Une victoire précieuse, mais révélatrice de lacunes qui deviennent un peu trop récurrentes.


Les deux entraîneurs doivent faire face à des absences de joueurs importants de l'effectif. Côté stéphanois, Pogba continue son remplacement de Perrin (cette fois dans une charnière à deux...) tandis que Mollo fait son retour dans le groupe avec l'absence de Gradel. Choisissant sans surprise le 4-2-3-1, Galette relance Corgnet, fantomatique contre Rennes.

Patrice Garande, privé de son milieu N'Golo Kanté, fait le choix d'un bon vieux 4-1-4-1. Solide, mais pas que : deux joueurs sont plus particulièrement chargés de créer des déséquilibres. D'abord, le bien connu Julien Féret, assez libre pour orienter le jeu au milieu. Ensuite, le moins connu Bazile, ailier plutôt à droite, qui repique quasi-systématiquement dans l'axe pour épauler Koita alors que son homologue Raspentino bouffe la ligne.

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Malgré la victoire globalement méritée, la prestation des Verts est loin d'être un match référence. La faute à deux phénomènes un peu trop récurrents :


1/ La carburation au diesel

Que ce soit en première comme en seconde période, on sent que l'équipe (tout comme l'adversaire) a envie de mordre la partie à pleine dents. Mais ça ne dure que le temps de le dire : globalement, l'entame de match stéphanoise est poussive. Ce sont même les Caennais qui tirent les premiers au but à la 7', et qui s'enhardissent peu à peu. Il faut plus de 20 minutes à la machine collective pour s'échauffer, prendre enfin la mesure des Normands, et aboutir à de vrais moments de poussée (autour de la 25' notamment, où Erding manque d'un cheveu l'ouverture du score), mais trop brouillons pour être assez dangereux, sinon sur coups de pieds arrêtés (27', 36', 39').

Après la pause, le bloc-équipe est beaucoup plus haut, Vercoutre sort le grand jeu dès la 49', Caen se contente essentiellement de contrer. Les entrées de Mollo (60') et Cohade (78') donnent un souffle nouveau et pousse l'équipe à réaliser une dernière demi-heure intéressante, ponctuée du but, mais aussi de quelques occasions qui auraient dû avoir un meilleur avenir (la barre de Corgnet à la 64', un centre en retrait pour Erding à la 85', des actions et des contres gâchés dans l'intervalle par un manque de vista regrettable...)

Fausse note finale : l'entrée de Brison à la place de Tabanou (86') sonne rétrospectivement comme une sorte de pré-coup de sifflet final. Pour les stéphanois en tout cas : car la bande à Garande va jeter toutes ses forces dans la recherche de l'égalisation, touchera du bois (Duhamel, 90+1) et fera subir le martyre à des Stéphanois qui avaient peut-être déjà la tête à l'Azerbaïdjan.



2/ Le manque de relais entre la défense et l'attaque

Comme trop souvent depuis le début de saison, les Verts peinent à faire le liant entre la récupération et l'animation offensive. Il est vrai que les milieux, et surtout Lemoine, sont apparus très empruntés au démarrage avant de monter en puissance. Certes, les ailiers n'ont guère brillé par leur réussite et leur lucidité. Assurément, du côté des latéraux, l'envie et l'énergie de Tabanou ont été ternies par des passes ratées et Théophile-Catherine s'est montré extrêmement discret offensivement. Mais le gros problème vient (encore !) de l'occupation de l'axe de l'attaque.

Le duo Corgnet/Erding a fonctionné moyennement. Sans s'engloutir dans les abysses de sa non-prestation contre Rennes, l'ancien lorientais a rendu une copie comme on ne les aime guère. Très haut sur le terrain, trop souvent dans la peau d'un deuxième attaquant un peu "plotesque", il n'a joué son rôle de briseur de lignes qu'avec parcimonie. Et c'est dommage : les rares fois où il a réalisé ce qu'il sait faire de mieux (venir chercher la balle dans l'intervalle, et orienter le jeu rapidement vers l'avant), on a senti les Caennais en difficulté. Un but aurait sauvé cette prestation décevante, et sans doute redonné un peu de confiance, mais la barre en a décidé autrement. Allez la Corgne, tu peux faire bien mieux !

Erding a essayé de compenser par des décrochages en tout début de match ; mais, se souvenant peut-être des critiques de Galette contre Ricky qui avait fait la même chose contre Rennes, il s'est ensuite consacré au harcèlement de la défense centrale adverse - ce qui a failli payer à deux reprises, avec l'exploitation malheureusement inefficace de deux relances ratées (25' et 49').

Ce sont les remplaçants qui ont rectifié le tir, et avec brio. Mollo a réalisé trente minutes convaincantes : mobilité horizontale et verticale, variété dans le jeu (une certaine complicité avec Tabanou semble en germe), l'(ancien ?) indésirable a joué simple et efficace. Tout comme Cohade, qui a aimanté tous les ballons après son entrée.


3/ Bis repetita ?

Au final, ce match n'est pas sans rappeler celui de Rennes : un déficit initial de poids dans l'axe de l'attaque grève l'ensemble de l'équipe ; les remplacements à partir de l'heure de jeu le corrigent ; les Verts finissent plus fort mais pêchent dans la zone de vérité.

Cela n'avait pas empêché de réaliser une excellente entame de match face à Karabükspor quatre jours plus tard. Galette avait alors choisi de mettre Hamouma dans l'axe à la place de Corgnet : les 35 premières minutes de l'ex-Caennais, excellentes, avait donné le ton d'une des périodes les plus réussies depuis le début de saison. Espérons que le joueur aligné à ce poste stratégique jeudi sera en forme...