En 1998, un événement unique marque l’histoire du football français…


Kader Ferhaoui (33 ans), Nestor Subiat (32 ans) ou encore Gilles Leclerc (31 ans) débarquent à Sainté !

Aidés de quelques autres, en douze mois ils contribueront à faire une énième fois renaître de ses cendres le phénix vert.

L’ASSE avait décidé de jouer la carte vermeille. Et cette option fit merveille.

Qu’elle était héroïque et jouissive la résistance des papys de l’époque…Au point qu’aux yeux de beaucoup, son souvenir dépasse celui de la remontée de 2004 malgré son inégalable et castelroussin bouquet final.

 

 

Douze ans plus tard, contre vents chargé de l’odeur pestilentielle des querelles intestines et marées amenant sur nos côtes des recruteurs-vautours, notre foi, toujours, réflexe incorrigible d’intersaison, cherche la lumière, traque l’espoir, et finit, dans une hallucination aussi tentante que risquée, par voir en Sylvain, Laurent ou Carlos les Kader, Gilles et Nestor de 2010.

 

 

Elle en a du mérite, notre foi. Car il en a, notre foie, avalé des couleuvres, gobé des promesses, digéré des humiliations, pour finir par ravaler sa rancÅ“ur. Ne revenons pas sur le déplorable enchaînement de décisions et coups du sort qui ont fait d’un club enfin revenu au sommet en mai 2008 un double miraculé deux ans plus tard. On s’acharne tant à chercher (s’acharner ? nul besoin d’ailleurs) des poux à nos dirigeants, qu’il faut quand il y en a reconnaître leurs rares mérites. Le plus remarquable d’entre eux ces deux derniers mois aura été de faire ce qu’ils ont dit qu’ils feraient et ce que chaque supporter appelait de ses vÅ“ux (traditionnellement pieux) : recruter du briscard, du taulier, du gars qui regardera Cris dans les yeux et lui fera baisser, du qui chatouillera façon Van Bommel les chevilles de Lisandro, du qui gagnera du temps quand il le faudra, du qui ne baissera pas les bras à la moindre contrariété, du qui serait descendu du bus, bref du qui donnera une âme à l’équipe et aidera le sup vert à rebomber le torse.

 

 

On en viendrait presque à élaborer des théories fumeuses sur les bienfaits du manque de moyens, le prolongement du classique on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Comme un principe miroir de l’abondance de biens qui nuit. En 1999, l’ASSE, interdite de recrutement pour cause de bail trop long avec l’antichambre de l’élite, était contrainte de la jouer fine, de construire un effectif à base de joueurs cherchant plus l’adrénaline d’une dernière belle expérience, qu’un tremplin ou un salaire pour changer de 4x4 tous les mois…Et ça avait diablement marché.

 

 

Vous rêvez ? Attention ! Voila qu’arrive le paragraphe rabat-joie avec deux gros bémols à apporter au parallèle si tentant entre le millésime 99 et celui de 2010.

 

 

Le premier porte sur l’ambiance au sein du club, sa cohésion interne. Chacun sait que la clé du retour au paradis de la Ligue 1 tenait d’abord à la divine idylle qui unissait le trio Nouzaret/Soler/Bompard. Ces trois là s’entendaient comme deux brésiliens inconnus de Goias et l’union sacrée à base de vrais morceaux de valeurs vertes, n’était à l’époque pas un argument galvaudé pour présidents en mal de crédibilité.

 

 

L’autre bémol porte sur le fait que la Ligue 1 laisse sans doute moins de possibilité à une équipe de grognards sur le retour de tutoyer les sommets que la Ligue 2. Le foot est aussi affaire de talent, et donc de porte monnaie. Auxerre ou Montpellier ne sont que d’éphémères exceptions à la triste règle du roi porte-monnaie.

 

 

A ces deux réserves près, on peut donc -soyons fous- y croire un peu. Le bain de jouvence offert par les jeunes (brillamment) apparus lors des matchs amicaux nous pousserait même à prolonger la comparaison en voyant en Néry, Ghoulam ou Guilavogui les Sarr, Sablé ou Mettomo de 2010. 

 

 

Et pour peu que les entre deux-âge, les Matuidi ou Perrin, qui se rêvent Prince de Chaban ou Steph de Monac’, finissent par ravaler leur rancune de n’être pas partis, qui sait, alors, si le groupe n’offrirait pas à notre patience si malmenée une belle récompense.

 

 

Vous le sentez le vent de l’emballement ? Pas de doute la passion verte comme le dit la chanson, elle sera toujours là.

Attention, chacun sait qu’à Sainté plus qu’ailleurs l’ivresse décime. Rappelez vous qu’avec les Verts tout enthousiasme est voué tôt ou tard à être douché, et n’oubliez pas que derrière son aigreur, Sagnol a pointé avec  justesse les racines du mal qui nous ronge depuis trop longtemps : deux actionnaires qui, au-delà de leurs qualités et défauts respectifs ne s’entendent manifestement sur rien.

Et jusqu’à preuve du contraire, eux aussi sont toujours là…