La tempête avant le calme ? La récente sortie médiatique de Wesley Fofana n'a pas vraiment eu le mérite d'assainir le climat plutôt étrange de ce début de saison et de cette fin de mercato. Reste que les Verts ont gagné leur seul match de L1 jusqu'ici et tenteront de confirmer contre Strasbourg leurs débuts réussis face à Papy.
1- Le parcours
Difficile d'être extrêmement original au moment d'évoquer les récentes performances des Alsaciens. Comme déjà souligné maintes et maintes fois, le début de saison des hommes de Thierry Laurey est, comment dire, chaotique.
Après une préparation tronquée par ce satané covid, ils n'ont en effet pas réussi à s'en sortir lors de leur deux premières sorties, conclues chacune sur une défaite. Le tout avec un seul but à leur crédit et 5 dans la musette, ce qui en fait déjà l'avant-dernière défense de L1.
Difficile, donc, de tirer un bilan de tout cela dans les conditions que l'on connaît. Notons également la nouvelle défaite en amical contre Stuttgart, en faisant tourner le compteur but, aussi bien à la faveur de l'attaque qu'aux dépens de la défense, 4-2. Soulignons donc que lors du seul déplacement sur lequel on puisse se baser, cette saison, les Strasbourgeois, bien que battus par la récente victime de notre bonne pêche merlu, menait 1-0 après 50' de jeu. De quoi donner du crédit à la théorie d'un écroulement physique. Physique qui devrait être quelque peu remis après 2 semaines d'entraînements supplémentaires.
2- L’effectif
En tous les cas, si l'on peut s'appuyer sur l'argument d'une prépa physique perturbée, celle d'un effectif chamboulé ne tient pas tant il est, à peu de choses près, ressemblant à celui de la saison passé.
Dans les buts, tout d'abord, on retrouve le trio qui manquera de Sels contre nous mais qui compte encore les 2K pleins de bonnes résolutions pour cette nouvelle saison, Kamara et Kawashima. Dans l'arrière-garde, si les hommes sont les mêmes, on ne retrouve pas, pour le moment, cette formule à 5 derrière qui avait été utilisée à peu près la moitié du temps la saison passée. Du coup, c'est la foire d'empoigne dans l'axe entre Koné, aligné lors des deux premières sorties, notre ex-futur-ex (ou l'inverse, je ne sais plus bien) Mitrovic et Djiku. A droite, Lala n'est pas sol à avoir les clefs du poste puisque le polyvalent Simakan a également été aligné. Le jeune Caci, lui, c'est le bouquet, est désormais, et de nouveau, devancé par Carole. On notera que la victime de ce changement de système est Aaneba qui voit Simakan repasser à droite et donc lui faire retrouver le 3ème rang au poste.
Au milieu également, les choses ont changé puisqu'on retrouve, là aussi, un élément en moins par rapport à la saison dernière et ce de manière encore plus nette puisque la formule à 4 milieux avait été utilisée 16 fois. Et si, pour le moment, Sissoko reste bien solidement accroché à son statut de titulaire, la présence de Prcic et de Simakan, qui est décidément partout, à ses côtés, semble désigner Bellegarde et surtout Liénard comme grands perdants. Quant au jeune Siby, débauché à Valenciennes, et bien il lui faudra attendre un peu. Quels que soient les deux hommes composant cette paire, s'il y a quelque chose qui ne change pas, c'est bien l'homme évoluant derrière l'attaquant, l'indiscutable Thomasson. D'autant plus indiscutable que le jeune Lebeau, le seul autre milieu offensif de l'effectif n'a pas encore pu figurer sur la feuille de match cette saison.
Bon, vous aurez compris que le système n'était pas fixe la saison dernière mais vous aurez aussi deviné, vu l'importance de postes perdus derrière, que c'est devant qu'il s'est fait de la place. Sauf que l'effectif ayant peu évolué, il a fallu ruser. Ce sont ainsi le latéral Lala et le milieu Bellegarde qui ont pris le couloir droit (dans une version finalement assez proche de la défense à 5 dans le premier cas, puisque c'est Simakan, capable de jouer défenseur central, qui évoluait derrière Lala) chipant la place qu'avait pris Waris, cantonné aux entrée en jeu pour le moment, lors des rares utilisations d'une attaque à 3 la saison dernière. A gauche, c'est la seule recrue du 11 que l'on retrouve, Chahiri, trouvé au Red Star, plutôt que Zohi. Enfin, autre indiscutable, c'est toujours Ajorque qui occupe la pointe de l'attaque. Avec un ex-Vert, pour de vrai, cette fois, Saadi, qui s'occupe, pour le moment, de lui servir de doublure. Reste à savoir la viabilité de ce système lorsque Mothiba reviendra. Mais ça, c'est une autre histoire, que l'on aura tout le loisir d'évoquer au match retour.
La compo probable : En plus des absences déjà mentionnées de Mothiba et Sels, l'absence de Koné semble clarifier la situation en défense centrale. On peut supposer que la trêve aura rebattu les cartes selon les états de forme fluctuant de chacun mais imaginons un peu :
Kawashima – Lala, Djiku, Mitrovic, Carole – Sissoko, Bellegarde – Waris, Thomasson, Chahiri – Ajorque
3– Souviens-toi la dernière fois
Il ne s'agit pourtant pas d'un bon souvenir. En plein milieu d'une période difficile et tout en ne faisant pas un match catastrophique (60% de possession, 7 frappes à 5), les Verts avaient tout de même concédé une défaite, la 4ème parmi une série de 10 défaites en 13 matchs de L1 entre le 1er décembre 2019 et le 1er mars 2020.
Ce sont les deux hommes forts du RCSA qui avaient fait mal à Sainté avec une ouverture du score d'Ajorque, de la tête, en première période puis Thomasson qui, oublié dans la profondeur par la défense, doublait la mise en seconde période. Le tout sur deux services de Caci. Les Verts avaient repris espoir en fin de match quand Abi obtenait un penalty transformé par le désormais blacklisté Boudebouz. Mais en vain.
C'est pourtant la seule ombre au tableau en championnat depuis la remontée strasbourgeoise en L1, le reste se soldant par 2 victoires (1 à GG) et 2 nuls (1 à GG). Et ce avec toujours au moins un but inscrit par les Verts. La seule autre note négative contre Strasbourg ces dernières années, c'était en Coupe, et c'était en réalité un match nul, également, conclu par une élimination aux tirs aux buts sur un échec de... Romain Hamouma
4- Les joueurs à suivre
S'il y a deux joueurs indiscutables à Strasbourg, c'est parce qu'il y a deux joueurs au-dessus du lot à Strasbourg. Le premier, c'est Adrien Thomasson, milieu plaque tournante, cerveau du jeu alsacien et fine patte qui distille des bons ballons comme un écossais du whisky. En plus de sa vision du jeu et de sa qualité technique, Thomasson est un homme à tout faire, capable de prendre à peu près tout le front de l'attaque, tant qu'on ne lui demande pas d'être la pointe. Polyvalent, brillant, en un mot, dangereux pour les adversaires, un bonheur pour ses supporters.
Le second, c'est Ludovic Ajorque. En plus d'être un excellent buteur avec tout de même 17 buts en 51 matchs de L1 (ce qui, sur les 10 dernières années de l'ASSE en L1, équivaut à peu près à Erdinc et Beric, et n'est réellement devancé que par l'incroyable passage d'Aubameyang), l'attaquant convoité par la sélection malgache (on la comprend) offre une palette que Benjamin Corgnet nous a décrite fort justement : technique, mobile, athlétique. Il faudra donc faire extrêmement attention à ce poison des défenses. Un homme suffisamment capable de planter pour le marquer mais qui a aussi pour but d'attirer la l'attention des défenseurs sur lui pour ouvrir les espaces à Thomasson, qui sait aussi se muer en buteur quand il le faut. Tout un casse-tête pour une défense qui devra faire mieux qu'une ligne Maginot, tout un casse-tête pour Kolo, Moukoudi... ou Fofana ?