Les Verts n'ont pas démérité, auraient pu l'emporter, mais repartent bredouille. Quand ça veut pas, ça veut pas.


On n'aura de cesse de rappeler l'importance des blessures dans ce début de saison mitigé. A l'heure de faire sa compo contre Monaco, Galette a dû se trouver bien embêté : comment faire marcher l'un de nos deux systèmes de jeu sans en avoir les joueurs-clés valides ?

- dans le 4-3-3, on a depuis longtemps identifié les deux postes les plus importants pour l'équilibre général : le 6 et le 9. On n'a sans doute pas encore de 6 au niveau de la saison passée ; mais enfin Clément retrouve petit à petit des sensations, et Diomandé a fait du bon boulot à Bastia - donc on peut gérer. En revanche, pour le 9...Qui à part Brandao et Erding, peut peser seul sur une défense, garder le ballon dos au but et par son jeu en pivot permettre à tout le bloc de remonter tout en créant des brèches ? Personne - en tout cas pas Saadi, comme on l'a vu à Lille pour l'un des pires matches de la saison.

- dans le 4-2-3-1, il faut un accélérateur, un joueur de rupture, à l'aise dos au but et face au but, qui sent le jeu, et avec un minimum de technique. Ce fut Batlles ; c'était Corgnet avant sa blessure : l'ex-dijonnais est encore trop juste. Cohade et Lemoine ont déjà montré leur limites sur les deux dernières saisons... Bref, désert.

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Alors on bricole, comme on peut le voir sur la compo. En face, Ranieri remplace Kurzawa forfait poste pour poste par Tisserand, et choisit de renouveler son côté droit en sortant Fabinho et Ocampos. L'absence de Rivière lui enlève la tentation de mettre Moutinho dans l'entrejeu au lieu de le mettre en soutien de Falcao. 4-2-3-1 classique et offensif, avec des défenseurs (latéraux mais aussi centraux) qui n'hésitent pas à participer au jeu vers l'avant.


Les clés : technique et pressing

Monaco va assoir sa domination sur deux piliers :

- un pressing haut et d'une rare intelligence. Ranieri a préparé son match : le milieu stéphanois est étouffé, y compris Diomandé, particulièrement visé par le dispositif monégasque. Dans ces cas-là, la seule solution consiste en une relance longue de Ruffier (dont ce n'est pas le point fort) ou de Bayal. Plusieurs fois, ce dernier s'est retrouvé le long de la ligne de touche, balle au pied, sans solution, obligé d'allonger au petit bonheur la chance ou de résister à un duel hasardeux contre un monégasque. C'est d'ailleurs à la suite d'une de ces configurations mal négociée par le colosse sénégalais que vont avoir lieu les deux minutes de panique à partir de la 26', où se passeront notamment l'altercation entre Mollo et Ruffier ainsi que la frappe vicieuse de Ferreira Carrasco, bien détournée par Ruffier.

- une qualité technique et de déplacement de très haut niveau, dans le jeu court comme dans le jeu long, dans la largeur comme dans la profondeur. Ca circule vite, et c'est toujours précis. Dit autrement : quand Monaco a le ballon, il est extrêmement difficile d'aller le leur chercher dans les pieds. C'est de la belle mécanique, d'autant qu'à toutes les lignes, les joueurs sont redoutables dans les duels. Prenons seulement l'exemple de Falcao, capable de contrôler le ballon et de l'exploiter avec trois joueurs autour de lui - bref, ce profil de pivot qui nous a tant manqué en première mi-temps.

Pourtant, malgré cela, Monaco n'écrase pas du tout la rencontre. Le rythme est finalement assez lent, d'un côté comme de l'autre : les deux équipes ne se créent guère d'occasions. Si l'on excepte les deux minutes de flottement évoquées un peu plus haut, Monaco n'a que deux situations sur la première période : le but (sur un contre d'école) et un face-à-face Moutinho/Ruffer venu de nulle part...enfin, si : d'une passe en retrait incompréhensible de Cohade (qui a mis beaucoup de temps à rentrer dans la partie) à la 8'.

En face, les Verts n'arrivent pas à s'extirper du pressing monégasque, en partie parce qu'il n'y a pas de pivot dans l'axe. Pour le dire simplement : quand tu n'arrives pas à ressortir et créer proprement, tu allonges ; or, si tu n'as personne pour maîtriser les longues balles, elles reviennent comme un boomerang. Malgré cet handicap structurel, les Verts vont résister et même se créer une situation nette (Tabanou bien lancé par Cohade à la 30'), et deux demi-occases (centre à ras de terre de Clerc à la 16' ; Hamouma sur une longue touche à la 23').


Les grandes manoeuvres

La deuxième mi-temps sera l'occasion pour les coaches de rebattre le jeu. L'ASSE qui sort des vestiaires a troqué le 4-3-3 pour le 4-2-3-1, avec Cohade en soutien d'Hamouma. Les deux hommes ont visiblement pour mission de presser fortement les défenseurs centraux monégasques, afin d'empêcher leur participation à la relance. Globalement, les Verts jouent plus haut, plus rapide, avec plus d'engagement. Et ça paye immédiatement, avec l'égalisation d'Hamouma (48'). Le match a changé de physionomie : le rythme global a monté de deux crans, le jeu des deux équipes est nettement plus direct, même si peu d'occasions franches sont créées. Côté stéphanois, on connaît les vertus de cette disposition, mais aussi ses défauts : en sacrifiant le surnombre défensif, il suffit d'un duel perdu pour mettre tout l'édifice en danger.

Il faudra environ 15 minutes pour que Monaco se remette de sa surprise et reprenne l'ascendant, mais Ruffier veille (comme sur cette frappe lointaine à la 60'). Principal ajustement : la permutation Moutinho/Obbadi. La justesse technique de ce dernier permet de contrer le pressing stéphanois, et de mener le jeu depuis l'arrière. C'est aussi après ce premier quart d'heure de bonne facture que Galette choisit de sortir Cohade pour Corgnet : l'entrant se révèlera moins efficace dans le muselage de la charnière princière. Conséquence : Ricardo Carvalho, excellent, peut reprendre son activité impressionnante dans le jeu.

Dans ce temps faible, Galette remplace Mollo par Gradel (66'), qui se montre immédiatement actif et combatif. A l'orée du dernier quart d'heure, les deux équipes semblent capables de l'emporter. Monaco attend la faille ; Sainté attend le contre fatal. A ce petit jeu, Sainté est tout prêt de toucher le jackpot à la 80' : un triangle Bayal/Gradel/Clerc permet de trouver Corgnet dans la surface - mais Benji tire au-dessus. Dans la foulée, Ranieri fait deux changements offensifs : Ocampos poste pour poste avec Ferreira-Carrasco ; Germain (attaquant) pour Kondogbia (récupérateur). Bref : on tente le tout pour le tout. A la 84', sur un contre, Tabanou lance Gradel dans la profondeur. Pour son retour après 6 mois d'absence, MAG se retrouve seul face à Subasic... et perd son duel. Trois minutes plus tard, Monaco fait la décision sur un coup franc mal dégagé. Les Verts n'arriveront pas à réagir, concédant même la dernière occasion : Ruffier est impeccable sur le CFD de James Rodriguez (89').


Les buts

1-0 FERREIRA-CARRASCO 15'
Les Verts ne sont plutôt pas si mal. Ils font jeu égal avec Monaco (50/50 de possession), et commencent à sortir de leur camp, même si pour le moment aucun décalage n'a été créé. Diomandé est au duel au milieu du terrain : pressé immédiatement par Moutinho et par Falcao, le jeune stéphanois perd le contrôle du ballon. Cette récupération haute est exploitée à la perfection : au moment où Falcao harcèle Isma, Rodriguez se recentre pour demander le ballon dans les pieds, tandis que Ferreira-Carrasco attend dans le dos des défenseurs. La disposition fatale, à coup sûr répétée à l'entraînement, est en place : l'assurance technique fait le reste. Monaco marque sur sa première action réussie.

1-1 HAMOUMA 48'
Le décalage vient de Mollo. Venu aider dans l'axe, c'est lui qui enclenche cette attaque directe et rapide en lançant Ghoulam sur l'aile gauche. Le latéral efface Raggi d'un crochet extérieur et sert Cohade, démarqué. L'ancien valenciennois a très mal débuté son match, avant de monter progressivement en régime : son enchaînement contrôle/passe dans l'espace est l'aboutissement de sa prestation. Hamouma, intelligent, sent le coup et marque sans trembler.

2-1 OCAMPOS 87'
Un coup-franc mal dégagé, une intervention litigieuse de Falcao, un ballon qui revient toujours sur James Rodriguez, un centre au deuxième poteau pour Ocampos qui trouve le trou de souris... Il va falloir exorciser la poisse, un jour !