Suisse, Angleterre, France. Trois pays Européens. Trois pays soumis à des conditions climatiques relativement similaires. Trois façons d’envisager la période hivernale pourtant.
Court, Gras, Indigeste
Pendant que nos amis d’Outre Manche (d’où débarquera peut-être l’un de nos renforts hivernaux) ne s’arrêtent jamais, les Helvètes, plus underground que jamais, se mettent sur la béquille pendant 2 mois ce qui permettra à Bâle, de venir dans le Chaudron frais comme un -bernard- gardon.
Et nous ? Nous, en France on la fait courte, la trêve. Deux petites semaines pour une coupure certes bienvenue mais trop brève pour soigner nos bobos. Deux semaines avant de repartir sur un démentiel marathon qui nous verra en moins de 2 mois -sur des terrains forcément abimés par un hiver qui finira bien par pointer le bout de son nez gelé- gravir de nombreux sommets (le derby, Paris, Bordeaux, Monaco, Marseille, Bâle deux fois) sans compter les éventuelles confrontations à -dimitri- paillettes que le sort malicieux nous proposerait en coupe si nous avions la bonne idée de franchir l’étape de Raon dès le 3 janvier.
Avant le match aller contre Bâle, les Verts disputeront entre 8 et 10 matchs officiels (si nous passons deux tours en coupe) contre seulement 2 pour les Suisses.
Avant d’engloutir cet indigeste menu, jetons un œil, comme on dit à la Trinité sur mer, sur la demi-saison écoulée.
Période défaites
Le bilan global est historique, au moins au vu du nombre de matchs disputés : 30 matchs dont un tiers en Coupe d’Europe, ce qui situe l’impact athlétique de notre programme par rapport aux clubs non Européens.
Toutes compétitions confondues, ce bilan, quoiqu'historique, n’est pas très reluisant : 13 victoires 6 nuls et 11 défaites. Il apparaît mitigé notamment du fait d’un nombre de défaites en championnat loin de nos canons habituels (8 défaites, contre 3 l’an dernier à la même époque et 6 la saison précédente).
Fin décembre 2014, avec deux matchs en moins (pas de 3ème tour préliminaire en Europa League) à la trêve, sur 28 matchs, notre bilan général, très proche en nombre de victoires, faisait clairement ressortir notre faculté à très rarement perdre (12 victoires 11 nuls et 5 défaites).
En résumé, nos nuls de l’an dernier se sont transformés en défaites.
Heureusement, le poids de la victoire à 3pts limite l’impact arithmétique de cette transformation. Les Verts restent dans la –nolan- roue des équipes squattant le podium. Ce qui au passage démontre que, a fortiori dans cette Ligue 1 ultra serrée, plus que notre capacité à très rarement perdre, nos chances d’accrocher encore un top 5 dépendent de notre faculté à gagner souvent, capacité heureusement non érodée d’une saison à l’autre.
La force de l’habitude, l’habitude de la force
Néanmoins, nos 29pts actuels se situent à distance assez nette de nos remarquables 36pts de la saison dernière. Et pourtant, Galette et sa troupe présentent un total de points qui reste dans notre (bonne) moyenne de ces dernières saisons, puisqu’il s’agit du 5ème sur les 12 saisons en L1 depuis notre remontée. L’occasion de constater que c’est la 10ème fois en 12 ans que les Verts atteignent la trêve confortablement installés dans la première moitié du classement. Un chiffre qui fait sans conteste de Sainté une valeur sûre, voire une place (très) forte de la L1 depuis une décennie, ce qui à défaut d’être une surprise, est une vraie satisfaction à savourer d’autant plus que la permanence à ce niveau est une bizarrerie en ces lieux depuis les années 80.
Sans Défense
Valeur sûre donc. Mais pas imperméable. Car au-delà des 7 points de moins que le millésime précédent, le cru Stéphanois 2016 se distingue de son prédécesseur, uniquement par la moindre qualité de son bilan défensif.
En décembre 2014, les Verts avec 22 buts marqués pour 12 encaissés, tenaient le haut du pavé grâce à leur défense de fer. KTC, Sall, Perrin et Tabanou, avec un impeccable Ruff et l'apport des milieux implacables de notre indéfectible 433, nous permettaient de cumuler les doigts dans le nez les clean sheets.
Cette saison, avec 22 buts marqués, l’ASSE a presque tout changé devant (adieu Mollo, Erding, Ricky et Gradel, bonjour Roux, Beric, Maupay, Bahebeck, Eysseric) pour … ne rien changer. En revanche, Ruff est déjà allé 22 fois chercher le cuir au fond de ses filets, et les 7 points de moins et 5 défaites de plus ne sont pas à chercher plus loin.
Mais que se passe-t-il ?
Triple cas
Il semblerait que Sainté soit victime d’un triple phénomène : le changement de système, la méforme (vieillissement ?) de certains piliers, et enfin les blessures sur des postes clés.
Appelé de ses vœux par une partie du peuple vert et les plus visibles et nuisibles des censeurs des plateaux télé, le changement de système a été pensé par Galette comme un corollaire logique au changement des hommes composant son secteur offensif, et comme une réponse au précédent échec Européen. L’intégration d’Eysseric comme homme de base de l’équipe s’est traduite par le retrait d’un de nos 3 milieux travailleurs et axiaux, ce qui à défaut de nous rendre plus prolifiques (en championnat), nous a rendus plus fragiles, comme on l’a par exemple constaté très nettement lors de la réception de Marseille quand nos adversaires pouvaient sans opposition nous percer sur 40 mètres dans l’axe. L’honnêteté pousse à constater cependant que ce système aura été plus payant sur le front Européen (16 buts en 10 matchs soit 1,6 but par match contre 1,16 en championnat).
Le système n’a de valeur que par ce que les hommes en font dit Lapalisse. Les hommes ne changent pas, ils vieillissent dit Johnny. Et c’est particulièrement vrai de certains cette saison, en particulier de deux « historiques » du compartiment défensif du 11 de Galette : Clerc et Clément. Quand ils n’ont pas atteint la trentaine, d’autres piliers n’ont pas pour autant traversé leur meilleure période ces derniers mois, au rang desquels figurent Ruffier (pas assez décisif sur des buts pas si inarrêtables en début de saison, contre Toulouse ou Bordeaux par exemple) ou Lemoine (qui, au sommet de sa forme sur certains matchs à l’automne 2014 était même devenu notre joueur le plus dangereux offensivement).
Enfin, cette saison plus que la précédente, à la très notable (compte tenu de son histoire) exception de Dieu, nos piliers défensifs ont bien trop fréquemment délaissé le vestiaire pour l’infirmerie (Théophile Catherine, Pogba, mais aussi Sall, Diomandé et même Lemoine lors de cet odieux derby).
Les faits sont là : les joueurs sont las, et il est difficile d’envisager 2016 avec sérénité tant les causes de notre parcours cahin caha prennent racine. Qui, parmi les blessés chroniques (Pogba, Hamouma, Diomandé, Bahebeck…) ou longue durée (KTC, Beric…), est-on sûr de récupérer en forme dès le 3 janvier ? Dans quel état arrivera-t-on à la si excitante échéance du 18 février ?
Faute de garanties en la matière, il nous reste l’option (semble-t-il désirée par Galette) du mercato actif. Avec le risque d’empilement que cela implique inexorablement.
il faudra la jouer fine, mais la double perspective d’une épopée Européenne et d’un accessible podium justifie que nos dirigeants s’y collent sans relâche et dès maintenant.
Allez Roro, au boulot !