C’est une triste année pour les statues.
Un sale millésime pour les monuments. Herbin, Perrin, Ruffier …. que sont devenues toutes nos idoles ?
Lorsqu’un joueur tient une grande place dans nos cœurs, il n’y a probablement pas de manière idéale de tirer sa révérence.
Tous ces départs sont fatalement des crève-cœurs. Toutes ces fins justifient nos chagrins. On se souvient des jours anciens, et que faire d’autre que pleurer ?
Une mort en solitaire, une retraite un soir de carton rouge en finale de Coupe, et un licenciement honteux. C’est quoi la prochaine étape ? Transférer Hamouma à Lyon ?
Ruff, comme Dieu et le Sphinx avant lui, ne pourra donc pas être salué comme il se doit par Geoffroy. On ne peut même pas accuser le covid. A part celui de la connerie, nul virus n’est en cause cette fois. Même avec un GG plein comme un œuf, on n’aurait pas eu l’opportunité de lui faire verser sa larme à notre taiseux portier.
La faute à qui, à quoi ?
Aux orgueils mal placés sans doute, aux caractères trop bien trempés probablement. A la déplorable incapacité de Puel et Ruff à mettre de la volvic dans leur crozes hermitage. Un tel mélange c’est pêché peut-être, mais quelle autre solution quand rien n’est digéré ?
Honnêtement cette affaire n’avait que trop duré. Sa fin était attendue. En tant que supporter elle constituerait presque un soulagement. Disant cela, je mesure que Ruff est probablement celui qui en souffrait le plus. Cela faisait 10 mois qu’il n’avait pas joué et j’imagine son quotidien rempli de vide. Un sportif de haut niveau, à la vie rythmée par le rendez-vous du week-end, n’est plus grand-chose lorsqu’il en est durablement privé. Ruff, tu étais, il faut employer l’imparfait, hélas, l’un des cadres éternels des Verts de la jolie décennie qui s’achève. Ils ne seront pas cinquante, pas vingt, pas dix. Dieu, Hamouma, Sall, Ruffier, qui d’autre ?
On s’était habitué à ta présence aussi imposante que mutique, à tes mots si rares qu’ils t’ont valu moqueries et mépris. Faciles ces moqueries. Tu n’as jamais cherché à plaire, et c’était pas pour me déplaire. Renonçant au copinage tu avais décidé que seules tes performances devaient parler pour toi. Et au concours d’éloquence sur rectangle vert, elles ont brillé. Plutôt que des déclarations d’amour sur grand écran ou des maillots trop facilement embrassés, seul ton engagement longue durée pour ce club était là pour dire ta fidélité à ses couleurs.
Les torts, comme souvent, comme toujours peut-être, sont évidemment partagés. A l’origine, et chronologiquement il y a ta forme incertaine, et ton attitude peut-être trop individualiste au moment où la situation sportive exigeait une solidarité de tous les instants. Et puis cette impression agaçante que lorsque tu étais abandonné par ta défense, ton dépit l’emportait et tu lâchais à ton tour. Ensuite il y a cette mise au banc, sans doute provisoire, mais néanmoins exceptionnelle te concernant, et donc mal vécue. Il y a enfin ces déclarations violentes d’un agent qui a probablement mal jugé le nouveau rapport de forces au sein du club. Cette déclaration n’était pas une pique, ni une colère, c’était une déclaration de guerre, et le signe d’une rupture définitive.
Tout le reste n’aura été qu’une succession de communiqués froids et menaçants de la part du club qui nous ont laissé un sentiment d’énorme gâchis et de terrible honte.
Te licencier Ruff, te traiter de la sorte, c’est autant te salir que souiller l’image et l’histoire du club.
Toi l’égal des plus grands gardiens du club, tu serais effacé comme ça, d’un coup de recommandé ?
Impossible. Indécent. Dégueulasse. Moi je n’oublierai rien.
Je n’oublierai pas ta signature à l’été 2011, et ce sentiment inhabituel d’avoir réalisé un gros coup qui m’avait immédiatement saisi en découvrant la nouvelle dans la Pravda.
Je n’oublierai pas tous ces matchs où tu as su garder tes cages inviolées.
Je n’oublierai pas ta sobre et constante solidité qui nous a si souvent permis de tenir pour arracher les 3 points ALEX térieur.
Je n’oublierai pas cet après-midi d’avril 2016 à Geoffroy où tu avais, en état de grâce, compensé la médiocrité de tes 10 équipiers, et accompli miracle sur miracle pour tenir le nul contre Toulouse.
Je n’oublierai pas ta boulette à Paris, car ce fut la seule en 9 saisons.
Je n’oublierai pas que c’est peut être d’abord à toi et à la place immense que tu prenais dans tes cages lors des séances de pénal contre Lorient, Paris et Lille qu’on a dû de gagner enfin une Coupe, trente-deux ans après notre dernier titre.
Je n’oublierai pas tous les superlatifs de Galette à ton endroit lors des conférences d’après match, manière peut-être facile, mais aussi justifiée qu’efficace de manager ton ego.
T’as un caractère de cochon ? Peut-être. Sans doute. On en connaît d’autres dans ce cas qui sont toujours au club. On leur souhaite de laisser un jour une aussi belle empreinte dans son histoire.
Merci pour tout Ruff !