Dans le second volet du long entretien qu'il a accordé aux potonautes, Laurent Roussey se dit prêt à épauler Galette pour améliorer l'animation offensive à l'ASSE.
As-tu des modèles en tant qu'entraîneur ? (Timick)
Bien sûr qu'on a tous des modèles : on remarque les équipes qui gagnent et on essaye de comprendre comment elles gagnent. Les bons, les grands entraîneurs sont ceux qui ont une grande confiance en eux, des convictions, des idées. Il faut savoir les exprimer, pouvoir les faire partager. On ne prend pas ses séances d'entraînement dans un livre, il s'agit de quelque chose qu'on a en soi, qu'on essaye d'exprimer, que l'on veut faire passer. Si tu veux être différent des autres, il faut forcément que ta pensée soit différente des autres. On essaye de regarder ce que font les autres, ce qu'ils font de bien, mais un entraîneur qui n'a pas sa propre personnalité, ses propres convictions, est un entraîneur lambda, qui n'a pas grand espoir.
Qu'est ce qui a changé en toi lors de ton expérience d'entraîneur à Sainté ? (minetvert)
J'ai appris sur les autres mais aussi sur moi-même. J'ai appris cette gestion que tu ne maîtrises pas. Aujourd'hui, la réussite passe par une unité. Je l'ai souvent mise en avant à Saint Étienne. On en a même ri, on a dit "en parlant d'union, d'unité, qu'est-ce qu'il recherche ?" Pour avoir le succès, il faut cette unité-là. Il faut la rechercher mais elle est difficile à trouver parce qu'aujourd'hui on vit une période où il faut gagner à tout prix. Il y des enjeux économiques, stratégiques, médiatiques, des enjeux de pouvoir. C'est compliqué.
Pourquoi avoir recruté Jody Viviani alors que Jérémie Janot était dans ses meilleures années ? Pourquoi, quand Janot est revenu de blessure, as-tu maintenu Viviani ? Cela n'avait pas été bien vécu par Janot qui était déjà une figure emblématique du club (envert94)
Aujourd'hui, tu juges les gens, non pas sur ce qu'ils ont été, mais sur ce qu'ils t'amènent à l'instant présent. Jody, quand il a pris la succession de Jérémie qui s'était blessé, sur cette période-là, il a fait un sans-faute. A partir de là, l'équipe tourne, je rappelle que l'on a fait les 14 derniers matches sans défaite, ce qui nous a propulsés en Coupe Europe. Ma décision n'était pas contre Jérémie mais par rapport à un fait concret qui était que Jody tenait la baraque et qu'il le faisait avec beaucoup de réussite.
Si je te dis Lasse Nilsson, qu'est-ce qui te vient de suite à l'esprit ? (bladevert)
Non, non, c'est clair, c'est une erreur, non pas sur ce qu'il avait pu faire aux Pays-Bas, non pas, je dirais quelque part d'avoir pris les informations notamment auprès d'anciens Verts. Le constat, il est, qu'après, quand il est arrivé chez nous, malheureusement, le corps médical a décelé une fragilité qui a fait qu'il a été souvent blessé. Est-ce que c'est réellement ça, ou est-ce parce que le niveau de ce garçon-là, ....Après, vous savez, la problématique dans le recrutement c'est que, bien souvent, vous jugez les gens sur ce qu'ils ont fait et non pas sur ce qu'ils vont devenir. Et c'est là toute la difficulté. C'est vrai qu'à travers de ce qu'il avait fait aux Pays-Bas, des informations que j'avais d'un ancien Vert, ce qui était un appui assez fort, du moment où on cherchait ce positionnement-là, voilà, tu ne penses pas que tu vas te tromper tromper. Effectivement, si on a recruté ce joueur-là, on n'avait peut-être pas forcément d'autres noms et d'autres moyens pour aller sur d'autres joueurs. Oui, c'est un échec.
Fredy Guarin a explosé après son départ de Sainté. Regrettes-tu de ne pas avoir su exploiter son potentiel ? (Poteau gauche)
C’est quoi la réussite de Guarin aujourd’hui ? Il s'est imposé à Porto, mais tu sais ce que c’est le football portugais ? Faut savoir comment fonctionne le championnat portugais ! Je n'en dirai pas plus car il y a des choses dans le football que l’on n’évoque pas… Je ne suis pas là pour l’évoquer, mais je le sais. Après il est allé à l’Inter de Milan. Oui, on en a beaucoup parlé. C’est bizarre, y’a des noms comme ça que l'on met en avant après une frappe de 30 mètres, mais sur une saison, après, vous n'en entendez plus trop parler. Ça m’a appris beaucoup de choses, le pouvoir de la presse, le pouvoir des mots, de tout ce que tu veux. Freddy Guarin était chez nous, il avait des qualités mais il avait un gros défaut. Il n’a pas pu s’imposer parce qu’aujourd’hui le football est un sport collectif. C’est en tout cas le cas à l’AS Saint-Etienne, tout ce qui a fait que l’ASSE a gagné. Aujourd’hui je suis très heureux d’entendre Galtier dire « Quand on ne joue pas en équipe on ne peut pas y arriver ». Freddy ne rentrait pas dans ce collectif-là. Qu’individuellement il ait des qualités, je n’en doute pas, qu’il ait progressé par la suite, je n’en doute pas, mais ça ne reste pas le joueur phénoménal dont tout le monde veut me parler.
Un mot sur le ratage de Pastore qui a fait pester Bernard Caïazzo et Omar Da Fonseca ? (Poteau droit)
Ah, ça aussi on a voulu me l'imputer ? (rires) Franchement, je me souviens de cet essai. Effectivement Javier Pastore était venu, j’en ai souvenir parce qu'Osvaldo était là, il représente beaucoup pour moi. On a fait faire à Pastore une opposition contre les U19, il arrivait de 15 heures de voyage. C’est la seule fois où je l’ai vu, donc après dire que j’ai pris position pour quoi que ce soit… On m’en a tellement mis sur le dos ! Y’a un nombre impressionnant de joueurs que vous avez loupés et qui ont percé et puis des joueurs qui ont du talent et qui n'ont pas percé… On peut faire des reproches à tout le monde.
Que deviens-tu depuis ton départ du FC Sion en février 2014 ? (totosainté)
Je suis en attente d’avoir un projet sportif. Comme beaucoup d’entraîneurs qui aujourd’hui sont sans activité, j'attends un coup de téléphone qui me permettra de reprendre goût au terrain.
S'il y'a un personnage dans le milieu qui me fascine, c'est bien Constantin, le président du FC Sion : toi qui as eu à faire avec lui de l'intérieur, comment agit-il concrètement ? D'où lui vient cette manie de virer tous ses entraîneurs ? S'agit-il d'une personne dure, qui ne peut faire confiance à qui que ce soit d'autre qu'à elle-même ? Ou c'est juste un jeu pour se donner de l'importance ? (Petrus)
C'est un homme très attachant, avec une culture du football extraordinaire. Je dirais que c'est quelqu'un qui veut gagner. Quand il pense que l'entraîneur n'a plus la faculté de faire gagner il le change. J'en sais quelque chose, j'ai eu deux expériences. La première j'ai duré quatorze mois, je suis un des entraîneurs qui a duré le plus longtemps, on a gagné la coupe de suisse, on a fait la coupe d’Europe (même si le conflit avec l'UEFA nous a pénalisés), ça a été une période extraordinaire ! Ce qu'on pourrait lui reprocher -mais c'est le cas de beaucoup de présidents - c'est d'être trop à l'écoute de ce qui peut se dire à l'extérieur sur le club. Il n'a pas la faculté, la force, de se tenir à sa conviction personnelle quand les résultats ne sont pas là et qu'on est perturbé, pollué, par ce qui se dit à l'extérieur. Ceci étant, même quand on s'est séparés la deuxième fois, on l'a fait en prenant un café. Un journaliste valaisan me disait que j'étais le seul avec qui il ne sortait pas sa mitraillette.
As-tu eu des propositions depuis que tu as quitté la Suisse ? (Super Friteuse)
J'ai eu des contacts mais ils n’ont jamais abouti pour diverses raisons. Voilà, j'attends. Ça me permet aussi de voir ce qui se fait, sans pression. Je regarde ce qui se fait à l’heure actuelle. Je vois beaucoup de matchs, je me déplace et j'essaye de rester en contact avec ce milieu-là.
Où vis-tu désormais ? (Tom)
Je partage ma vie entre la région stéphanoise et la Suisse. Je suis parti en Suisse tout seul. Ma famille est là depuis X années, j'ai investi sur la région. La famille se sent bien ici.
Pourquoi n'as-tu pas retrouvé de club français depuis ton licenciement de Sainté ? Souffres-tu d'une mauvaise image causée part fin de parcours en eau de boudin (5 défaites consécutives, tiraillements internes...), d'un manque de crédibilité sur la gestion d'un groupe pro dans tous ses aspects ou est-ce que certaines personnes ont pu faire en sorte que tu sois blacklistée ? (Manu63, Olaf)
Ecoute, je ne vais pas aller dans ce sens-là. Aujourd'hui, la carrière d'entraîneur de Laurent Roussey est partie de petites divisions pour s'aguerrir. Elle est arrivée à Saint Etienne avec une qualification en coupe d'Europe. Certes, je reconnais qu'il y a eu une période où ça n'a pas fonctionné, qui peut s'expliquer. Mais aujourd'hui je suis à six matches de Coupe d'Europe, aucune défaite. C'est une stat, qu'on la veuille ou non, que ce soit avec Saint-Etienne ou avec Sion. Avec Sion, j'ai gagné la Coupe de Suisse et obtenu une deuxième place qui nous a permis de participer à la Champions League. Certains ne retiennent que mes cinq derniers matches de championnat avec Saint-Etienne. Aujourd'hui je laisse les gens penser ce qu'ils ont envie de penser.
Es-tu retourné dans le Chaudron depuis que tu t'es fait virer du club ? (Aloisio)
Non, c'est quelque chose qui m'est impossible pour l'instant. Je ne sais pas comment le définir. La cicatrice est refermée par la force des choses. Après, c’est vrai que par rapport à tout ce que l'on a évoqué précédemment, il y a une vérité que moi je connais et qui fait mal. J'ai mal de ne pas pouvoir l’exprimer. Parce que à partir de là, la vision sera complétement différente.
A défaut de retourner à Geoffroy-Guichard, as-tu toujours le cœur vert ? (Lopez & Supersub)
Oui, bien sûr, j'ai toujours le cœur vert. J'ai ce club profondément ancré en moi. On verra bien la suite, où ça nous mènera.
As-tu encore des contacts au sein du club ? Avec Philippe Lyonnet par exemple, ton "paratonnerre" de l'époque ? (totosainté, Tom)
Non, je n’ai plus de relation. Même avec Philippe. Les évènements ont fait que… Aujourd’hui je ne suis pas là pour polémiquer. Ça pourrait faire parler, jaser. J’observe tranquillement ce que fait le club comme tout un chacun, à partir de l’extérieur.
Tu as eu sous tes ordres deux garçons qui jouent ensemble en charnière centrale, Loïc Perrin et Bayal Sall. Quels souvenirs gardes-tu de ces joueurs ? (José)
J'ai apprécié de travailler avec eux. Quand j’ai mis Loïc Perrin capitaine à 22 ans on m’a traité de fou par rapport aux autres joueurs de l'effectif, de l'expérience plus grande de certains. Mais c’était surtout pour lui faire prendre conscience de ce qu’il pouvait représenter. Je crois qu’à un moment donné, tu peux donner des responsabilités pour valoriser les gens et pour qu’ils puissent exprimer pleinement ce dont ils sont capables. En l’occurrence, Loïc me l’a bien rendu à ce moment-là. Aujourd’hui on le met un peu à toutes les sauces en tant que capitaine. Mais quand je lui donné le brassard, ce n’était pas forcément très bien passé. Ce choix était loin de faire l'unanimité... C'est ton rôle d’entraineur de savoir ce qu’il faut essayer de mettre en place pour que le garçon puisse s’exprimer au maximum. Qu’il puisse extérioriser sa réelle personnalité. A cette époque-là, lui donner le brassard c’était un élément important pour qu’il ait confiance et qu’il puisse s’exprimer.
Il s’épanouit depuis plusieurs saisons au poste de défenseur central après avoir joué à droite et avoir été pas mal gêné par les blessures. C’est une surprise pour toi ? (Aloisio)
Non, on en avait déjà parlé. Loïc est avant tout un joueur intelligent. Un joueur intelligent, tu lui fais faire ce que tu veux parce qu'il a cette faculté d’adaptation. Il a débuté milieu, je l’ai mis arrière droit parce que pour moi il était important sur ce secteur-là. Qu’aujourd’hui il vienne libéro, c’est une suite logique.
Quid de Mouss ? Sa carrière a connu des hauts et des bas mais depuis qu'il est sorti du loft, il s'est imposé comme un titulaire indiscutable ! (José)
Tout le monde sait qu’il est allé dans le loft parce qu’il n’a pas voulu accepter des conditions financières. Sur la valeur du joueur et sur ce qu’il peut apporter en termes d’intensité athlétique, de jeu de tête, il est indéboulonnable. Cette saison il l’est un peu moins parce que souvent blessé. Tu sais, les blessures … Quand j’étais au club, j’ai instauré la séance de yoga, qui comme par hasard a fait que beaucoup moins de joueurs étaient blessés pendant cette période-là. Voilà, c’est des petits détails, c’est de la recherche, pour essayer de comprendre, de trouver des solutions, des remèdes. J’avais forcé à l’époque un groupe d'une dizaine de jeunes joueurs à faire ces cours de yoga. Pour l'avoir pratiqué moi-même, je savais ce que cela pouvait apporter.
Comment juges-tu l’évolution du club depuis que tu l'as quitté ? Quel regard portes-tu sur les prestations de l'équipe ? (Dr Makaveli, Manu63)
C’est délicat à exprimer. Aujourd’hui il y a la satisfaction de voir l’équipe qui se stabilise dans le haut du tableau. Je le répète, Saint-Etienne a une vocation à être européen. Voir l’équipe qui se bat pour les meilleures places c’est toujours bien. Après j’écoute Christophe Galtier qui dit que ce n’est pas toujours plaisant à regarder… C’est une vérité ! Maintenant, on fait de la compétition aussi pour gagner. Donc au moins ce qu’on peut retirer de très favorable c’est qu’il y a cet esprit de gagne et cette volonté d’avoir cette haine de la défaite. Ça c’est très positif. Mais on aimerait plus de jeu, plus de mouvement, plus de simplicité, plus de fluidité, plus d’occasions de but, plus de buts.
Que penses-tu du travail de Christophe Galtier à la tête de l’ASSE ? (totosainté, Super Friteuse, Manu63)
Les résultats parlent pour lui. Si on se fie aux stats proprement dites, il fait indéniablement du bon boulot. En termes de classement, l'ASSE enchaîne les saisons dans le haut du tableau. Après, sur le contenu, je dirais que chacun est partagé. J’aime mettre l’accent sur l’animation offensive. Ça peut être perfectible aujourd’hui. J’ai cru comprendre que s’il y avait un axe de recherche aujourd’hui, c’était sur l’aspect offensif.
Christophe Galtier envisage en effet d'étoffer son staff avec un adjoint plus spécialement chargé des attaquants. Qu'en penses-tu ? Aimerais-tu occuper ce poste ? Si demain Galette t’appelle pour te proposer de rejoindre son staff, tu lui dis quoi ? (Stéphanois, Tom, Nanard)
Ma position est claire, je lui réponds oui. Bien sûr, volontiers ! Je pense que Christophe Galtier a raison de chercher un spécialiste du poste d'attaquant. Je ne peux que le conforter dans cette idée car aujourd’hui je pense que c’est quelque chose qui manque au club, pas seulement aux pros. Je suis allé voir jouer les U17, les U19, la CFA et je pense qu’il y a matière à faire progresser beaucoup de garçons dans ce domaine-là. Je crois qu’il est presque indispensable qu’il y ait un préparateur spécifique attaquant, pour la formation et pour les pros. Je sais que ça se fait à Lyon et dans d'autres clubs. Le fait qu'il n'y en ait pas aussi bien dans l'équipe fanion que dans les équipes de jeunes, c’est un manque. Sans mettre la carrière des uns et des autres en avant, quand tu as été milieu de terrain ou défenseur, tu n’as pas forcément l’aptitude pour orienter tes attaquants dans leur positionnement, leurs déplacements, leurs replacements… Il manque à l’ASSE quelqu’un qui a cette vocation offensive.
Toi qui as été numéro un, tu serais prêt à redevenir numéro 2 sans regimber à ce stade de ta carrière ? (José)
Ecoute, c'est là où j'ai souffert et je souffre. Entre l’image de ce qu’on a voulu faire passer et la réalité, c’est un monde. Si demain je dois redevenir second, je redeviendrai second et je le ferai de la manière la plus honnête possible. Si je dois revenir numéro un je serai numéro un. Si je dois retourner entraîner des U17, j’irai avec la même passion. Je suis en-dehors de ces clichés-là, de la volonté de notoriété, de reconnaissance de pouvoir, d’argent. Je suis très loin de tout ça.
Tu dirais oui à Galtier, mais tu as répété dans notre entretien que tu ne pouvais pas dire toute la vérité tant que certaines personnes seraient toujours en place au club… Sans entente cordiale avec les dirigeants, ton hypothétique retour au club est illusoire, non ? (Aloisio)
Non, je n'en suis pas persuadé. Quand tu es éducateur dans un club et associé à un staff, tu n'as pas la relation avec les dirigeants. J’ai été adjoint de Claude Puel à Lille. Tout ce qui était choix, orientation, tout ce qui était important pour le club, je n’y ai jamais pris part. Je restais dans mon rôle. Le rôle d’un préparateur spécifique attaquant c’est de passer des heures avec les différentes catégories à exprimer ce que tu ressens dans ta relation avec l’attaquant. Ce n’est pas dans les bureaux à discuter des orientations.
Bafé Gomis a déclaré en août 2009 dans France Football : "Avec le coach Laurent Roussey j’ai beaucoup travaillé. Sous sa férule, j’ai marqué 16 buts en une saison. Il a été une des raisons de mon arrivée en équipe de France et de mon éclosion au plus haut niveau. Il a été le meilleur entraîneur de l’histoire du club en le ramenant en coupe d’Europe après y avoir participé lui-même en tant que joueur, il faut lui rendre un grand hommage". Un commentaire ? (Poteau droit)
On va encore trouver que Bafé… J’ai eu une relation forte avec Bafé. Mais cette relation forte avec lui, on me l’a reprochée ! Ce qui est surprenant aujourd’hui, c’est que j’ai d’autres joueurs que j’ai pu côtoyer qui parlent de notre relation, qui parlent du plaisir qu’ils ont eu avec moi en tant qu'entraîneur. Je tombe comme ça sur leurs propos car j'ai le temps aujourd'hui donc pour moi Internet est une source d'informations. Giovanni Sio que les gens découvrent, il était dans un placard au FC Sion. Sion a gagné 7 millions en 6 mois, je pense que j’y suis aussi pour beaucoup. Ces garçons peuvent exprimer peut-être le mouvement différemment avec un entraineur ayant une vraie sensibilité offensive.
Bafé continue de faire débat chez les supporters stéphanois, beaucoup d'entre eux n'ont pas digéré qu'il passe à l'ennemi. (Poteau gauche)
Je leur réponds qu'il ne faut pas oublier tout ce qu’il a apporté à l'ASSE !
Toi qui connais très bien le championnat suisse, peux-tu évoquer quelques joueurs qui entreraient potentiellement dans le profil recherché par le club, justement pour améliorer la création offensive ? (oswaldo84)
J'ai ouï dire que l'ASSE aujourd’hui serait sur l’attaquant du FC Sion Moussa Konaté, un international sénégalais qui a mis une bonne quinzaine de buts cette saison. Sincèrement, aujourd’hui, est-ce que c’est une personnalité qui va faire que votre jeu va être différent ? Je n’en suis pas convaincu. Je crois qu’aujourd’hui, le jeu a peut-être besoin de plus de simplicité, qui va amener plus de fluidité, de mouvements, de joueurs dans la surface de réparation. Voilà, j’ai envie de dire, c’est un tout ! Aujourd’hui je ne suis pas convaincu, et ça il faudra me le montrer, que si vous prenez un attaquant qui va vous marquer 19 buts, il en mettra 19 buts sous le maillot de l'ASSE.
Vu que tu suis toujours de près les matchs des Verts, que penses-tu de Ricky Van Wolfswinkel : est-il un attaquant incompris ou une chèvre ? (Greenwood)
Pour moi, sur ce que j'ai vu, c’est un joueur qui a quand même des capacités à bien se déplacer, à bien s’orienter. Avec son gabarit, il a besoin aussi du collectif pour s’exprimer au mieux. Ce n'est peut-être pas l'attaquant qu'il faut aujourd'hui à l'ASSE mais je ne pense pas que ce soit une "chèvre" comme tu dis.
Quels attaquants conseillerais tu à l'ASSE dans les moyens du club, sachant que le secteur offensif ne donne pas pleinement satisfaction ? (oswaldo84)
C'est difficile à dire, je ne sais pas si Ricky et Erding sont de mauvais attaquants, comme on veut le faire penser. Je crois que le problème est plus l'animation offensive. Quand tu es attaquant et que ton premier soutien est à 25 ou 30 mètres, ça pose problème. Quand tu attends des centres en première intention et qu'on part sur des dribbles, pour un attaquant c'est délicat. Est-ce qu'aujourd'hui tout est fait pour que l'avant-centre en place puisse avoir un nombre important de ballons, beaucoup d'occasions ? Si un attaquant n'a qu'une occasion et qu'on attend de lui qu'il la mette au fond à chaque fois pour être crédité d'un bon match, très peu de joueurs pourront avoir ce taux de réussite.
Aimerais-tu coacher l'équipe actuelle de l'ASSE ? (Greenwood)
J’ai envie de dire oui, j’aimerais coacher n’importe quelle équipe. Quand vous n’êtes pas en activité, c’est un manque. C’est vrai que l’équipe de l’ASSE aujourd’hui s’appuie sur une base défensive qui est de grande qualité, a des milieux de terrain qui sont de gros moteurs. Après, on l'a déjà évoqué, il y a certainement à améliorer certaines choses dans cette animation offensive.
Penses-tu que ton fils Hugo peut prétendre à devenir pro chez les Verts ? (totosainté, rouge, Dr Makaveli, Nanard)
C’est toujours délicat à définir… Sincèrement, je pense qu’il a des qualités d’attaquant. Je considère qu’il a dans certains domaines peut-être plus de qualités que son père à l’époque au même âge. Depuis tout petit, il a peut-être cette chance d'avoir un père qui le conseille un petit peu. J'essaye de lui montrer certaines choses, et donc ça peut être des acquis. Moi je n'ai pas eu ça, c’était totalement inné, ce que j’ai fait. Dans ce qui est le football appris, c’est un garçon qui sait se déplacer, qui a une bonne lecture du jeu, c'est important. Maintenant, comme on le disait en évoquant la complémentarité entre Pascal et Bafé, ta qualité d’attaquant est toujours mise en valeur par celui qui va te faire la passe au bon moment au bon endroit. J'ai connu ça avec Michel notamment.
Dans quel(s) domaine(s) est-il perfectible ? (José)
Aujourd’hui c’est un gros gabarit, il est plus grand que son père, il est plus costaud que son père. Il doit avoir une gestion très stricte du poids pour avoir cette vivacité, cette légèreté de déplacement, C’est ce que j’essaie d’apprendre à Hugo. Pour le reste, je pense qu'il a beaucoup de caractéristiques pour faire un bon attaquant collectif. Je crois qu’Hugo a besoin des autres pour pouvoir exprimer ce qu’il est capable de faire. C’est ce que je lui dis aujourd’hui, s’il doit apprendre quelque chose, c’est peut-être à être un peu plus égoïste, un peu plus individualiste. Mais la contrepartie de ceux que je peux voir et qui par moment sont très individualistes, c’est que malheureusement eux n’ont pas le sens collectif. C’est toujours la difficulté de trouver l’équilibre entre les deux. Hugo a aujourd'hui des capacités collectives d’un attaquant qui pourrait devenir professionnel, maintenant sur l’aspect purement égoïste et individuel, il faut qu’il apprenne aujourd’hui à créer des situations seul.
Tu vas voir ses matches ? Tu les débriefes avec lui ? (Aloisio)
Oui, je débriefe avec lui. Je pense que c’est important et que c’est peut-être une chance pour lui, d'avoir un son de cloche différent de ce qu’il peut entendre de son entraineur ou autre. Comme les autres parents de joueurs, on échange avec l'entraîneur deux fois par an. Je connais bien Jean-Philippe Primard car on a joué ensemble. On a des échanges. C'est là que je constate que beaucoup d’éducateurs à l’ASSE sont plutôt défensifs de formation, je trouve qu’il leur manque cette sensibilité offensive. Ce n’est pas un reproche, hein ! Quelque part c'est logique, quand tu as joué en défense pendant ta carrière, tu es concentré sur ça.
Tu es le père et le conseiller de ton fils Hugo, es-tu également son agent ? (Poteau droit)
Son agent ? Je n’ai jamais eu d’agent comme joueur, donc je dirais qu’aujourd’hui Hugo n’en a pas. Après il a son père comme conseiller. Aujourd’hui Hugo n’a pas besoin de conseiller. Je ne vais peut-être pas me faire des amis, mais quand je vois des gamins de 15-16-17 ans avoir des agents, sincèrement j’ai du mal à le cerner. Malheureusement, je crois comprendre que si vous n’en avez pas, vous êtes plutôt le dindon de la farce. C’est surprenant, mais bon c’est comme ça. A un moment donné, ou tu as les capacités, ou tu ne les as pas. Après, le tout c’est de savoir se défendre soi-même, c’est de savoir ce que vous représentez. Bien sûr, aujourd’hui le football est différent, on a la sensation que ceux qui sont appuyés par des agents peut-être ont plus de chances. C’est malheureux mais c’est comme ça.
Last but not least : que devient le potonaute Melkyor ? Basé à Londres, il est ton plus grand fan mais depuis quelques mois on ne le voit plus sur le forum de Poteaux Carrés ! (Nanard)
Aucune idée. Je ne vais pas du tout sur les forums. S'il m'aimait bien, c'est dommage qu'il ait disparu ! (rires)
Merci à Laurent pour sa disponibilité et à Corto, Matrick et osvaldopiazzolla pour la retranscription