Une victoire large et méritée, mais à relativiser car acquise très tôt et face à un adversaire d'une faiblesse qui saute aux yeux.


L'équipe

Le 4-3-3 s'est apparemment imposé dans l'esprit de Christophe Galtier. C'est en effet dans la configuration ligne de 4 derrière / anchor-man / 2 milieux pistons / 2 ailiers et 1 pointe que les Verts s'alignent ; il n'y a que dans le choix des hommes que cela varie.

Ainsi Brandao, titulaire pour la première fois en championnat, occupe-t-il la pointe de l'attaque, exilant PEA à gauche et Gradel sur le banc. Ce choix de joueurs change l'organisation de la ligne offensive : Brandao est moins mobile que PEA, mais meilleur point de fixation. Brandao va donc plutôt jouer dans la verticalité avec des décrochages, ce qui ouvre des boulevards dans l'axe, que PEA et Hamouma vont alternativement essayer d'occuper, et même parfois en même temps ! Ces deux-là permuteront d'ailleurs à au moins deux reprises au cours du match sur des périodes significatives (plusieurs minutes consécutives).

En pistons, pour la deuxième fois seulement cette saison, Galtier décide d'aligner Cohade et Guilavogui ensemble. L'unique précédent, c'était...à Toulouse, le pire match et de loin jusqu'à présent. J'ai été en revanche étonné de les voir permuter assez régulièrement ; mais cela a sans doute joué dans la déstabilisation du milieu nancéien. Une arme supplémentaire à exploiter ?

Enfin, derrière, Brison fait sa rentrée en latéral droit.


Le déroulement

Jean Fernandez reconduit lui aussi son système de jeu habituel (4-1-4-1), mais avec un choix très surprenant dans sa composition : l'habituel latéral gauche Haidara se retrouve au milieu. Pourquoi ce choix ? Difficile à dire. Toujours est-il que le technicien nancéien changera d'avis à la demi-heure de jeu, remettant Haidara à sa place et faisant rentrer Mangani, un spécialiste, au milieu. C'était sans doute nécessaire. Mais entre-temps, les Verts auront inscrit 4 buts.

Cette première demi-heure très prolifique n'est pourtant pas si aboutie que cela pour les Verts. Face au bloc-équipe nancéien très reculé (pas de pressing à moins de 40m de leur but, sinon celui de leur seul attaquant de pointe), les Stéphanois vont avoir un déchet technique certain. Le jeu ligérien s'organise clairement en deux phases : une phase de récupération/circulation facile entre défenseurs centraux très écartés et Clément histoire de faire remonter l'équipe, puis tentative de jeu vertical sur les ailes, soit par une longue ouverture pour un ailier, soit par une combinaison en triangle.

Pourquoi fais-je le difficile, et dis-je que ce n'est pas si abouti ? Parce qu'au début du match, la seule action qui réussit, c'est celle qui repose sur la pointe de vitesse de PEA, pas sur la justesse du jeu stéphanois. D'ailleurs, Nancy n'est pas mal rentré dans le match, et il s'en faut de peu pour que ce ne soit eux qui ouvrent le score à la suite d'une action bizarre qui finit sur le poteau (8'). Les Verts marqueront dans la foulée le 1er but sur un corner mal renvoyé, pas sur une action construite.

A partir de là, il suffit de voir le regard des Lorrains pour comprendre qu'ils doutent. Les Verts vont en plus réussir un 100% : 3 occaz', 3 buts en 6 minutes. Le constat est cruel pour Nancy : on n'a pas l'impression que le problème vienne d'une erreur tactique de Jean Fernandez. Les stéphanois sont tout simplement meilleurs dans les duels, ils courent plus vite, ils sautent plus haut, ils en veulent plus.

Le match ne va pas s'éteindre tout de suite. Il y aura au moins deux occasions de chaque côté (oui, Nancy va tenter de réagir !) avant la pause, les plus tranchantes encore à l'actif des Verts - Guilavogui est à un poteau de marquer l'un des buts de l'année sur un rush individuel de toute beauté.

A la pause, Fernandez change tout. D'abord le système de jeu de son équipe : les Nancéiens passe à trois en défense centrale, et s'installent en 5-4-1. Ensuite, ils vont mener leur pressing plus haut, jusque dans le camp stéphanois. Cela va sans doute encore plus inciter les Verts à ralentir le rythme : si Guilavogui décoche encore une belle frappe à la 48è, la séquence de passes entre Ruffier, Zouma, Perrin et Clément à l'heure de jeu est l'indice le plus probant d'une envie stéphanoise d'éviter les blessures. PEA, sans doute fatigué, va progressivement abandonner son côté et camper dans l'axe, déséquilibrant un peu l'équipe. Son remplacement par Gradel à la 63' est parfaitement logique, qui va réinvestir l'aile abandonnée et reprendre les permutations avec Hamouma.

Après l'expulsion de Zenke (68'), Nancy passe en 5-4-0 ; le match s'apparente alors par moments à un exercice d'attaque-défense, mais à l'entraînement. Lemoine entre en jeu à la place de Guilavogui, poste pour poste ; la configuration du match permet de mettre en évidence l'activité des milieux-pistons qui sont vraiment les dépositaires du jeu Vert - et qui continuent de permuter. Sans forcer leur talent, les Verts vont surtout se concentrer sur la circulation du ballon et la justesse technique, bien meilleure qu'en début de match. Gradel, tout frais, est très remuant ; mais le match est globalement atone.

Au final, la vraie attraction de la fin de rencontre, c'est le retour de Bayal (à la place de Zouma) sur une pelouse de L1 à la 86' après quasiment un an et demi d'absence. Peu (voire pas) sollicité défensivement, le colosse sénégalais aura même une mini occasion de marquer de la tête dans les arrêts de jeu, mais ne cadrera pas.


Les buts

1-0 Brandao, 9'

Je ne paraphraserai pas les images ; j'insisterai juste sur deux points essentiels qui ont amené ce but :
- d'abord, pour obtenir le corner, la qualité d'ouverture longue de Loïc Perrin : c'est à la suite d'une passe longue du capitaine, que les Stéphanois vont faire le pressing suffisant pour obtenir le corner.
- la qualité de déplacement de Brandao : sur le corner, on le voit faire l'appel au 1er poteau ; la balle repoussée, il repart immédiatement vers le point de pénalty apporter le surnombre sans qu'aucun Nancéien ne le suive. Bel exemple de l'importance des déplacements pour marquer.

2-0 Hamouma, 19'

Ca commence par un une-deux Ghoulam-PEA complètement raté qui finit en touche - à l'image d'un certain nombre de mouvements gâchés par une passe ou un contrôle imprécis. Sur la remise en jeu, Brandao fait une excellent travail : il gagne son duel, et lance en profondeur PEA sur le côté. Par sa vitesse, PEA emmène deux défenseurs, tandis que le milieu sur son côté se place de manière à éviter un crochet vers l'arrière pour repiquer dans l'axe. Cohade, intelligent, se rend disponible dans l'espace en retrait ainsi libéré ; il a tout le temps d'ajuster son centre. Le combo marquage ridicule de Puygrenier (1,87m) - sortie ratée de Grégorini (1,94m) permet à Hamouma (1,77m) d'inscrire son 3è but en vert, et de la tête s'il vous plaît.

3-0 Brandao, 21'

C'est bien de défendre bas pour ne pas laisser d'espace dans le dos. Encore faut-il un bon impact dans le jeu aérien. Déjà battus sur les deux premiers buts, les Nancéiens remettent ça, en deux temps. D'abord sur cette longue ouverture de Perrin (qui n'est même pas gêné), que Aubame peut contrôler dans la surface de réparation. Ensuite, sur le centre du Gabonais (qui entre-temps trouve le moyen de se retourner et de remettre le ballon à merveille dans l'axe) : le défenseur lorrain rend 30 centimètres à Brandao qui a sans doute connu des occasions plus difficiles à transformer.

4-0 PEA, 25'

Enfin le but (mérité) de PEA, et qui lui ressemble bien : pointe de vitesse décoiffante, et justesse dans la finition. A l'origine, l'inspiration de Cohade est à relever (et fait un peu oublier ses 2 pertes de balle dangereuses au milieu). Pourtant, le plus beau dans cette action, depuis la récupération de Clément aux filets qui tremblent, en passant par la remise d'Hamouma à Cohade, c'est l'enchaînement en une touche de balle : les automatismes étaient là !

 

Olaf