Le plan tactique des Verts contre Metz comportait quelques éléments innovants, malheureusement contrariés par une maladresse technique trop importante.


Depuis mi-janvier les Verts ont commencé à jouer dans un système en 4-2-3-1 avec un "10" en soutien de l'avant-centre et donc une défense en deux lignes de 4 sans sentinelle entre elles (4-4-2). Depuis son retour de la CAN, en commençant donc par le Derby, Saivet a démarré tous les 8 matchs possibles avant celui-ci en position de "10". Il a toujours été accompagné par le même ailier gauche, l'increvable KMP (qui a démarré tous les 13 matchs de 2017), mais les deux autres éléments offensifs, l'ailier droit et l'avant-centre, ont varié en fonction des blessures. Hamouma a déjà démarré 3 fois à l'aile droite quand Saivet était le "10" (Derby, Nice, retour contre Manchester), alors c'était une petite surprise de voir leurs rôles inversés contre Metz.

 

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L'idée est donc de comprendre quelle a été l'animation offensive dans ce 4-2-3-1 maintenant classique, mais avec Hamouma en "10" et Saivet en ailier droit. Mais il est difficile d'appréhender une animation offensive quand elle est sans arrêt gâchée par des mauvais contrôles ou des passes ratées. Et quand Hamouma, censé être meneur de jeu, touche seulement 15 ballons en première mi-temps, le moins de tous les Stéphanois (même Beric en a touché plus), c'est vraiment dur de comprendre son rôle.


Néanmoins, on peut trouver quelques exemples, comme à la 22ème, quand Selnaes reçoit le ballon de Perrin et le porte vers l'avant en passant entre le premier rideau de deux (Metz défendait en 4-4-2) :

 
On voit bien comme Beric se trouve entre les deux centraux, KMP mord la craie en vrai ailier, Hamouma se place entre les lignes en vrai "10" et Saivet... se place entre les lignes aussi, comme un deuxième "10", aspirant ainsi le défenseur latéral. Ce n'est pas une révolution, c'est une animation offensive assez courante d'avoir un ailier qui fait un appel dans l'axe, libérant le couloir pour son latéral. Un des meilleurs exemples Verts cette saison a été contre... Metz à l'aller. Mais à l'époque de Tannane qui allait dans l'axe, on jouait sans "10". Dans tous les cas, le but est de chercher Malcuit dans le couloir droit, ce que Selnaes fait, mais sa passe est trop en retrait - Malcuit arrive à récupérer le ballon, mais il est obligé de repasser par la défense :
 
 
 
Sauf qu'en ce moment, nos deux "meneurs de jeu" ne décrochent plus, ils se placent sur la même ligne que Beric, dans la défense. La même chose pour KMP, sauf qu'au moins lui est excentré. Une telle présence dans la défense demande un jeu long, mais celui de KTC n'est pas très précis et/ou Hamouma n'est pas assez fort de la tête contre un central. Saivet finit par récupérer le ballon et l'action ne donne rien à la fin, mais ce n'est pas important. 
 
Le but de l'exemple était de montrer l'animation offensive que les Verts ont voulu mettre en place avec Hamouma en "10" et Saivet dans un rôle de faux-ailier, qui entre dans l'axe et qui laisse le couloir à Malcuit. L'intention était là, la réalisation, moins. D'ailleurs, il a fallu attendre la 56ème minute de jeu pour voir un jeu collectif produit par nos éléments offensifs ensemble, des combinaisons de passes entre plusieurs de nos attaquants. C'est parti d'une relance de Ruffier pour RPG, qui remet dans l'axe pour Selnaes :
 
 
 
Comme avant, le Norvégien avance avec le ballon entre les deux premiers adversaires et cherche un partenaire démarqué : 
 
 
 
KMP est toujours près de la touche, Beric avec la défense centrale, Hamouma entre les lignes. Malcuit était resté haut sur l'action précédente, donc Saivet et lui avaient inversé. Le ballon parvient jusqu'à Saivet via le relais Veretout, Malcuit se replace et on a une attaque contre deux lignes de 4 bien en place :
 
 
 
Via le relais Veretout, Hamouma est trouvé entre les lignes, où il doit être cherché par un défenseur (Metz n'a pas de sentinelle). Beric fait l'appel qu'il faut dans le dos de ce central qui monte sur Hamouma, mais celui-ci combine avec Saivet qui avait repiqué dans l'axe depuis son couloir. Saivet adresse une merveille de passe enroulée pour KMP, bien libre dans son couloir :
 
 
KMP tergiverse et attend la montée de RPG, ce qui permet aux deux joueurs de couloir adverses de se replacer. Il choisit de combiner avec Hamouma pour réaliser un bel un-deux dans la surface, suivi d'une frappe trop molle pour inquiéter le goal adverse :
 
 
 
Certes, on n'a pas marqué sur cette action, mais ça a été une des très rares dans ce match où nos joueurs offensifs ont joué ensemble, où ils ont combiné, sans déchet technique, avec des appels, des un-deux, tout ce qu'il faut. Dans tous les cas, il semble évident que les Verts étaient censés attaquer dans un espèce de 2-3-4-1, avec deux "10" entre les lignes et un Malcuit qui prend le couloir droit. Que ça n'a pas marché, c'est une autre histoire.

 

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Comme la possibilité d'une association Beric - Söderlund a été mentionnée en conférence de presse avant le match, on pouvait s'attendre à une équipe stéphanoise en 4-4-2. Ça n'a pas été le cas dès le départ, probablement le Norvégien n'était pas encore prêt pour démarrer un match, mais à partir de la 66ème il est entré en jeu à la place de Saivet. Malheureusement, ce système n'a pas survécu plus de 10 minutes, à la 76ème RPG a dû sortir sur blessure et les Verts sont passés dans un 3-5-2. Cependant, on peut essayer de regarder ces 10 minutes pour comprendre si cette association peut marcher.
 
Les chiffres sont très nets : pendant 10 minutes à 50% de possession, Söderlund n'a touché aucun ballon (mais il a fait une faute) et Hamouma en a touché 1 (et un autre en étant hors jeu). Voilà pour la pertinence de l'association Beric-Söderlund... Mais pour comprendre quand-même comment ça aurait du marcher, on regarde un exemple, qui démarre à la 73ème avec une autre relance de Ruffier pour RPG, qui remet comme toujours dans l'axe pour Selnaes :
 
 
 
Comme dans les exemples précédents, le Norvégien monte avec le ballon pour passer le premier rideau des deux et cherche une solution. Dans ce 4-4-2, Hamouma ne joue plus en "10", mais en ailier - par contre, le même type que Saivet avant, un qui fait des appels dans l'axe entre les lignes, laissant son couloir à Malcuit. Comme le latéral adverse doit serrer dans l'axe pour aider ces centraux contre Beric et Söderlund, le couloir est vraiment libre : 
 
 
Sauf que, probablement pas mis en confiance par toutes ses passes ratées ou pas assez précises, Selnaes ne donne pas le ballon directement à Malcuit, il passe par la défense, via Perrin et KTC :
 
 
Le ballon arrive enfin dans le couloir droit, mais le bloc adverse a eu le temps de coulisser. De plus, Hamouma avait quitté ce côté, donc Malcuit ne peut pas vraiment combiner dans le couloir, même si Söderlund essaie de lui proposer quelque chose, suivi par le latéral. L'action se finit par une combinaison ratée entre Malcuit et Veretout, sans arriver à faire parvenir le ballon jusqu'aux attaquants. 
 
C'était un exemple type de l'animation offensive des Verts en 4-4-2, pendant 10 minutes trop courtes pour être vraiment représentatives. Par contre, si on veut déduire un plan de jeu, dans cette configuration les Verts attaquaient en 2-4-1-3, avec un excentré au même niveau que les deux avant-centres, un autre entre les lignes, et les deux latéraux au niveau des deux axiaux. Assez intéressant, mais il faut un minimum de justesse technique pour que le ballon passe du milieu à l'attaque.
 
 
 

Conclusions

 
Il ne faut pas oublier que tous les joueurs censés construire le jeu reviennent de blessure (Hamouma, Malcuit, Selnaes) ou ont démarré trop des matchs consécutifs (KMP - 13, Saivet - 8, Veretout - 8). Et qu'on a une équipe en manque de confiance (6 matchs consécutifs sans victoire, 2 victoires sur les 10 derniers matchs) et qui en plus démarre le match menée au score. Dans ce contexte là, le staff peut préparer n'importe quelle animation offensive, ça ne suffira pas. Et c'est particulièrement dommage lors de ce match, parce qu'on a pu apercevoir des idées innovantes (pour les Verts de cette saison), comme un 4-2-3-1 mais avec deux "10" ou un 4-4-2 avec un "10" en soutien de deux avant-centres. Mais ces idées, potentiellement prometteuses, ne peuvent pas marcher en pratique avec des joueurs qui ne sont pas en forme ou en confiance. La solution est pourtant simple : une victoire à Dijon pour la confiance avant la longue trêve pour la remise en forme. Il n'y a plus qu'à.
 
 

 

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