13è match sans défaite, un vendredi. Une balle de match ratée par Ajaccio à la 89'. La chance a compensé une absence de réalisme offensif qui nous fait rater les trois points.

L’équipe

Faouzi Ghoulam a-t-il regagné sa place ? Le futur international algérien engrange une cinquième titularisation consécutive ; ce qui pouvait être un simple intérim pendant la blessure de Brison tend à devenir une nouvelle inversion de la hiérarchie. Hormis cela, l’équipe alignée par Galtier est celle qui était attendue, compte-tenu de l’absence de Pierre-Emerick Aubameyang : Brandao en pointe, entouré de Gradel et Hamouma ; au milieu, le turn-over profite à Cohade et Lemoine ; enfin, la charnière Perrin-Bayal enchaîne son 6è match d’affilée.


Le déroulement

Alex Dupont ne prend personne par surprise : l’équipe alignée est conforme à ce à quoi on pouvait s’attendre, Cavalli étant jugé encore trop juste pour débuter. L’AC Ajaccio s’appuie sur des bases simples, et qui se révèlent assez efficaces : deux lignes de 4 très serrées, pressing dans son propre camp, marquage individuel sur Jérémy Clément, gros travail de repli des ailiers, jeu direct à la récupération pour faire remonter le bloc et créer des duels Eduardo/défense centrale. L’ACA se procure ainsi quelques situations dans le premier quart d’heure (grâce notamment à la vitesse de pointe de ses attaquants) et obtient également des CPA qui seront tout au long de la première période un danger non négligeable.

En face, les Verts s’appliquent à jouer au sol et n’hésitent pas à repasser par derrière pour bouger le bloc corse, qui résiste plutôt bien : il faut dire que le terrain gorgé d’eau rend les gestes techniques difficiles à réaliser, et semble gênant pour les appuis. Brandao est éteint par la charnière Medjani/Poulard ; cela handicape beaucoup la construction ligérienne. L’enjeu pour les hommes de Christophe Galtier, devant la difficulté de trouver l’espace entre les lignes (malgré la grosse disponibilité de Cohade), est d’apporter le surnombre : en plus des permutations habituelles, Hamouma et Gradel vont par moment se retrouver dans la même zone. Au fur et à mesure de la première période, les Verts vont prendre l’ascendant sur les ajacciens, dont la tactique de sauter le milieu finit par les contraindre à défendre presque sans relâche. Hamouma et Gradel (le Vert le plus remuant) ont chacun une grosse occasion, mais le premier voit sa frappe sauvée sur la ligne alors que le second la voit fuir le cadre d’un Ochoa aux fraises.

Quand la mi-temps arrive, le 0-0 semble logique. Sauf qu’un flottement de quelques minutes autour du quart d’heure de jeu aurait pu coûter très cher aux Verts. Dans un choc avec Perrin à la 5è, Ruffier se fait mal à la cuisse. Cela ne porte pas à conséquence immédiatement ; mais 10 minutes plus tard, plusieurs dégagements consécutifs ratés par la Ruff et Bayal (le géant Vert rate tout ce qu’il entreprend pendant 5 bonnes minutes : dégagements, relances et contrôles, tout y passe) donnent des ailes aux ajacciens, qui heureusement n’auront pas de réussite dans la finition.

A la pause, on peut regretter que Loïc Perrin n'ait pas employé la qualité de sa relance longue. Il n'en aura guère l'occasion en seconde période : les Verts vont revenir des vestiaires en pleine forme, et imposer leur griffe sans partage. Le pressing et la récupération ont lieu très haut dans le camp de Corses qui n'arrivent plus à se dégager. Lemoine, Clerc et Ghoulam, assez discrets jusqu'à présent, montent en régime ; Hamouma dynamite le bloc corse. Malheureusement, le manque de réalisme des stéphanois est rédhibitoire. Soit que les centres soient ratés, soit qu'ils ne trouvent pas preneurs (manque d'automatismes ?), il n'y a pas d'occasion franche à se mettre sous la dent. Le paradoxe ligérien : domination, maîtrise technique et percussion, mais pas de possibilité évidente de marquer.

Les premiers remplacements de chaque côté ne changent rien à la donne ; on peut noter toutefois que Guilavogui a parfaitement tenu le rôle de doublure de Clément, ce qui est rassurant quant à la force sur la durée du milieu "trois mousquetaires" (trois sur le terrain, mais en fait ils sont quatre). Le vrai coup dur, c'est la blessure de Brandao à la 75'.

Vous remarquerez - et vous aurez raison - que ce n'est pas son premier duel devant le but gagné mais pas cadré à la 73' qui va faire oublier son match assez effacé. Mais force est de constater que sa sortie va coïncider avec un moins bien flagrant de l'équipe stéphanoise. Comme c'est Alonso - qui devait remplacer Hamouma - et non pas un attaquant qui entre, une certaine confusion règne : qui en pointe ? Hamouma justement ? Gradel ? On y verra tantôt l'un, tantôt l'autre, ou plutôt les deux qui se marchent dessus. Le déséquilibre de l'équipe va être patent, et le pressing jusqu'alors efficace disparaît, d'autant qu'Alonso n'effectuera pas une prestation mémorable.

L'entrée de Mayi va redonner de la cohésion ; mais Ajaccio s'est remis à croire et les Verts se sont déconcentrés. Comment expliquer autrement l'oubli de Sammaritano, qui aurait dû marquer à la 89è ? Le "Non !" déchirant d'Alex Dupont lorsqu'il comprît que l'immanquable était manqué résonna jusqu'à Calvi. Les stéphanois, échaudés, feront tourner jusqu'à la fin ; 0-0, c'est dommage, mais c'est pas si mal.


Le coup de gueule

Mais qu'a donc fumé le réalisateur à la mi-temps ? On peut se le demander. Les deux crises stroboscopiques de 5 minutes chacune qui donneront au match l'allure d'une bande-annonce de film catastrophe ont rendu temporairement impossible la compréhension de ce qui se passe sur le terrain. Un match de foot, ce n'est pas un clip, nom d'un petit bonhomme !

Olaf