Formé à l'ASSE et passé par le Paris FC, le capitaine du Mans FC (L2) Stephen Vincent nous a livré ses impressions avant le 16e de finale de Coupe de France qui opposera ses deux anciens clubs samedi à Charléty.
Formé à l’ASSE mais francilien d’origine et ancien joueur du PFC tu seras pour qui ce samedi soir en Coupe de France ?
J'ai passé de bons moments au PFC mais on ne va pas se mentir, mon club sera plutôt vert. Je suis resté bien plutôt longtemps à l’ASSE. On n’oublie jamais vraiment où on a été formé quand on est footballeur. J’ai passé de magnifiques années à Saint-Etienne. Je me souviens notamment d’une finale de championnat de France avec les moins de 15 ans, une demi-finale de Gambardella perdue contre Strasbourg. Je me souviens aussi des moments de fête au centre de formation. Et bien sûr je n’oublie pas que j’ai signé mon premier contrat pro à l’ASSE. Je n’ai pas de match officiel avec les Verts en équipe première, peut-être qu’à l’époque je n’étais pas encore prêt. Je n’ai pas trop de regrets. Je suis resté en contacts avec d’anciens coéquipiers de l’époque, notamment Samy Houri, qui a arrêté le football pour faire une formation d’éducateur spécialisé du côté de Montauban, afin d’aider les jeunes en difficulté. J’ai également régulièrement des nouvelles d’Anthony Badel, qui est pompier. J’échange de temps en temps via les réseaux sociaux avec Anthony Losilla, capitaine de son équipe en L2 allemande, à Bochum.
Quels souvenirs gardes-tu de ta saison au Paris FC, en 2010-2011 ?
Le club était à l’époque en National, on avait fini en milieu de tableau en championnat. Je me souviens surtout de notre parcours en Coupe de France. En 32e de finale, on avait éliminé 2-1 au Stadium le Toulouse Football club Ces Wissam Ben Yedder, Moussa Sissoko et autres Fodé Mansaré. Je me souviens bien de ce match car j’avais délivré une passe décisive et marqué un but. Je ne suis resté qu’une saison au Paris FC mais j’en garde de bons souvenirs. Je suis surtout resté ami avec un de mes coéquipiers de l’époque, Antoine Ponroy. Je suis également resté en contacts avec l’entraîneur de l’époque Jean-Luc Vanunchi, que j’ai retrouvé deux ans plus tard à Martigues. Il est le sélectionneur de l’équipe de France U18, il a d’ailleurs eu plusieurs jeunes joueurs pros de l’ASSE sous ses ordres, je pense à William Saliba, Stefan Bajic, Bilal Benkhedim et Tyrone Tormin.
Au Paris FC, tu as vu éclore deux jeunes talents à l’époque.
Tout à fait, j’ai assisté aux débuts de Kenny Lala et Karl Toko Ekambi. Je me souviens très bien d’eux. Karl commençait à jouer, il n’avait pas fait une saison pleine. A vrai dire c’est surtout Kenny qui m’avait impressionné. On sentait un gros potentiel chez ces deux jeunes. En tant que milieu gauche, je me retrouvais souvent face à Kenny lors des oppositions. Je me souviens qu’il n’était déjà pas facile à passer. J’avais noté sa maturité et son caractère.
Au Paris FC, tu as vu Mirza et même joué à la baballe avec lui. Où est donc passé ce chien ? Je le cherche partout !
(Rires) Je crois que Nicolas Mirza a ouvert une entreprise de chauffeurs privés.
Comment décrirais-tu le Paris FC, toi qui l'as connu de l'intérieur ?
C’est un club en évolution permanente. Quand j’y étais, c’était assez compliqué au niveau des infrastructures. Parfois on ne savait pas trop où on allait devoir s’entraîner. Il arrivait qu’on s’entraîne à Déjerine, Porte de Montreuil. De temps en temps on allait à Vincennes aussi. Parfois on s’entraînait même à Charléty. Ce n’était pas très stable. Aujourd’hui les conditions sont bien meilleures, petit à petit le club évolue. Malgré tout Charléty reste une enceinte à garnir. Il n’y a pas beaucoup de monde au stade malgré la présence d’un petit collectif ultra. Je pense que ce club mériterait d’avoir plus de supporters.
C’est possible de se faire une place à Paris avec l’écrasante domination sportive et médiatique du QSG ?
Ce n’est pas facile, c’est sûr que le PFC est dans l’ombre du PSG mais aussi du Red Star qui a une histoire un peu plus forte. Mais moi, si j’étais investisseur, je miserais bien sur le PFC. Ce club a malgré tout une petite histoire. Dans tous les pays européens, il y a deux voire plusieurs clubs d’une capitale dans l’élite. Ce serait intéressant d’avoir un autre club parisien en Ligue 1. Force est de constater qu’on en est encore loin. Le contraste avec l’Angleterre est saisissant, il y a beaucoup de clubs londoniens en Premier League. En Championship, des clubs comme Fulham, QPR, Milwall ou Brentford attirent régulièrement plus de 10 000 supporters. A Charléty, il y a rarement plus de 2 000 spectateurs. Juste avant la trêve hivernale, on a joué là-bas, les supporters manceaux étaient venus assez nombreux et mettaient l’ambiance mais pour le reste c’est vrai que stade était plutôt vide.
Le Paris FC s’est déjà incliné à 6 reprises cette saison dans son antre. La dernière fois, tu viens de le rappeler, c’était le 21 décembre, ton équipe s’était imposée 3-0. Que peux-tu nous dire de cette équipe parisienne ?
C’est une équipe en difficulté en championnat car elle est actuellement avant-dernière de Ligue 2. C’est l’un de nos concurrents pour le maintien. Le Paris FC compte quand même dans ses rangs quelques individualités. Tout le monde connaît Jérémy Menez et Jonathan Pitroipa, ce sont de très bons joueurs. Contre nous, ils n’ont pas beaucoup participé aux taches défensives, mais sur deux ou trois ballons on a vu que ça reste des joueurs de haut niveau. Notamment Pitroipa. Je ne m’attendais pas à ce qu’il ait encore les cannes pour percuter comme il l’a fait. Jérémy Menez fait moins d’appels en profondeur mais avec sa patte il arrive quand même à faire de bonnes choses. Notre 3-0 là-bas est plutôt flatteur, le score ne reflète pas la physionomie du match. Il y avait 0-0 à la pause, la première mi-temps avait été assez équilibrée, ça aurait pu basculer de leur côté. On a ouvert le score peu avant l’heure de jeu, et on a marqué nous deux derniers buts en toute fin de match, à onze contre dix. C’est une équipe qui est capable de coups d’éclat et qui peut faire très mal. Après, c’est souvent le lot des équipes mal classées, dès qu’il y a un petit grain de sable qui vient enrayer la machine, ça peut vite devenir compliqué.
Tu as cité les deux joueurs les plus connus de cet effectif parisien. Quid de Lamine Diaby Fadiga ? Il se montre ?
Je l’ai trouvé intéressant contre nous. Il vient de Nice, c’est un jeune attaquant plutôt solide, il pèse sur la défense. Je le trouve percutant, les défenseurs stéphanois devront vraiment s’en méfier [ndp2 : il sera en fait suspendu pour ce 16e de finale de Coupe de France]. Mais lors de ce match, c’est peut-être Romain Armand qui nous a fait le plus mal. C’est un attaquant complet. Formé à Montpellier, il a pas mal bourlingué en Ligue 2, à Clermont et au Gazelec notamment. Il n’est pas forcément très grand mais il sent bien les coups, il arrive à récupérer les ballons, à se retourner et frapper. C’est le meilleur buteur de cette équipe. Contre nous il a joué en pointe dans un 4-1-4-1. Jérémy Menez était juste derrière. A droite il y avait Diaby et à gauche il y avait Pitroipa. Défensivement, je trouve que le Paris FC est assez costaud. Mais on sent que quand elle encaisse un but, cette équipe est vulnérable. C’est un problème de confiance.
Au Paris FC, il y a un joueur qui évoluait déjà au club à ton époque.
Effectivement, je crois du reste que Vincent Demarconnay est au club depuis douze ans maintenant. C’est un super mec et un super gardien, très expérimenté car il a 36 ans. Il est notamment très bon sur sa ligne, il fait des arrêts réflexes vraiment intéressants. Il a aussi un bon jeu au pied. C’est un garçon qui en bavé au début de sa carrière, il s’est fait deux fois les croisés. Pour l’anecdote il a fait sa première apparition en Ligue 2 avec Le Mans il y a plus de 15 ans. Il a ensuite surtout joué en National avec le Paris FC, il rêvait de retrouver la Ligue 2. Grand bien lui a valu de rester au club car il a fini la saison dernière meilleur gardien de Ligue 2. Il a un très bon état d’esprit, c’est un mec qui est resté fidèle au Paris FC. Grand coup de chapeau à lui ! J'ai vu que le nouvel entraîneur René Girard l'a remis titulaire en championnat à Sochaux, reste à savoir s'il jouera aussi contre Sainté ou si Anthonny Maisonnial aura l'occasion de se montrer face à son club formateur.
Quel regard portes-tu sur le parcours de l’ASSE cette saison ? T’attendais-tu à voir les Verts dans une situation aussi délicate après vingt journées ?
Sincèrement non. Je pense qu’ils allaient monter en puissance. Je pensais que l’effet Puel allait se prolonger. Au départ, c’était intéressant. Mais depuis un mois et demi, les résultats ne sont plus là. J’espère qu’il s’agit d’un temps d’assimilation et que par la suite ça va aller mieux pour les Verts. J’ai regardé certains matchs, parfois ça ne s’est pas joué à grand-chose. Les nombreuses blessures n’ont pas aidé et il y a un problème de confiance mais tout ça peut s’inverser. Tout n’est pas à jeter dans le contenu des matches que Sainté a perdu. Même s’il n’a pas marqué contre Paris à Geoffroy, j’ai trouvé Denis Bouanga vraiment virevoltant et intéressant. A mon sens c’est le meilleur joueur de l’équipe cette saison. Il s’est hélas blessé mais il est sur le point de revenir, son retour va faire beaucoup de bien aux Verts.
Bourreau du Mans en Coupe de France, le QSG a été celui des Verts en Coupe de la Ligue…
Avec le PSG, le tarif minimum c’est souvent quatre buts. On y a eu droit. Sainté en a pris six, c’était difficile. Un naufrage collectif. Mais bon, il y a un tel écart entre le PSG et les autres équipes… Ce n’est jamais plaisant d’encaisser autant de buts, j’ai eu une pensée pour Jessy, on a fait nos classes ensemble à Sainté car on est de la même génération, celle des 86. Il n’a pas pu faire grand-chose face à l’armada qu’il y avait en face. Neymar, Mbappé, Di Maria, Icardi, c’est du très lourd ! Mais Jessy répond présent à chaque fois qu’on fait appel à lui, il ne faut pas lui taper dessus. L’ASSE a de bons gardiens, de bons joueurs mais je trouve que collectivement ils ne sont pas encore au point.
Comment vois-tu le match de samedi à Charléty ?
Malgré sa mauvaise série en championnat, Sainté reste favori mais ça reste un match plus ouvert qu’il n’y parait. Le Paris FC est actuellement relégable mais ça reste une équipe de Ligue 2 qui a des qualités. La Coupe c’est toujours particulier, ça se joue sur un match. On sait que cette compétition réserve souvent des surprises. L’objectif prioritaire du PFC est bien sûr le maintien mais les Verts ne devront pas prendre ce match à la légère. Maintenant, si j’avais une pièce à mettre, je la mettrais sur Sainté, d’autant plus qu’à mon avis Charléty sera plutôt vert. Connaissant le public stéphanois, ce ne serait pas étonnant, surtout dans le contexte actuel où les supporters ont été hélas privés de matches aussi bien à l’extérieur qu’à domicile. Ils feront leur retour à l’occasion de ce match et on sait qu’il y a des supporters des Verts dans toute la France, notamment en région parisienne. Tout le monde attend donc ce 16e de finale avec impatience.
Ton prono ?
Je vois un petit 2-1 pour Sainté avec un but de Romain Armand côté parisien. Notre Lolo national n’a pas encore marqué cette saison, en bon capitaine je le vois ouvrir son compteur buts sur corner. Si Denis Bouanga fait son retour sur ce match je le vois bien claquer lui aussi à Charléty. Sinon je vois Mathieu Debuchy marquer le second but stéphanois.
Merci à Stephen pour sa disponibilité