Julien Sablé a joué 45 minutes ce jeudi soir avec les questions des potonautes avant de faire son retour samedi dans le Chaudron. Entretien.


Quand Bastia t'a proposé de prolonger, quelle mission, quel rôle t'a-t-on confié ? Encadrer les jeunes de l'effectif ? (Philim, Parasar)

Encadrer les jeunes, non, pas plus que ça, on m’a pris pour être un complément d’effectif. Aujourd’hui, moi j’ai envie de continuer à vivre de la Ligue 1, de vivre pleinement cette expérience, parce que la Ligue 1, ça se mérite. Les places valent cher et Bastia m’a proposé de continuer l’aventure dans le cadre d’une doublure, et de répondre présent quand ils auront besoin de moi. J'ai sauté directement sur l’occasion, parce que les neuf mois que j’avais passés avaient été magnifiques, et que je voulais continuer cette aventure avec ce groupe-là.

Comment expliques-tu ce choix de renouveler la moitié du groupe bastiais cet été ? Est-ce que cette révolution pèse dans la qualité du jeu proposé ? (Olaf)

Alors déjà, elle ne pèse pas sur la qualité du jeu proposé, puisqu’en termes de consistance de jeu, de prestations, je pense qu’on est beaucoup plus consistants que l’année dernière. On a certes perdu, notamment sur le plan offensif, des joueurs qui avaient fait une grande saison : Thauvin, Rothen, Modeste. Mais a contrario, on a recruté des joueurs plus jeunes. On a aussi recruté des joueurs très expérimentés qui arrivent de grands clubs, avec Modesto et Squillaci. Donc le renouvellement était, je pense, nécessaire. Cela faisait trois ans que le Sporting était sur une phase ascendante, avec trois exploits : la montée de National en Ligue 2, de Ligue 2 en Ligue 1, et le maintien, parce que c’était un exploit de le faire dans les conditions dans lesquelles on l’a fait. Il fallait un renouvellement de l’effectif, il fallait augmenter la qualité, le niveau, et cela a été fait, je pense, de façon très intelligente, mais à côté de ça aussi, il y a eu un gros truc de fait sur les infrastructures. Jusqu'à présent, le club n’avait pas évolué depuis les années 90, sur le plan des infrastructures. Aujourd’hui on a un nouveau centre d’entraînement, ils nous ont fait des vestiaires qui sont très bien, ils ont refait les vestiaires du stade… Le club est en train d’avancer, et aujourd’hui il y a un renouvellement de l’effectif. C’est sûr qu’offensivement, on ressent encore qu’il nous manque quelques mois de connaissance pour recréer des affinités, mais je pense qu’on a un groupe de qualité.

Estimes-tu que le groupe bastiais est plus fort/plus faible que la saison précédente ? (Philim)

Je pense qu’il est qualitativement et quantitativement plus fort. Après on a perdu des gros joueurs assez importants. L’année dernière, on ne peut que remercier Thauvin et Modeste. Mais on a réussi à garder un mec comme Wahbi Khazri, et on a amené des joueurs, aujourd’hui, qui ont un potentiel. Après, quand il y a un renouvellement de l’effectif, ce qui est le plus difficile c’est de bien défendre. Quand vous avez des bons joueurs qui sont habitués - et on a bien recruté - c’est plus simple, et on a vite trouvé la façon dont on voulait défendre. Offensivement, il faut créer des affinités, il faut que les joueurs se sentent dans les déplacements, donc ça prend un peu plus de temps. 

Si tu pouvais récupérer un Vert actuel pour renforcer le SCB, ce serait qui ? (Parasar)

Je prendrais Brandão. Je pense que dans le championnat de France, quand vous avez un joueur de cette trempe-là, du style de Brandão, Djordjevic, ou bien Keserü, Gianni Bruno… Quand vous avez des joueurs grands, costauds, qui se sacrifient pour le collectif, qui vous gardent les ballons haut, qui peuvent vous planter des buts, ça vaut un maintien, et ça vaut même des performances de très haut niveau. Quand Brandão n’est pas là, on sent que l’équipe n’est pas la même, même si Erding vient d’arriver, il faut lui laisser le temps. Je pense que dans le championnat, on a besoin de grands gabarits devant, qui gardent le ballon, qui aident à remonter les blocs, ça soulage beaucoup. Mais ça ne court pas les rues. Ce sont des joueurs qui manquent parfois de lucidité devant le but parce qu’ils font un tel effort défensif, et ils veulent tellement bien faire pour le collectif qu’ils en perdent leur notion première, qui est d’être un attaquant et un buteur. Mais je préfère ça à un mec complètement égoïste qui ne travaille pas.

Que vise Bastia cette saison ? Une place dans les dix et une Coupe ? (cedric)

Le maintien. On vise le maintien. C’est un club qui est sur une phase ascendante, la priorité des priorités est de se stabiliser. En plus, avec le renouvellement d’effectif qu’il y a, on ne joue que le maintien.

Aller enfin au Stade de France, c'est ton vœu le plus cher avant de raccrocher les crampons ? (José)

J’y suis allé avec Lens, hein ! Donc je l’ai fait, après je crois que toutes les équipes aimeraient jouer une finale, gagner une coupe, mais bon, on connaît la difficulté, on sait que beaucoup d’équipes misent sur ça, et c’est tellement aléatoire. Là, sur le tirage, on a pris Ajaccio, ce sera sur terrain neutre mais bon c’est un derby. Il y a des années où tu tombes bien, donc c’est trop aléatoire, mais bien sûr que les coupes ne font pas partie des priorités, mais presque. On se dit qu’il y a quelque chose à faire, mais je crois que toutes les équipes professionnelles pensent la même chose au départ des coupes.

A titre personnel, est-ce que ça ne viendrait pas récompenser une carrière exemplaire, déjà en termes de longévité ? (José)

Je ne sais pas… Je suis très fier d’avoir trois titres de Ligue 2. Même si ce ne sont pas des titres majeurs, ces titres, ces émotions-là, je les ai partagées avec des mecs formidables, qu’aujourd’hui je recroise, et on est liés par rapport à ça, donc je ne bafoue aucune chose. Si l’année dernière on avait pu avoir une coupe pour le maintien, et par exemple la première année d’Intertoto avec Saint-Etienne, s’il y avait eu des coupes, pour moi elles auraient fait partie de mon palmarès. Après si je veux dans les quelques années qui me restent un titre majeur, je ne peux miser que sur une coupe, parce qu’être champion, ça sera très compliqué… Bien sûr je serais très heureux, mais ça ne changera pas la fierté que j’ai de la carrière que j’ai. Ce qu’on retient souvent ce sont les titres, le palmarès, moi je retiens l’aventure humaine, ces partages, parce qu’automatiquement pour aller chercher des titres et des victoires, il faut une bonne équipe, une bonne ambiance.

Comment as-tu vécu la victoire en Coupe de la Ligue ? Quelles émotions as-tu ressenti ? (Aloisio)

Avec fierté, en plus que ce soit Loïc qui soulève le trophée, j’étais très fier pour lui, il n’a pas eu un parcours facile, avec toutes ces blessures qu’il a eues, donc je suis fier que ce soit lui qui ait soulevé ce trophée-là. Ça prend beaucoup de valeur avec le fait qu’il soit Stéphanois. Avec Bastia, on était à la mise eu vert, parce qu’on jouait le lendemain contre Lille à 14h, donc on a regardé le match… j’étais avec Sylvain Marchal, on était les anciens Stéphanois… Il y avait beaucoup d’émotions quand même, parce que voilà… En tant que professionnel, quand je joue contre Saint-Etienne, je suis obligé de… (hésite) Mes couleurs, c’est le club qui m’emploie, dans lequel je donne tout, mais en dehors, Saint-Etienne, je regarde toujours ça avec un œil affectueux, donc j’étais très heureux que Saint-Etienne remporte enfin un titre après tant d’années. Et cette fête le lendemain ! Même si j’ai entendu que c’était exagéré, moi j’aime que les jeunes se lâchent comme ça, parce qu’il ne faut jamais bafouer l’instant présent, et l’instant présent, c’était un moment magique, de revoir ce stade vert… Je n’ai entendu que des bons échos, j’ai eu plein de gens qui m’ont appelé le jour du match, qui vivaient quelque chose de particulier, ils avaient l’impression de revivre l’ancienne époque des Verts. Je suis content pour les supporters, ces jeunes qui se sont accrochés pendant tant d’années au club, et qui n’avaient pas eu cette émotion de soulever un titre, et je crois qu’aujourd’hui ils sont fiers. Ils ont leur moment de gloire, et c’est bien.

Quel regard portes-tu sur le début de saison bastiais ? (Philim)

Il est correct, parce qu’à domicile, on n'a fait que des bonnes performances. Là on a fait un bon 0-0 contre Marseille. Après, par contre, à l’extérieur, on n’a pris qu’un point. Il y a une différence aujourd’hui entre nos performances à domicile et à l’extérieur, parce qu’il y a une énorme pression. Cela me rappelle Saint-Etienne pendant des années, où il y avait une grosse différence entre les matches à Geoffroy-Guichard, où on était, dans les bonnes années, imprenables, parce qu’on avait une grosse pression, et les matches à l’extérieur, où il y a un peu moins de pression. Aujourd’hui, il faut remédier à ça, mais on fait un bon début de saison par rapport à la nouveauté de cette équipe. On est consistants dans les matches. Mercredi à Monaco, on fait une bonne performance, même si on perd 3-0. Maintenant on voit tout ce qui nous sépare du très haut niveau, mais on est bien, c’est correct.

Quelles sont tes ambitions pour ton retour dans le Chaudron ? (Philim)

On a besoin de points nous, comme Saint-Etienne, comme tout le monde en ce début de saison. Bien sûr, le but c’est de gagner et de venir les perturber… L’année dernière on en avait pris trois, on n'avait pas vu le jour contre Sainté. En plus il va y avoir l’ouverture du Kop Sud, donc on sait que ça va être très, très, très difficile, il va falloir être très, très vigilants, surtout en début de match. Ils vont vouloir emballer le match. Si on fait la même erreur que l’année dernière en prenant un but au bout de cinq minutes, ce sera très compliqué.

Par rapport à tes années vertes, en particulier les années Baup, tu n'as apparemment plus vocation à te projeter vers l'avant. Es-tu voué à jouer un rôle de sentinelle du milieu. Cela te convient-il ? (Parasar)

J’ai connu deux années où j’ai joué très haut avec Elie Baup, c’est vrai que ça s’était très bien passé, et c’est là que j’ai mis mes huit buts en Ligue 1. Elie avait trouvé une clé, il y avait aussi une alchimie, c’étaient deux années où on avait un milieu très complémentaire. J’avais devant moi Pascal Feindouno, avec qui j’étais très complice, Fred Piquionne… Voilà, après m’a été donnée à Nice la possibilité de rejouer à ce poste-là, mais je n’avais pas les mêmes affinités, pas le même talent sur les joueurs devant, donc ça n’a pas été aussi performant. Mon vrai poste, c’est de jouer comme là, à Bastia. Quand je joue, on joue à deux, souvent, on a un poste qui est très ambitieux et qui me permet de repointer le bout de mon nez dans la surface. J'’ai un rôle beaucoup moins ingrat que celui que je pouvais avoir à Nice, où pendant trois ans, je me suis sacrifié en tant que sentinelle dans un travail très obscur pour se maintenir. Après, ça, c’est ma vision des choses, je suis employé pour ça, s’il faut faire le sale boulot, je suis payé pour ça, et je ne rechigne pas à la tâche. C’est sûr que médiatiquement, les gens retiennent souvent et le palmarès, et les stats, mais bon moi ce que j’aime c’est gagner, et que mon équipe gagne, donc je m’en offusque pas.

Ton coéquipier Wahbi Khazri a animé le mercato cet été. As-tu parlé des Verts avec lui au moment où il a été contacté par l'ASSE ? (cédric26)

Oui, il est venu m'en parler. Il m'a posé des questions sur Saint-Etienne. Je lui ai dit qu'il ne serait pas dépaysé de ce qu'il vit au Sporting. Pour moi ce sont des sensations similaires : c'est un public fanatique, il y a beaucoup de similitudes entre les deux publics, dans la façon pour les villes de vivre le football, de façon acharnée derrière leur équipe, de façon parfois excessive, mais toujours pour le bien être. Ces deux clubs-là se ressemblent pour un truc, c'est que la star, c'est pas les joueurs, c'est les clubs. On ne retrouve pas ça dans tous les clubs, où souvent les joueurs sont les stars. Voilà le message que je lui ai fait passer. Après, je ne suis pas rentré dans les détails, parce que ça ne me regarde pas et que chacun mène sa carrière comme il a envie de la mener.

A ton avis, est-ce que Khazri est le principal danger à Bastia ? (Parasar)

C'est l'un de nos atouts. Pour moi, c'est le joueur qui a le plus gros potentiel offensif. Il respire le football ce gamin, il vit pour ça, il vit pour le jeu, il a une énorme qualité de frappe et de passe. Mais on a aussi pas mal recruté dans les dernières heures du mercato. On a Krasic, Boudebouz, Gianni Bruno, Raspentino, qui aujourd'hui ont un potentiel. Il faut qu'ils créent des affinités entre eux, et ça c'est plus compliqué car ça prend plus de temps. Quand ils vont tourner à plein régime, on entendra parler et de Wahbi et des autres.

Tu as resigné pour un an. Que comptes-tu faire après ? A 33 ans, comptes-tu encore jouer ? T'es-tu déjà projeté sur un autre projet ? Si oui lequel ? (Philim, Parasar)

Je réfléchis à ma reconversion depuis un moment. Je suis en train de passer mes diplômes. Avec le temps qui m'est attribué, j'essaye de passer mes diplômes d'entraîneur, parce que ma vie c'est le football et je remercie aujourd'hui tous les jours la vie d'avoir eu la vie que j'ai eue, d'avoir fait que le football soit tous les jours dans ma vie. Je suis un passionné, et j'espère pouvoir en vivre tous les jours jusqu'à ce que je ne sois plus de cette terre. Aujourd'hui, mon objectif, c'est de jouer le plus longtemps possible, les anciens m'ont toujours dit ça. Tant que mon physique, mon mental, me le permettront, je compte jouer le maximum. La Ligue 1, ça se mérite, et je m'accroche à ce rêve là, de jouer le plus longtemps possible. Maintenant, mon contrat arrive à expiration en juin. Est-ce que je serai prolongé, ça je n'en sais rien, je me battrai pour. Après, peut-être que ce sera en ligue 2. Il y aura des challenges, je vais en relever le plus longtemps que je peux. Après, quand une main tendue s'ouvrira, je pourrai attaquer peut-être un autre métier, peut-être entraîneur. J'espère pouvoir embrayer là-dedans.

Encadrer des jeunes dans un club pro comme l'a fait ton ancien coéquipier Vincent Hognon avec les U19 à Nancy, ça t'intéresserait ? (Parasar)

Bien sûr, ça m'intéresserait. Aujourd'hui, il y a une chose qui est très claire dans ma tête, c'est que mon métier, dans la première partie de ma vie, aura été d'être footballeur professionnel. Je ne sais pas si je serai un bon entraîneur, c'est un tout autre métier. Je n'ai pas du tout la prétention de me dire que je vais être entraîneur numéro un dans un club pour adultes. Je sais qu'il va falloir passer par la case formation, pour les diplômes, et pour me former à avoir les qualités requises pour être un entraîneur. Aujourd'hui, dans ma réflexion, l'idéal serait bien sûr d'intégrer une structure pro, d'avoir une équipe de jeunes, pour me jauger, savoir si j'ai les qualités requises pour faire progresser des jeunes de qualité. Ce qui est le plus important, ce que tout le monde me dit, c'est que si on veut être un bon entraîneur, et être un numéro 1 de haut niveau un jour, il faut passer par cet apprentissage. Il n'y a rien de mieux qu'entraîner, proposer ses propres exercices, être attentif à beaucoup de choses.

As-tu une personne qui gère tes revenus ?(cedric26)

Oui, j'ai un gestionnaire de patrimoine.

As-tu mis de l'argent dans l'immobilier comme le font certains footballeurs? As-tu créé une société, comme ont pu le faire Loïc Perrin et Jérémie Janot avec le complexe club 42 à Andrézieux ?

Non, j'ai seulement investi dans l'immobilier.

On sait que tu cotoies Cahuzac, est-ce qu'il t'a conseillé des placements financiers à l'étranger ? (José)

Oui, notamment en Suisse ! (rires)

Tu l'as remplacé en début de seconde période à Monaco. Sera-t-il rétabli pour affronter les Verts samedi ? (Aloisio)

On ne sait pas, il y a un doute. On verra vendredi matin. Ce jeudi il était au repos. C'est comme Sébastien Squillaci qui était malade, et ne pouvait pas venir à l'entraînement. On a un groupe qui est quand même restreint. Les mecs sont fatigués. Il y a souvent des périodes comme ça avant de rentrer dans l'hiver où cela va être un peu plus compliqué.

Quel joueur bastiais serait le meilleur pour renforcer l'ASSE aujourd'hui ? (Olaf) 

Wahbi Khazri ! 

Non Julien, tu n'avais pas le droit de répondre Khazri ! (Olaf)

Ah d’accord….Je pense que quelqu’un comme Sébastien Squillaci ferait du bien à Saint-Etienne parce que c’est un défenseur de très haut niveau qui correspond vraiment à la mentalité stéphanoise. C’est pour ça que ça se passe très bien aussi à Bastia parce qu’encore une fois y a des similitudes. Je trouve que ça correspondrait bien, parce que je pense qu’il pourrait à la fois être très complémentaire de Mouss, de Kurt Zouma, et même de Loïc. Aucun des trois ne possède le même profil que Seb. C’est un défenseur central à l’ancienne, il a des grosses qualités défensives en un contre un, il a un très très bon jeu de tête, ce n’est pas le meilleur des relanceurs mais c’est très propre. Je pense qu’il peut être très complémentaire de tous les autres styles de défenseurs, avec Mouss qui est très puissant, qui aime bien prendre les ballons de relance; avec Loïc je pense que ça serait une très très bonne doublette parce que Loïc joue beaucoup l’anticipation, ils s’entendraient très bien, il amènerait sa force et sa puissance que Loïc n’a pas en caractéristiques. Je n’avais pas joué avec ce style de défenseur là, il est très complet, il ne fait pas de fioritures, c’est le genre de défenseur que j’aime parce que c’est un vrai défenseur.

Quel est ton avis sur le groupe stéphanois actuel ? (Philim) 

Les Verts ont bien recruté même s'ils ont perdu Guilavogui sur la fin. Je pense que l’élimination en coupe d’Europe a laissé quelques traces au niveau psychologique. Mais c’est encore une équipe qui finira dans le Top 8. Après, savoir à quelle place… ça se jouera dans les dernières journées comme d’habitude, mais on sent qu’il y a de la consistance. Ils ont changé de système avec l'apport de Benjamin Corgnet. Aujourd’hui les Verts peuvent jouer dans deux systèmes différents. Après, je suis persuadé que quand Brandao n’est pas là, il y a un déséquilibre. Même si Erding est un très bon attaquant qui devrait au fur et à mesure prendre de plus en plus confiance, on ne remplace pas un Brandao comme ça. Je trouve que l’après Aubameyang est bien, il y a une profondeur de banc, il y des jeunes sur les côtés qui rentrent, ils auront du boulot encore. Je trouve que Sainté une belle équipe, que ce soit derrière, au milieu, c’est une des meilleures équipes de notre championnat. Je les vois, si jamais ils font une mauvaise saison, dans le Top 10, et s’ils font une très bonne saison ils seront dans le Top 5.

Que t'inspire le départ de Guilavogui ? Le club et le joueur n'ont-ils pas commis une erreur(cedric26) 

Bien sûr, quand on est supporter, quand on est joueur, entraîneur, on a envie de garder ses meilleurs joueurs le plus longtemps possible, surtout quand un joueur comme Josuha a un profil aussi différent des autres.. Après, pour prendre la défense des dirigeants, quand vous avez un chèque de 12 Millions d’Euros qui vous tombe comme ça… Pour un budget, dans la crise qu’on vit actuellement dans le football et dans la vie en général, vous ne pouvez pas faire n’importe quoi. J’ai lu une interview de Josuha où il assume totalement son choix en disant que même s’il ne joue pas, il sait que c’est un choix à deux ou trois ans. Son choix avait l’air réfléchi, Josuha est quelqu’un de posé. Selon moi, quand on est dans un club comme Saint-Etienne pour s’aguerrir, il vaut mieux s’aguerrir là que partir à l’Atlético Madrid, mais ça c’est un choix personnel et il faut le respecter. Je pense que ça pose des problèmes par rapport au coach et par rapport au groupe parce qu’on ne remplacera pas un joueur comme ça aussi rapidement, mais par rapport à l’équilibre budgétaire d’un club, c’était difficile de refuser ça, surtout actuellement.

Que penses-tu du début de saison des Verts (cedric26) 

Ils restent sur deux défaites mais j’ai vu les deux matchs qu’ils ont joué contre Toulouse et Marseille et dans la consistance des matchs et du jeu je trouve que les résultats ne reflètent pas les contenus de match. La première mi-temps contre Toulouse est une mi-temps de haut niveau, malheureusement ils ne font pas le break alors qu’ils ont eu les occases de le faire. C'est souvent le genre de match où ça se paie cash. En plus la sortie de Loïc a été un peu préjudiciable. A Marseille, le début de match est très problématique mais parce que l'OM fait un très bon début de match aussi, ils ont mis une énorme pression. Quand Marseille joue à ce niveau c’est très difficile, mais je pense que Sainté après s'est monté à son vrai niveau. Les Verts auraient mérité à mon avis bien mieux que ce score de 2-1. Ils ont fait un très bon début de championnat, la défaite en coupe d’Europe a quand même noirci leur début de saison, mais il ne faut pas bafouer la ligue 1 où ils ont été quand même très très bons malgré leurs deux derniers résultats. En termes de performance et de contenu, je les ai trouvés à la hauteur de ce qu’ils font depuis maintenant deux ans.

Penses-tu que les joueurs ont définitivement tourné la page de l’élimination en Europa League ? Ne penses-tu pas qu'ils vont l’avoir dans un coin de la tête toute la saison ? (cedric26) 

Je pense que maintenant l’élimination est digérée mais c’est sûr que quand on est sportif de haut niveau - moi je l’avais vécu avec l’Intertoto avec Sainté – on ressent un manque. On se dit qu'on aurait pu faire une saison où il y a un enchainement de matchs. C’est le haut niveau, de jouer tous les trois jours, de voir Geoffroy-Guichard plein, avec l’Europe… On sait ce que représente l’Europe pour Saint-Etienne. Je pense qu’ils ont eu du mal à évacuer cette élimination, mais ils l’ont quand même bien évacuée parce qu’ils ont fait des gros matchs derrière, ils ont battu Bordeaux trois jours plus tard. Aujourd’hui je crois que les mecs sont passés à autre chose. Ça restera un point noir, vu l’équipe qui a été bâtie et vu comment ils sont allés chercher cette coupe d’Europe ils auraient dû la jouer, malheureusement c’est le football, la dure réalité du football. L’élimination elle est surtout sévère parce qu'à l’aller, ils font une grosse première mi-temps, ils sont largement au dessus de cette équipe, et puis tu te mets la pression au match retour, l’équipe d’en face est galvanisée sur un résultat qu’ils n’auraient jamais dû avoir. Sainté aurait du gagner 3 ou 4-0 à l’aller et malheureusement ils perdent 4-3.

Quels liens entretiens-tu aujourd'hui avec l'ASSE ? (Philim)

J’ai assez régulièrement Roland Romeyer au téléphone, quatre ou cinq fois fois par an. C’est quelqu’un avec qui j’ai toujours gardé des contacts. Je l’avais sollicité pour revenir m’entraîner quand j’étais au chômage. Je connais toutes les composantes du club. J’ai eu la chance de revenir au mois de Juin, on avait fait un match où Patrick Guillou et le club de Veauche avaient réuni tous les anciens de la montée en 98. Ça a été un grand moment pour moi de revivre ça dans la région, j'ai vécu à Veauche pendant cinq ans quand j’étais professionnel à Sainté. J’entretiens un rapport aujourd’hui surtout avec Roland, Fred Emile, et deux fois par an je dois avoir Bernard Caïazzo par texto.

Avec Jérémie Janot, tu fais partie pour moi de l'ADN de l'ASSE certes pas la plus brillante en termes de résultats mais par la fidélité au club. As-tu été sollicité pour un don au Musée ? (hcatteau)

Oui, en principe il y aura mon maillot. Philippe Gastal m’a appelé et j’ai donné mon maillot de la montée de 2004. C'est mon père qui a gardé tous les maillots, un par un, de chaque saison que j’ai disputée depuis 1998. Il a même mon premier maillot Asics de 1998. Il a lui tous les maillots. Je ne suis pas un grand collectionneur. Quand je vais chez lui, c’est plein de souvenirs qui remontent. Cela me rappelle toutes les émotions que j'ai eues avec ce maillot. Il voulait les exposer, mais on les a mis sur des cintres dans un dressing. Aujourd’hui c'est mon fils, qui est en âge de comprendre, il est fan de Saint Etienne. Quand il vient, il regarde les maillots que son papa a portés et me demande les histoires de tel maillot, me pose des questions sur les joueurs et les émotions que j’ai vécues. Il y a un partage à travers ces maillots.

La réouverture du kop sud à l'occasion de la réception de Bastia, ça t'inspire quoi ? (Barre transversale)

J’espère que ça ne va pas trop les galvaniser ! C’est génial pour nous de venir, déjà l’année dernière, j’avais trouvé le stade, du côté des Magics, très très impressionnant. Là, j’imagine que si le stade est plein avec deux Kops comme ça, ce sera quelque chose qui se rapprochera de ce qui se fait à Dortmund. Cela va être génial. Aujourd’hui je bouffe à pleines dents chaque seconde de mon métier parce qu’il ne m'en reste pas des tas devant moi et que la Ligue 1 c’est peut-être fini au mois de mai. Donc à chaque fois que je viens à Sainté depuis que je suis parti, je prends ces matchs-là comme si c’était la dernière fois que je venais à Geoffroy-Guichard et que j’allais partir en retraite. Je viens, je bouffe tout ce qu’il y a à prendre et je repars avec la tête pleine d’étoiles, en espérant que l’équipe dans laquelle je joue ait fait une bonne performance.

Pourras-tu demander à Ilan de ne pas gâcher la fête, s’il est amené à jouer samedi ? (Poteau gauche)

(Rires) Je ne lui transmettrai pas ça, je lui dirai de donner le maximum ! On respecte trop le sport, on aime trop notre métier pour venir et faire des cadeaux. De toute façon les gens ne nous aimeraient pas si on n’était pas fidèles à ce qu’on est. Aujourd’hui on appartient à un autre club, même si une grande partie de notre cœur reste vert, pour Ilan et pour moi surtout.

Quelle est la plus grosse ambiance que tu aies jamais connu, dans le Chaudron ? (Poteau droit)

Il y en a eu beaucoup lors de mes neuf saisons en pro ! Il y a eu ce match contre Châteauroux, quand on est Champions de France de Ligue 2, qui reste exceptionnel en termes d’intensité, de souvenirs… En plus on avait souffert pendant trois ans en Ligue 2, donc finir en apothéose comme ça, sur un but incroyable de Damien Bridonneau, c’était assez exceptionnel. Après j’ai eu la chance de vivre d'autres grands moments : le 5-1 contre Marseille en 1999 a été été quelque chose d’assez fabuleux, surtout que c’était ma première année en Ligue 1. J’ai eu la chance de vivre de grands moments à Geoffroy-Guichard. Il y avait une communion… Moi j’aime les gens, j’aime être dans le vestiaire, j’aime le groupe, j’ai toujours eu une affinité particulière avec beaucoup de joueurs. Alex en fait partie.

Après la réception de Bastia les Verts iront à Monaco. Tu viens d’affronter cette équipe : quelle impression t’a fait Monaco et quels conseils donnerais-tu à Sainté pour essayer de la faire trébucher sur le Rocher ? (José)

On a fait une très bonne performance surtout en première mi-temps. Je crois que Saint Etienne et Monaco se ressemblent. Il y a de très grosses individualités avec Falcao et Rivière qui ont été énormes mercredi avec Moutinho. En termes d’individualités, il y a très peu d’équipes qui peuvent avoir cet effectif-là ! Mais la clé sera sur les joueurs de côté, c’est indéniable. On les a mis à mal sur leurs défenseurs latéraux qui attaquent beaucoup mais ne défendent pas beaucoup non plus. C’est une équipe qui est toujours dans l’attaque. Avec les joueurs de côté que possède Saint Etienne, je pense que les Verts se créeront aussi beaucoup d’occasions comme on a pu s’en procurer parce que Monaco est une équipe très joueuse et Saint Etienne qui est très redoutable en contres. A mon avis, Saint Etienne est une équipe qui peut faire très mal à Monaco !

Le mot de la fin par le "pédident" des potonautes Galibois : "Juju tu es Marseillais comme Galette et le Nouz’, ton ex coach, tu as joué à Bastia d’où vient Antonetti, ton ex coach aussi et dans deux clubs, et à Nice aussi qui est la ville du Sphinx. Au passage les coach du Sud réussissent à Sainté et ce n’est pas un hasard, selon ce supporter. Donc ton parcours est truffé de clins d’oeil aux quatre derniers coach qui ont laissé une empreinte indélébile, comme toi à Sainté. J’aimerais Julien te voir très vite dans le staff chez toi, à Sainté, avant de devenir notre Alex Ferguson. Est-ce que ça t’intéresse ? Juju forever, que Geoffroy-Guichard te rende un bel hommage samedi !"

Revenir dans le Chaudron, ça me met la chair de poule à chaque fois. Ce sont des moments de forte émotion pour moi. Si aujourd’hui mon club formateur et le club dans lequel j’ai vécu le plus longtemps, avec lequel j’ai le plus d’affinités, me propose une reconversion, déjà par les jeunes, je ne réfléchirai pas beaucoup parce que je signerai tout de suite ! Sainté reste à part, restera toujours à part. Si dans ma deuxième vie je peux être un entraineur et que je suis un bon entraineur et que je mérite, pourquoi pas rêver d'être l'Alex Ferguson de Saint-Etienne ! Mais là on parle d’un autre métier, d’une autre vie et je n'ai pas encore fini ma première vie de footballeur que j’ai envie de finir le plus loin possible.

 

Merci aux potonautes Ellestin, Valie, zarbibi42 et Comperrin pour la retranscription de l'entretien