Avant d'affronter demain un club dont il a porté les couleurs lors de l'éprouvante saison 2009-2010, le gardien audonien Vincent Planté nous a confié ce soir ses impressions. 


Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrive à Sainté lors de l'été 2009 ?

 

Sainté m'a sollicité alors que je venais d'enchaîner plusieurs saisons très correctes à Caen. J'avais signé un contrat de trois ans, j'étais venu pour être en concurrence avec Jérémie. Malheureusement on ne m'a pas laissé la possibilité de jouer plusieurs matches d'affilée pour montrer de quoi j'étais capable…

 

Tu as pourtant joué les trois derniers matches de préparation avant d'être relégué sur le banc toute la saison en L1. As-tu eu des explications sur ce choix ?

 

Hélas non, je n'ai jamais eu d'explications claires. Le matin du premier match de championnat contre Boulogne-sur-Mer, on m'a dit que je serais remplaçant. J'étais très déçu mais j'ai pris sur moi, j'ai travaillé.  Alain Perrin m'a fait jouer un match de Coupe de la Ligue contre Nice. Son successeur Christophe Galtier m'a fait jouer en Coupe, contre Lorient, Villefranche et Lens. Ça s'est plutôt bien passé pour moi, malheureusement on ne m'a jamais donné ma chance en championnat.

 

Pourquoi tu  n'as pas joué contre l'OM en Coupe de la Ligue alors que tu avais été convaincant le tour précédent ?

 

C'était un choix d'entraîneur, tout simplement. En janvier, à la reprise, Christophe Galtier m'a annoncé que son numéro 1 était Jérémie et que je devrais me contenter de la Coupe de France. Pour moi c'était un peu plus clair.

 

Quels souvenirs gardes-tu ton unique saison sous le maillot vert ?

 

Je n'ai pas eu la chance de pouvoir m'exprimer pleinement à Saint-Etienne. Les choix d'entraîneur m'ont été défavorables mais j'ai répondu présent les rares fois où on a fait appel à moi. J'ai vécu une saison compliquée car je sortais de quatre saisons quasiment pleines. J'ai travaillé, j'ai pris sur moi même si on ne comptait plus vraiment sur moi. Le club m'a prêté la saison suivante à Arles-Avignon. La saison suivante, il m'a libéré pour que je puisse signer à Guingamp. Je garde forcément des souvenirs contrastés de mon année à Sainté mais c'est comme ça, c'est la vie ! Quand un gardien en place fait ses matches et qu'on n'a pas grand-chose à lui reprocher, on est bien obligé d'accepter la concurrence comme elle est.

 

Avec le recul, regrettes-tu d'avoir signé à Sainté ? Vu ce que représentait Jérémie à l'ASSE, la hiérarchie était difficile à inverser, non ?

 

Non, je ne regrette pas d'être venu à Sainté. Je savais la montagne que j'avais à franchir pour passer devant Jérémie. C'est quand même un joueur charismatique des Verts, aimé voire adulé par les supporters. Il a d'énormes qualités mais j'avais aussi les miennes. Ses qualités ont plus plu que les miennes au coach, tout simplement ! Je n'ai aucun regret car je mesure la chance d'avoir signé chez les Verts. C'était une expérience "inespérée" pour moi. Je venais du Stade Malherbe, un club familial, et j'arrivais dans un club mythique avec une ferveur incomparable qui fait encore rêver plus d'un joueur aujourd'hui, et plus d'un président aussi !

 

Tu t'es bien acclimaté au Forez ?

 

Oui, j'ai été très bien accueilli par les supporters, par les gens autour du club. Même dans la vie de tous les jours, je me sentais bien là où j'habitais dans la banlieue de Saint-Etienne.

 

T'habitais à Lyon ?!

 

(Rires) Non, à Veauche. J'ai gardé des contacts avec des gens de ce village. Humainement j'ai bien aimé cette expérience mais sportivement j'ai vécu une année difficile. Le football est ainsi fait que je n'ai pas joué et qu'il y a d'autres choses qui se passent derrière... Mais je ne regrette rien. J'ai connu un club mythique avec des supporters extraordinaires, même si cette année-là ça avait été un peu tendu avec eux du fait de notre mauvais classement en championnat. Mais pour moi c'était magique d'être là. J'ai essayé d'en profiter, de bosser pour rester dans ce club. Malheureusement les dirigeants en ont décidé autrement… Et ils ont fait le bon choix ! La preuve, aujourd'hui l'ASSE joue les places européennes tous les ans, et ils ont fait appel à un gardien de niveau international, au-dessus de pas mal de gardiens en France dont Jérémie et moi.

 

Ta concurrence avec Jérémie Janot était saine et loyale ?

 

On était concurrents, on avait une relation de joueur à joueur. J'ai eu la chance de le connaître assez tôt car on est tous les deux originaires du Nord. Quand Jérémie est sur un terrain, il est ultra-compétiteur et ça reste un garçon de qualité en dehors du terrain. Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion d'échanger avec lui depuis que j'ai quitté Sainté.

 

Tu as connu Christophe Galtier quand il a été intronisé en cours de saison entraîneur de l'ASSE.

 

Oui. Au départ, il n'avait pas prévu de prendre la place de son ami Alain Perrin. Ce qu'il a réussi à faire depuis, c'est génial. Il a réussi à redonner à ce club un statut européen, ce que le club recherchait vainement depuis quelques années. Après toutes les complications qu'il y a eu, ce qui arrive aujourd'hui au club est entièrement mérité. Christophe Galtier a travaillé dur avec son staff, avec ses joueurs, avec les présidents qui lui ont permis d'avoir les recrues qu'ils voulaient. Il a récolté le fruit de son travail.

 

Stéphane Ruffier est-il le meilleur gardien français ?

 

Il est l'un des tout meilleurs, c'est clair ! Il peut jouer en équipe de France facile, même s'il y a aujourd'hui dans la hiérarchie de l'équipe de France Hugo Lloris et Steve Mandanda au-dessus de lui. Avec Benoît Costil, ils sont les quatre meilleurs gardiens français selon moi. Après les Barthez et autres Coupet, on a encore une belle génération de gardiens en France. Ce que j'aime chez Stéphane Ruffier, c'est son abnégation de toujours bien faire dans tout ce qu'il entreprend. Il en impose physiquement et j'apprécie ses qualités de relance. Personnellement j'ai du mal à lui trouver des défauts.

 

L'ASSE est l'un des très rares clubs à ne pas faire pas faire tourner les gardiens en Coupe de France. Qu'en penses-tu ?

 

Je pense que c'est un choix du club, du staff. Nous au Red Star on fait tourner. On m'a posé la question en début de saison et j'ai trouvé ça normal qu'on fasse tourner. Notre priorité, c'est de retrouver la Ligue 2 la saison prochaine. Il faut que les jeunes puissent s'épanouir sur les matches de haut niveau comme c'est le cas demain. Je serai remplaçant contre Saint-Etienne mais je le vis très bien, c'est dans l'ordre des choses. En ce qui concerne la situation à Sainté, je suis mal placé pour m'exprimer, je ne sais pas quel deal avait été passé au départ avec Jessy, que j'ai un peu côtoyé avant qu'il parte en prêt à Clermont.

 

En mai 2011, quand tu avais affronté Sainté avec Arles-Avignon, on t'avait senti revanchard voire nerveux, on se souvient notamment de ton geste d'humeur sur Alejandro Alonso qui t'avait trompé sur péno. Abordes-tu avec plus de sérénité le match de demain, sachant que tu seras cette fois sur le banc ?

 

Moi j'ai toujours un esprit de revanche quand je rencontre mes anciens clubs. Je trouve ça logique. Même si j'ai passé une belle année à Sainté au niveau humain, la compétition reprend le dessus. Demain soir, j'irai saluer tous les Stéphanois que je connais avant le match. Après la rencontre, on ira prendre un verre ensemble s'il le faut, ça ne me dérange pas du tout. Mais la compétition c'est la compétition. Sur le terrain malheureusement et heureusement, il n'y a pas d'amis en face.  On aura des adversaires qu'il faut éliminer pour poursuivre notre aventure en Coupe. J'ai réagi avec Alonso car il y avait eu auparavant des titillements pendant le jeu.

 

Ce 8e de finale se déroulera dans un contexte particulier, sans les supporters les plus fervents des deux clubs...

 

Moi je peux comprendre nos supporters. Mais c'est un match pour faire la fête ! Malheureusement notre président n'a pas eu les autorisations par la Fédération Française de Football pour avoir notre stade mythique, le Stade Bauer. Nos supporters boycottent le match contre Sainté, c'est malheureux. Est-ce que c'est bien, est-ce que c'est pas bien… Pour eux, c'est une action. Pour nous, c'est un désavantage, parce que c'est vraiment un public extraordinaire et fidèle. C'est dommage que les supporters stéphanois ne soient pas là non plus, ils auraient pu faire une belle fête avec nos supporters. Ça aurait été vraiment bien d'avoir un stade tout vert, avec les supporters des deux clubs à Jean-Bouin.

 

Dans quel état d'esprit abordez-vous ce match contre Sainté au Red Star ?

 

Avec un état d'esprit conquérant. On entend jouer crânement notre chance. On a un super match à jouer contre une très belle équipe de l'ASSE. Bien sûr, comme il y a deux divisions d'écart, les Stéphanois sont ultra-favoris. Mais sur un match on sait pertinemment que tout peut se jouer. La saison dernière, Sainté a perdu à Cannes, contre un club de CFA. Ça prouve bien que tout peut arriver. Ça va dépendre dans quel état d'esprit eux vont arriver et nous on va arriver.

 

Merci à Vincent pour sa disponibilité et à Pierrick et Samuel pour leur aide.