Six matches, trois expérimentations : Christophe Galtier n'a jamais autant tenté. Profitons de la mini-trêve pour faire un mini-point.
Avec des résultats plutôt positifs (deux victoires, un nul, une défaite en championnat ; et surtout la qualification pour les poules de C3), ce mois d’août est satisfaisant. Il a été aussi le théâtre de trois expérimentations de la part de Christophe Galtier, dont on ne sait pas encore de quoi elles accoucheront.
Par ordre d’apparition :
1- Le 4-3-3 sans Brandao
On l’a suffisamment vu par le passé : le bon vieux 4-3-3, avec un milieu essuie-glaces devant la défense, deux relayeurs et deux ailiers, est très dépendant de la forme de l’attaquant axial, qui doit être capable de faire à lui tout seul point d’ancrage, pivot et empêcheur de relancer en rond. Si Erding est loin d’être ridicule dans l’exercice, le Brandao de 2012-13 était juste imbattable.
Ce profil-là n’existe plus dans l’effectif stéphanois. Pour autant, les vertus défensives et stabilisatrices de ce système restent très appréciables – surtout que, si Loïc Perrin venait à manquer longtemps, il n’a pas son pareil pour aider une charnière qui pourrait être en difficulté.
A Guingamp, une modification légère a pu être observée : regroupée en 4-3-3 dans son camp, l’équipe évoluait en 4-2-3-1 en phase offensive, Lemoine venant se porter en soutien d’Erding. L’objectif : synthétiser les deux systèmes, pour en tirer les avantages respectifs. Intérêt supplémentaire : Lemoine a le coffre pour faire les allers-retours (même si ce n’est pas le joueur le plus à l’aise à cette hauteur sur le pré), et Cohade, en restant plus bas, a plus de temps et de latitude pour orienter le jeu, exercice dans lequel il peut exceller.
A voir si cette configuration réapparaît ; ce n’était pas le cas à Karabük, par exemple. Mais si tel était le cas, Galtier rejoindrait alors le mouvement grandissant des tacticiens faisant une séparation concrète entre l’organisation de l’équipe en phase défensive et en phase offensive.
2- Le 4-2-3-1 sans Corgnet
Le match contre Reims avec un Corgnet au top dans la construction était très réussi offensivement ; la première heure de jeu face à Rennes avec un Corgnet fantomatique était déprimante. Là encore, Galette cherche à faire fonctionner le système malgré la méforme du joueur-clé. Dans ce cas, on ne se dirige a priori pas vers une modification tactique, mais vers l’utilisation plus régulière d’Hamouma en soutien de l’attaquant.
On a pu voir Hamouma en « 10 » dans deux occasions : la fin de match contre Rennes, et les 75 premières minutes contre Karabükspor au retour.
Bilan : le mieux était évident face à Rennes, même si la difficulté à se créer des occasions franches a subsisté. A l’aise depuis le début du match, les bretons n’ont alors plus fait que défendre. Face à Karabükspor, ça a très bien commencé : très mobile et disponible, Hamouma a pris le jeu à son compte et été l’un des moteurs de l’entame réussie des Verts (qui auraient dû faire la différence…). En revanche, passé trente minutes et sans doute sous l’effet de la fatigue, il n’a plus réussi qu’à s’enferrer dans des dribbles voués d’avance à l’échec. La réorganisation tactique de Kafkas à la pause a réussi à l’éteindre, ainsi que le reste de l’équipe.
3- Le 3-5-2
Prometteur contre Karabükspor au retour, spectaculairement catastrophique au Parc : le système « coup de poker » du dernier derby interroge d’autant plus qu’il est à la mode à l’international, où il fit notamment forte impression lors de la Coupe du Monde.
Dans le cas de Saint-Etienne, la question reste : a-t-on les joueurs idoines pour briller dans ce système ? Difficile à dire : l’effectif a sans conteste été bâti avec les profils pour défendre avec deux lignes de 4. Il apparaît surtout comme une solution à utiliser avec opportunisme. Lors du derby retour en début d’année, il avait deux principales vertus : bloquer avantageusement le 4-4-2 losange lyonnais, et mettre en valeur les joueurs en forme de l’époque (Trémoulinas, Erding et Brandao). Contre Karabükspor, la dimension blocage a encore été déterminante : il s’agissait tout simplement de bloquer le 3-5-2 adopté par les turcs à la mi-temps, et qui leur permettait de se rapprocher du but de Ruffier. L’adaptation des Verts autour de la 75’ a alors définitivement renversé la vapeur en faveur des ligériens.
Et à Paris… C’était visiblement un pari, justement. Et qui s’est révélé inadapté au jeu parisien, comme on a eu l’occasion de le constater. Galette l’a tenté jusqu’au bout (faisant le choix de l’offensive à la 55’, à 2-0, avant de fermer le ban un gros quart d’heure et trois buts plus tard), sacrifiant le match.
Conclusion : et quels résultats… ?
Le problème reste pour le moment que, aussi intéressantes que ces évolutions soient sur le papier, elles n’ont pas été déterminantes – sauf lors de l’entame face à Karabükspor. Il faut certes leur laisser un peu de temps. Mais on peut déjà remarquer que cette recherche de variété et d’amélioration perpétuelle, avec des prises de risque notables avant et pendant les matches, n’est autre que le dernier étage de la fusée qui a décollé fin 2009. Pourvu que rien ne tombe en panne !