Au delà d’une énième défaite contre le voisin lyonnais qui fait toujours aussi mal, au delà du résultat sportif qui ne souffre d’aucune contestation, le derby que nous venons de vivre n’a vraiment été exceptionnel qu’au titre de la succession de débilités qui l’ont émaillé. C’est cet enchaînement de grand n’importe quoi que nous vous proposons de revivre en détail.

Le n’importe quoi de la semaine qui précède

Sur fond de tension entre les deux clubs suite à l’affaire Piquionne, JM Aulas fait une demande à la Ligue de Football pour le décalage au vendredi soir du match ASSE-OL afin de préparer au mieux la rencontre de Ligue des Champions contre l’AS Roma du mardi 6 mars.
La Ligue, sous les recommandations négatives du préfet de la Loire arguant d’un concert de Diam’s le vendredi soir, refuse le décalage du match. Se sentant floué, le président lyonnais multiplie les communiqués et les déclarations accusant le préfet de connivence avec Caiazzo.
De communiqués en communiqués, les deux clubs se répondent, attisant les antagonismes et allant même jusqu’à lasser les supporters. Alors qu’il dit envisager d’envoyer une équipe bis à St-Etienne, JM Aulas profère même des menaces à peine voilées (« je m’en souviendrai ») et B. Caiazzo, dans un élan de générosité soudain, et sous la forme d’une véritable apothéose du n’importe quoi, déclare la veille du match que « sans l’affaire Piquionne le match aurait certainement pu se tenir un vendredi » légitimant ainsi le courroux des lyonnais à l’encontre de la décision de la Ligue.

Le n’importe quoi du soir même

Dans le stade, alors que jusqu’ici tout se passait a peu près correctement (en dehors des invectives habituelles entre les deux camps), l’arrivée vers 17h50 d’un groupe d’indépendants lyonnais surexcités fait monter la tension d’un cran. Ces « supporters » n’ont aucun signe distinctif, pas d’écharpe, pas de maillot OL, mais des blousons noirs et semblent très en colère. Ils entrent d’ailleurs en frappant comme des forcenés sur le grillage du parcage (qui prend donc ici tout son sens).
Les provocations s’amplifient alors des deux côtés jusqu’à ce qu’un fumigène parte du parcage lyonnais pour atterrir dans le kop nord stéphanois.

Le soir même, en direct, le commentateur de Canal+ déclare que le premier fumigène est parti de la tribune stéphanoise. Pire, Canal+ montre effectivement les images du fumigène. Or, il s’agit du deuxième trajet de ce fumigène, du retour à l’envoyeur et non, comme veulent nous faire croire les images associées aux commentaires, du premier lancer.

Suite à ce premier fumigène, au moins un autre est échangé entre le parcage et le kop nord. Celui-ci est parti du kop stéphanois.

Après cet échange de fumigènes, une échauffourée prend corps dans le parcage lyonnais, sans doute s’agit-il de l’arrestation du coupable présumé du premier lancer de fumigène. Les forces de l’ordre utilisent des gaz lacrymaux pour calmer les « supporters » lyonnais, lesquels gaz se répandent sur le stade provoquant l’interruption du match.

Le n’importe quoi du lendemain

Le lendemain, sur RMC, dans l’émission de JM Larqué, un « supporter » lyonnais appelle et déclare qu’il fait partie des pauvres malheureux qui se sont fait arrêtés à la Gare de Chateaucreux et se plaint d’avoir raté le début du match. Tout juste s’il ne se déclare pas bon père de famille lyonnais victime de la barbarie stéphanoise.

Les « journalistes » d’RMC abondent alors dans son sens en dénonçant le manque d’organisation de St-Etienne. Messieurs les « journalistes » d’RMC, je vous donne donc ici une ou deux idées de questions à poser à ce brave Monsieur :

. Pourquoi ces 50 « supporters » n’organisent-ils pas un déplacement officiel et préfèrent se déplacer en dehors de tout encadrement?

. Pourquoi les forces de l’ordre décident-elles de les bloquer en gare de Chateaucreux jusqu’à ce que le match commence alors que ce sont de très gentils garçons?

. Qu’à donc à voir l’ASSE dans une affaire qui ne concerne que la Police jusqu’à ce que ces braves garçons entrent dans le stade.

Le lendemain, JM Aulas, poursuivant ses provocations, déclare qu’il a été vérifier la présence de forces de l’ordre pour le concert de Diam’s. Mais bien-sûr.

Le lendemain, partout dans la presse, JM Aulas, poursuivant ses provocations, appelle à des sanctions contre l’ASSE. Comme de coutume, Thiriez enchaîne sur les propos de son maître. Nous voulons ici simplement rappeler au président de la Ligue de Football que les incidents survenus à Geoffroy Guichard samedi sont exactement les mêmes que ceux survenus à Gerland en 2006 lors de la victoire des lyonnais 4-0.
Un échange de fumigènes dont l’origine est la tribune lyonnaise.
La seule différence étant que les forces de l’ordre n’ont pas eu à intervenir avec des lacrymos contre les stéphanois et le match n’a donc pas dû être arrété. Aucune sanction n’avait été prise contre l’OL (ou l’ASSE) à l’époque.
Le récit de la soirée montre qu’il y a des responsabilités des deux côtés. Espérons que les sanctions seront également réparties des deux côtés.