Retour sur les deux périodes du match contre Nantes, très différentes tactiquement.
Pour le 4e match après le départ de Garcia, le nouveau staff technique des Verts a utilisé un 4e système technique différent. Après un 4-4-1-1 avec Dabo en soutien de l'avant-centre, après un 4-2-3-1 avec Hernani en meneur de jeu et après un pari de solidité raté dans un 5-3-2, l'ASSE a joué contre Nantes dans un 4-1-4-1 assez classique :
Et comme les adversaires ont utilisé le même 4-1-4-1 en première période, ce match permet de mettre en évidence que la tactique et le plan de jeu ne se résument pas au système. Du côté de Nantes, le bloc était assez haut pour empêcher les relances stéphanoises, pendant que du côté des Verts un positionnement assez spécial des latéraux et milieux relayeurs permettait de déjouer la tactique adverse.
La première période
L'ASSE a eu la possession du ballon en début du match, jusqu'à l'ouverture du score, 56%, et a abusé des passes longues qui sautaient le milieu nantais, plus que dans ses autres matchs cette saison. Mais pour mieux comprendre comment les Verts ont utilisé le ballon quand ils l'avaient, prenons un exemple à la 12e :
Ruffier donne le ballon à Perrin, puis à KTC, en cherchant une solution de relance propre. Sur cette image on voit bien le (4-)1-4-1 de Nantes, en bloc équipe assez haut, et le 4-3-3 spécial des Stéphanois. Si le triangle au milieu Selnaes-Dabo-Pajot est visible (même si un peu à plat), ce qui est surprenant est qu'il est très bas. C'est normal pour la sentinelle de descendre entre les deux défenseurs centraux qui s'écartent, pour assurer une relance, mais en général les relayeurs sont plus haut. Pour l'ASSE de cette première période, ce positionnement est la règle : les relayeurs sont bas et ce sont les latéraux qui sont plus haut sur le terrain.
KTC joue avec Dabo, qui remet en retrait à Ruffier. Le bloc nantais reste très haut : ce n'est pas un pressing haut proprement dit, l'avant-centre et les 4 milieux se préoccupent plus d'empêcher les passes que de récupérer le ballon. Quant à la sentinelle adverse, elle est au marquage de l'arbitre, aucun Stéphanois n'étant présent dans l'axe dans le dos de la ligne des milieux. Les Verts continuent à se faire des passes dans leurs 30m :
Ruffier - Perrin - Selnaes - KTC - Ruffier de nouveau, il n'y a pas de solution pour sortir proprement de son camp. Ce qui est à la fois la faute du bon positionnement du bloc Nantais, mais aussi la conséquence logique de placer les 3 milieux axiaux plus bas. Donc finalement Ruffier décide de jouer long :
Les Verts n'avaient aligné aucun attaquant à l'aise dans le jeu de tête, mais il y avait 2 milieux relayeurs assez bons dans cet exercice... sauf qu'ils jouaient en retrait. Alors les passes longues sont à destination des latéraux, placés beaucoup plus haut que leurs milieux :
La sentinelle adverse est toujours au marquage de l'arbitre entre les lignes, aucun autre joueur ne s'y trouve. Le positionnement haut des milieux adverses ne leur sert à rien, on a décidé de passer au-dessus. Et le positionnement intelligent de MBengue et Janko, à mi-distance entre les deux lignes adverses (mais excentrés, pas dans la zone de la sentinelle) leur permet de recevoir le ballon et le contrôler avant d'être pris par un adversaire. Dans ce cas, MBengue a le temps de faire un amorti de la poitrine, se retourner et chercher par une passe Diony, qui dévie en première intention dans la course de KMP, qui avait fait un appel dans le dos du latéral monté chercher le latéral Stéphanois.
Cette action ne donne rien par la suite, mais c'est un des nombreux exemples de ce jeu proposé par l'ASSE en 1MT : avec des relayeurs qui descendent et des latéraux qui montent, des longs ballons dans la zone entre les lignes adverses, mais sur les côtés, pas dans l'axe totalement abandonné. Et quand le ballon est gardé un peu dans le camp adverse, des attaquants (Bamba, Diony) décrochent et/ou des relayeurs montent enfin pour occuper le centre de cet espace entre les lignes, déserté initialement.
Cette action ne donne rien par la suite, mais c'est un des nombreux exemples de ce jeu proposé par l'ASSE en 1MT : avec des relayeurs qui descendent et des latéraux qui montent, des longs ballons dans la zone entre les lignes adverses, mais sur les côtés, pas dans l'axe totalement abandonné. Et quand le ballon est gardé un peu dans le camp adverse, des attaquants (Bamba, Diony) décrochent et/ou des relayeurs montent enfin pour occuper le centre de cet espace entre les lignes, déserté initialement.
La deuxième période
Nantes a effectué un double changement de joueurs à la pause et est passé dans un 4-4-2 visible dès les premières secondes :
Sur la remise en jeu, les Verts font un pressing haut, le ballon est âprement disputé, Janko finit par le récupérer et le ressort dans l'axe vers Dabo. Le milieu stéphanois tergiverse, sa passe en retrait est interceptée, Selnaes récupère, sa passe vers Diony est interceptée, ça bataille dur pour la possession au centre du terrain :
Les Nantais échangent deux passes pour se donner le temps de se remettre en place, très disciplinés tactiquement...
... et choisissent le jeu long. Un des deux avant-centres fait un appel excentré en profondeur et le milieu latéral de ce côté fait le même appel. Et donc même si KTC gagne son duel aérien...
... il y a un 2e adversaire pour récupérer le ballon. Sur cette image on voit bien qu'il y a seulement 3 Nantais pour les 4 défenseurs stéphanois accompagnés de Selnaes en sentinelle - tous les autres adversaires sont loin. Mais ils n'ont pas besoin d'être nombreux pour être dangereux, Janko sur le milieu et Perrin et MBengue sur l'autre avant-centre ne sont pas assez agressifs pour les empêcher de combiner et heureusement KTC arrive à contrer en extremis le tir adverse.
Si le changement de système de Nantes a eu une influence sur la rencontre, la grosse différence entre les deux mi-temps a été dans l'attitude. Les Nantais ont confisqué le ballon entre le retour sur le terrain et l'ouverture du score (70%) - la sortie sur blessure de Perrin n'a pas d'influence, la possession adverse était même de 74% entre la pause et ce changement... On a donc subi les assauts des Canaris et le double coup sortie du capitaine et but encaissé a plongé les joueurs stéphanois dans leurs doutes - la chance, les arbitres et la maladresse adverse leur permettant de tenir le match nul.
Conclusions
Si le match précédent a été très mal abordé tactiquement, la correction à la pause intervenant trop tard, ce match a été l'inverse. Les Verts ont gagné tactiquement (et au score) la 1MT, mais ils n'ont pas su s'adapter au changement adverse après la pause. Pire, ils ont de nouveau sombré psychologiquement. Ce gros doute qui s'est installé dans leurs têtes sera très pénalisant, surtout face à des équipes encore plus fortes, contre lesquelles il ce sera encore plus difficile de prendre le dessus tactiquement.
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