Entraîneur des U17 nationaux du FC Metz et ex-coéquipier d'Anthony Modeste à Bastia, Sylvain Marchal s'est confié à Poteaux Carrés avant le match qui opposera les Verts aux Grenats ce dimanche après-midi à Geoffroy-Guichard.
Comment vis-tu ton métier t’entraîneur cette saison très particulière du fait du contexte sanitaire ?
On est en perpétuelle adaptation. Le métier d’entraîneur, c’est s’adapter. On est vraiment dedans. On s’adapte aux cas Covid, à la possibilité de s’entraîner ou pas. On est quand même privilégiés car on a la chance contrairement à ce qui se passe dans d’autres professions de pouvoir maintenir une activité, de pourvoir jouer au foot, tout simplement. On essaye de rester positif.
Tant que ce n'est pas au Covid ! Comment fais-tu pour faire en sorte que tes garçons restent mobilisés alors qu’ils sont privés de compétions depuis plus de trois mois ?
Entre centres de formations, on organise des matches amicaux. On a d’ailleurs affronté Saint-Etienne il y a quinze jours ou trois semaines. On a gagné 3-1 contre l’équipe de Pat‘ Moreau, qui a joué une saison avec moi au FC Metz il y a une vingtaine d’années [Abderraouf Guechi a marqué l’unique but stéphanois d’un joli lob, ndp2]. On a joué à Vaux-sous-Aubigny, près de ma ville natale Langres, en Haute-Marne.
On arrive quand même à s’entraîner quasi-correctement. Mais la difficulté, c’est que tu n’as pas le championnat, tu n’as pas la perspective qu’il reprenne. Dès qu’on a quelques cas positifs, tu n’as plus l’effectif. On est testé toutes les semaines. Comparés à d’autres centres de formation, nous avons la chance d’avoir très peu été touchés même si on a eu deux cas récemment.
Sans match officiel, c’est plus compliqué de trancher sur le sort des joueurs ?
Certes la compétition s’est arrêtée il y a longtemps mais les matches amicaux qu’on organise permettent d’évaluer les garçons. On est très attentif aussi à la qualité de leurs entraînements. Ils ne peuvent plus jouer en championnat mais on arrive quand même à les jauger.
Dans ma catégorie des U17, on est sur des joueurs jeunes engagés pour la plupart sur trois ans, il n’y a pas d’urgence absolue à prendre des décisions. La situation est plus embêtante pour les plus vieux, ceux pour lesquels une décision doit être prise quant à la signature d’un contrat pro.
C’est à l’âge de 19 ans qu’Anthony Modeste a signé son premier contrat pro dans son club formateur, à l’OGC Nice où un certain Frédéric Antonetti l’a lancé en L1. Tu as évolué la saison 2012-2013 à Bastia aux côtés du nouvel attaquant des Verts. Il avait fini à l’époque 5e meilleur buteur du championnat ex aequo avec Ben Yedder derrière Ibra, Cvitanich, Aubame et Bafé.
C’est parce qu’il avait de bons défenseurs qui lui faisaient des bonnes passes, c’est pour ça ! (rires) Plus sérieusement, c’est vrai qu’il avait fait une belle saison. Antho, c’est quelqu’un pour qui j’ai de l'affection. On a passé pas mal de temps ensemble à l’hôtel, on est arrivé en même temps, du coup on a créé des liens. Lui sortait d’un prêt compliqué à Blackburn et était de nouveau prêté par Bordeaux, moi j’arrivais de Sainté où je venais de jouer deux saisons.
Il a fait une très belle saison. C’était vraiment un bon point d’appui, il avait cette capacité à garder le ballon et il avait montré toute son adresse devant le but, tu viens de rappeler ses bonnes stats. Antho est quelqu’un qui a besoin de se sentir en confiance, à Bastia il a trouvé un contexte favorable. Il se sentait bien, a joué beaucoup de matches. C’est un grand gabarit, il a besoin d’enchaîner, de se sentir bien physiquement.
Quelles sont ses principales qualités à tes yeux ?
Antho est grand, il est costaud. Dos au jeu, il sert de point de fixation. Je me souviens qu’il avait aussi la capacité à prendre la profondeur. Ce n’est pas forcément un joueur explosif sur les premiers mètres mais il est assez puissant quand il est lancé. J’ai le souvenir aussi d’un garçon adroit dans la surface. Antho aime marquer des buts. Il en avait mis beaucoup auparavant avec Angers, il a beaucoup planté avec nous à Bastia et il a confirmé toutes ses qualités de buteurs pendant plusieurs saisons en Bundesliga. J’espère qu’il en fera de même sous le maillot vert, si possible à compter de la semaine prochaine (rires).
À Sainté, Antho a retrouvé Julien Sablé et Wahbi Khazri, sachant qu’Ilan faisait aussi partie de ton équipe bastiaise à l’époque.
C’est vrai qu’on avait une équipe sympa avec trois anciens Verts et deux qui le sont donc devenu par la suite. J’ai vu que Wahbi a fait une bonne entrée en jeu lors du dernier match des Verts contre Nantes. C’est intéressant de le revoir jouer avec Antho. Ce sont de bons joueurs qui peuvent être complémentaires.
Antho est une bonne pioche pour les Verts ?
Il faut voir où Antho en est athlétiquement mais les qualités de footballeur, ils les a. Je pense qu’il peut apporter une vraie plus-value à cette équipe stéphanoise. Même s’il a peu joué cette saison, c’est un garçon qui était quand même actif et qui était quand même dans le rythme de la compétition. Il est disponible de suite, c’est un buteur, il connaît la Ligue 1, il a vadrouillé. Il faudra bien l’utiliser, le mettre en confiance. Je pense donc que c’est une bonne pioche.
Comment le définirais-tu humainement ?
Antho est quelqu’un qui a du caractère, de la personnalité. J’aime sa générosité, sur le terrain comme en dehors. Ce n’est pas un gars qui attend la balle sans bouger, il fait des efforts défensifs. C’est un attaquant assez complet. Antho est quelqu’un qui est agréable dans un groupe, qui ne pose pas de souci. Je suis convaincu qu’il va très vite s’adapter à son nouvel environnement stéphanois. Antho a besoin de confiance, comme tous les attaquants. Je pense qu’il aura besoin d’enchaîner les matches pour retrouver toutes ses sensations et donner sa pleine mesure.
Sainté en aura bien besoin pour assurer sans trop trembler le maintien. T’attendais-tu à voir les Verts dans une situation aussi délicate à ce stade de la saison ? 23 points en 23 matches, c’est chiche…
C’est vrai que Sainté vit à nouveau une saison compliquée. Les Verts ont malgré tout 8 points d’avance sur les deux relégables, c’est quand même un écart conséquent ! Mais c’est vrai que leur marge sur le barragiste est moins grande. Les Verts sont le démarrage d’un nouveau cycle, forcément, ce n’est pas facile. T’as des joueurs plutôt sur la fin, pas mal de très jeunes joueurs a priori prometteurs mais qui doivent aussi prouver. Il faut mettre en mayonnaise tout ça.
Le coach est arrivé en cours de saison dernière, ça ne fait pas longtemps qu’il est là. Il faut du temps pour mettre tout ça en piste. On va dire que c’est une saison de transition. Il faut que les Verts la passent la moins mal possible. C’est plutôt la saison prochaine qu’il faudra juger cette équipe à mon avis.
Avant leur confrontation de ce dimanche, les Verts comptent 12 points de retard sur les Grenats. Quelles sont les principales forces du FC Metz cette saison ?
On a une vraie force défensive. On a la 4e défense de L1 derrière Paris, Lille et Lyon [Sainté, 14e dans ce domaine, a encaissé 15 buts de plus que les Grenats, ndp2]. On a une vraie force de vitesse et de puissance chez l’ensemble de nos joueurs. On a une équipe bien préparée athlétiquement avec des joueurs relativement jeunes et qui ont la capacité à courir, à répéter les efforts et à être performants.
On a une équipe qui est en confiance, avec des joueurs qui se révèlent offensivement. On est dans une bonne dynamique. Frédéric Antonetti arrive à faire progresser ses joueurs, il a bien sûr un e part importante dans la bonne saison actuelle du FC Metz. On a des joueurs capables de se projeter vers l’avant et un Farid Boulaya très influent, c’est un petit peu notre joueur « plus ».
Vous avez aussi le très jeune et prometteur Pape Matar Sarr, en pleine bourre actuellement !
C’est vrai que ce joueur de 18 ans est très intéressant, je pense qu’il a un bel avenir devant lui. Bien sûr vu son jeune âge il devra confirmer, il aura certainement des périodes un peu plus compliquées. Mais c’est vrai qu’en ce moment il est dans une bonne spirale. Il a marqué de jolis buts lors de nos deux derniers matches, que ce soit à Brest ou à Saint-Symphorien contre Montpellier. C’est un joueur qui a à la fois des qualités athlétiques et des qualités techniques de vision et de finition. C’est un futur bon joueur à mon avis.
Peux-tu nous donner ton ressenti sur les trois anciens Verts de cet effectif messin : Pajot, Maïga et Vagner ?
Vincent a fait de très bons matches en première partie de saison mais il s’est blessé au tendon d’Achille en novembre et n’est pas encore opérationnel. Il a montré qu’il pouvait amener son expérience au milieu de terrain, sa capacité à garder le ballon aussi car il a une bonne maîtrise technique.
Habib est l’un des joueurs les plus réguliers du FC Metz depuis deux saisons. Il est vraiment très performant, que ce soit dans la récupération que dans l’utilisation du ballon.
Quant à Vagner, il s’était gravement blessé quand il jouait à Nancy. Il a longtemps été en phase de reprise mais il monte en puissance, il a d’ailleurs fait une passe décisive et marqué un but à Brest.
Ton prono pour dimanche ?
Un bon petit nul à l’extérieur. Un partout.
T’as le nom des buteurs ?
J’aurais bien dit Julien Sablé mais ça va être difficile ! (rires)
Ah, mais Juju a déjà marqué contre Metz, à Saint-Symphorien en 2004 !
Dimanche je verrais bien Antho Modeste marquer son premier but à Geoffroy. Et de notre côté je vois bien un nouveau but de Pape Matar Sarr, il est sur une bonne dynamique !
Merci à Sylvain pour sa disponibilité.