AR85/ Targu Mures 0-3 ASSE
Nette et sans bavure, cette victoire confirme le potentiel du 343.
Maîtrise : voilà, en un seul mot, comment résumer la première période. Après un round d'observation où les deux équipes se neutralisent, l'ASSE prend nettement le dessus et dicte le rythme du match : elle peut ainsi gérer ses efforts - avantage stratégique, compte tenu d'un probable décalage physique entre les deux équipes, les Roumains ayant repris beaucoup plus tôt la compétition.
Ainsi, les Verts alternent phases de domination et phases d'attente, jeu patient/court et jeu long/direct, attaques sur les ailes et attaques dans l'axe, et produisent quelques très belles phases de jeu collectif, comme à la 43' (conclusion par une frappe trop molle de MAG).
Pas cher payé
Cette maturité dès l'entame de saison est rassurante. Elle est surtout l'occasion de vérifier la plasticité du 343. Comme l'analyse de ce système est récente, je vous invite à vous replonger dans l'article "Révolutionner l'attaque" pour revenir sur ses principales caractéristiques. On retrouve la majorité de ces éléments bien que l'équipe contre Targu Mures ait été assez différente, avec 4 autres titulaires et un Gradel positionné différemment :
En face, les Roumains travaillent l'ASSE notamment sur les côtés, mais sans trouver de réelles solutions. Leurs deux occasions (le coup-franc mal négocié par la défense verte à la 14' et le tir d'Axente au dessus suite à une relance ratée d'un BAE trop dilettante à la 27') ne cachent pas une réelle difficulté à prendre à défaut le bloc stéphanois, très solide dans l'axe.
Pourtant Targu Mures cherche à développer un jeu posé et patient, dans un 4141 qu'on connait bien dans le Forez, avec un côté droit très offensif - c'est d'ailleurs là que le bât va blesser : BAE y prend très facilement un boulevard qui conduit à un corner puis au but de Diomandé (24').
L'ASSE mène ainsi 1-0 à la pause, mais c'est peu cher payé : Hamouma, très remuant, vendange 3 occasions très franches (20', 32' et 34', avec à chaque fois Gradel comme détonateur) auxquelles on peut éventuellement ajouter une tête smashée de Clément lancé à pleine vitesse face au but sur un centre de BAE (16').
Limites physiques et réalisme
Le début de seconde période est poussif. Targu Mures revient avec l'intention d'égaliser : ça joue plus vite, ça presse plus haut et plus fort, on observe plus de mouvements et plus de prises de risque individuelles. Les Verts sont physiquement dans le dur, la qualité de jeu baisse, et c'est la solidité du bloc qui fait la différence - seule, une frappe vicieuse mais lointaine de Golanski (54') fait s'employer la Ruffe.
Mieux, Sainté peut espérer un contre réussi. Diomandé (58'), Hamouma (63') et Roux (65') exploitent de la sorte des positions de frappe plein axe, en dehors de la surface - sans danger. Mais le principal point faible est identifié...
Le ballet des remplacements commence : côté domicile, on change une cartouche offensive (61') et on abandonne le 4141 pour revenir à un 442 plus habituel (67') - mauvais choix, cf la digression tactique à suivre. Côté extérieur, on sort les recrues physiquement un peu justes (BAE et Roux) pour donner du sang frais : Brison et Mollo, entrés respectivement à la 61' et à la 74', se montrent décisifs sur la première réalisation signée Romain Hamouma (75'), qui d'ores et déjà candidate au titre de plus beau but de la saison tant tout y est parfait, de la conception à la finition.
Assommés par le break stéphanois, les Roumains lâchent la rencontre et encaissent même un troisième but rédhibitoire de Romain à la 83', d'une nouvelle frappe lointaine plein axe - jamais deux sans trois. La fin de match aurait été anecdotique, si au bout du bout des arrêts de jeu, la défense centrale stéphanoise n'avait concédé (fatigue ? déconcentration ?) une énorme occasion de but que Manolov gâche. M'enfin, le coup est passé à côté, le contrat est largement rempli, et la qualification ne devrait plus qu'être une formalité.
Digression tactique
Dans l'analyse du match de Guingamp, nous nous étions posés la question : quelle validité du 343 face à un adversaire qui ne joue pas en 442 ou assimilé ? Nous avons dorénavant des éléments de réponse face à un 4141/433.
On le sait bien pour l'avoir pratiqué beaucoup dans le Forez, la clef de voûte de ce système est le joueur situé entre la défense et le milieu - en l'occurrence, Gorobsov, le n°25. Cette sentinelle peut être enquiquinante pour deux raisons. D'abord, elle est la plaque tournante de la relance. En phase défensive, le seul joueur stéphanois capable "géographiquement" de la neutraliser, c'est l'avant-centre. Nolan Roux, qui s'y est collé, aura laissé pas mal d'énergie à cette tâche ingrate.
Ensuite, quand il s'agit de défendre, elle traîne pile dans la zone où le 343 est le plus efficace : entre les lignes, plein axe. Face à Targu Mures, le trio d'attaquants stéphanois va s'en tirer de deux façons :
- En s'excentrant un peu. 
Sur l'image ci-contre, Gorobsov doit prendre Hamouma tandis que le seul défenseur central qui peut intervenir est accaparé par Nolan Roux. Lorsque Gradel reçoit le ballon, il a donc toute latitude pour organiser l'action (sur la photo, il a déjà la pleine maîtrise de la balle et le joueur qui se replie ne parviendra pas ne serait-ce qu'à le gêner) : à la fin de celle-ci, Hamouma touchera la barre.
- En profitant de ses moments d'absence.
Nolan Roux se prépare à jouer le duel aérien, Gradel et Hamouma sont à l'affût. La défense est en place : hors champ, la latéral droit Golanski couvre son défenseur central Gonzales à la lutte avec Roux. Quant à la sentinelle, entourée en rouge ? Elle marche, tranquille. Une poignée de secondes plus tard, Hamouma envoie un missile dans les nuages. Il règle la mire : d'ici la fin du match, alors que le retour au 442 a supprimé la fonction de sentinelle chez les Roumains, il saura profiter de la liberté laissée aux stéphanois dans cette zone de jeu...
Potins