Légende urbaine sur feu asse-online, le potonaute Idaho revient sur le derby perdu par nos gentils Verts.

En repensant à ce derby, on est frappé d’une évidence : nos joueurs sont de bons garçons, gentils, polis. Ils s’entendent bien entre eux, posent rarement de problèmes, s’entrainent à heure fixes, ne se battent pas. Sur le terrain, le fair-play prime, déjà l’équipe dirigée par Antonetti se distinguait par un esprit globalement positif. On a bien eu un vilain gros canard, qui a quelques cartons rouges (injustifiés en plus) à son actif et un pif d’ultra au compteur, mais ses excès étaient très ponctuels et surtout il est parti sous d’autres cieux.
Leur président, qui se veut bon père de famille ne manque pas une occasion de le dire, il a de bons enfant, certes il doit parfois les gronder, notamment en période de renégociation, mais l’AS Saint Etienne est avant tout construite sur l’amour.

Et ça nous a toujours joué des tours, nombre de match dits « à enjeu », derbies, coupes, opportunités de s’installer dans la course à l’Europe, furent perdus, parait-il, par naïveté, manque d’expérience, manque de vice, pêchés d’une jeunesse qui semble éternelle tant ces défauts sont récurrents depuis 5 ans.

Samedi encore, les données semblaient simples : Lyon jouait 4 jours plus tard un match capital contre un sérieux client, l’AS Roma et avait donc tout à perdre à jouer le jeu du derby. Mais malgré de nombreuses déclarations soulignant cet état de fait, c’est une équipe très compétitive qui fut alignée sur le terrain. Et motivée !
Côté stéphanois, il y avait 13 ans de disette à oublier, quelques derbies récents catastrophiques à se faire pardonner, 4 défaites de rang à domicile également. Il y avait de plus des performances permettant d’espérer rivaliser avec l’ogre qu’est devenu le banlieusard, tout en gardant le statut d’outsider, synonyme de bien des exploits passés.
Le poids du passé, le contexte régional, la surmotivation du public, deux présidents irresponsables, quelques banderoles assassines semblaient être autant d’éléments permettant d’espérer un vrai combat, qui serait selon l’expression consacrée, viril mais correct.

Il n’en a rien été.
Finalement, les joueurs les plus agressifs, ceux qui avaient le plus à cœur de démontrer leur force et leur implication, honoré leur maillot et la tradition furent ceux-là même que l’ont voyait trop pleins de leur importance, trop préoccupés par leurs combats futurs, trop aisés pour se donner du mal.

Goliath a terrassé David.
Lyon n’a pas eu à relever un quelconque défi physique, il l’a imposé. Lyon n’a pas eu à se protéger, il a bousculé. Lyon n’a pas eu à reculer, il a envahi !

Nos joueurs ont joué ce match comme n’importe quel match, essayant d’abord de faire circuler la balle, attendant le moment propice pour s’approcher, limitant les duels d’abord, puis sous la pression d’une équipe beaucoup plus forte, multipliant les approximations.
Le problème est connu depuis longtemps, s’en suivent généralement des interviews à base d’explications entre quatre yeux, de mise au point de vestiaire, de dettes vis-à-vis du public, de matchs d’hommes… autant de foutaises qui aboutiront à une réaction le match d’après, peut-être sur 3-4 matchs, puis une nouvelle liquéfaction au pire moment : celui où l’on y croit à nouveau.

Alors que faire ?
J’en viens à me dire qu’on fait fausse route, allumer le feu dans la presse n’apporte rien de plus que des risques pour les supporters des deux camps, allumer le feu dans les tribunes ne signifie rien si les joueurs n’y voient que du folklore. Et jouer à qui sera le plus fair-play sur le terrain revient à accepter de se faire piétiner gratis.

Les chantres du libéralisme serinent à l’envie qu’on ne peut se faire une place dans ce nouveau football-spectacle sans stars, sans pognon pour payer ces stars et sans pigeons pour fournir ce pognon. C’est mettre la charrue avant les bœufs, on peut bien avoir la plus belle équipe qui soit, l’important reste d’aller à la bataille. On a vu des joueurs lyonnais taper la discut’ avec des joueurs verts, c’est mignon, c’est agaçant… mais ça n’a surtout aucune importance dès lors qu’au coup de sifflet chacun soit prêt à marcher sur l’autre pour la victoire. Les lyonnais étaient prêts, les stéphanois non. Là était la vraie différence, la seule qui mérite d’être signalée.

Vient alors la tentation de voir venir à Saint-Etienne une espèce de joueur guère en vogue ces dernières années : des sales cons, des mauvais perdants, des mecs qu’on aurait envie de huer à chaque balle tellement ils sont bêtes et teigneux, qui finiraient la saison avec 3 cartons rouges, dont deux après bagarre générale.

J’exagère ? Peut-être, ce n’est qu’une tentation, qui germe peu à peu dans un esprit rendu malade par un excès de guimauve…

Auteur : Idaho