18 juin 1977, ASSE-Reims : dernières bulles !
En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée. Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).
18 juin1977 : ASSE 2-1 Reims
Si on avait dit aux supporters venus en mai 1968 aider les Verts à décrocher leur 2ème coupe contre Bordeaux qu’ils remonteraient à Paris encore quatre fois en neuf ans pour revenir à Châteaucreux à chaque fois le sourire niais et les yeux fatigués de ceux qui ont arrosé comme il se doit un triomphe, ils ne l’auraient pas cru.
Si on avait dit aux supporters venus à Paris le 18 juin 1977 chercher une 6ème coupe de France que ce serait la dernière du siècle, et que sa petite sœur se ferait toujours attendre alors que le suivant est sérieusement entamé, ils ne l’auraient pas cru non plus.
Comme quoi le supporter de foot, le vert en particulier, devrait apprendre à se méfier.
Elle sent bon l’affiche d’antan, les ballons en vrai cuir, les équipes de légende et l’ORTF cette finale de 1977. En face c’est Reims. Ca ne pétille plus guère, mais c’est Reims quand même.
A Sainté non plus ça ne pétille plus trop. La nuit est tombée brutalement un soir d’enterrement, en grande pompe certes, à Anfield. Y a eu cette mine improbable de Babatte, et puis, la chute, le clap de fin de cette somptueuse trilogie 74-75-76. Trois titres de champion de France, deux coupes de France, une finale, une demi, et un quart de C1.
Comment amortir une chute, quand on tombe de si haut ? En gagnant un dernier titre, comme la dernière signature d’un collectif incomparable.
Ca ne s’annonce pas simple. Cinquièmes d’un championnat archi-dominé par Nantes, les Verts ont certes eu le bon goût de finir juste devant les Vilains, sixièmes. Ouf … Mais ils ont fait nul à l’aller comme au retour face à des Rémois qui ont pourtant fini dans le ventre mou, à une anonyme onzième place.
Le onze aligné par le Sphinx a de l’allure, toujours la même familière et rassurante allure : Lopez et Piazza bien entendu en défense centrale protègent les buts de l’éternel Curko. Farison et Merchadier sur les côtés, au milieu Bathenay associé à Santini et Janvion. Et devant Rocheteau et les frères Revelli.
Par rapport à la finale de 75, seuls Synaeghel, Larqué et Sarramagna sont sortis du onze de départ. Au-delà du titre, l’enjeu c’est la qualif européenne. L’ASSE ne cracherait pas sur une Coupe des Coupes, ils ne l’ont disputée qu’une seule fois, en 1962, et n’y ont guère brillé (éliminés par Nuremberg en 1/8è après avoir sorti le Vitoria Setubal).
Alors même sur les rotules, l’équipe s’arrache, c’est vraiment le terme, et finit par l’emporter alors que tout semblait perdu. Pourtant les Verts ont archi-dominé la première mais la frappe de Merchadier n’a fait que lécher la barre et les très nombreux coups francs ont surtout fait briller le gardien champenois et montré l’imprécision du jeu de tête de Merchadier ou Janvion. En deuxième, rien ne semble devoir changer, Lopez tire sur le gardien, Patrick Revelli loupe le cadre de la tête… A l’heure de jeu, Reims sort enfin, le contre est rapide, l’ouverture en profondeur est parfaite, le centre en retrait également… Menés contre le cours du jeu les Verts accentuent la pression. Rocheteau met le feu sur l’aile gauche, et Curko par une rapide sortie gagne un face à face qui aurait pu nous être fatal. Et puis enfin Hervé Revelli égalise sur un ballon mal dégagé. Enfin... croit égaliser. Après de longs palabres, le but est inexplicablement annulé après intervention du juge de touche. Mais les Rémois, 23 ans avant l’Italie, vont apprendre à reboucher leurs bouteilles de champagne. L’arbitre accorde en effet un pénal généreux en forme de compensation à Sainté, et Bathenay d’une frappe que ne renierait pas José Aloisio égalise à la 83eme . Et puis quatre minutes plus tard, sur un corner de Farison, Merchadier s’élève haut et d’une tête piquée emporte tout, le cuir et avec lui les illusions rémoises.
Curko, capitaine d’un soir, peut monter dans la tribune recevoir la Coupe, avant un tour d’honneur où joueurs et supporters mêlés savourent cette histoire d’amour qu’ils croient encore éternelle entre l’ASSE et dame Coupe.
Auparavant …
Auparavant, les Verts sortent gentiment Alès (division 3) au premier tour 2-0 puis Auxerre (alors en d2) 3-1 à GG après un nul 0-0 à l’Abbé Deschamps en 1/16è de finale.
Le 1/8è de finale face à Rouen (d2 également) sera du même tonneau : nul à l’aller (0-0) et victoire maîtrisée au retour dans le Chaudron (2-0).
En quart, l’adversaire est plus huppé, mais la méthode ne change pas : nul à Sochaux (1-1), et victoire à GG au retour (3-1).
En demi, c’est un sommet, un pic, un cap, que dis-je un cap, c’est une page éternelle qu’écrivent les Verts. Malmenés, humiliés, baladés, ça sent vraiment le (marcel) sapin en revenant de Nantes avec une valise, 0-3 comme en championnat. S’ils n’ont pas vu le jour là-bas, les hommes du Sphinx vont rappeler aux Canaris qui c’est Raoul au retour. C’est pas le coup de Trafalgar qu’ils préparent, c’est le coup de Split qu’ils cogitent ! GG est en feu et les trois buts d’écart sont vite consumés. La prolong s’offre alors comme la certitude d’un triomphe, la bête est blessée, reste juste à l’achever. Mais un coup franc d’Henri Michel plombe l’ambiance. A 3-1, l’affaire semble soudain pliée. D’autant que les Canaris tiennent, tiennent…. jusqu’à l’improbable et ce bout du bout de la prolongation, ces deux buts salvateurs de Sarramagna (115è) et Hervé Revelli (119è). 5-1, le voilà le coup de Split pour cette finale avant la lettre !