Retranscrit ci-après par pitchdobrasil, le deuxième volet de l'entretien que Christophe Galtier nous a accordé au Grau-du-Roi peut aussi ÃƒÂªtre écouté dans la potothèque. A chacun sa façon de savourer notre Galette !


Se voir proposer une prolongation de seulement trois ans, n'est-ce pas un signe de défiance des dirigeants quand on pense que les Arsène Wenger, Robby ou Sir Alex Ferguson ont ou ont eu des contrats à vie ou des contrats de dix ans proposés ?

Premièrement, je ne suis ni Arsène Wenger ni Sir Alex Ferguson. J'essaie de me souvenir lors des trois ou quatre dernières saisons à combien d'entraîneurs ont a proposé une prolongation de trois saisons. Je ne pense pas en connaître. C'est un signe de confiance de la part des dirigeants qui m'a beaucoup touché. Si je vais au bout de ces trois ans, ça fera plus de cinq ans et demie au club, ça sera déjà pas mal. Je suis pour travailler dans la continuité, pour essayer de pérenniser dans certains secteurs et aussi s'améliorer. C'est un signe fort de la part du club, mais je peux vous dire que c'est un signe fort de ma part de vouloir m'inscrire dans un vrai projet.

Maintenant que tu as prolongé, les supporters se demandent si on te parlait avec l'accent stéphanois.

Mon adjoint Alain Blachon me sort souvent des blagues en patois…

Tu t'es mis au parler gaga toi-même ?

Non, quelques expressions… le parler quoi ?

Le parler gaga.

Ah oui, le parler gaga. "Gaga", ça se dit chez nous. Un gaga, c'est un fou. Mais je suis encore très très loin de parler gaga.

Comptes-tu enfin expliquer aux Marseillais, que si on voit les 1 000 mètres de la Canebière depuis la Lune, on voit les 7 000 mètres de notre Grand'Rue depuis Mars ?

(Sourire) Je ne vais rien expliquer aux Marseillais. Je ne savais même pas que l'on voyait la Canebière de la Lune. Elle est bizarre cette question.

Elle est bizarre, oui. Mais tu verras qu'il y en a d'autres...

Ah !

Est-il vrai que tu ne t'attendais pas à une prolongation de trois ans de la part des dirigeants ? Quelles étaient tes exigences pour rester Vert ?

Des exigences ? Je n'avais aucune exigence. C'est le club qui a fait cette proposition-là qui a été très rapidement validée. Après, il y avait quelques détails à régler mais il n'y a donc pas eu de discussion sur la durée puisque le club a souhaité m'engager pour trois ans et il a fallu trente secondes pour trouver un accord financier.

Si Aulas, en catimini, t'avait déjà proposé le poste occupé par Claude Puel pour la saison prochaine, aurais-tu entamé les discussions de prolongation avec l'ASSE ?

Je ne pense pas que ça aurait changé la donne, dans le sens où je suis quand même quelqu'un de reconnaissant et je sais qui m'a donné l'opportunité de démarrer ma carrière d'entraîneur principal. Entre parenthèse, sur les résultats des six mois de la deuxième partie de saison, j'ai renvoyé l'ascenseur de ce côté-là, en sauvant une situation très difficile, mais je n'y aurais pas réfléchi.

Tu as connu dans un passé assez récent le club de la banlieue. En termes d'infrastructures, de conditions de travail pour les coachs, de professionnalisme, d'exigences vis à vis des joueurs, l'ASSE a-t-elle beaucoup à envier aux Vilains ?

Moi, je ne peux pas les appeler les Vilains. J'ai beaucoup trop de respect pour ce club-là et ses dirigeants. Deuxièmement, en terme d'infrastructures, l'AS Saint-Etienne n'a rien à envier à Lyon. Tant que le grand stade et le projet OL Land ne sortira pas, Saint-Etienne n'aura rien à envier : Geoffroy-Guichard, le Chaudron, c'est quelque chose de magique. C'est un beau stade, qui va être rénové et remis au goût du jour. Le camp d'entraînement de L'Etrat est un très bel outil de travail.
Après, il faut de la stabilité et c'est ce qu'à su faire Lyon pendant ces dix-douze saisons où elle a amené une certaine confiance dans le travail, une certaine confiance envers les personnes et ça a donné les résultats que ça a donné… La stabilité est la clé. Ne pas trembler au moindre soubresaut, ne pas créer des crises parce qu'il y a deux, trois, quatre ou cinq mauvais résultats : il y a à avoir une analyse juste d'une situation, du travail fourni par les uns et par les autres. Faire preuve de discernement dans le jugement, ça, c'est une qualité du voisin. La preuve en est, cette saison, dans une période difficile, l'entraîneur a été maintenu et il est sur une série de douze matchs d'invincibilité.

Ce nouveau contrat signé sur trois ans va-t-il changer ta manière de travailler au sein du club ? Envisages-tu, sur cette durée, un vrai travail en profondeur notamment avec les jeunes (par exemple, mettre en place des systèmes de jeu communs à l'ensemble des équipes du club) ?

Il y aura un travail de fond, point à la ligne.

On sait que u vas voir la CFA, et les jeunes sont impliqués. En clair, s'ils ont de la qualité, ils ont leur chance. Si tu étais "riche" pour recruter, agirais-tu de la même manière, est-ce par la force des choses ou est-ce ta conception du foot ?

Les deux. C'est ma conception. Ensuite, on est dans une obligation, actuellement, à l'AS Saint-Etienne. Effectivement, quand on n'a pas l'argent, il faut avoir des idées. Ça fait travailler les méninges et il faut, là, avoir de la réflexion. Il faut faire des recrutements malins mais pour aussi aller voir ce qui se passe au niveau de notre formation, je pense que l'ASSE doit être l'un des meilleurs centres de France. On doit avoir des jeunes issus du cru et si l'AS Saint-Etienne était "milliardaire", j'aurais la même idée, la même conception, mais nos jeunes seraient encadrés par des joueurs peut-être supérieurs en terme de qualité. Il y a aussi l'équilibre d'un effectif où je pense qu'il faut de toute façon 33% de joueurs avec beaucoup d'expérience, des trentenaires... Un tiers jeune, un tiers moins jeune, un tiers avec beaucoup d'expérience.

Parmi les jeunes du groupe actuel (Saadi, Ghoulam, Néry, Guilavogui) lequel te semble avoir le plus de potentiel ?

Ce n'est pas en terme de potentiel. Josua a un peu d'avance puisqu'il a participé déjà l'année dernière aux entraînements, à partir de janvier quand j'ai pris l'intégralité de l'équipe. Il a su saisir sa chance quand je l'ai fait jouer. Il a un temps d'avance, mais ce n'est pas en terme de qualité, de potentiel. C'est simplement qu'il a démarré avant. Et les autres sont en gros progrès.

Pour ce qui est des autres, on sait que Néry a signé pro. En revanche, pour Faouzi Ghoulam qui est en dernière année de contrat, une décision va-t-elle être prise prochainement ? Si oui, une orientation se dégage-t-elle ?

Il nous faut encore un peu de temps pour tout analyser. Il faut voir aussi comment le joueur évolue, mais, il n'y a pas si longtemps, j'ai déjà rencontré des membres de sa famille et ses conseils. Une décision devrait être prise en février, mars.

Par rapport à Saadi et Cros qui ne sont pas en fin de contrat, j'imagine que la problématique est un petit peu différente et que tu te laisses plus de temps pour les faire passer pro le cas échéant.

Ils ne sont pas en fin de contrat mais on étudie toutes les possibilités. Ce sont des jeunes qui doivent encore beaucoup, beaucoup travailler, qui sont très réceptifs au travail, qui doivent à mon avis avoir une charge de travail supplémentaire. C'est une autre réflexion sur laquelle nous sommes. Mais il n'y a pas trop de soucis les concernant.