Un choc de cette Ligue 1 ! On plaisante, parce que seules 4 journées ont été jouées, mais un Sainté-Rennes comme duel entre les deux premiers du championnat, ce n'est pas exactement une habitude ou une chose attendue. Mais alors, il vaut quoi ce dauphin, Rennes (NB : non, il ne s'agit pas d'une nouvelle espèce animale étrange) ?
1- Le parcours
Pas sur que ce soit une idée très réjouissante de le rappeler. Remontons pourtant un peu en arrière. Il y a 5 ans, à l'été 2015, l'ASSE de Christophe Galtier termine 5ème, à égalité de points avec Marseille et 2 points derrière Monaco et la Ligue des Champions. Dans le même temps, Rennes végète à une simple 9ème place, presque 20 points derrière. Et puis, l'écart s'est resserré, 8 points, puis 0, puis Rennes devant. Et les mouches ont changé d'âne. Une saison ratée en championnat pour les Rennais ? Pas grave, un titre en Coupe de France et un 1/8 en Ligue Europa. Avant de terminer sur le podium dont les Verts n'ont pourtant pas été loin plusieurs fois durant cette décennie, sans parvenir à l'atteindre.
Et si les Verts sont devant en ce début de saison, ce n'est pas parce que les Rennais ont du mal à digérer la performance mais parce qu'ils réalisent un début de saison canon. Et pour cause, c'est la seule équipe, à l'aube de la 5ème journée, à devancer une équipe rennaise parmi les 3 seules à n'avoir pas perdu depuis le début de saison. 3 victoires et 1 nul, donc, contre des adversaires intéressants, qui plus est (Monaco, Montpellier, Lille). Mais 2 points perdus lors de l'un de leur deux déplacements.
Et surtout, une défense beaucoup plus perméable. En effet, les Rennais ont déjà encaissé plus de deux fois le nombre de buts pris par les Verts, soit 5 en 4 matchs. Ils n'ont, tout simplement, pour le moment, jamais terminé un match sans encaisser de but. Mais également jamais sans marquer, eux qui en sont déjà à 9 buts inscrits.
2- L’effectif
Dans un championnat de France où décidément, la norme est à un mercato pas particulièrement vivace, là aussi, les changements dans l'effectif sont ponctuels. Mais peut-être plus marquants que chez nos récents adversaires. Avec en prime, pour le moment, l'abandon du système à 2 pointes, le plus souvent utilisé la saison dernière.
Dans les buts, gros changements déjà. En attendant une probable recrue, c'est le vétéran Salin, 36 ans, passé à Rennes durant sa formation mais qui s'est notamment arrêté pendant 8 ans au Portugal, qui doit assurer l'intérim, doublé par celui qui pourrait être son fils (s'il n'était pas congolais), de 19 ans son cadet, Bonet. Sur les côtés, en revanche, pas de changement, Traoré, valeur sur des arrières-droit de L1 et Maouassa, qui ne devrait pas tarder à le devenir s'il continue sur cette voie, sont encore là. Da Silva en patron dans l'axe aussi. Ce n'est en revanche le cas d'aucun de ses 2 principaux compères de la saison dernière. Et Gélin, le 4ème homme au poste, ne semble décidément plus en odeur de saint(et)é depuis l'arrivée de Julien Stéphan (32 titus avec Lamouchi, 15 avec Stéphan, alors que le jeune défenseur se rapproche de sa maturité, à maintenant 23 ans). C'est donc Aguerd, plus vieux que lui et pourtant seulement titulaire occasionnel (et pas toujours convaincant) à Dijon qui fait la paire avec l'ancien Caennais. Le jeune Nyamsi, au début de carrière en dent de scie, devra sûrement, comme d'habitude, se contenter des miettes. Ce devrait être un peu mieux pour Boey et Soppy à droite, mais difficile de dire qui va prendre le dessus dans la hiérarchie. Pour l''étonnant Truffert, à gauche, la question se pose beaucoup moins vu le peu de cas fait de Brassier, de retour de prêt depuis Valenciennes, depuis le début de saison, lui qui a pourtant la polyvalence de pouvoir évoluer autant dans l'axe qu'à gauche. Autre revenant de prêt avec peu d'espoirs que l'horizon se découvre, Diallo, lui aussi arrière-gauche.
Au milieu, ils ont beau être 5 pour 3 postes, dont 4 qui se les sont partagés assez équitablement depuis le début de saison, il est un joueur qui est indiscutable, c'est Camavinga. Dans le profil joueur international français, N'Zonzi présente aussi quelques garanties. Et il semble difficile de discuter une place, également à Bourigeaud, l'un des piliers du projet rennais ces dernières années. Pour autant, Martin, blessé quasiment toute la saison dernière, tente de profiter de ce début de saison pour se faire une place. Il pourra peut-être, au fil de la saison, compter sur la polyvalence de l'ancien lensois pour prendre du temps de jeu. Lea-Siliki, dont le temps de jeu baisse petit à petit, n'est en revanche pas aidé par une blessure qui lui pourrit le début de saison et lui fait perdre encore du terrain. Restent deux profils : d'une part Gboho, petit jeune qui avait fait ses premières apparitions la saison dernière et qui semble promis à grandir dans l'ombre des pré-cités, profitant sûrement de son profil offensif un peu différent et des 5 changements possibles pour grappiller du temps de jeu, d'autre part Grenier, complètement tricard et qui devrait, sauf rebondissement, quitter le club breton d'ici la fin du mercato.
Enfin, devant, on retrouve également quelques changements, qui ont avant tout l'allure d'un grossissement de l'effectif, en attendant possiblement des départs. En effet, le secteur n'a perdu que Siebatcheu, dont le temps de jeu se limitait à la portion congrue, et a gagné deux éléments, qui prétendent tous deux à une place de titulaire. D'un côté, et c'est le cas de le dire, Terrier, qui sort d'une saison pénible à Lyon avec seulement 13 titularisations et 1 but, mais dont le pedigree et l'expérience, déjà, à seulement 23 ans, parlent pour lui aux dépens de Tait, arrivé il y a un an pour une somme approchant celle pour laquelle l'ancien vilain a débarqué, mais dont le recrutement ressemble pour le moment à un échec. De l'autre, enfin, dans l'axe, Guirassy, l'un des rares Amiénois à s'être valorisé dans le marasme collectif picard la saison dernière et qui semble devoir remplacer Niang... qui n'est pas encore parti, et qui pourrait être un sacré caillou dans la chaussure du nouvel arrivant. Mais également dans celles des 2 autres joueurs ayant évolué en 9 la saison d'un effectif qui en compte décidément trop : Hunou, pourtant toujours efficace quand on fait appel à lui (8 buts la saison dernière, soit seulement un de moins que Guirassy), et Del Castillo, qui n'est pas vraiment une pointe et qui, sur un système à 3 attaquants, sera plus naturellement positionné sur un côté. Comme à droite, par exemple, où Raphinha n'a pas d'autre doublure crédible. Enfin, le Roannais Da Cunha, blessé pour le moment, devrait pouvoir jouer le rôle de 5ème homme sur les côtés, dans une saison qui sera longue pour les Rennais et où les 5 changements donneront du temps de jeu à ce genre de poste.
La compo probable : Deux absences majeures seront à déplorer du côté des Bretons, celles de Maoussa (blessé à la cheville par Aguilar) et de Truffert (pour cause de suspicion de Covid selon Ouest-France). Pour le reste Salin, Camavinga, N'Zonzi et Guirassy ne se sont pas entraînés jeudi, mais ils seront bien là à GG :
Salin – Traoré, Da Silva, Aguerd, Brassier – Camavinga, N'Zonzi, Bourigeaud – Raphinha, Guirassy, Terrier
3– Souviens-toi la dernière fois
Mais laquelle, celle en match officiel ou en match amical ? Allez, oublions ce 3-0 concédé peu après la finale de Coupe de France avec une équipe jeune mais pas si éloigné de celle qui devrait évoluer demain. Et concentrons nous plutôt sur leur dernière réception à GG. La dernière à GG avec du public. Du public bruyant, festoyant, dans les bras les uns des autres, sur le terrain. Oui, c'était un grand moment. Déjà, c'était un grand moment parce que les supporters n'avaient pas vu un aussi beau match des leurs depuis 3 mois et la victoire à domicile, déjà, contre Nice. Ensuite, parce que les Verts n'avaient plus été en finale de Coupe de France depuis 38 ans. Enfin parce que le scénario nous avait donné un dénouement incroyable, une jouissance indescriptible sur ce but de Boudebouz qui nous propulsait en finale au dernier instant du match, après avoir été pourtant menés en première mi-temps sur un penalty de Niang.
C'est bien la seule joie que l'histoire récente des confrontations contre le Stade Rennais nous aura donné. Depuis la finale de la Coupe de la Ligue, autre grand moment positif de l'histoire récente du club, les Bretons sont un peu une bête noire pour les Verts : 8 nuls, 4 défaites (toutes à Rennes) et 1 seule petite victoire, 1-0, là aussi à Rennes. Bref, c'est un flot de matchs nuls qui s'est abattu sur GG à chaque fois que Rennes est venu à Sainté en championnat depuis 2013.
4- Le joueur à suivre
Il est à la fois très facile et très difficile de trouver un joueur à suivre. Bien sur, l'évidence nous commande de désigner Eduardo Camavinga. Rayonnant, à la fois habile techniquement, capable de percussion, il est l'homme parfait de la transition entre phases défensives et phases offensives. Et il le fait un cran (si ce n'est plus) de ce que l'on peut observer habituellement en L1. Pour autant, Camavinga, de l'aveu même de son entraîneur, ne fait pas un début de saison à la hauteur de son talent, freiné par des blessures dans sa préparation.
Or, au-delà du talent incroyable de Camavinga, difficile de sortir un homme du lot. La force rennaise réside, ensuite, assez peu en des joueurs extrêmement brillants (pas même N'Zonzi qui, malgré son statut d’international possède avant tout un profil de joueur de devoir infatigable). Bon nombre seraient (ou étaient) même banals ou simplement bons dans d'autres clubs. Mais voilà, le collectif fait la différence.Un collectif parfaitement huilé, qui se trouve parfaitement, qui fait les efforts ensemble devant comme derrière et qu'il est dès lors difficile de mettre à défaut.
Alors nous citerons pêle-mêle le travail incessant de Traoré sur son côté et la dangerosité de ses centres, la patte de Bourigeaud, la trouvaille Raphinha qui sait donner le tournis aux défenses ou encore Da Silva, joueur de club par excellence, qui sait rassurer toute une équipe.
En quelque sorte, un bon test pour des jeunes qui fonctionnent beaucoup comme ça depuis le début de saison et qui auront du répondant dans leur registre : du talent certes, mais un effet de corps incroyable qui fait des miracles. Une fois de plus demain ? On attend que ça !