Troisième et avant-dernière partie du long entretien que le latéral caennais et ancien Vert Mohamadou Dabo a accordé aux potonautes.
Mouhamadou, quel est ton club de cœur aujourd'hui ? (Vert|treV)
L'ASSE occupe une place à part, forcément. Je suis arrivé très jeune à Saint-Étienne, j'ai été formé là-bas, j'ai joué professionnel là-bas. Je suis resté dix ans chez les Verts, ce sont avant tout eux qui m'ont marqué. Je suis ensuite passé dans d'autres clubs aussi qui m'ont apporté. Mais mon club favori, ça reste Saint-Étienne parce que ce sont les Verts qui m'ont tout fait découvrir.
Suis-tu régulièrement les résultats de l'ASSE ? (Timick)
Les Verts, je les suis tout le temps. Je suis leurs résultats et il m'arrive aussi de regarder leurs matches, notamment ceux en Europa League comme celui de cette semaine. Il ne faut pas croire que depuis que je suis parti de Saint-Etienne, tour est effacé ! Je suis de près leur parcours.
Que penses-tu de Loïc Perrin et Jessy Moulin ? (cedric26)
Ils n'ont pas changé. Loïc est toujours resté lui-même, depuis le centre de formation jusqu'à maintenant. En plus, c'est quelqu'un de simple, humble. Il est toujours là au service de tout le monde. Ce n'est pas quelqu'un qui parle beaucoup mais quand il parle, c'est toujours positif. Jessy aussi, pareil. Il n'a pas changé, il est toujours là à mettre la bonne ambiance. C'est dommage qu'il ne joue pas beaucoup mais je pense que c'est vraiment un bon gardien. Il était de ma génération donc je sais de quoi je parle. Je pense que c'est un bon gardien et que s'il continuait à enchaîner les matchs, il pourrait aspirer à quelque chose de plus grandiose.
Quand Lyon te contacte, est-ce que tu hésites un peu en pensant à la rivalité ou est-ce que ce genre de considération ne t'effleure pas ? (Parasar)
En fait, je suis parti en Espagne, et ensuite seulement Lyon a fait appel à moi. Je fais aussi mon métier, je n'avais pas l'embarras du choix et plein de clubs sur moi. Quand Lyon m'a contacté, c'est vrai que j'ai pensé à Saint-Étienne et à la rivalité entre les deux clubs mais je me suis dit aussi que je n'étais pas le premier à le faire. Et aussi, quand je l'ai fait, ce n'était pas directement, j'étais passé par Séville.
Te voir parti là-bas nous a fait un peu mal tu sais... Bafé Gomis a-t-il été déterminant dans ton choix de partir pour la ville rivale ? (PtitLu)
Non, pas du tout. Je pense que le destin a fait que je devais signer à Lyon. L'OL a acheté Bafé Gomis à l'ASSE. Il ne faut pas oublier que le départ quand Bafé a rapporté pas de sous à Saint-Etienne. Il faut voir ça d'un bon côté. Je pense que maintenant le football fait qu'il y a des joueurs qui sont obligés de partir, ça permet aussi aux deux clubs de s'y retrouver. Chacun y trouve son compte. Maintenant j'ai conscience qu'il y a une grosse rivalité entretenue par les supporters des deux clubs. C'est ça qui cimente le football, qui le rend plus beau.
Pourquoi t'es allé jouer dans ce club de daube ? (Guinnessisgøød) Quelle idée as-tu eu d'aller en banlieue ? Aucun autre club ne te sollicitait ? (Sempre Sainté, PtitLu)
Si, en fait, il y avait des clubs mais je pense que c'est Lyon qui était le plus grand club, qui jouait la Ligue des Champions.
Qu'est-ce que ça fait de jouer pour Lyon quand tu as été formé à Sainté ? (Max)
Je pense que lorsqu'on on entre sur le terrain, on se dit qu'il n'y a que le ballon rond qui nous unit et donc on fait un peu abstraction de tout ça. Et comme je l'ai dit, j'ai le goût du travail bien fait. On m'a inculqué des valeurs à respecter. Quand je venais à Saint-Étienne, pour jouer contre Saint-Étienne, ce n'était pas évident mais je pense que parmi les supporters, il y en a qui le prenne bien. La preuve, j'ai jamais senti ou entendu des mots déplacés durant les quatre saisons que j'ai passé à Lyon.
Peux-tu expliquer comment se construit la haine des Verts au quotidien chez les Lyonnais? Lors de discussions avec Aulas, Lacombe, Bats? J'ai cru comprendre que le travail de l'esprit y est particulièrement développé pour entretenir cette haine. (jmd)
Non, je ne pense pas que ce soit de la haine. Quand on se croise dans la rue entre joueurs, il y a toujours le respect de chacun. Avec Bafé, quand on était à Lyon, on n'a jamais eu de propos déplacés. Après, c'est vrai, ce derby met en jeu la suprématie régionale, je pense que chaque club veut être supérieur à l'autre. A Lyon, les jeunes, dès le plus jeune âge, on leur a inculqué que c'est un match qu'il ne faut pas perdre. Donc ils sont imprégnés de ça jusqu'à arriver dans le groupe professionnel. Mais quand je jouais en équipe de jeunes avec Sainté contre Lyon, c'était pareil, c'était un match qu'il ne fallait pas perdre. A Saint-Étienne on peut perdre tous les matchs sauf le derby. Cette culture du derby est inculquée dans les deux clubs de manière aussi forte. On a juste l'impression qu'elle est plus marquée à l'OL parce que l'équipe première des Lyonnais compte maintenant bien plus de joueurs formés au club qu'à Saint-Etienne.
Tu t'es fait exclure deux fois contre nous avec le vilain maillot, avoue, c'était pour te faire pardonner ! (ForeverGreen)
(Rire) Non, je ne pense pas que c'était pour me faire pardonner. Quand j'entre sur le terrain c'est pour bien faire mon travail. Après ce sont des faits de jeu qui font que tu es expulsé. A Lyon, je me fais expulser pour un tacle mal maîtrisé sur Banel Nicolita, il n'y a rien à dire, je suis en retard. A Saint-Étienne, Max Gradel m'a fait tomber, il m'a piétiné le visage et c'est quelque chose que je n'ai pas aimé. Quand je me suis relevé, c'est vrai que je n'aurais pas dû faire un mouvement de tête. Mais bon, je n'ai même pas vraiment mis un coup de tête, il a un peu simulé. J'avais mis ma tête en avant et lui a joué sur ça.
Tu as été au cœur de la rivalité Sainté-Lyon. Quelle différence fais-tu entre les deux clubs (l'ambiance plus ou moins familiale), les deux villes, les deux publics ? (Parasar)
Oui, c'est différent. Lyon est une grande ville, il y a beaucoup d'entreprises et il y a beaucoup de gens qui ne s'intéressent pas trop au foot. Mais après leurs supporters sont toujours avec leurs joueurs. Même pendant les matchs de derby, je pense que vous l'avez vu à la télé, à chaque fait de match, ils font savoir aux joueurs : « On est avec vous ». Saint-Étienne, c'est plus petit que Lyon, mais dès qu'il y a un match, il y a un engouement très, très, très fort et ça respire le football, ça n'a rien à voir. Vous savez que Saint-Étienne, ils ont une bonne réputation au niveau des supporters. Je ne regarde plus le classement des supporters mais à chaque fois qu'on regardait des trucs, ils étaient donnés premiers. L'ASSE a le meilleur public de France.
Allez, avoue, GG est largement plus impressionnant que Gerland ! (Sempre Sainté)
Oui, c'est le Chaudron ! Tous les joueurs souhaitent fouler la pelouse de Geoffroy-Guichard. Le Chaudron, ça fait vibrer. Après, Lyon et Gerland, c'est différent. Maintenant les Lyonnais ont un nouveau stade qui dépasse, je pense, tous les stades de France au niveau des infrastructures. Mais le stade c'est une chose, le public c'en est une autre. On peut dire que ça fait des décennies que partout où on va en France, on ne parle que des supporters des Verts. Ils seront toujours là.
Tu as joué des derbys avec les 2 maillots. Avec lequel gardes tu le meilleur souvenir ? Et le plus mauvais ? (Old green)
Quand je jouais pour les Verts, j'ai perdu tous les derbys sauf un match nul. Quand ensuite j'ai joué pour Lyon, j'ai gagné tous les derbys sauf un match nul.
Merci à ForeverGreen pour la transcription.