Commençons par tordre le cou aux interprétations simplistes. Personne ne nie les difficultés offensives des Verts depuis désormais une saison et demi. Personne.
Ni les supporters les plus prompts à défendre Galette, ni Galette lui-même, qui, à plusieurs reprises a avoué que ce n’était ni sur les bords, ni au milieu, mais bien devant que ça craignait un peu.
On peut donc défendre Galtier, lui accorder notre confiance tout en admettant certaines carences dans le jeu.
Ça devrait aller sans dire, mais ça semble aller mieux en le disant. C’est clair, c’est écrit, passons donc à la suite.
La suite, quelle suite ? La suite dans les idées par exemple. Car si le constat d'une demi-saison en demi-teinte est presque unanimement partagé, il faut aller au delà du constat, par exemple en en tirant des conclusions, ce qui, pour les simples supporters que nous sommes et tant que Bozzo n'aura pas concrétisé -et c'est dommage- son projet de socios, se limite au choix d'une posture, d'un discours, à des encouragement ou des protestations.
Me concernant, et pour trois raisons, trois comme le nombre de matchs que les Verts ont pris l'habitude d'enquiller en une semaine, je choisis la posture du dos rond, et le discours de soutien et d'encouragement, sans ambiguïté.
1/ Dis moi qui porte ta parole, je te dirai ce qu'elle vaut
A quoi reconnaître qu'un discours est malsain ou dangereux ? Comme en politique, par l'identité de ceux qui le tiennent publiquement. Vomir sur le jeu de Sainté, et sur son coach est depuis de trop longs mois l'apanage de certains décérébrés du micro.
Les Verts en chient certes, mais cela justifie-t-il toute cette diarrhée verbale, toutes ces sorties nauséabondes tant dans les médias que chez une part grandissante des supporters, les uns influençant hélas les autres ? Le jeu de massacre a démarré, l’expérience prouve qu’il peut nous mener dans le mur.
Chacun s'il porte en lui l'amour des Verts, doit contre attaquer. Faire taire les cons. Qui osent tout puisque c’est leur nature et qu’on leur donne la parole avec mission d’être lapidaire, excessif et brutal.
Il faut allumer des contre-feux. Remettre l’église au centre du village dirait les Rugbeux. Redonner de la consistance au débat. Argumenter, nuancer, prendre du recul. Dénoncer tout ce qui ressemble à du binaire, du courte-vue, de la terre-brûlée (qui ne donnera pas plus de blé qu’un meilleur avril), du hâtif, de l’emporte-pièce.
Et s'il faut, même parmi nos sups, convaincre que, oui certains médias sont passés maîtres dans la contre-vérité au service de leurs idées recues, alors prenons un exemple, un seul, qui m'a tant fait bouillir au soir de la déja suffisamment triste défaite face à Nice (je hais les dimanches). Valentin Eysseric, par un hasard capricieux a claqué contre son ancienne équipe le magnifique pion de la victoire niçoise dans le Chaudron. Un hasard ? Un peu puisque ce fut son seul en Ligue 1 cette saison, pour un maigre bilan à la trêve de 8 titularisations, 1 but et 1 passe décisive.
Mais qu'importe !! Au mépris de toute analyse rationnelle, le très nuisible Riolo, que 98% des entraîneurs de Ligue 1 aimeraient un jour croiser dans une rue sombre pour lui montrer qui c’est raoul, et l’éparpiller façon puzzle aux quatre coins de Paris, décide ce soir là d'endosser son habit de procureur, voire d'agent de la Stasi et de soutirer au pauvre Valentin des aveux sur le plaisir qu'il prend, sans comparaison avec la saison précédente, à jouer dans une équipe qui joue, avec un entraîneur qui, lui, n'incarne pas la négation du football (sic).
Personne bien entendu ne pourra ce soir là expliquer calmement, qu'avec 13 titularisations en 19 journées, pour 4 buts et 3 passes décisives, en faisant qui plus est une toute autre campagne européenne, sur le fond, Eysseric avait tout pour préférer sa moitié de saison verte à celle qu'il vivait à Nice. Sauf à considérer qu'un joueur préfère quand il joue et marque moins ...
Au moins les tontons flingueurs version noir et blanc nous étaient sympathiques. Riolo, lui, flingue et de son ton narquois, en parasite officiel et outrancier des ondes, distille son venin. Rallier son opinion est donc un délit dont le sup Vert ne devrait décemment pas se rendre coupable.
Ce con-sultant et tous ceux qui, à leur manière suivent la même ligne me font vomir parce qu’ils incarnent une forme de pensée (mot bien mal choisi…) en vogue : la pensée courte vue, sans mémoire, sans recul et sans nuance. A l'occasion, me faire penser à chercher dans les archives ce qu'ils déblatéraient sur Jardim il y a un an...
2/ Dis moi qui joue je te dirai ce qu'on peut espérer
Un groupe dont on renouvèle les cadres doit se reconstruire. Ce n'est pas simple. Le foot regorge d'exemples démontrant que cela demande du temps, qu'un collectif se façonne avec une préparation digne de ce nom et du temps de jeu en commun pour parfaire les automatismes.
Lorsque Galette fait le choix de tourner la page d'un groupe ayant connu tant de succès il fait deux paris :
- l'un au mieux délicat au pire hasardeux concerne le recrutement : remplacer Sall, Cohade, Clément par des joueurs supposés apporter autant sinon plus que 3 piliers de ces 5 dernières saisons est tout sauf une évidence
- l'autre moins risqué suppose que ses cadres, ses leaders, ses valeurs sûres dont on sait, sans trop se tromper qu'elles ne déçoivent jamais sur une saison, seront bien sur le pré
Qu'une telle lapalissade doive être répétée aurait tendance à me navrer. Mais au coeur de ma tribune de mastres, j'en fais le triste constat tous les quinze jours.
A mi-chemin d'une saison qui peut encore être magnifique -il serait bien de ne pas l'oublier-, on peut hélas constater que s'il n'est pas sûr que ces deux paris seront perdus en fin de saison, ils sont pour l'instant loin d'être gagnés.
Nos 4 leaders, Hamouma (7 titularisations), Beric (7 titularisations), Perrin (13 titularisations) et Ruffier (17 titularisations) n'ont été alignés qu'une fois ensemble, et dans une forme inégale. Pourtant ce sont ceux qui, par leur talent et leur expérience doivent sublimer notre collectif. Leurs stats suffisent quasiment à expliquer notre triste bilan offensif (14ème attaque à la trêve). Sans oublier au passage les absences plus ou moins longues de Lemoine (3 titularisations), Pogba (8 titularisations), autres anciens du groupe supposés garantir le liant du collectif.
Nos valeurs sûres offensives trop souvent absentes, il eut fallu que le pari des recrues soit payant. Hélas Tannane reste prometteur, seulement prometteur, Saivet a joué les fantômes, Dabo s'est blessé au pire moment, et seuls Selnaes et Veretout ont, à défaut d'exploser, confirmé qu'ils pourraient à terme devenir des piliers de ce groupe. Mais un Selnaes, jeune et qui commence à prendre confiance vaut-il largement plus qu'un Clément bien préparé et expérimenté ? Ce qu'on gagne en relance verticale, ne le perd on pour l'instant pas en sécurité défensive ? Un Veretout dont l'activité est indéniable apporte-t-il plus offensivement qu'un Lemoine en forme ?
Le talent supérieur de notre milieu cette saison n'est encore qu'une promesse, pas une réalité. Nos meilleurs attaquants passent leur temps à l'infirmerie. Et Galette se débat donc avec cette équation insoluble qui voudrait obtenir une performance pérenne (et avec style qui plus est) en multipliant les matchs tous les 3 jours et en additionnant les blessures.
Quoi qu'en disent les observateurs, cela n'est simplement pas possible. Et malgré ces vents contraires, à froid, on peut à la fois saluer un parcours européen presque parfait (10 matchs, 5 victoires, 5 nuls, la première place de notre groupe) et réaliser qu'en championnat, la 5ème place n'est qu'à quatre points pour l'instant. De quoi réellement mettre le feu ?
3/ Dis moi le plaisir qu'il t'a donné, je te dirai la confiance que tu dois lui accorder
Le feu, oui. Celui que certains tentent d'allumer en réclamant clairement le départ de Galette.
Je suis un supporter. Comme un autre. Chaque défaite est une douleur. Chaque passe ratée m'agace. Chaque purge m'insupporte. Et puis la colère rentre, le coeur et la raison s'imposent à moi. La raison me dit qu'il n'y a justement pas le feu. Les Verts sont 8èmes et peuvent encore nous faire vivre de belles soirées ces prochains mois. La raison me dit qu'un groupe si renouvelé s'améliorera automatiquement sous le double effet des automatismes grandissant et des blessures diminuant.
Le coeur me rappelle tout ce que ma fierté de supporter vert doit à Galette. Inutile d'énumérer ici ses conquêtes, inutile de tourner les pages du Galette book of records, ma prose s'étire déja trop. Seule s'impose une évidence : il a su re-faire de Sainté un des tout meilleurs clubs de France depuis 5 ans. 5 ans, c'est long. Qui à part Paris et les banlieusards a tenu avec une telle régularité le haut du pavé en France tout en s'égayant avec régularité en Europe ?
L'avantage avec les grands hommes c'est qu'ils ont la formule qui claque, qui reste, qui met tout le monde d'accord. Souffle, souffle, vent d'hiver; tu n'es pas si cruel que l'ingratitude de l'homme écrivait Shakespeare qui avait, on le dit insuffisamment à mon goût, l'étoffe d'un grand et vrai supporter.
Vrai supporter. Le qualificatif en fait bondir certains au prétexte que personne ne devrait se sentir autorisé à décerner ou à ôter à untel ou untel le titre de vrai supporter ?
Sans entrer dans le débat stérile du nombre de matchs visionnés ou de kilomètres parcourus évoquons plutôt l'amour réel qu'on porte à une équipe.
L'amour réel, celui qui rejette l'ingratitude, celui qui accepte l'erreur ou les faiblesses de l'autre. Celui qui espère et encourage, toujours.
Celui enfin qui n'oublie pas ses racines, celles qui l'ont fondé. L'amour du supporter à Sainté, celui dont on se prévaut tous, n'est-il pas nourri d'abord par l'état d'esprit de onze mecs qui donnent tout et encore plus sur un terrain ? En ce point précis Galtier et ses hommes ont ils un jour été pris en défaut ? Au contraire le but de Nolan contre Anderlecht, celui de Bob au Parc, ceux d'Alex à Bruxelles ne sont ils pas l'incarnation parfaite de ce qu'un supporter Stéphanois espère de ses joueurs ?
Même laborieux, car oui, ils le sont, et trop souvent, les Verts ont toujours fait honneur au maillot et, même plus à l'histoire, la grande, de l'ASSE en surperformant sur la scène européenne.
Que pèse la piètre qualité de notre jeu offensif face à tout cela ? Autant que la beauté de l'emballage face à la qualité du cadeau.
Pour ces raisons, mais aussi et surtout pour ce qu'on lui doit, soutenons Galtier, soutenons-le jusqu'au bout, de cette saison bien entendu, mais au-delà. Gardons les yeux ouverts, n'ayons pas la mémoire courte, et ne souhaitons son départ que lorsque celui-ci aura annoncé que c'est mieux pour lui et le club. La moindre des choses qu'on doit à Galette est de lui laisser choisir sa date de départ.
Ce jour là, le plus tard possible seuls deux sentiments m'animeront : la tristesse et la gratitude.