Un match maîtrisé, même à 10, qui accouche d'une défaite au terme d'une conjonction de facteurs de déveine assez incroyables. Quand ça veut pas...

Introduction

On peut résumer ce match laconiquement en énumérant les circonstances contraires qui se sont accumulées depuis la préparation : blessure de Clerc, forfait de Zouma, Pouplin qui n'a pas joué depuis plus d'un an titularisé, arbitre qui fait le choix de cartonner d'entrée, sauvetage sur la ligne de Peybernes, Brison naïf et expulsé, Pouplin décisif sur un coup-franc direct de Ghoulam, Pouplin décisif sur une frappe en pivot d'Hamouma,  Diomandé qui se blesse sept minutes après son entrée, 2 changements déjà faits après 35 minutes, Pouplin décisif face à Aubameyang, la série d'actions très litigieuses (deux pour Sochaux, une pour l'ASSE) en début de deuxième mi-temps où M. Ennjimi décide de se faire petit, Pouplin encore décisif, toujours Pouplin cette fois sur corner,  corner étonnant et but de Sochaux, Pouplin arrête le but de l'année d'Aubame.

La litanie s'arrête-là. Passons maintenant au pourquoi du comment de cette tragédie en 5 actes.


Acte I- L'exposition


Equipe de départ :

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On repart sur les mêmes bases que contre Bastia. Seules les blessures contraignent Galtier à tester une défense new look, avec Brison à droite, et les retours de Ghoulam et Mignot à leurs postes respectifs.

Autre similitude avec le match de Bastia, Sochaux adopte une tactique très proche de celle des insulaires : 4-2-3-1 strict, avec pressing très, très haut dans le camp stéphanois. Eric Hély effectue d'ailleurs deux titularisations surprises. L'une sera peu fructueuse : Razzagui Camara, sans doute aligné exprès pour profiter d'un manque de vitesse à droite de la défense verte, a certes fait montre de grandes qualités de sprint, mais bien plus d'une faiblesse technique affligeante. En revanche, dans les buts, Pouplin, qui sort d'une saison blanche, a sans doute gagné sa place pour le reste de l'année.

Après une grosse entame, les doubistes vont se faire piéger de la même manière que les corses, par la qualité technique stéphanoise au milieu et la capacité à réaliser de longues ouvertures précises dans le dos de la défense. A ce petit jeu, Hamouma et Brison tirent les marrons du feu, et permettent au premier de réaliser deux débordements très dangereux qui ont failli amener l'ouverture du score de Cohade (4'). Sochaux est contraint de reculer en espérant des possibilités de contre, le 4-2-3-1 devient 4-4-1-1 et les défenseurs dégagent de plus en plus directement en touche sous la pression des Verts.


Acte II – L'élément pertubateur

Saïd Ennjimi a choisi pour ce match de cartonner d'entrée. Sur sa première faute Lemoine y a droit ; un peu plus tard Corchia et Roussillon n'y échapperont pas non plus côté sochalien. Sauf qu'entre-temps, Brison effectue un tacle très spectactulaire : pied décollé, il dégage certes le ballon en premier, mais emmène ensuite violemment son adversaire avec lui. S'il veut être cohérent avec lui-même, l'arbitre n'a pas d'autre choix que de l'expulser.

L'équipe après l'expulsion de Brison (9è) :

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Les Verts se réorganisent de manière très axiale : les ailiers viennent encadrer Cohade en phase défensive ; à charge pour eux d'exploser vers les côtés dès la récupération. Clément reste devant la défense, alors qu'on aurait pu imaginer l'apparition d'une ligne de 4 à plat au milieu. Lemoine va faire l'intérim à droite de la défense.

Malgré l'infériorité numérique, les Verts gardent la maîtrise du match grâce à leur aisance technique bien supérieure à celle de la saison passée. Sochaux tente de court-circuiter la construction stéphanoise en faisant tenir Clément par Bakambu, mais c'est peu efficace.

La faiblesse des Verts réside néanmoins sur les ailes. Traoré joue la vitesse pure contre Lemoine, gagne ses duels, mais ne réussit quasiment aucun centre ; Contout et Roudet travaillent Clément et Ghoulam par leurs décrochages, créent quelques espaces mais n'arrivent pas à les exploiter. Les actions chaudes sont et resteront stéphanoises.


Acte III : La tuile

Après plus d'un quart d'heure d'échauffement, Galtier décide de faire rentrer Ismaël Diomandé. C'est un retour de longue blessure pour le jeune stéphanois, qui se retrouve à un poste atypique d'arrière droit. Galtier veut sans doute préserver sa défense centrale...

L'équipe après l'entrée de Diomandé (27è) :



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Le dispositif tactique stéphanois est à nouveau modifié, sur le côté gauche de l'attaque. Contrairement à Gradel, Cohade n'est pas appelé à exploser systématiquement sur les ailes. Ce sont les montées de Ghoulam et les déplacements d'Aubame qui vont occuper le terrain. Pour le reste, les enjeux sont inchangés. Pouplin réalise son deuxième arrêt décisif.

Le rebondissement arrive dès la 35è minute. Sept minutes seulement après son entrée en jeu, Diomandé s'effondre. Problème musculaire ; son retour dans le grand bain était sans doute précipité. Il sort les larmes aux yeux, réconforté par ses coéquipiers.

La défense après la blessure de Diomandé et l'entrée de Guilavogui (35è) :

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Cette fois, Galtier n'a plus le choix : Perrin se décale à droite, et Guilavogui va se tester à un poste qui n'est pas le sien. Et pas forcément avec une grande réussite : il va rater avant la fin du match une ou deux relances, ainsi qu'au moins une interception, qui amèneront des actions dangereuses...

Sainté garde la maîtrise du match jusqu'au retour aux vestiaires, Pouplin brille encore et l'on se demande ce que l'on a bien pu faire aux Dieux du Foot pour mériter ça.


Acte IV : Le coup de théâtre

L'équipe au début de la deuxième mi-temps :

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Dans les vestiaires, Galtier demande à son équipe de se réorganiser en un étonnant 4-1-4-0. Le technicien stéphanois veut sans doute assurer ses ailes et compte sur la vitesse d'Aubame et d'Hamouma en contre pour compenser l'absence de pointe. Ce ne sera pas très efficace. Ce début de deuxième période est en effet assez mauvais ; du fait notamment de la fébrilité de Guilavogui et de Ruffier, les attaquants sochaliens ne sont pas loin d'obtenir par deux fois un pénalty. Certes, il arrivera une chose similaire à Aubame à la 53è (lancé en bonne position, fauché peut-être juste avant la surface – un carton rouge pour le défenseur n'eût pas été un scandale) mais le manque de point d'appui devant empêche le bloc équipe de remonter et rend le pressing vert moins efficace.

Lorsque Brandao entre à la place d'Hamouma à l'heure de jeu, on se dit que Galtier a vu ce manque et compte y remédier. Pas du tout.

L'animation offensive après l'entrée de Brandao à la place d'Hamouma (60è) :

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En fait, c'est du poste pour poste ; seulement Brandao devra aller se positionner rapidement en pivot dès la récupération du ballon. Cela n'aide guère le jeu stéphanois ; pourtant, c'est bien encore Pouplin qui va s'illuster à deux reprises tandis que les doubistes ne trouvent le cadre (et le but...) que sur un hors-jeu de Bakambu.

A la 70', R. Camara sort enfin côté sochalien, remplacé par la recrue Yartey. Sur un de ses premiers ballons, l'entrant rate son centre, peut-être effleuré par Perrin. L'arbitre donne corner. Là, coup de théâtre : bicyclette d'un milieu défensif, Doubaï, but.


Acte V : Le dénouement

Après le but sochalien, Brandao va se stabiliser en pointe et Aubame beaucoup bouger malgré une baisse physique prévisible. La fatigue aidant, les considérations tactiques auront beaucoup moins d'importance. Les Verts vont privilégier le jeu long. Sochaux, comble de la faiblesse, n'arrivera même pas à tenir le ballon et passer une fin de match tranquille : ce sont encore les Verts qui se procureront la plus belle occasion. Sur une ouverture lumineuse de Cohade, Aubame réalise la papinade parfaite. Parfaite ? Non ! Pouplin, écoeurant, sort encore le grand jeu et à lui seul sauve Sochaux de la déculottée.

C'est une superbe revanche pour la gardien sochalien ; c'est d'une cruauté incroyable pour les Verts. Repartir bredouille après un tel match, où n'a manqué ni l'abnégation, ni la volonté, ni les occasions, ni le fond de jeu,  c'est à désespérer.


Olaf