Le printemps : ses giboulées, ses bourgeons, ses poussées de sève...et son rapport financier du football professionnel français. Plongeons-nous dans les comptes Verts !
Avant de lire la suite, nous ne saurons que trop vous conseiller de relire, même en diagonale, les articles de l'année dernière sur l'évolution des comptes de l'ASSE et la comparaison avec les autres clubs du haut du panier L1. C'est certes fastidieux comme un match à Auxerre, mais ça n'est qu'une fois dans l'année !
Précision : il s'agit bien ici des comptes 2016-2017 ; on ne préjugera pas ici des tribulations financières de la saison en cours.
Téléquilibre
Principal enseignement : le budget de l'ASSE est à l'équilibre sans avoir besoin de vendre. C'est très inhabituel, tant pour l'ASSE que pour les clubs boxant dans la même catégorie : généralement, le déficit d'exploitation hors-mutations est de plusieurs millions d'€.
Comment expliquer cette surprenante réussite ? Par la hausse des droits télés - ils ont augmenté de 11M€. C'est une aubaine, mais c'est très probablement exceptionnel : avec des résultats sportifs en berne et la non-participation en coupe d'Europe, la manne télévisuelle devrait redescendre. Pour le reste, les grandes masses sont peu près stables : l'inflation salariale observée l'année dernière est stoppée ; la baisse de la billetterie est compensée par la hausse du sponsoring - mais il s'agit d'évolutions marginales, de l'ordre du million d'€.
Côté bilan, la stabilité est de mise. On notera le maintien d'un bon niveau d'argent disponible à court terme (17M€) ; des fonds propres qui se consolident petit à petit et dépassent maintenant les 12M€ ; ainsi qu'un niveau d'endettement qui baisse de 14% (-6,1M€).
Pas de CCA chez nous
L'autre constat principal : l'ASSE est clairement un bon élève en termes de gestion financière. Certes, il est difficile de tirer des plans trop précis sur la comète : le jeu de la présentation de comptes consolidés entre plusieurs structures (pour l'ASSE : la SASP, l'association, la holding, une SCI, le restaurant le Chaudron Vert...) ainsi que l'omniprésence de "résultats exceptionnels" qui amoindrissent les bénéfices des clubs susceptibles de payer l'impôt sur les sociétés, rendent l'exercice difficile.
Voici néanmoins un comparatif avec 6 adversaires à peu près représentatifs :
L'ASSE se classe très bien pour chaque indicateur. La masse salariale est élevée, comparable à celles de Bordeaux et Nice, tout comme les recettes hors droits télé. Néanmoins, ces deux adversaires directs tiennent surtout grâce au cash apporté par les actionnaires (plus de 30M€ chacun valorisés dans le bilan - c'est énorme !). L'ASSE, elle, se paye le luxe d'une aussi bonne santé financière sans recourir à ces fameux "comptes courants d'associés" (CCA).
On remarquera enfin la situation très inquiétante de Lille : tous les indicateurs se dégradent fortement par rapport à la saison précédente. Le déficit est catastrophique (-40M€) et les fonds propres sont largement négatifs (-44M€). On comprend que la DNCG ait fini par montrer les dents...
Reins solides
L'arrivée d'un nouvel investisseur est dans tous les esprits. Elle apparaît d'autant plus importante que selon toute vraisemblance, l'année comptable 2017-2018 risque fort d'être négative - la première fois depuis longtemps. Cependant, l'ASSE a des reins solides et si 2017 a été une année de grande frayeur sportive, ce n'est pas aux finances qu'il faut l'imputer.