Vous avez aimé « Carton jaune Ã‚» de Nick Hornby ? Découvrez «  44 jours The Damned United Ã‚» de David Peace, biographie romancée de Brian Clough, le célèbre manager de Nottingham Forest. Au fil des extraits, amusez-vous à transposer les faits relatés avec l’histoire ancienne, récente ou future de l’AS Saint-Etienne.

 


De l’expérimenté. Du vieux grognard de la Ligue 1. Du qui a connu l’homme qui a vu l’homme qui a vu comment c’était bien quand Lyon c’était de la banlieue de Sainté. Voilà le genre de footballeur qu’il nous faut pour encadrer nos jeunes Marie-Louise ! Avis à vous Totof les yeux bleus, Damien in the bed with Maradonna, Domi-nique-nique gris angel : prenez exemple sur Brian Clough pour recruter du tatoué, du brutal, du briscard qui vous change une équipe !



«  « Allez signer Dave Mackay ? Tu blagues ou tu es complètement bourré ? tu as demandé à Peter.
- Tu as fait des choses plus difficiles, a menti Peter. Vas-y, ça se tente.
- Il fait partie des dirigeants, maintenant. Il a raccroché les crampons.
Ce n’est sûr qu’à quatre-vingt-dix neuf pour cent Â», a menti à nouveau Peter.
Donc tu es parti. Seul. Sans Pete…
Toi, en voiture, pour signer Dave Mackay.
Dave Mackay, milieu latéral écossais légendaire de Tottenham Hotspur… […]

 

Donc te voilà à White Hart Lane, à Londres. Tu y es depuis sept heures et demie du matin. Tu veux voir Bill Nicholson, mais personne ne sait qui tu es. On n’a jamais entendu parler de toi. Personne ne t’adresse la parole. Donc tu restes assis dans ta voiture sur le parking, tu écoutes du cricket à la radio et tu attends ; tu attends, attends et attends, sur le parking, avec ton costume du dimanche, tu attends, attends et attends jusqu’au moment où tu vois Bill Nicholson… Bill Nick, manager de Tottenham Hotspur, source d’inspiration et idole.


« Je viens signer Dave Mackay, tu lui annonces.
- A ma connaissance, dit bill Nick, Dave retourne à Edimbourg demain. Il rejoint les Hearts en tant que manager assistant.
- Puis-je le voir ? Â» […]
« Mackay s’entraîne, mais vous pouvez attendre. Â»


Donc tu attends à nouveau, dans le passage, devant le bureau, tu attends et attends jusqu’au moment où tu entends les crampons puis les voix. Dave Mackay est plus vieux que toi et fait son âge. Il se dirige droit sur toi. Main tendue. Etreinte ferme…


« Dave Mackay, dit-il. Et vous êtes qui ?
- Je m’appelle Brian Clough et j’ai eu une fois le plaisir de jouer pour l’Angleterre contre vous dans un match de joueurs de moins de vingt-trois ans.
Je me souviens de vous, maintenant, dit Dave Mackay en riant. Vous aviez un Å“il au beurre au noir, un vrai putain de coquard.
- Je suis maintenant manager de Derby County et je construis une équipe qui sera promue cette année et sera championne de première division dans trois ans.
-Félicitations, répond Mackay en riant à nouveau. Et qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
- Vous pouvez signer à Derby County, tu réponds. Voilà ce que vous pouvez faire.
- Pas question, dit-il. Je rentre chez moi demain en tant que manager assistants des hearts. Â» […]


Puis Dave Mackay te conduit sur le terrain de White Hart Lane et te fait asseoir sur la pelouse, près d’un fanion de corner… Tribunes et sièges d’une propreté exemplaire. Soleil sur le terrain…
C’est un bel endroit. Une belle journée.

« Derby est un géant endormi, tu expliques à Dave Mackay. Mais, depuis mon arrivée, le public est remonté à vingt mille spectateurs. La ville me soutient, les supporteurs me soutiennent et, surtout, le conseil des dirigeants me soutient à cent pour cent. Il y a de quoi payer la classe et la compétence et des salaires dignes des joueurs qui ont les deux : des joueurs tels que vous et des joueurs tels que Roy McFarland.
- Roy qui ? demande Dave Mackay.
- McFarland. C’est le prochain milieu central de l’équipe nationale, c’est moi qui vous le dis. […]
- A quelle place avez-vous fini la saison ? demande Dave MacKay.
- La dix-huitième.
- La dix-huitième ? répète-t-il en riant. Je regrette beaucoup, Brian. Mais je viendrai pas chez vous. Même pas pour dix mille livres. Désolé.
- Je vous donnerai dix mille livres sur le champ, en liquide.
- Pas question, répond-il en riant à nouveau. Je rejoins les Hearts demain. Pont final.
- Dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de venir ? tu demandes, si dix mille livres en sont incapables ?
- Je pourrais envisager quinze mille.
- Je ne peux pas obtenir quinze mille.
- Dans ce cas, vous perdez votre temps, dit-il. Vous feriez aussi bien de rentrer chez vous. Â»

 

Tu regardes Dave MacKay assis au soleil sur le stade de White Hart Lane […]. Dave Mackay, le plus grand milieu latéral de sa génération ; Dave MacKay, sur le point de raccrocher les crampons en échange d’une place sur le banc de touche et d’un costume de manager..

Tu fixes Dave Mackay et tu lui dis : «  Je peux obtenir quatorze mille livres et, surtout, je peux vous permettre de continuer à jouer. Â»
Dave MacKay regarde le gazon du stade de White Hart Lane, puis les tribunes et les sièges, puis Dave MacKay tend la main et dit : Â»Marché conclu. Â» Â»