Même s'ils n'ont toujours pas gagné à Geoffroy-Guichard cette saison, les Verts ont fait un gros match contre les coéquipiers de Josuha Guilavogui et préservent ainsi leurs chances de passer la phase de poules.
Cette prestation aboutie est la conséquence directe de l'état d'esprit des joueurs, selon Kolodziejczak : "on a fait un gros match, le meilleur depuis le début de saison en termes d’intensité, de qualité et d’engagement (...) Ce qui peut expliquer qu’on fasse notre meilleur match ? La confiance". Et ses dires sont confirmés par le capitaine adverse : "la victoire de caractère acquise à Nîmes leur a donné beaucoup de confiance. Après 90 minutes, on a pu voir qu’ils avaient beaucoup plus de jambes que nous".
Retour sur ce premier match plein de la saison.
Retour sur ce premier match plein de la saison.
1MT : équilibré
Les Verts ont abordé cette rencontre dans le même système tactique que lors de leur dernier match, un 4-3-2-1 / 4-4-2, avec Khazri en soutien de Beric :
William Saliba est de retour en tant que titulaire en défense centrale après des longs mois d'absence. Côté allemand, le système de jeu a été un 3-4-3, comme Pat Guillou nous l'avait expliqué En plus, son analyse de leur jeu direct qui saute le milieu et qui cherche les déviations de l'avant-centre était juste :
Le latéral droit adverse adresse un long ballon pour l'avant-centre, qui dévie de la tête pour la course de l'ailier droit, parti dans le dos de Kolo. Perrin et Saliba lui courent après, mais il arrive à centrer...
...à destination de l'autre ailier, suivi par Debuchy. Heureusement le centre est trop fort, mais cette première alerte montre comment la défense à 4 stéphanoise doit absolument gagner ses duels contre les 3 offensifs allemands - les milieux sont complètement sautés et ne peuvent pas aider.
Par contre, le jeu au milieu du terrain a été très important. La bataille a été rude et l'équipe qui gardait le contrôle du ballon malgré le pressing adverse pouvait ensuite décaler ses éléments offensifs. Comme dans cet exemple à la 12e minute :
Le 3-4-3 adverse est visible, tout comme le bloc haut stéphanois. Les défenseurs se passent le ballon et cherchent un offensif... sauf que Debuchy surgit et intercepte la passe. Le ballon arrive à Youssouf...
... qui est immédiatement entouré par plusieurs adversaires. Il arrive quand-même à glisser à M'Vila - le jeu est écarté à gauche, avec Kolo et Nordin. Le jeune ailier revient en arrière...
... et quand M'Vila reçoit le ballon, lui aussi est entouré par 3 adversaires. Il arrive à passer à Youssouf, qui joue en arrière avec Perrin. Au lieu d'écarter le jeu, le capitaine stéphanois...
... combine avec M'Vila et le pressing adverse est immédiat. Ils arrivent à s'en sortir en donnant à Kolo, qui cherche Nordin mais le ballon est dévié en touche par un adversaire. Sur la remise en jeu, M'Vila est poussé par le capitaine adverse, les Verts récupèrent un coup franc :
Il est joué rapidement par M'Vila, qui écarte enfin le jeu, à droite. Comme les adversaires n'ont qu'un joueur de couloir, il est facilement éliminé par la paire stéphanoise : quand le latéral sort sur Debuchy, Hamouma plonge dans son dos, où il est trouvé. Son centre est contré par un défenseur et sort en touche - sur la remise en jeu, Debuchy centre dans la surface, le gardien repousse jusqu'à Kolo, qui ouvre le score.
Cette ouverture du score rapide était censée faire beaucoup de bien aux Verts, mais malheureusement ils ont concédé l'égalisation seulement deux minutes plus tard. Ce but encaissé trop vite leur a un peu coupé les jambes et ils ont perdu la possession : si elle a été très équilibrée (50-50) lors de la première heure de jeu, elle a été allemande (60%) les 10 minutes qui ont suivi l'égalisation. Les Stéphanois sont ensuite revenus dans le match et ont rééquilibré les débats, sans pourtant réussir à déstabiliser l'adversaire jusqu'à la pause.
2MT : de plus en plus dominants
Le début de la deuxième période a été un peu délicat pour les Verts :
Le même jeu long qui cherche l'avant-centre - Perrin gagne le duel aérien, mais le ballon est récupéré par le latéral droit adverse :
Il s'appuie sur un coéquipier, qui joue en arrière avec son capitaine, qui écarte immédiatement à gauche, où le latéral est complètement libre. En effet, Hamouma était très axial, pas dans son couloir, donc même si les Stéphanois affichent deux lignes de 4...
... elle ne sont pas bien disposées sur la largeur. Debuchy doit sortir sur le latéral, Saliba marque un attaquant, laissant Perrin et Kolo à défendre contre l'avant-centre... et deux autres adversaires qui s'étaient projetés :
Heureusement le tir de l'ailier adverse passe au dessus. Pour la remise en jeu, Moulin joue court avec Perrin...
... qui donne à M'Vila, qui redonne à son gardien. Il y a 5 Allemands présents dans cette zone du terrain pour empêcher une relance propre. Les Stéphanois persistent et Moulin joue avec Youssouf...
... qui lui redonne le ballon, pressé par un milieu adverse. Et Moulin continue sans vouloir dégager loin ou sur un côté :
Cette fois-ci Youssouf fait un mauvais contrôle, ensuite il glisse et perd presque le ballon dans sa surface, mais arrive à s'en sortir en dégageant en touche.
Il y a deux choses à en tirer de cet exemple. Si les 4 défenseurs s'occupent des 3 attaquants adverses, il faut absolument que les deux ailiers stéphanois suivent leurs adversaires directs dans les couloirs. Nordin avoue avoir eu un peu de retard lors du but de Wolfsburg, Hamouma n'était pas bien placé lors de cette action en début de la 2MT, ce genre d'erreur pouvait coûter cher. La deuxième chose à retenir est cette volonté des Verts de construire de très bas, malgré le pressing adverse. Signe d'une grande confiance, ils n'ont pas changé d'approche malgré les quelques pertes de balle et les gros risques associés.
A titre d'exemple, une autre relance similaire à la 58e minute :
Moulin - Perrin - M'Vila - Moulin et une présence adverse pour les empêcher de sortir. Et le gardien stéphanois qui continue, en jouant toujours avec Perrin :
Un adversaire sort sur lui, un autre anticipe une passe vers Kolo, mais Perrin prend un risque et joue vers l'axe, où M'Vila lui offre une solution. Le risque est payant, le milieu stéphanois a le champ libre devant lui et peut monter avec le ballon :
Khazri et Youssouf se trouvent devant lui, en milieux relayeurs, Hamouma-Beric-Nordin dans la défense à 5. M'Vila choisit de jouer à gauche avec Kolo, qui monte avec le ballon et lance Hamouma plus haut dans le couloir. L'ailier stéphanois entre dans la surface et dribble son défenseur, mais l'arbitre considère que le croc-en-jambe ne vaut pas faute et la défense dégage loin le ballon...
.. qui arrive jusqu'à M'Vila. Il combine avec Perrin et Khazri, qui écarte ensuite avec Saliba. Les Verts continuent à combiner à hauteur de la ligne médiane, ce qui laisse le temps pour tout le monde de se remettre en place :
M'Vila et Perrin combinent et sont de nouveau enfermés par le pressing adverse :
Perrin arrive à glisser le ballon à M'Vila, qui le donne à Youssouf, qui rate sa passe sous la pression d'un adversaire. Heureusement, le capitaine adverse rate son contrôle et Khazri récupère la possession...
... pour lancer immédiatement Nordin à droite. Le latéral gauche de Wolfsburg s'était projeté dès que ses coéquipiers étaient sur le point de récupérer le ballon et maintenant Nordin profite de l'espace laissé libre dans son dos. Malheureusement il rate son centre, qui n'est repris par personne.
Quelques minutes plus tard, Debuchy est remplacé par Moukoudi, qui se place en défense centrale et Saliba s'écarte en latéral droit :
Dans cet exemple à la 62e minute, Saliba joue un coup franc et le ballon est envoyé vers l'autre côté, où M'Vila se place à la gauche de Perrin, dans une animation offensive dont on avait l'habitude la saison passée. Ce n'est pas le seul mouvement habituel :
Khazri et Youssouf sont deux milieux axiaux censés relayer le ballon de la défense vers l'attaque, mais comme ils sont surveillés par deux adversaires, un ailier (Nordin) décroche pour offrir une solution entre les lignes. Il est trouvé par Perrin, mais son contrôle est approximatif et doit revenir pas mal en arrière. Il se retourne...
... mais l'étau adverse se resserre rapidement autour de lui. Il garde la maîtrise du ballon, avant d'écarter à droite avec Saliba...
... et de se projeter vite vers l'avant dans son couloir. Saliba joue avec Khazri, qui lance Nordin en profondeur - un vrai jeu un triangle dans le couloir qui crée une vraie opportunité. Malheureusement le centre au premier poteau à destination de Beric est intercepté par le gardien.
De plus en plus en jambes et en confiance, les Stéphanois ont pris le contrôle du match, ont eu le ballon (60% de possession dans la dernière demi-heure) et se sont créés plusieurs occasions, sans réussir à marquer. Lors de ces 30 minutes, Bouanga est entré à la place de Beric :
Hamouma est passé avant-centre et Khazri a continué dans son rôle de "10", très disponible, aidant M'Vila et Youssouf à sortir le ballon proprement et ses coéquipiers offensifs à combiner. Il est ensuite sorti dans les dernières minutes et a été remplacé par Abi, qui a joué lui en vrai avant-centre, à côté de Hamouma :
Les Verts n'ont plus trouvé la faille, mais ils n'ont pas démérité. Ils ont très souvent gagné les duels en défense, tout comme la bataille au centre du terrain. S'ils ont été parfois pris défensivement dans les couloirs, les ailiers stéphanois ont fait mal à la défense adverse et il n'a manqué qu'un peu de réussite pour les récompenser des efforts fournis.
Conclusions
Si on prend en compte la domination stéphanoise en deuxième période, le match nul est frustrant. Mais si on oublie le résultat et on ne s'intéresse qu'à la manière, on ne peut qu'apprécier cette prestation contre Wolfsbourg. Surtout quand on se souvient des joueurs complètement déboussolés, à la peine physiquement et avec le moral en chaussettes d'il y a quelques jours, contre Metz ou à Angers. La victoire à Nîmes leur a donné de la confiance, ce match européen l'a renforcée, ce qui représente "le meilleur moyen de préparer le derby" (Perrin). Il est donc très important de ne pas rater le prochain match, le dernier avant la trêve internationale - un mauvais résultat anéantirait probablement les acquis de la dernière semaine. Et rendrait la tâche encore plus compliquée pour le nouveau staff technique.