Ramener un point du Parc des Princes n'est pas une chose facile et peu sont les équipes qui peuvent se vanter de ce résultat les dernières années. Surtout les Verts, qui ont souvent encaissé des lourdes défaites, mais qui cette fois-ci ont su bien éteindre le jeu parisien.


Certes, le QSG qu'on a rencontré est encore en rodage (même si seulement 3 des 14 joueurs qui ont participé au match n'étaient pas là la saison dernière) et certains de leurs internationaux avaient les jambes lourdes après la trêve. Certains observateurs considèrent qu'on a rencontré un petit QSG, mais c'est plutôt l'ASSE qui l'a rendu petit - grâce au dispositif tactique mis en place par Galtier et à l'application et la solidarité des joueurs, qui ont souffert, mais n'ont (presque) jamais rompu.

Pourquoi un 3-5-2 ?


Les Verts n'ont pas trop eu l'habitude de jouer en 3-5-2 les dernières saisons (une seule fois la saison dernière, en mai à Nice). Quand Galtier choisit de jouer avec 3 centraux, c'est plutôt en 3-4-3 et surtout pour contrer des équipes qui jouent à 2 avant-centres ou sans ailiers - l'exemple type c'est contre les équipes en 4-4-2 en losange. Mais le QSG joue dans un système 4-3-3, alors le choix du 3-5-2 peut sembler surprenant.

Il est cependant justifié en réponse au style de jeu parisien. Leurs deux ailiers ne jouent que trop peu sur les côtés, ils entrent avec le ballon ou ils font des appels pour l'avoir dans l'axe. Leurs deux milieux axiaux se projettent beaucoup aussi, ce qui crée une très grande concentration des joueurs au centre du terrain. L'adversaire soit prend l'eau au milieu, soit abandonne les côtés (latéraux qui suivent les ailiers adverses) et dans ce cas les deux latéraux Parisiens, très offensifs, amènent le danger. Le 3-5-2 devient ainsi le système parfait pour densifier l'axe tout en sécurisant les côtés :


Le positionnement des Verts est tel que des duels un-contre-un sont naturellement créés : MBengue - Meunier, Malcuit - Kurzawa, Lemoine - Verratti, Veretout - Matuidi, Pogba - Ben Arfa, KTC - Lucas et Perrin - Jesé. Selnaes a le rôle de couvrir des failles et Saivet et Roux celui d'empêcher la relance des deux centraux et de Motta.

La bataille du milieu


Placer des joueurs pour contrer le style de jeu adverse ne suffit pas. Surtout avec un dispositif tactique peu rodé, le positionnement ne peut pas tout faire. La solution ? Le marquage individuel pour une partie des joueurs, ce qu'on appelle en générale la zone mixte (on défend en zone, grâce au positionnement, mais certains joueurs sont pris en individuel). Dans ce match, le marquage individuel les plus marquants a été celui de Lemoine, qui a eu comme cible Verratti, l'homme fort du milieu Parisien.

La réponse tactique du coach adverse a été d'utiliser les courses de Matuidi : il se projetait souvent sur KTC, qui avait déjà Lucas en charge. Le triangle côté gauche Kurzawa - Matuidi - Lucas était difficilement gérable par Malcuit - Veretout - KTC, surtout à cause des appels incessant de l'ancien Stéphanois. Si on prend par exemple une attaque parisienne à la 12ème minute :


On voit bien Lemoine (L) être à côté de Verratti (MV), Saivet (Sa) et Roux (R) essayant de couper les passes entre les défenseurs et Motta (TM). L'ailier gauche Parisien (AL) est sur son côté, pris par Malcuit (M), le latéral gauche (DL) ne monte pas, Matuidi (BM) non plus.


12 secondes plus tard, Verratti, malgré le pressing de Lemoine, oriente le jeu et Matuidi fait un appel dans le dos de Veretout (V), entre Malcuit et KTC - le dernier a du serrer vers l'axe pour suivre son ailier. A noter que l'autre ailier est dans le rond central, les ailes ne sont pas prises, même par les latéraux.


12 autres secondes plus tard, comme son appel n'a pas déclenché une passe, Matuidi revient sur la ligne médiane. Lemoine marque toujours de très près Verratti.


Et 10 secondes plus tard, c'est le latéral gauche (DL) qui fait une course, obligeant Malcuit de le prendre, KTC étant occupé par son ailier, et libérant ainsi le couloir pour Matuidi. La suite de l'action est un jeu sur le côté et une faute de Veretout qui a bien suivi son adversaire direct.

La clé du jeu a été dans cette bataille au milieu du terrain et les rares occasions Parisiennes ont été issues des belles passes de Verratti et des appels de Matuidi dans la zone entre KTC et Malcuit. Galtier a essayé plusieurs choses pour les contrer, comme par exemple interchanger Lemoine et Veretout, demandant au premier de calmer les courses de Matuidi. Ça a été le cas pendant la deuxième moitié de la première période, mais laissant ainsi plus de place à Verratti d'organiser le jeu, donc nos milieux ont interchangé de nouveau avant la pause.

Les efforts des Verts


Quand on regarde les duels un-contre-un mentionnés ci-dessus, il est difficile d'en trouver un dans lequel le joueur Stéphanois est meilleurs que son adversaire direct. Alors, comment résister ? Tout simplement en multipliant les efforts, en restant très concentrés et appliqués et surtout en étant prêts à compenser et aider ses coéquipiers. Bref, avec un gros état d'esprit, chose qui ne peut pas être décrite avec une capture d'écran... Et la force mentale d'égaliser à Paris dans le temps additionnel après tous les efforts concédés n'est pas à négliger non plus. Il ne faut pas oublier que c'est le troisième match officiel de la saison (sur huit) où on revient après avoir été menés, sans compter le match à Bordeaux où on a failli le faire également (notre seule défaite jusqu'à maintenant).

Et contre Mayence ?


Avoir des joueurs capables de jouer une telle partition tactique avec beaucoup d'application est très rassurant pour le futur, en commençant avec le prochain adversaire des Verts en Coupe d'Europe. La tactique stéphanoise sera certainement différente, tout simplement parce que l'adversaire est différent. Un exemple de plus que tout ne se résume pas au système, les Allemands jouent aussi en 4-3-3 (4-1-4-1), mais avec un style de jeu totalement différent des Parisiens. Ils sont à l'opposée du QSG en termes de possession, c'est une équipe de contre. Mais surtout, ses ailiers, très rapides, aiment jouer le long de la ligne comme l'atteste cette carte des endroits où ils ont touché le ballon lors du dernier match, le derby à domicile contre Hoffenheim (4-4).


L'expérience européenne des Verts constitue un avantage, ainsi que la capacité de notre coach de s'adapter tactiquement à l'adversaire. Si en plus nos joueurs feront preuve de la même détermination et application que lors du déplacement à Paris, on a vraiment des raisons d'éspérer un résultat positif lors de ce premier match de poule.