelle. Selnaes reçoit le ballon dans le rond central et un décalage commence à se créer :
Cabella et Diony sont très excentrés à gauche, ce qui oblige un défenseur central de s'y placer. Ce qui laisse les deux autres à surveiller Khazri et Salibur, qui font des appels coordonnés, le premier en profondeur, le deuxième qui décroche. C'est Salibur qui est choisi et il écarte avec Gabriel Silva dans le couloir droit, surveillé par le latéral adverse, comme prévu. Mais ces mouvements ont cassé la défense monégasque en deux :
Deux d'un côté, trois de l'autre, à chaque fois en égalité numérique avec les Stéphanois, et Selnaes tout seul dans l'axe de la défense, surtout que la sentinelle adverse est attirée par le mouvement de Khazri et Salibur. Le premier est trouvé par Silva, il talonne pour le deuxième, qui n'a plus qu'à lancer Selnaes vers le but, mais l'arbitre siffle un tirage de maillot contre l'ASSE.
Un autre exemple d'adaptation tactique stéphanoise contre le système adverse commence à la 40e, avec une longue touche effectuée par Gabriel Silva :
Il arrive à Kolo et la sortie de balle est rapide et précise : M'Vila, Diony, Cabella (excentré). Ce dernier calme le jeu et revient en arrière, laissant le temps aux deux équipes de se mettre en place :
Le 5-3-2 monégasque est un peu cassé par le latéral droit qui suit Cabella comme son ombre. Kolo et M'Vila échangent des passes et le premier joue en arrière avec Subotic, ce qui aspire le bloc de l'ASM :
5 adversaires essayent d'enfermer les Stéphanois dans ce coin du terrain, mais la sortie à une touche de balle est exceptionnelle. Selnaes reçoit le ballon dans le rond central et un décalage commence à se créer :
Cabella et Diony sont très excentrés à gauche, ce qui oblige un défenseur central de s'y placer. Ce qui laisse les deux autres à surveiller Khazri et Salibur, qui font des appels coordonnés, le premier en profondeur, le deuxième qui décroche. C'est Salibur qui est choisi et il écarte avec Gabriel Silva dans le couloir droit, surveillé par le latéral adverse, comme prévu. Mais ces mouvements ont cassé la défense monégasque en deux :
Deux d'un côté, trois de l'autre, à chaque fois en égalité numérique avec les Stéphanois, et Selnaes tout seul dans l'axe de la défense, surtout que la sentinelle adverse est attirée par le mouvement de Khazri et Salibur. Le premier est trouvé par Silva, il talonne pour le deuxième, qui n'a plus qu'à lancer Selnaes vers le but, mais l'arbitre siffle un tirage de maillot contre l'ASSE.
Un autre exemple d'adaptation tactique stéphanoise contre le système adverse commence à la 40e, avec une longue touche effectuée par Gabriel Silva :
Subotic écarte à gauche avec Cabella, qui lance Kolo dans le couloir. Les joueurs de Monaco sont de nouveau en place :
Le ballon semble destiné à sortir en touche, mais c'est sans compter sur Cabella et Selnaes. Si on regarde où ils sont au moment du centre, c'est impressionnant de voir le ballon toujours en jeu...
... et en possession du 2e, après que Silva ait récupéré le sauvetage du premier. Le Norvégien calme le jeu, reculant un peu et combinant avec Perrin et M'Vila :
Il prend ensuite le temps de regarder les appels de ses coéquipiers :
Et la défense est de nouveau en déséquilibre, la faute du même latéral droit, pas placé, mais aussi, de nouveau, du placement excentré de Cabella. Il est pris par le piston gauche de Monaco, mais comme Gabriel Silva est monté haut, il est doit être pris par un défenseur central, laissant ainsi les deux autres contre Salibur, Khazri et Diony. Comme ils ne sont pas aidés, ni par le piston droit, ni par les milieux, il y a un trou dans la défense et l'appel et la passe sont parfaits, pour l'ouverture du score.
Triangle pointe basse au milieu, quatre défenseurs qui surveillent Diony-Khazri-Salibur et un 5e qui tient le couloir, Kolo étant assez offensif. Mais les trois milieux ne servent à rien, tombant dans le piège du faux placement de Cabella :
Cabella ("10") et Selnaes ("8") ont changé de place et pendant que les adversaires se concentrent sur le premier, M'Vila trouve avec une merveille de passe le deuxième - c'est le Norvégien qui s'était placé entre les lignes, dans l'axe. Il combine avec Diony, qui lance Kolo dans le couloir gauche, la défense n'étant pas alignée. Le centre du latéral au deuxième poteau ne peut pas être repris par Khazri (entre deux défenseurs) ou Salibur (contre un seul, mais trop loin) :
Le ballon semble destiné à sortir en touche, mais c'est sans compter sur Cabella et Selnaes. Si on regarde où ils sont au moment du centre, c'est impressionnant de voir le ballon toujours en jeu...
... et en possession du 2e, après que Silva ait récupéré le sauvetage du premier. Le Norvégien calme le jeu, reculant un peu et combinant avec Perrin et M'Vila :
Il prend ensuite le temps de regarder les appels de ses coéquipiers :
Et la défense est de nouveau en déséquilibre, la faute du même latéral droit, pas placé, mais aussi, de nouveau, du placement excentré de Cabella. Il est pris par le piston gauche de Monaco, mais comme Gabriel Silva est monté haut, il est doit être pris par un défenseur central, laissant ainsi les deux autres contre Salibur, Khazri et Diony. Comme ils ne sont pas aidés, ni par le piston droit, ni par les milieux, il y a un trou dans la défense et l'appel et la passe sont parfaits, pour l'ouverture du score.
Conclusions
Après plusieurs matches sans victoire et une défaite sèche à Paris, il semblait peu probable que l'ASSE puisse enchaîner trois victoires en six jours. Et pourtant, ça a été le cas, avec certes une dose de réussite, mais aussi beaucoup de maîtrise. Au delà de cette belle série de victoires, c'est très rassurant de voir le jeu stéphanois se mettre peu à peu en place. Les sorties de balles sont propres, le positionnement des joueurs sur le terrain est intelligent et souvent parfaitement adapté à pousser l'adversaire à l'erreur, technique (contre Toulouse) ou tactique (contre Monaco). Tout n'est pas parfait, loin de là, et il y aura des adversaires plus difficiles à jouer. Mais la progression dans le jeu est visible et ces Verts semblent loin d'avoir atteint le maximum de ce qu'ils peuvent proposer.