Chavériat : "Battre l'Inter, on peut le faire !"

Patron du Bar à Quai dans le port de Mèze (Hérault), Loïc Chavériat nous a reçus à quelques jours du match des Verts contre l'Inter. Une affiche qui lui parle, forcément...

Les Verts ayant des problèmes offensifs, as-tu été contacté par Galette pour reprendre du service contre l'Inter ? 

Non, Christophe Galtier ne pense pas du tout à moi ! (rires) A mon avis, le problème offensif va se régler. Les Verts ont profité de la trêve internationale pour beaucoup bosser offensivement à l'entraînement. Il ne faut pas taper sur les joueurs, le compteur buts va se rouvrir, pourquoi pas contre l'Inter ? Mais ce serait bien déjà de marquer à Lorient. Je ne suis pas inquiet pour l'attaque stéphanoise. Sainté va retrouver son effectif au complet et ça marchera, j'en suis convaincu. 

L'ASSE pourrait quand même te recruter comme joker ! T'as pas envie de refaire une pige pour jouer l'Europa League ?

Ah mais si Galette m'appelle, je reviens ! Mais à mon avis, vu la forme que j'ai, ça ne va pas le faire ! (rires) A 37 ans, je joue encore mais à un petit niveau, seulement pour le plaisir, avec les vétérans, à Mèze. Je fais aussi un championnat de soccer, en salle, juste pour le fun. On a créé une équipe entre potes avec des Sétois, des Mézois. Il y a un an et demi, j'ai eu une fracture de la malléole mais je m'en suis remis. Je reste un compétiteur dans l'âme, même quand je joue avec les copains c'est toujours pour gagner !

C'était déjà le cas à Sainté, où tu avais marqué pour ton premier match à Geoffroy-Guichard le but de la victoire contre l'Inter. Quel souvenir gardes-tu de ce match amical ?

Un souvenir marquant, dans tous les sens du terme ! (rires) Quinze ans après, je m'en souviens comme si c'était hier. Quelques mois auparavant, je jouais en National avec Louhans Cuiseaux contre des équipes comme Raon-l'Etape, Angoulême, Thouars. J'avais l'habitude de jouer dans des stades où il y avait à tout casser un millier de personnes. Et là je me retrouve à jouer devant plus de 20 000 supporters stéphanois contre l'Inter de Milan. Cerise sur le gâteau, j'ai le bonheur de marquer le but de la victoire. 

Tu te remémores précisément l'action ?

Bien sûr, c'est un moment inoubliable pour moi, une de mes plus fortes émotions ! Il restait cinq minutes à jouer, il y avait un partout. José avait ouvert le score et Christian Vieiri avait égalisé sur péno. J'étais entré en jeu à une demi-heure de la fin à la place d'Alex. Côté droit, Bertrand Fayolle s'est arraché et m'a adressé un super centre. Je suis au duel avec Laurent Blanc et je marque de la tête.

Ça fait quoi de mettre la misère de la tête à un champion du monde à qui tu rends dix bons centimètres sous la toise ?

Houlà, je ne lui ai quand même pas mis la misère, n'exagère pas ! (rires) J'ai réussi à passer devant lui. Sur le coup, on ne s'en rend pas compte. C'est après qu'on se dit : "putain, j'ai gagné mon duel face à Laurent Blanc." Marcelo Lippi avait aligné sa grosse équipe ce jour-là. Il y avait dans les cages un futur champion du monde, Peruzzi, qui à l'époque avait déjà tout gagné avec la Juve. Christian Panucci, qui avait remporté l'année d'avant la Ligue des Champions avec le Real Madrid après l'avoir gagnée avec le Milan AC. L'Urugayen Recoba aussi, c'était très fort, il avait un super pied gauche. Il y avait bien sûr Christian Vieri, un sacré client, très puissant.

Il y avait aussi un petit jeune qui fait encore les beaux jours de la Juve à 35 ans : Andrea Pirlo.

Exact, l'Inter avait vraiment une très belle équipe à l'époque. Certes, ils étaient en préparation, ils étaient moins prêts que nous. On avait déjà joué deux journées en championnat : lors de la première, on avait fait un très bon match nul 2-2 à Monaco où j'étais entré en fin de match à la place de Patrick Guillou. Le week-end d'après, on avait perdu à domicile contre Nantes mais je n'étais pas entré en jeu. L'Inter n'avait pas repris le championnat mais avait pris très au sérieux ce match amical à Sainté. Les joueurs voulaient gagner leur place pour la saison. J'ai d'ailleurs le souvenir d'un match âpre, rugueux. On avait répondu présent et on ne s'était pas laissé faire. Il y a eu des cartons, Christian Vieri notamment s'est fait expulser. C'était plus qu'un match amical. 

Marquer dans le Chaudron pour un club dont on a toujours été fan, ça doit être jouissif !

Oui, c'est extraordinaire ! Mon père m'avait emmené dans les kops à Sainté, il m'avait même emmené dans le parcage stéphanois à Lyon la saison 1990-1991, j'avais à peine 13 ans. En marquant le but de la victoire contre l'Inter, j'ai éprouvé un grand plaisir, une grande fierté ! Quand tu marques dans le Chaudron, t'as la chair de poule. Je l'ai encore quand j'y retourne en tant que supporter. Chaque saison, j'essaye de remonter une ou deux fois à Geoffroy-Guichard avec mon ami mézois Jean-Marc Hyppolite, un autre grand fan des Verts. Il y a une telle ferveur dans ce stade ! Hélas, après ce but contre l'Inter, je n'en ai pas marqué beaucoup d'autres à Geoffroy-Guichard : j'en ai mis un en Coupe de la Ligue contre Le Mans, et un autre lors de mon dernier match sous le maillot vert en L2 contre Grenoble. 

Ce match amical contre l'Inter a donné le ton de cette spectaculaire saison 1999-2000.

Oui, on s'est régalé cette saison-là ! On avait une belle équipe, avec des joueurs qui étaient restés sur l'euphorie de la montée, et des recrues qui ont beaucoup apporté. Il y avait un super état d'esprit, une magnifique ambiance. J'avais été bien intégré dans ce groupe extraordinaire. On a fini sixième au terme d'une saison spectaculaire. J'ai eu la chance participer à quelques matches restés dans les mémoires, notamment le 5-1 contre l'OM et le 5-4 contre Montpellier. Le duo Alex-Aloisio, c'était quelque chose ! Alex avait eu un petit problème d'intégration les deux premiers mois, et ensuite il a explosé. Marseille aussi d'ailleurs ! (rires) Avec Aloiso, ils jouaient les yeux fermés. Ils se complétaient très bien. José le Taureau était plus costaud et jouait en pivot. Alex la fouine tournait autour et marquait des buts. Ces deux Brésiliens nous ont apporté beaucoup !

Mais du coup ils t'ont laissé peu de temps de jeu !

Oui mais je l'ai bien vécu. Quand tu côtoies de tels attaquants, tu ne peux qu'apprendre ! Tu regardes, tu écoutes, tu ne dis rien et tu attends ton tour. Ce duo flambait, c'était tout à fait logique que Robert Nouzaret le reconduise match après match. Par contre, quand je rentrais, je donnais tout pour l'équipe. Je n'ai jamais rechigné, j'ai toujours joué le jeu, je n'ai jamais fait la gueule. Je ne vois pas pourquoi je l'aurais fait d'ailleurs, quand t'es remplaçant derrière deux gars comme ça… C'était un grand plaisir de jouer derrière eux, avec eux. J'espère et je pense avoir tout donné pour le peu que j'ai fait à Saint-Etienne. En tout cas je suis parti sans regret.

Ne penses-tu pas que tu aurais eu plus de temps de jeu à l'ASSE si tu avais accepté la proposition de Robert Nouzaret qui souhaitait te repositionner arrière droit ? Quand tu vois la reconversion réussie de Franck Tabanou au poste de latéral gauche cette saison, ça ne te laisse pas des regrets ?

Latéral droit, ce n'était pas trop mon style, je n'avais jamais joué à ce poste. L'esprit défensif, la tactique défensive, c'était trop compliqué à intégrer du jour au lendemain en cours de saison. Si j'avais fait toute une préparation à ce nouveau poste, si j'avais joué des matches de préparation pour me rôder, je l'aurais peut-être pris autrement. Si on m'avait laissé le temps dont a pu disposer Franck Tabanou pour me faire à ce nouveau poste, je pense que je l'aurais fait à 200%. En tout cas je trouve que Franck Tabanou fait un début de saison très intéressant à ce nouveau poste, il apporte beaucoup. Je le trouve très intelligent dans son placement. Tactiquement, il semble avoir bien intégré son nouveau rôle de latéral. Bien sûr, il reste perfectible et apprend au fur et à mesure. Moi je le trouve très bon, il apporte sa technique, sa vivacité. Il a un pied gauche extraordinaire. 

Manifestement, tu continues de suivre avec attention le parcours des Verts !

Bien sûr ! Même si j'ai rarement le temps de pouvoir les encourager au stade, je regarde leurs matches à la télé, en championnat comme en coupe Europa. Dans le jeu ils sont bien. On parle beaucoup de leur manque d'efficacité offensive mais je ne suis pas inquiet car on se crée à chaque match un paquet d'occases. Je serais inquiet s'il n'y avait pas d'occasion, si le ballon n'arrivait pas dans la surface, s'il n'y avait pas de frappe de balle, si on ne touchait pas les poteaux… Quand je vois les derniers matches contre Dnipro et Toulouse, on a quand même eu pas mal de situations. On perd contre Toulouse mais Benjamin Corgnet a eu la malchance de tirer sur la barre. Je ne suis pas inquiet, au bout d'un moment on aura plus de réussite et le ballon va rentrer.

Ne manque-t-on pas de tueurs, de finisseurs à Sainté ?

Les finisseurs on les a. Il faut que Ricky s'intègre, il faut que ses partenaires sachent comment il joue. Les automatismes vont venir. Mevlut Erding a fait un bon début de saison en marquant trois buts en deux matches. Il n'a pas confirmé par la suite mais n'oublions pas qu'il a été perturbé par des blessures. Il va revenir. Romain Hamouma aussi a été sur le flanc mais apparemment il sera d'attaque pour les prochaines échéances. Il faut être patient. Dès lors qu'on continue à se créer des occases, ça va forcément finir par sourire. 

Qu'as-tu pensé des deux dernières sorties médiatiques de Bernard Caïazzo, qui a pointé du doigt le manque d'attaquants d'envergure à Sainté ? 

Je pense qu'il a dit ça pour piquer l'orgueil des joueurs concernés. Ce ne sont que des paroles d'un président, ce n'est pas bien méchant. Je pense que c'est pour les toucher un peu. Parfois les sorties médiatiques peuvent être bénéfiques, elles peuvent faire bouger les joueurs. Peut-être que les petites piques de Bernard Caïazzo vont leur faire du bien ! Les débuts compliqués de Ricky ne m'inquiètent pas. Souvenez-vous d'Alex, il a eu du mal à s'intégrer au début. Il faut être patient avec Ricky, ne pas lui casser du sucre dessus. Il a marqué beaucoup de buts au Sporting, je ne vois pas pourquoi il n'en marquerait pas à Sainté.

Pas mal de supporters ont la nostalgie d'Aubameyang et de Brandao, ont-ils été bien remplacés ?

Des joueurs comme Aubameyang, tu ne peux pas les garder à Sainté. Aubame, c'est la classe internationale. Cela aurait été bien que Brandao reste, je ne sais pas ce qui s'est passé. Moi je l'aimais bien, il pesait beaucoup sur les défenses, il pressait, il marquait de la tête. C'était un autre style, qu'on n'a plus dans l'effectif actuel, c'est vrai. Maintenant il faut s'adapter et être patient, il y a des joueurs offensifs de qualité à Sainté. Moi j'ai confiance en Ricky et Erding. Il faut continuer de leur mettre des ballons dans la surface, il faut leur faire confiance. Si on commence à les tailler maintenant, ça ne va pas aller.

Les Verts sont-ils capables de battre l'Inter ?

Oui, ils peuvent le faire, ça peut être des matches références. On n'a rien à perdre, c'est une affiche prestigieuse, les joueurs vont jouer libérés. Le favori, c'est l'Inter, tant mieux ! Je pense que ces matches contre l'Inter peuvent lancer pour de bon la saison. Pourquoi pas enfiler des perles contre l'Inter en confirmer en championnat ? Ce n'est pas parce qu'on n'a pas marqué de buts contre Qarabag et Dnipro qu'on n'est pas capable de taper l'Inter. Mine de rien, on a ramené un bon point de notre déplacement en Azerbaïdjan. On est tombé sur une belle équipe, qui nous a dominés chez elle et a longtemps tenu la dragée haute à l'Inter à Giuseppe Meazza. Dnipro c'est du costaud mais on aurait mérité de l'emporter.

Ce groupe est très ouvert. Je pense que l'Inter est prenable. Je ne pourrai malheureusement pas faire partie des milliers de supporters stéphanois qui vont faire le déplacement à Milan car je serai en vacances, mais je serai à Geoffroy-Guichard le 6 novembre. Et j'ai bon espoir de voir le même résultat qu'en 1999. Je suis confiant. On ne prend pas de buts, on est solides défensivement, on se crée des occases. On a une belle équipe, un beau projet, de la stabilité depuis que Christophe Galtier a pris les commandes de l'équipe. L'an dernier on s'est fait sortir par Esbjerg, cette année on a franchi le barrage et on ne va sans doute pas s'arrêter-là. On a toutes nos chances de sortir de la poule.

Merci à Loïc pour sa disponibilité et pour sa tournée