Avant de retrouver les Verts samedi soir à Ajaccio, Araujo Ilan a accepté de répondre aux questions potonautes. Un entretien en trois volets, voici le premier !


Olá Araujo !!! Pour commencer l'entretien, on voulait te faire réécouter un extrait de la super compilation que le potonaute Jolan42 t'avait consacré lorsque tu as quitté Sainté [On lui passe l'extrait ou le kop scande son nom après un but]. Est-ce que les clameurs du Chaudron te manquent, Ilan ? (Poteau gauche)

Bien sûr, bien sûr ! C’est quelque chose qui marque n’importe quel joueur. Jouer à Saint Etienne, c’est particulier dans le sens où l’on sait que les supporters sont des fanatiques, qu’ils sont toujours là. A chaque fois que j’ai marqué un but au stade Geoffroy-Guichard, ça m’a marqué l’esprit aussi.

J'ai le souvenir d'avoir lu, lors de ton arrivée à Saint-Etienne, que tu avais fait un passage à la bibliothèque afin de te documenter sur l'histoire de la ville et de la région. Avec ce genre de comportement, quand on connaît le rapport - en général - qu'entretiennent les footballeurs avec tout ce qui touche à la culture qui n'est pas de masse, ne crains-tu pas de passer pour un paria ? (deadken)

Non, je trouve que c’est quand même important de connaître l’histoire du club où tu as signé, de la ville où tu vis. A Sochaux, j’avais fait à peu près pareil ; j’avais visité même l’usine, j’avais demandé aux gens l’histoire du club – c’est un club très formateur qui a sorti de très bon joueurs. Je trouve que c’est normal de savoir ce qui s’est passé avant, ne serait-ce que pour pouvoir répondre aux questions des journalistes.

Au-delà de l'aspect historique/footballistique, du point de vue culturel par exemple, quels éléments t’ont marqué à Saint-Etienne et dans la région stéphanoise ? (poteau droit)

J’ai découvert pas mal de choses. J’ai habité juste à côté de Saint-Etienne, ma femme est de Saint-Etienne, ma fille est née à Saint-Etienne, j’ai quand même un lien assez important avec cette ville. C’est vrai que j’avais en tête surtout des images de la ville minière, d’il y a quelques années en arrière. Aujourd’hui, on voit (j’ai aussi habité en centre-ville) la différence et le progrès que la ville a fait.

Que retiens-tu de tes vertes années ? (Greenwood)

D’abord, d’avoir joué la Coupe d’Europe. C’était un de mes objectifs en venant à Saint-Etienne. Je me souviens d’un de mes premiers entretiens avec la presse, où j’avais affiché cet objectif de rejouer l’Europe, parce que je savais que Sainté avait pas mal de public qui attendait depuis 22 ans. On y est arrivé, et on a fait un très beau parcours.

La dernière année aussi, la même année que la Coupe d’Europe en fait, on n’était pas très bien en championnat. On arrive à se sauver lors de la dernière journée, et je faisais partie des joueurs qui ont contribué à sauver l’équipe. Même si c’était un chemin « dans le mauvais sens », on pourrait dire, ça reste un chemin qui crée des liens – et ça m’a marqué.

De nombreux supporters stéphanois gardent un souvenir ému de ton fameux but au Parc des Princes. On te livre quelques messages laissés par les potonautes. "J'étais au parc le jour de cette fameuse retournée acrobatique... Crois-moi je l'ai en mémoire pour longtemps... l'un des plus beaux inscrits par les Verts ces dernières années : Julien Sablé qui passe à Pascal Feindouno qui centre pour Bafé Gomis, qui te la remet de la tête... pour moi ce but, c'est tout un symbole... 4 joueurs emblématiques, 4 joueurs qui ont écrit de belles pages dans l'histoire du club" (Michon). "Quand j'ai la nostalgie des beaux jours je visionne ce fabuleux but contre le PSG, c'était géant !" (Sakura) "Encore merci pour ton retourné face à Paris !" (Ulysse42). C'est ton plus beau but ou tu en as un autre en tête ? (Greenwood)

Je ne sais pas si c’est le plus beau, mais c’est un des « plus bons » ! C’est un but chargé d’histoire et de bonnes choses, comme le dit l’un des internautes. C’est vrai que tous les joueurs qui ont mené cette action ne sont plus à l’ASSE, mais on a quand même un peu marqué l’histoire du club dans le bon sens. Ça fait toujours plaisir d’écouter des gens, même si on est plus là aujourd'hui, qui se souviennent de nous par rapport à ça. Ça reste une des marques que j’ai laissées à Saint-Etienne, et voir des gens, même parfois qui ne sont pas supporters du club, te croiser dans la rue et te dire « je me souviens de ton but »… ça n’a pas de prix !

Quelle est la plus grosse ambiance que tu aies pu connaître à Geoffroy-Guichard ? (Dagostino)

Les matches contre Marseille, par exemple, c’était bien. Il y a deux autres matches en particulier, qui m’ont marqué : le premier, c’est le dernier match de la saison 2009-2010 je crois [ndp2 : saison 2008-2009 en fait], contre Valenciennes, pour s’en sortir. On savait qu’une partie du public n’était pas contente, parce qu’on n’était pas très bien classé mais il y avait une grosse ambiance. L’autre, c’était contre Valence en Coupe d’Europe. Il neigeait un peu, mais comme le public est habitué à Sainté, c’était vraiment sympa ! On a mené au score, on a pu voir la fierté de Saint-Etienne d'avoir retrouvé cette compétition européenne. On sent que l’ambiance en Coupe d’Europe est un peu différente de celle du championnat : les gens viennent vraiment pour le plaisir de voir le match.

Que penses-tu de ton entente avec Frédéric Piquionne ? (riflebird)

Je garde des regrets de son départ, parce qu’on s’entendait très bien. Après, il a eu…pas un problème, mais une discussion avec la direction, il voulait partir… J’étais déçu, c’était ma première année ; c’est très rare de trouver quelqu’un de complémentaire immédiatement. On s’entendait très bien aussi en dehors du terrain.

En as-tu voulu à Fred Piquionne d'avoir forcé un départ à ce moment là de la saison, et quel était l'avis général du vestiaire par rapport à cette situation ? Soutenais-tu plus Piquionne, ou le club ? Etait-ce divisé ? (Diablo)

Je ne lui en ai pas du tout voulu. Je sais comment ça se passe dans le foot. Il avait une grosse opportunité de signer à Lyon, il avait 29 ou 30 ans : c’était le moment ou jamais de partir. C’est vrai qu’on faisait une bonne saison tous les deux, mais ce sont des opportunités qui ne se présentent pas deux fois. Il a pris la décision de partir, dommage que ça ait été au milieu de saison, mais j’étais de son côté. Je suis toujours du côté des joueurs.

C’est un discours qui tranche avec celui des supporters, qui considèrent ce genre de comportement comme une trahison. Comprends-tu leur raisonnement ? (José)

Non, et je ne comprends pas non plus la direction du club à ce moment-là. Si je me souviens bien, il avait demandé une augmentation pour rester au moins jusqu’à la fin de saison. Ils n’ont pas voulu la lui donner, donc…On ne peut pas empêcher un joueur de partir en sachant qu’il a une grosse offre juste à côté. On ne peut pas le bloquer, ça ne se fait pas.

A cette occasion, Roland Romeyer avait lancé son fameux : "C'est ferme et irrévocable". Quels sont aujourd'hui tes relations avec lui ? (Aloisio)

Je suis resté en bons termes avec lui, mais aussi avec tout le monde là-bas. Quand je suis revenu en France, j’ai eu une discussion avec lui, il n’y a aucun souci. Je me suis toujours bien entendu avec lui. Dans le foot, il y a des hauts et il y a des bas. Lui c’était le président, il dirigeait le club ; parfois les rapports se rapprochent, parfois ils s’éloignent un peu, mais je suis resté toujours en bon lien avec lui et avec tout le monde à Sainté.


Trouves-tu que le club aujourd’hui semble bien géré, va dans le bon sens depuis ton départ ? (Barre transversale)

Je crois que oui, parce qu’aujourd’hui, ils sont mieux classés, ils sont constants. Après, je ne suis pas dans le club pour savoir ce qu’il s’y passe, mais c’est surtout par rapport aux résultats qu’on voit les choses. Aujourd’hui, les résultats sont quand même là.

Parle-nous un peu de ton entente avec Gomis ? (old side) Est-ce que ça été plus dur de trouver une complémentarité avec Gomis qu’avec Piquionne ? (Aloisio)

Ce n’était pas compliqué avec Bafé ; il fallait qu’on s’adapte l’un à l’autre, ça a pris un peu plus de temps. Mais si on regarde les chiffres, quand on jouait ensemble, on a toujours marqué, on s’est toujours fait des passes décisives. L’association avec Piquionne a marché plus rapidement. Mais en fin de compte, je crois qu’on a marqué plus de buts avec Gomis qu’avec Piquionne. C’était vraiment sympa de jouer avec Bafé.

Quel est le joueur le plus talentueux que tu aies côtoyé à l'ASSE ? (Mick)

Y en a plein ! Je ne vais pas en citer un. Au niveau offensif, on a eu des très bons joueurs, Bafé, Piquionne, Feindouno…Ils ne sont plus là, mais ils ont laissé des marques dans le club, ça montre la qualité.

Quel est le meilleur entraîneur que tu aies connu à Sainté ? Rappelons que tu en as connus quatre lors de tes trois ans et demi en vert : Hasek, Roussey, Perrin et Galtier. (José)

C’est dur de répondre à ce genre de questions ! Chaque personne est différente ; il faut s’adapter à la manière de travailler d’un entraîneur. Je me suis toujours bien entendu avec tout le monde, même avec Laurent Roussey, qui ne m’a pas trop fait jouer en début de saison. Je comprenais ce qu’il voulait faire. C’est à l’entraîneur de choisir les joueurs qui sont meilleurs sur le moment. Je ne suis jamais content d’être sur le banc, mais c’est le choix de l’entraîneur, et je le respecte.

Sur une échelle de 1 à 10, si le 1 représente Marcin Kuzba et le 10 Zinédine Zidane, où placerais-tu Feindouno ? (Mick) Et toi, où te placerais-tu ? (Mick)

Je le noterais 7. C’est un joueur qui a beaucoup de qualités, il y avait un génie en lui, après…Parfois il avait de l’envie, parfois il en avait pas trop ; mais on ne peut pas…sur le terrain, il était toujours présent, parfois magique. Il avait un potentiel énorme, il aurait pu faire plus que ça, dommage qu’il n’ait pas pris le bon chemin. Ce n’est pas à moi de me noter, c’est aux gens de le faire !

 

Le premier volet de cet entretien a été retranscrit par Olaf. Merci à lui !