Comme la manière n'a pas été au rendez-vous, ce qu'on va retenir du match à Strasbourg, c'est le résultat. Parce qu'après tout, dans la course à l'Europe, l'important, c'est bien les trois points...


Le coach stéphanois est assez lucide dans son analyse après le match : "dans l'envie et le comportement, il y a besoin de resserrer quelques boulons. Après Paris, peut-être qu'on était venu faire une démonstration et Strasbourg nous a sacrément secoués. (...) Techniquement, on a été très faible et physiquement on s'est fait manger. Dans les duels, on a été laminé". En effet, les Verts avaient fait preuve d'une belle maîtrise technique et tactique lors du précédent match, contre Paris, mais surtout d'une grosse envie. Ces ingrédients ont manqué contre les Alsaciens... ou peut-être tout est relatif, l'ASSE en voulait plus que le PSG, mais moins contre un Strasbourg en lutte pour éviter la descente. 
 
Si on parle stats, le pourcentage des passes réussies est révélateur, surtout pour les deux pièces maîtresses au milieu du terrain : contre le PSG, M'Vila et Cabella ont chacun réussi 92% de leurs passes. Contre Strasbourg, le premier seulement 84% et le deuxième seulement 80%. La différence est importante, surtout qu'il y a plus de passes stéphanoises lors du 2e match - toutes ces passes ratées sont des offensives de l'ASSE qui ne sont pas allées au bout. Malgré cela, il y a eu quelques attaques bien préparées par les Verts et dans la suite de l'article, on regarde deux exemples qui partagent deux caractéristiques : ils commencent avec un coup franc joué par M'Vila et incluent un appel en profondeur d'un latéral dans son couloir. Mais avant ces deux offensives, un petit retour sur l'utilisation de certains joueurs à des postes différents.
 
 
 

Même système, peu importe les joueurs

 
Le système de jeu utilisé régulièrement par le staff stéphanois a été maintenu malgré les absences de Gabriel Silva et RPG, blessés - un 4-2-3-1 qui devient 4-4-2 en phase défensive, le "10" (Cabella) et l'avant-centre (Beric au coup d'envoi) formant le premier rideau défensif :
 

On peut voir sur cette image le positionnement de Diousse en latéral gauche et celui de Hamouma et KMP en milieux excentrés. A la 60e, un double changement a entraîné des permutations dans le bloc stéphanois. Ntep est entré à la place de KMP, qui a reculé en latéral à la place de Diousse, qui est sorti. Bamba est entré à la place de Hamouma, qui est monté en avant-centre à la place de Beric, qui est sorti :


Et à la 85e, le dernier changement des Verts a déclenché une autre permutation, avec Janko qui est entré en latéral gauche à la place de KMP, qui a pris la place sur l'aile droite de Bamba, qui est devenu avant-centre à la place d'Hamouma, sorti :

 
Même si les joueurs doivent jouer à des postes inhabituels ou en changer plusieurs pendant le match (surtout KMP), le staff stéphanois reste cohérent dans ses choix tactiques et le système de jeu reste toujours le même.
 
 

En début de match

 
Même si le système reste inchangé, l'animation offensive mise en place n'est pas forcément la même que lors des matchs précédents. Pour l'illustrer, deux exemples - lors du premier, en tout début du match, M'Vila joue un coup franc dans la moitié adverse :
 

Il passe à Cabella, qui joue en retrait avec KTC. Une phase de préparation typique pour l'ASSE commence...


... avec un échange de ballon KTC - Selnaes, puis Cabella est de nouveau servi...


... avant qu'il donne le ballon à M'Vila, qui lui le rend dans le couloir gauche :


Le bloc alsacien est en place, avec deux lignes de 4, un avant-centre entre les deux défenseurs centraux et un milieu offensif (Corgnet) qui essaye de couper les passes entre M'Vila et Selnaes. Les deux milieux axiaux des Verts n'ont pas besoin de combiner, le premier trouve magistralement Hamouma, qui était sorti de "sa place" axiale entre les lignes. Il joue en retrait avec Selnaes...

 

... et ses coéquipiers font un excellent double-appel. Beric décroche, ce qui fait monter toute la ligne défensive avec lui, pendant que KMP, Cabella et Debuchy font des appels en profondeur - comme ils partent de loin, ils ne sont pas hors-jeu. C'est le dernier qui est à la réception de la magnifique passe lobée de Selnaes...

 
... et le décalage est énorme dans l'axe. Malheureusement, le latéral stéphanois ne joue pas en première intention, mais il préfère contrôler, ce qui laisse le temps aux défenseurs de revenir et contrer le centre.


C'était une belle action, avec du mouvement, bien préparée, et qui aurait mérité mieux comme conclusion. A partir de ce moment, les Verts ont commencé à rater de plus en plus de passes, à moins préparer leurs attaques et à abuser de ballons en profondeur. D'ailleurs, entre cet exemple et l'exemple suivant, 74 minutes plus tard, l'ASSE a tiré seulement 3 fois (tête de Selnaes sur corner, centre raté de Ntep - compté comme tir - et un tir de loin du Norvégien). Pendant le même intervalle, Strasbourg a tiré 11 fois (trouvant le cadre et l'impeccable Ruffier 5 fois), dont 9 fois dans le jeu.
 
 
 

En fin de match

 
Le deuxième exemple commence comme le premier, avec M'Vila qui joue un coup franc pas loin de la ligne médiane :
 

Il cherche pendant quelques bonnes secondes un partenaire qui lui propose une solution, en vain. Subotic lui fait signe de jouer long, mais il préfère ne pas se débarrasser du ballon, alors il passe par Ruffier...


... et les Stéphanois font tourner le ballon dans la défense, tranquilles - Strasbourg n'effectuant pas de pressing haut à ce moment du match. KTC, Subotic, M'Vila... le ballon est envoyé au latéral gauche KMP :


Sans phase de préparation, sans appels, il n'y a pas de décalage créé. KMP lance Ntep plus haut dans le couloir gauche et l'ailier doit se débrouiller tout seul. Il choisit de revenir et de centrer...


... mais son centre est facilement dégagé par la défense. Comme Strasbourg défend bas, M'Vila n'a aucun problème à récupérer le ballon :


Il le donne à Selnaes, qui écarte du côté opposé, profitant de la monté de KTC. Les Verts ne se livrent pas :


Subotic, M'Vila et Selnaes restent à trois derrière pour surveiller l'avant-centre adverse. KTC monte avec le ballon et a devant lui les 6 offensifs stéphanois. Il réussi sa passe qui accompagne le très bon appel de Cabella, qui écarte avec Debuchy. Comme ils sont bien enfermés dans le couloir droit...


... le ballon est sorti via Cabella jusqu'à KTC...


... qui joue de nouveau avec Cabella, qui écarte enfin le jeu. Cette phase de possession a le mérite d'avoir attiré les adversaires à droite, même l'avant-centre est autour de Cabella, ce qui laisse du temps à Subotic pour préparer la suite dans le rond central :


Il ne passe pas par M'Vila, mais écarte directement avec KMP, qui joue en première intention avec Ntep et lui propose ensuite une solution dans son dos. Le changement de côté est rapide, le jeu à une touche de balle aussi, mais la défense n'est pas en déséquilibre pour autant :


KMP arrive lancé dans son couloir, Hamouma est seul dans l'axe de la défense, pendant que Debuchy est surveillé par le milieu latéral adverse sur le côté opposé. Et pourtant, quand le centre en retrait part...

 
... ce milieu n'a pas suivi, l'appel d'Hamouma concentre les deux défenseurs centraux et Debuchy surgit de derrière le latéral pour couper la trajectoire du ballon pile sur le point de penalty. C'est le seul qui a suivi cette action jusqu'au bout, qui y a cru - Bamba et Cabella ne se sont pas du tout projetés, restant loin de la surface, même Selnaes étant plus haut qu'eux.


 
 

Conclusions

 
Pour remettre les choses dans leur contexte, même si on est nombreux à critiquer la prestation des Verts contre Strasbourg, elle a quand-même été d'un niveau largement supérieur à celles proposées en fin d'année 2017. La barre est placée haut après les dernières sorties et probablement on verra de temps en temps des matchs où les Stéphanois seront un peu moins performants que leurs adversaires du jour. C'était un avertissement sans frais, le scénario parfait pour nous montrer que rien n'est acquis, tout en préservant, même améliorant, nos chances de finir européens à la fin de la saison. 

 

 

 

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