Dimanche, jour de derby, Lilian Compan fêtera ses 29 ans. A quelques jours de ce choc, le dernier buteur des Verts àGerland s'est confié àPoteaux-Carrés.
D’où vient ta passion du ballon rond ? Peux-tu nous rappeler ton parcours de jeune joueur ?
En fait je ne sais pas vraiment d’où vient ma passion pour le ballon rond. Il n’y avait pas de footballeur dans ma famille, mais j’ai été attiré très tôt par le foot, j’ai toujours adoré ça. J’ai commencé à jouer en club dès l’âge de 5-6 ans, à l’ASPPT de Hyères, ma ville natale. Mon père a vu que j’avais des qualités et que j’obtenais des résultats prometteurs. Du coup, il m’a incité à rejoindre le club phare de la ville, Hyères FC. Jusqu’à l’âge de 14 ans, j’étais tout petit et en plus j’étais surclassé. A l’époque, je jouais numéro 10 et on me reprochait d’être perso ! Ensuite, j’ai pris pas mal de centimètres et je suis monté d’un cran sur le terrain pour me stabiliser au poste d’attaquant. A 16 ans, j’ai rejoint le centre de formation de l’AS Cannes.
Mon copain l’Argentin a une question à te poser : as-tu joué à la Bocca, junior ?
A Boca Juniors ? Heu, non, je n’ai jamais joué en Argentine !
Certes mais tu as joué junior à la Bocca !
Ah, OK ! (Rires). En effet, j’ai joué en junior à l’AS Cannes. Je garde de supers souvenirs de cette période. On a gagné la coupe Gambardella en 1995. La star de l’équipe, c’était Patrick Vieira ! Déjà à l’époque, il était au-dessus du lot et vraiment impressionnant. Dans la foulée, il est parti au Milan AC. A côté de lui, on n’était pas trop talentueux mais certains d’entre nous ont réussi à faire une carrière honnête chez les pros : Patrick Barul qui joue à Lens ; Romain Ferrier, qui a joué à Bordeaux ; Sébastien Chabaud, qui a joué à Nancy et évolue désormais à Charleroi ; Cédric Mouret, qui a joué à l’OM ; Anthony Braizat, qui a joué à Toulouse.
Simone de Beauvoir a écrit : « on ne naît pas femme, on le devient ». Vincent Mac Doom lui a donné raison. Es-tu d’accord pour dire « on ne naît pas buteur, on le devient » ?
Je pense qu’il faut avoir des prédispositions, un certain sens du but. Mais je crois aussi que ça se travaille. Sous la direction de Guy Lacombe, j’ai beaucoup travaillé à l’entraînement pour améliorer mes qualités de buteur. Lors des exercices devant le but, je me montrais souvent le plus adroit. Mais j’ai trouvé mon maître en la personne de David Trézéguet, mon coéquipier en équipe de France des moins de 20 ans. David, c’est sans doute le joueur le plus adroit au monde devant le but ! Parce qu’il était doué à la base, mais aussi parce qu’il a beaucoup bossé, il n’y a pas de secret !
En équipe de France des moins de 20 ans, tu as également eu comme coéquipier un certain Jérémie Janot, que tu as retrouvé 5 ans plus tard à Sainté …
En effet, Jérémie était le troisième gardien de l’équipe de France derrière Mickaël Landreau et Bertrand Laquait, l’ancien gardien de Nancy. Jérémie avait déjà les qualités d’explosivité qu’on lui connaît. Il fait désormais partie des meilleurs gardiens français, et ça ne me surprend pas de le voir à ce niveau actuellement. Il a réussi à s’imposer à Saint-Etienne.
C’est à Cannes que tu as découvert la première division.
Exact. Guy Lacombe m’a fait confiance et j’ai fait mes débuts en première division à l’âge de 18 ans, lors de la saison 1995-1996. Cette année là , j’ai disputé une dizaine de matches en équipe première et j’ai marqué mon premier but en D1, contre Guingamp. Lors de cette saison, j’ai également inscrit quelques buts victorieux en coupe de la Ligue. La saison suivante, j’ai joué une vingtaine de matches et j’ai poursuivi mon apprentissage de la première division. Globalement, je garde de bons souvenirs de ces deux années de D1 : j’ai pu faire mes preuves au plus haut niveau dans un contexte un peu difficile, car l’AS Cannes jouait le maintien.
A Cannes, tu as côtoyé Kader Ferhaoui. Quels souvenirs gardes-tu de ce joueur ?
Je me souviens bien de Kader. Il a joué un rôle important au début de ma carrière car il m’a pris sous son aile. J’ai partagé sa chambre et il m’a transmis son expérience du football professionnel. A 18 ans, j’étais un peu insouciant et j’étais parfois tenté de faire des conneries. Kader a attiré mon attention sur les exigences du haut niveau. C’est le genre de mec que tu écoutes lorsqu’il te donne des conseils, et je lui suis reconnaissant car il a su canaliser ma fougue.
Sous le maillot de l’AS Cannes, tu as joué à Tours ton premier match contre les Verts. Te souviens-tu de cette rencontre ?
Oui, je me rappelle ce match. C’était lors de ma première saison à Cannes, et je me souviens que j’étais titulaire. Le contexte était difficile pour les deux équipes, qui luttaient pour ne pas descendre. Le match se déroulait sur terrain neutre car les Verts avaient écopé d’une sanction disciplinaire. Je n’ai pas réussi à tromper Grégory Coupet, et si ma mémoire est bonne on avait fait 2-2. En fait, le principal souvenir que je garde de ce match, c’est le public : il y avait des supporters des Verts dans tout le stade, déjà à l’époque ça m’avait impressionné !
En 1997, l’AS Cannes t’a proposé de signer pro mais tu as préféré rejoindre l’AJA. Tu n’as pas réussi à t’imposer à Auxerre. Regrettes-tu d’être allé là -bas ?
Oui, s’il y a truc que je regrette dans ma carrière, c’est bien d’être allé à Auxerre. Guy Roux m’a menti à plusieurs reprises. Au début, j’étais content d’avoir signé là -bas, je pensais vraiment qu’il me donnerait ma chance. Guy Roux m’avait dit qu’il comptait sur moi, que mon tour viendrait. Hélas, ça n’a pas été le cas. Les très rares fois où on a fait appel à moi, j’ai fait de bonnes prestations mais ça n’a pas eu de suite. Ma première saison à Auxerre (1997-1998), j’ai mis une dizaine de buts en CFA, mais j’ai rarement été appelé dans le groupe pro. Je n’ai joué que quelques bouts de match. Il faut dire qu’à l’époque, j’étais barré par de très bons joueurs en équipe première : Guivarc’h était le titulaire indiscutable, il a marqué beaucoup de buts et a fait la Coupe du monde dans la foulée. Pareil pour Bernard Diomède. Il y avait également Steve Marlet. Bref, la concurrence était rude. Mais indépendamment de ça, je n’ai jamais senti qu’on me faisait confiance à Auxerre. J’étais un peu tenu à l’écart du groupe pro, et en plus le club rechignait à l’idée de me prêter. Des clubs se sont se sont intéressés à moi, mais l'AJA n'a pas voulu me lâcher en invoquant des raisons financières. J’étais tellement dégoûté qu’à un moment, j’ai même pensé abandonner le football. Avec mon père, on est allé voir Guy Roux. On lui a demandé de me prêter dans un club qui me permettrait d’avoir du temps de jeu et me fasse vraiment confiance. Il a fini par accepter : en 1998, j’ai rejoint Châteauroux, et j’ai fait une bonne saison, en marquant une dizaine de buts pour la Berrichonne.
Avant de le retrouver à Sainté, tu avais joué avec Laurent Morestin à Châteauroux. Peux-tu nous dire quelques mots de ce joueur ?
Oui bien sûr ! J’apprécie beaucoup Laurent. Il est adorable, très sympa et intelligent. C’est un très bon joueur, qui aurait pu faire une carrière encore plus importante s’il avait eu 10 centimètres de plus. Dans le football moderne, c’est très difficile de s’imposer au poste de défenseur central avec son gabarit. Mais Laurent compense par d’autres qualités : son sens du placement, son intelligence de jeu, son excellente détente.
Lors de ta première saison castelroussine, tu as souvent été associé à Florent Malouda en attaque. A l’époque, pensais-tu qu’il avait l’étoffe d’un futur international ?
Tout à fait. Athlétiquement, il était déjà énorme et sa technique était au-dessus de la moyenne. Indéniablement, il avait un gros potentiel. Il a confirmé par la suite et je ne suis pas surpris de le voir à ce niveau aujourd’hui, aussi bien à Lyon qu’en équipe de France. Il est vif, percutant... Les Verts devront l’avoir à l’œil ce dimanche !
A l’issue de ta première année de prêt à Châteauroux, tu es retourné « jouer » à Auxerre. Comme l'écrivain sud-africain André Brink, tu as été l’auteur d’une saison blanche et sèche : deux matches, zéro but !
Je pensais naïvement qu’après une saison convaincante en D2, j’aurais enfin l’occasion de faire mes preuves en équipe première. Hélas, j’ai vite déchanté et j’ai connu les mêmes problèmes qu’au cours de ma première saison à l’AJA : j’étais toujours barré par Guivarc’h, Marlet et Diomède. J’ai pourtant aligné de bonnes prestations en CFA : on a terminé à la première place de notre groupe et j’ai fini meilleur buteur avec 18 buts. Mais Guy Roux a continué de m’ignorer. Il comptait davantage sur Djibrill Cissé et j’ai compris alors que je n’avais plus rien à espérer à l’AJA.
La saison suivante (2000-2001), tu as été prêté à Créteil. Ce n’est pas trop déprimant de jouer toute une saison à Duvauchelle ?
Si, un peu (rires) ! Disons que j’ai connu des publics plus passionnés. Mais bon, j’avais besoin de me relancer. Afflelou venait d’arriver à Créteil et il semblait avoir un projet ambitieux pour le club. En fait, on s’est battus pour ne pas descendre en national. J’ai marqué une douzaine de buts pour Créteil, mais je ne garde pas de supers souvenirs de cette saison et l’ambiance de Duvauchelle était assez ennuyante.
Tu es ensuite retourné à Châteauroux, et tu as terminé parmi les meilleurs buteurs du championnat de D2 avec 14 buts. L’un d’entre eux a été marqué contre Sainté…
Oui, on avait battu les Verts 4-0 à Gaston-Petit. Cette année là , j’ai sûrement réalisé l’une des meilleures saisons de ma carrière. Globalement, je garde un bon souvenir des mes deux années à Châteauroux. La Berrichonne est un club familial et sympathique qui m’a permis de me relancer.