Les Verts repartent du Stade du Hainaut avec 3 points précieux dans la course àl’Europe. Un match atypique àplus d’un titre : à11 contre 10 d’entrée de jeu, puis à10 contre 10, les Verts vont expérimenter trois systèmes de jeu différents et souffrir avant de retourner une situation bien mal engagée… Analyse du match aux 6 poteaux, dont deux àmettre àl’actif de notre spécialiste maison.
L’équipe…
…ou plutôt les équipes. Car Saint-Etienne a joué au moins dans 3 configurations différentes samedi soir.
1- L’équipe au coup d’envoi
Côté défense, du classique : les quatre même que la semaine passée, avec comme possibilités d’apports offensifs les montées des latéraux et les longues ouvertures de Mignot.
Au milieu, première surprise : sur le flanc droit, Gradel laisse sa place à Brison, pourtant spécialiste du côté gauche. Est-ce parce que Brison a un profil plus proche de Nicolita, c'est-à -dire joueur de couloir travailleur et combatif ? Quoi qu’il en soit, l’animation offensive stéphanoise sera bien asymétrique : Sako à gauche jouera beaucoup plus haut que Brison à droite (alors que l’avant-centre gauche aura tendance à décrocher et l’AC droit à rester bien en pointe), et il n'y aura aucune permutation. Clément passera quant à lui moins de temps au niveau de la charnière centrale et participera plus au jeu offensif que lors des deux dernières sorties des Verts.
Devant : Sinama Pongolle récupère une place de titulaire à la place de Batlles. On n’est pas totalement dans du poste pour poste : si en début de match FSP joue effectivement en soutien d’Aubameyang, les deux pointes échangeront leur rôle, mais aussi de côté, autour de la 20è minute.
2- Les Verts à 10
L’expulsion de Mignot change logiquement la donne. Dans un premier temps Guilavogui dépannera dans l’axe de la défense et Brison abandonnera le côté droit délaissé (mais il l’était aussi alors par les attaquants de Valenciennes) pour apporter du soutien à Clément. A la rentrée de Marchal (à la place de Brison), se met en place un 4-4-1 avec Aubame ailier droit et FSP avant-centre, qui essaie d’être très mobile. En phase offensive, ce 4-4-1 se transforme en 2-4-3 : l’équipe reste organisée autour d’un bloc axial Zouma-Marchal / Clément-Guilavogui autour duquel les joueurs de couloir font piston.
3- Les Verts à 10 avec Batlles
Même topo, mais Batlles entre à la place de FSP poste pour poste : avant-centre. Cependant, Papy va encourager les permutations, ce qui permettra entre autres à PEA de récupérer l’axe de temps en temps. Ce sont ces permutations, et la maîtrise technique de Batlles, qui seront à l’origine des deux buts.
Le déroulement
Valenciennes part avec de bonnes intentions : hauts sur le terrain et combatifs, dans un 4-2-3-1 où Cohade se montre tout de suite très mobile sur la largeur du terrain, tandis que les ailiers Danic et Kadir permuteront tout au long de la rencontre. A l’image des Verts, les Nordistes sont très engagés dans le pressing. Trop même : dès la 2è minute de jeu, Sanchez commet une faute grave sur Lemoine blessé (remplacé poste pour poste par Guilavogui) et est renvoyé aux vestiaires.
La réorganisation de VA se fait naturellement, sans remplacement. Cohade descend d’un cran au niveau de Rémi Gomis, et apparait alors un 4-4-1 solide, avec des latéraux participant peu au jeu offensif. Sans se démonter, les joueurs de Daniel Sanchez vont réagir sereinement, tentant de conserver le ballon et d’endormir les Verts sans trop reculer. On peut remarquer l’intelligence collective de cette équipe : en phase offensive, les attaquants de Valenciennes vont se consacrer à un seul côté, le plus souvent l’aile gauche de la défense stéphanoise. En se concentrant ainsi sur les 2/3 du terrain, ils gardent la même densité de joueurs que s’ils jouaient à 11. Le risque pour eux, c’est une contre-attaque rapide sur le côté déserté ; mais ce côté est celui de Brison et Ebondo, qui ne sont pas les contre-attaquants les plus rapides de Saint-Etienne et de toute façon ce risque est limité par la prudence des latéraux. En fait, deux fois seulement, à la 17’ et à la 20’, les Verts profiteront de cette faiblesse, mais sans résultat.
Les Verts semblent avoir un peu de mal à intégrer cette supériorité numérique : en effet, les premières minutes ressemblent plutôt à une tactique de rugby : une longue ouverture dans le camp adverse (de Mignot par exemple), une lutte pour essayer de gagner le duel aérien, puis pressing immédiat en espérant récupérer le plus haut possible pour se projeter vers l’avant. Ca ne marche pas vraiment, d’autant qu’il y a en ce début de match beaucoup de passes ratées, et aucun espace pour les latéraux. La défense valenciennoise étant symétrique à l’attaque stéphanoise, il n’y a que par des duels que des espaces se créent : la belle occasion d’Aubame à la 8è est la résultante de trois duels consécutifs (2 de la tête, 1 à la course) gagné par ses coéquipiers. Autour de la 20è minute, Sainté semble être capable de prendre le match à son compte, avec une période de monopolisation du ballon et quelques combinaisons intéressantes au milieu…mais ça ne dure pas, et l’équipe piétine.
Juste après la demi-heure de jeu, Penneteau effectue un long renvoi aux 5,5m, Aboubakar bat Zouma dans le duel à la retombée du ballon. Derrière, Ebondo, qui a récupéré le ballon, est très imprécis dans sa passe. Kadir, l’ailier droit très proche de l’axe (on retrouve le système offensif de VA depuis l’expulsion : se concentrer sur la même zone de jeu) est à l’affût ; Mignot le sèche et se fait logiquement exclure. 1 carton rouge partout. Le coup-franc qui suit est repoussé difficilement par Ruffier ; le grand chelem faillit être complet !
A 10, les Verts sont contraints de se réorganiser, mais Valenciennes pousse : on est pas loin d’un pénalty à la 37’ à la suite d’un duel Danic/Guilavogui. L’entrée de Marchal à la 39è stabilise tout ça ; la mi-temps arrive sans autre fait notable.
Les Verts reviennent des vestiaires avec une évidente volonté de bien faire : dès la 46’, Sako va ainsi faire un sprint de 60m pour récupérer un ballon qu’il avait perdu. Si les deux équipes jouent dorénavant en 4-4-1, leur animation est très différente. Valenciennes en effet occupe à nouveau toute la largeur du terrain quand elle attaque ; les latéraux participent beaucoup plus au jeu offensif. Un des milieux axiaux, le plus souvent Gomis, monte en soutien de l’attaquant de pointe, tandis que Cohade distribue le jeu d’assez bas, « alla Pirlo ». Les 3 joueurs offensifs permutent tout le temps. Par moment, c’est même en 3-3-3 que les Hennuyers partent à l’assaut du but de Ruffier !
Cette organisation prend les Verts par surprise, qui mettront dix minutes à s’y habituer pour enfin mettre le pied sur le ballon et dicter temporairement leur rythme. On se retrouve alors dans une situation bloquée, où les un contre un se multiplient. Le surnombre pourrait être apporté par les défenseurs centraux : Gil s’y essaye une ou deux fois, mais sans conviction. Il faut dire qu’au petit jeu de l’engagement, les Valenciennois prennent petit à petit le dessus. L’ouverture du score à la 69’, magnifique, est aussi logique : VA en veut plus, et en peut plus que les Verts. Dans la foulée, sur une interception au milieu du terrain, Aboubakar frappe la barre. Galette a dû le sentir venir : en effet, avant même ces deux occasions, en faisant rentrer Batlles à la 67’, il prend le pari d’apporter de la variété au jeu offensif stéphanois. Un peu tard ?
Après ce temps fort valenciennois, il va y avoir quelques minutes de flottement : Sainté peine à réagir ; Danic, très actif est remplacé ; Cohade se blesse…C’est au cours de cette sorte de temps mort que les Verts égalisent sur leur première occasion de la seconde période. VA ne marque pas le coup et reprend le jeu à son compte ; et pourtant, sur une contre-attaque, moins de 5 minutes plus tard les Verts prennent l’avantage. Sur les deux buts, Batlles est décisif, par ses déplacements et sa vista.
Le match s’emballe alors pour de bon : les joueurs sont fatigués, les Verts quadrillent le terrain et Valenciennes joue maintenant à 3 avants-centres. Pujol trouve le poteau à la 79’, occasion créée après un duel perdu au milieu de terrain et un mauvais alignement de la défense stéphanoise. A la 87è, c’est sur coup de pied arrêté que la barre sauvera Ruffier. A l’opposé, Sako aura trois occasions énormes de marquer sur contre : si sa reprise de volée après l'amour de transversale de Batlles (82’) est superbe et aurait mérité de rentrer, ses duels perdus à la 90+1 et à la 90+3 sont plus dommageables. Mais bon, l’essentiel est là : 3 points.
Les buts
1-0 ABOUBAKAR 69’
Récupération de Valenciennes sur la ligne médiane ; passe rapide à Gomis qui gagne son duel au milieu. Derrière, combinaison en triangle sur le côté gauche de la défense stéphanoise, Cohade lève la tête et transmet à Danic, qui a su se positionner entre les lignes, là où Ebondo n’a pas osé le suivre. Danic lève la tête : Marchal fait un pas en avant et met Aboubakar hors-jeu, mais la passe est pour Kadir qui est parti dans le dos de l’autre côté. Kadir intelligent centre au deuxième poteau pour Aboubakar revenu en jeu ; Marchal n’a pas le temps d’intervenir. 8 passes, maximum deux touches de balle à chaque relais, des déplacements excellents (Aboubakar est en relais au premier poteau avant de se retrouver seul au deuxième dix secondes plus tard ; et que dire de l’appel de Kadir !), de l’engagement, une excellente vision du jeu…Un but magnifique.
1-1 AUBAMEYANG 73’
Les Verts poussent le principe de la permutation à son paroxysme : soit un triangle BAE. B est avant-centre, A est ailier droit, E est latéral droit. Imprimez-lui une rotation de 120° dans le sens inverse des aiguilles d’une montre : A devient avant-centre, E ailier droit et B latéral droit. Faites voyager le ballon selon un premier vecteur BE et un second EA, remplacez B par Batlles, E par Ebondo et A par Aubameyang ; ajoutez enfin un Bong trop juste et vous avez l’égalisation des Verts. Efficace.
1-2 SAKO 77’
Marchal récupère, Zouma relance, Sako porte le ballon sur 30 bons mètres en résistant à la charge de Mater, puis transmet à Guilavogui. Ce dernier ouvre au petit bonheur la chance pour PEA, tout heureux de voir la défense centrale valenciennoise lui redonner le ballon. Transmission immédiate à Batlles qui trouve le poteau ; Sako démarre plus vite que Mater et marque le but de la victoire. Ah oui, vous avez remarqué : Aubame et Batlles ont encore permuté.
Divers
Guilavogui 16’ ; Ebondo 33’ ; Guilavogui 54’ ; Marchal 70’…les passes ratées plein axe interceptées dans notre camp ont été un peu trop nombreuses à mon goût ce week-end
Olaf