15 mai 1982, voilà, c'est fini !
En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée. Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).
15 mai 1982 : ASSE-PSG : 2-2 a.p (5 tab à 6)
Si le dernier épisode d’une série ou d’un feuilleton est supposé générer un grand vide, provoquer comme une mélancolie, alors celui-ci remplit plus que parfaitement sa fonction. Ce Sainté-Paris, dixième finale de Coupe des Verts (si on accepte de compter la finale de zone libre en 1941 contre Toulouse comme une finale) est une petite mort. Sur le podium des matchs les plus déchirants, les plus déprimants, les plus terriblement et négativement marquants pour le peuple vert il postule, derrière l’inégalable finale de Glasgow, pour la deuxième marche, avec un certain barrage contre le Racing, qui aura lieu deux ans plus tard.
Cette finale est un crève-cœur. Tout est réuni pour faire de ce match un lourd symbole. Celui de la fin d’une équipe, d’une domination, d’une ère. Symboliquement c’est ce soir de mai 1982 que prit officiellement fin la domination de Sainté sur le foot français. C’est ce soir de mai 1982 que démarre la chute qui durera deux ans jusqu’à cette fatidique nuit du 19 mai 1984.
Ca nous ne le savions pas encore ce 15 mai. Comment l’imaginer, alors que le Parc malgré l’identité de l’opposant, penche encore nettement en faveur des Verts ? Nous savions en revanche déjà que le 11ème titre nous avait échappé de peu, malgré le 9-2 infligé huit jours plus tôt au FC Metz. Nous savions aussi que c’était la der d’un immense joueur, d’un guide, d’un futur triple ballon d’or, de Platoche, le grand, l’immense Platoche. Alors nous étions si ma mémoire est bonne déjà tristes avant même d’avoir perdu.
Légèrement favoris, les Verts se présentent avec un groupe remanié par rapport à la finale de 1981 : on note quatre changements dans le 11 de départ avec les titularisations de Lestage, Paganelli, Larios et Zanon, ce qui porte à 7 le nombre de joueurs formés au club si on leur ajoute Castaneda, Lopez et Janvion. Platini, Battiston, Gardon, Rep sont les brillantes pièces rapportées.
En face, Bathenay et Rocheteau sont venus garnir les rangs de ce PSG qui a 12 ans à peine et déja des allures de nouveau riche. Un Paris au palmarès vierge de tout titre qui a longtemps titillé les places européennes avant de flancher et finir à la 7ème place en D1, avec, attention, deux nuls 0-0 contre les Verts. Un Paris miraculé, puisque passé par un (FC) Tours de souris en demi-finale à l’issue des pénals.
Le match est d’abord un long pensum, avec des Parisiens ayant décidé de distribuer les coups. Puis enfin, les choses s’emballent en 2ème période. Au but parisien marqué à la 58ème en plein cœur de la surface par un Toko ayant eu tout loisir de contrôler avant de frapper, les Verts répondent à un quart d’heure de la fin par une délicieuse reprise en demi-volée de Platoche. Auteur en position inhabituelle d’avant-centre d’un 2ème pion du droit en fin de première prolongation, notre génial n°10 pensait pouvoir nous quitter par la grande porte. Hélas, au bout du bout de la 2ème prolongation, Rocheteau, en mode Brutus, lui aussi abandonné au point de pénal, nous plante un terrible coup de couteau dans le dos. Et puisque ce soir-là, rien ne devait nous être épargné, Vautrot fit retirer un pénal parisien raté pour cause de Casta un peu avancé. Même crampé Platoche fait trembler une troisième fois les files. Nous arrivons à 5-5, l’heure des tireurs non assumés. Lopez en bon capitaine et faute d’autre volontaire accepte d’y aller avec au coeur l’envie d’un collégien une veille de rentrée(«je ne pensais pas tirer… Je le tire très mal, je ne savais même pas où je voulais le tirer…»).
Le reste ne fut qu’une folle et pénible sarabande parisienne, avec en point d’orgue le baiser de Borelli à genoux sur la pelouse. Les joies des vainqueurs nous semblent forcément indécentes et ridicules quand on est dans le camp des perdants.
C’est un été qui s’annonce bien pourrave, sous le signe de la cruauté de Paris jusqu’à Séville, de Pilorget à Schumacher. Rien de ce que le foot peut produire de plus douloureux ne devait manifestement nous être épargné.
Auparavant…
Auparavant les Verts ont connu un parcours sans encombre et sans grand coup de chaud.
Ca démarre par une aimable promenade 3-0 en 32ème contre le RC Paris alors en d3, au Parc des Princes avec un doublé de Benny Nielsen, puis une fessée infligée aux Varois de Sanary (Promotion d’honneur…2-0 puis 4-0 au retour à GG devant 3862 spectateurs) en 16ème .
Le niveau de l’opposition et du stress grimpe en 8ème avec Brest, pensionnaire de d1 battu 2-0 devant 7 511 spectateurs à GG, puis tenu en échec 3-3 au retour après les avoir tout de même laissé mener 2-0 à l’heure de jeu
En quart de finale, ce sont les Tangos de Laval, alors en d1, qu’on enverra valser avec une petite mais suffisante victoire dans un chaudron qui se remplit un peu plus (1-0 devant 11 676 spectateurs) et un nul sérieux, 0-0 chez eux.
Enfin, les Verts s’offrent une revanche maîtrisée dans un Parc plein comme un oeuf contre Bastia 2-0 en demi-finale.
Avec 5 buts, Platini est devant Larios (4 buts) notre buteur n°1 de cette Coupe.
Auparavant, les Verts étaient la meilleure équipe de France. Et si le sort se rachetait vendredi soir ?